
La finance est devenue virale. Sur TikTok, Instagram et YouTube, des personnes qui s’autoproclament spécialistes en investissement attirent des millions d’abonnés. Ces influenceurs financiers, ou finfluenceurs comme on les appelle, promettent des conseils simples et rapides pour épargner, investir ou atteindre l’autonomie financière. Cet essor a démocratisé certains concepts, surtout chez les jeunes, mais il s’accompagne de risques bien réels pour les épargnants.
Qu’est-ce qu’un finfluenceur?
Un finfluenceur est une personne qui utilise les réseaux sociaux pour parler de finances personnelles ou d’investissement. Ses publications vont des recommandations de titres boursiers aux conseils sur les cryptomonnaies, en passant par des stratégies pour « faire fructifier son argent rapidement ».
On distingue généralement trois profils :
- Les gens dont c’est le métier : professionnelles et professionnels du secteur financier ou planificatrices et planificateurs autorisés, inscrits auprès des autorités réglementaires.
- Les autodidactes : personnes passionnées de finance qui font part de leurs expériences et opinions, sans certification officielle.
- Les personnalités publiques : influenceurs et influenceuses généralistes ou célébrités qui abordent la finance pour élargir leur audience ou monétiser leur contenu.
Cette approche simplifiée et accessible explique leur popularité, mais elle peut aussi réduire des concepts complexes à des messages trompeurs. Si certains offrent des conseils utiles, d’autres peuvent avoir des motivations cachées ou des compétences limitées, ce qui influence la qualité des recommandations.
Quelques chiffres qui frappent
Une étude de référence publiée en 2025 par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) confirme l’ampleur du phénomène. Menée auprès de 655 investisseuses et investisseurs particuliers canadiens, elle révèle que 91 % des personnes ayant répondu sont actives sur les réseaux sociaux et que 35 % ont déjà pris une décision financière basée sur les conseils d’une finfluenceuse ou d’un finfluenceur.
Cette popularité massive s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’accessibilité, la gratuité, la simplicité et la perception que ces contenus sont informatifs.
Mais les comportements qui en découlent sont préoccupants. Selon les résultats de l’étude, les gens qui suivent les recommandations des finfluenceurs sont :
- 12,2 fois plus susceptibles d’être victimes d’une fraude sur les réseaux sociaux;
- 7,2 fois plus enclins à faire confiance aux influenceurs qu’ils suivent, malgré l’absence de certification;
- 4,9 fois plus susceptibles d’effectuer des transactions plusieurs fois par semaine, souvent sans stratégie solide;
- 3,6 fois plus convaincus que ces finfluenceurs fournissent des informations utiles, même si elles sont parfois biaisées;
- 3,2 fois plus disposés à accepter des pertes et à tolérer des risques modérés pour espérer des gains rapides;
- 2,3 fois plus susceptibles d’avoir subi des pertes importantes par le passé.
L’influence des réseaux sociaux dépasse la simple transmission d’informations. Elle transforme les comportements d’investissement et amplifie les risques.
Les risques à ne pas sous‑estimer
Derrière les vidéos attrayantes et les promesses séduisantes, plusieurs dangers guettent les investisseuses et investisseurs qui suivent aveuglément les conseils des finfluenceurs.
- Conseils de personnes non qualifiées
La plupart des finfluenceuses et des finfluenceurs ne sont pas inscrits auprès des autorités officielles, comme l’Autorité des marchés financiers (AMF) ou l’Organisme canadien de réglementation des investissements (OCRI). Donner des recommandations sans autorisation est illégal et peut mener à des sanctions. Pourtant, beaucoup le font sans nuance ni avertissement.
- Conflits d’intérêts et rémunérations cachées
Certains contenus sont commandités ou rémunérés, sans que cette information soit toujours divulguée. Cette opacité fausse la neutralité des recommandations et peut orienter les gens vers des produits risqués.
- Promesses de rendements garantis
Les messages promettant des gains rapides ou sans risque devraient déclencher des signaux d’alarme. L’AMF met en garde contre une pratique appelée « pump and dump ». Elle consiste à mousser artificiellement la valeur d’un titre en créant un engouement autour avec des messages trompeurs pour ensuite le revendre rapidement à un prix élevé, laissant les autres investisseurs avec des pertes.
Fraudes et pertes importantes
Les personnes qui investissent selon les conseils des finfluenceurs, surtout celles qui débutent, sont plus exposées aux arnaques et aux pertes.
- L’illusion du style de vie
Pour séduire, des finfluenceuses et des finfluenceurs exhibent un style de vie luxueux plutôt que leurs qualifications. Cette stratégie joue sur l’émotion et la preuve sociale, sans garantir la qualité des conseils.
Quatre réflexes pour ne pas tomber dans les pièges
Avant de suivre un conseil trouvé sur les réseaux sociaux, développez ces réflexes simples pour protéger vos finances :
- Vérifiez les motivations et la transparence
Demandez-vous toujours : Pourquoi partager ce contenu? Être finfluenceur, c’est aussi gérer une entreprise. Cherchez les mentions #publicité, #commandité ou les déclarations d’affiliation. L’absence de divulgation est un signal d’alarme.
- Vérifiez l’inscription et les titres
Assurez-vous que la personne est inscrite et autorisée (AMF ou OCRI). Une professionnelle ou un professionnel en bonne et due forme doit respecter des obligations de compétence, de conformité et de divulgation.
- Méfiez-vous des promesses « sans risque »
Tout placement comporte des risques. Il n’existe aucune garantie de rendement sur les marchés boursiers ou ceux des cryptomonnaies.
- Multipliez les sources et faites vos propres recherches
Ne basez jamais une décision sur une seule vidéo. Comparez avec des sources réglementaires, des analyses indépendantes et, au besoin, consultez une professionnelle certifiée ou un professionnel certifié.
Ce qu’il faut retenir
Les finfluenceurs ont contribué à démocratiser la finance, surtout auprès des jeunes, et c’est une bonne chose. Les réseaux sociaux peuvent être un outil puissant pour améliorer sa culture financière, découvrir des concepts et échanger avec d’autres investisseuses et investisseurs. Mais comme dans tout, il ne faut pas s’arrêter à la première source.
Leur influence peut nuire si elle remplace l’analyse, la diversification et la prudence. Les conseils financiers dépendent de nombreux facteurs, comme la tolérance au risque, les objectifs et l’horizon de placement. Ce qui convient à une jeune personne diplômée n’est pas nécessairement adapté à un couple avec trois enfants.
Dans l’ère actuelle, il ne s’agit pas d’ignorer les réseaux sociaux, mais de les utiliser avec rigueur et discernement. Il faut se rappeler ces deux principes clés : garder un esprit critique et faire ses propres vérifications.
À l’approche des fêtes, tous les membres du Groupe Gagnon Arsenault vous souhaitent de joyeuses célébrations et une nouvelle année remplie de bonheur et de succès.
Alec Gauthier, M. Sc.
Conseiller adjoint en gestion de patrimoine, Valeurs mobilières Desjardins
Sources :
Autorité des marchés financiers (AMF). (s.d.). Finfluenceurs – Entre bons conseils et vigilance. Consulté sur https://lautorite.qc.ca/grand-public/investissements/conseils-cles-avant-dinvestir/finfluenceurs
CFA Institute. (2024). Tips for Young Investors: Engaging with Social Media Finfluencers. Consulté sur https://rpc.cfainstitute.org/sites/default/files/-/media/documents/rpc/reports/investor-reminders-for-finfluencer.pdf
Espeute, S., & Preece, R. G. (2024). The Finfluencer Appeal: Investing in the Age of Social Media. CFA Institute. Consulté sur https://rpc.cfainstitute.org/research/reports/2024/finfluencer-appeal
Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO). (2025). Médias sociaux et investissement particulier : l’essor des finfluenceurs. Consulté sur https://www.osc.ca/fr/investisseurs/recherches-et-rapports-sur-les-investisseurs/medias-sociaux-et-investissement-particulier
Organisme canadien de réglementation des investissements. (s.d.). Les finfluenceurs et les placements. Consulté sur https://www.ocri.ca/bureau-des-investisseurs/eviter-les-fraudes-et-proteger-ses-placements/les-finfluenceurs-et-les-placements
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