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  • Raôul Duguay : Touttt est dans touttt
    Dans l’ambiance excentrique et multicolore des années 1970 et 1980, Raôul Duguay a été une personnalité flamboyante au Québec. « La Bittt à Tibi », sa chanson la plus connue, lancée en 1975, est devenue un phare de la culture québécoise et un hommage à sa région d’origine, l’Abitibi-Témiscamingue. Mais Raôul n’est pas qu’une chanson. Il a publié, l’an dernier, un gros livre qui étale sa vie presque au complet. Il y raconte son histoire, à partir de la myriade de chansons qu’il a composées
     

Raôul Duguay : Touttt est dans touttt

14 décembre 2025 à 08:00

Dans l’ambiance excentrique et multicolore des années 1970 et 1980, Raôul Duguay a été une personnalité flamboyante au Québec.

« La Bittt à Tibi », sa chanson la plus connue, lancée en 1975, est devenue un phare de la culture québécoise et un hommage à sa région d’origine, l’Abitibi-Témiscamingue. Mais Raôul n’est pas qu’une chanson.

Il a publié, l’an dernier, un gros livre qui étale sa vie presque au complet. Il y raconte son histoire, à partir de la myriade de chansons qu’il a composées et des expériences souvent flyées qu’il a vécues.

Le titre du livre résume bien sa philosophie pleine d’appétit et d’humour : Touttt est dans touttt. Raôul est né en 1939, d’un père d’origine gaspésienne et d’une mère d’origine acadienne.

Les difficultés de la vie familiale ont fait qu’il a été élevé comme orphelin, à Lévis. Il a commencé à chanter, dit-il, pour apprivoiser la solitude. Et c’est peut-être la soupe à l’alphabet qui lui a ouvert les portes de la poésie.

Terre des hommes

À Montréal, à la fin des années 1960, Terre des hommes a accueilli le monde entier. À fond de train, Raôul a participé à la quête d’absolu de cette époque psychédélique.

L’amour et la paix étaient des valeurs fortes. Son imagination fébrile s’inscrivait très bien dans le délire créateur des années hippies. Et sa voix s’adapte bien aux différents styles de musique qu’il a expérimentés.

Il a fait partie de L’Infonie, un ensemble contre-culturel qui aimait transgresser les tabous. Il a collaboré au groupe Maneige, fréquenté les Pauline Julien, Raymond Lévesque et Jacques Michel.

Duguay a toujours joué sur l’humour, qui permet selon lui de libérer l’énergie et d’améliorer la santé. Il a même composé une chanson qui comprenait 33 couplets. 

Panthéon culturel

Joueur de mots doté d’une grande sensualité, Raôul Duguay fait partie de notre panthéon culturel. On ne peut l’oublier. Le livre se termine par des réflexions sur la créativité et l’imagination. « Ma quête de l’infini tantôt m’aveugle et tantôt m’illumine », conclut-il.

Raôul Duguay, Touttt est dans touttt, Le livre de ma vie, Éditions Sylvain Harvey, 2024, 534 pages.

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  • Dans un quartier de Berlin : Marzahn, mon amour
    Que savons-nous de la littérature allemande ? Très peu, en fait. À part les frères Grimm, qui ont écrit des contes comme Blanche-Neige, Cendrillon et Le Petit chaperon rouge, on ne connaît presque rien de l’univers culturel de ce vaste pays qu’est l’Allemagne, au cœur de l’Europe. Un livre de l’auteure allemande Katja Oskamp, Marzahn, mon amour, a attiré mon attention. Marzahn, c’est un quartier situé à l’est de Berlin, autrefois en ancienne RDA (Allemagne de l’Est). Il souffre d’une mau
     

Dans un quartier de Berlin : Marzahn, mon amour

7 décembre 2025 à 08:00

Que savons-nous de la littérature allemande ? Très peu, en fait. À part les frères Grimm, qui ont écrit des contes comme Blanche-Neige, Cendrillon et Le Petit chaperon rouge, on ne connaît presque rien de l’univers culturel de ce vaste pays qu’est l’Allemagne, au cœur de l’Europe. Un livre de l’auteure allemande Katja Oskamp, Marzahn, mon amour, a attiré mon attention.

Marzahn, c’est un quartier situé à l’est de Berlin, autrefois en ancienne RDA (Allemagne de l’Est).

Il souffre d’une mauvaise réputation et où les étrangers ne sont pas toujours les bienvenus.

L’auteure du livre, qui connaît sans doute bien la région, a décidé de polir un peu l’image du quartier, en montrant l’ambiance sympathique qu’on peut y trouver au quotidien et en donnant la parole à des gens ordinaires qui l’habitent.

Un film basé sur ce livre a été présenté à la télé allemande.

Soins des pieds

D’abord, il faut expliquer que l’auteure, qui a eu des ambitions littéraires frustrées, n’arrivait pas à subvenir à ses besoins. À 44 ans, elle décide donc de suivre une formation en podiatrie (pour les soins des pieds).

Elle obtient donc un travail dans une clinique spécialisée, formant une équipe avec deux collègues féminines. Et c’est là qu’elle se trouve en contact avec une clientèle variée qui lui fournit toute l’inspiration pour raconter une série d’histoires de vie particulières.

Ses clients habituels sont assez âgés, bien sûr. Pour avoir besoin de faire soigner ses pieds, il faut en général avoir des jambes qui ont fait des milliers de pas !

Mais le côté avantageux pour une auteure, c’est que les clients qui la croisent et avec qui elle cause ont en abondance du vécu à relater. 

Les bavardages se transforment en cheminements de vie. La routine de certains clients tranche avec les extravagances des autres.

Les douceurs et les malheurs du quartier surgissent au fil des pages. Tout ça à travers la manipulation d’un grand nombre de talons et d’orteils…

Marzahn, mon amour, par Katja Oskamp, traduit de l’allemand par Valentin René-Jean, Éditions Zulma, Paris, 2023, 208 pages.

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  • La révolte de Nastia
    Le personnage principal du roman Les cycles de la révolte, Nastia, dans la cinquantaine fringante, dirige une boutique d’art à Paris. Elle décide soudainement d’aller passer du temps dans le pays de sa jeunesse, la Slovénie. Pour se changer les idées! Elle en a bien besoin. Son conjoint, le beau François, vient de la lâcher là, sans plus de façon. Et les relations avec leurs deux filles sont plutôt distantes. Alors, pour Nastia, direction Ljubljana, capitale de la Slovénie, petit pays de
     

La révolte de Nastia

30 novembre 2025 à 08:00

Le personnage principal du roman Les cycles de la révolte, Nastia, dans la cinquantaine fringante, dirige une boutique d’art à Paris. Elle décide soudainement d’aller passer du temps dans le pays de sa jeunesse, la Slovénie. Pour se changer les idées!

Elle en a bien besoin. Son conjoint, le beau François, vient de la lâcher là, sans plus de façon. Et les relations avec leurs deux filles sont plutôt distantes.

Alors, pour Nastia, direction Ljubljana, capitale de la Slovénie, petit pays de deux millions d’habitants qui faisait partie de la Yougoslavie communiste jusqu’en 1991.

Avec un grand sens de l’observation, l’auteure, Brina Svit, nous donne vraiment l’impression de raconter une histoire vécue. Au hasard des journées que Nastia passe dans cette ville, on découvre son centre-ville et ses environs, de façon quasi touristique.

Et on fait la connaissance de quelques résidents de ces lieux, tels que : Zarja, une amie d’enfance ; Marko, qui lui loue un appartement et surtout Tobias, un journaliste belge qui prépare un reportage sur les manifestations publiques qui ont lieu à Ljubljana.

La page couverture du livre « Les cycles de la révolte ». (Photo courtoisie)

Oui, les manifestations sont au cœur de ce récit. Et c’est à bicyclette qu’elles se déroulent. Pourquoi ?

Parce que les autorités du pays menacent de donner des amendes salées aux citoyens qui s’arrêtent pour exprimer leur révolte. Alors, les citoyens se sont donné rendez-vous pour manifester, tous les vendredis, en se promenant ensemble à vélo sur la place de la République !

Voilà un roman fort agréable. Chaque chapitre raconte brièvement une histoire cohérente qui s’inscrit bien dans l’ensemble de l’œuvre.On retrouve dans chaque chapitre une conclusion intrigante qui donne le goût de poursuivre la lecture. On ne s’ennuie pas. 

Les cycles de la révolte, Brina Svit, Gallimard, 2024, 214 pages.

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  • Écrire pour rester
    À 92 ans, Gilles Archambault n’arrête pas d’écrire. Il a toujours ce côté vieux grincheux désabusé, mais sa plume si intimiste et pince-sans-rire nous le rend sympathique. Il se fait tard, paru en 2021, il était question des désillusions de la vieillesse, de résignation, de fatalité. Peu de réjouissance ici, mais une lucidité certaine. En écrivant ce livre en pleine pandémie de la covid, Gilles Archambault constatait qu’il ne souhaite pas vraiment mourir, mais qu’à cet âge, on « côtoie un pré
     

Écrire pour rester

23 novembre 2025 à 08:00

À 92 ans, Gilles Archambault n’arrête pas d’écrire. Il a toujours ce côté vieux grincheux désabusé, mais sa plume si intimiste et pince-sans-rire nous le rend sympathique.

Il se fait tard, paru en 2021, il était question des désillusions de la vieillesse, de résignation, de fatalité. Peu de réjouissance ici, mais une lucidité certaine. En écrivant ce livre en pleine pandémie de la covid, Gilles Archambault constatait qu’il ne souhaite pas vraiment mourir, mais qu’à cet âge, on « côtoie un précipice ».

Tout est plus difficile : on craint de tomber et de s’estropier, on traverse la rue plus lentement, on voit disparaître des amis proches, on perd son intimité. Pas facile non plus de devoir élaguer des biens qu’on croyait si précieux : photos de famille, CD et livres. « Vieillir, c’est se voir glisser hors de la réalité. Parfois avec amusement, parfois avec horreur. »

Il rappelle qu’à l’adolescence, sa perception de ceux et celles qui circulaient dans son entourage était différente. « Occupé à trouver un sens à ma présence sur terre, j’oubliais qu’autour de moi les êtres étaient tout autant désemparés. » Qu’est-ce qu’il a voulu faire finalement, en écrivant ? « Me prouver que j’existe », essayer de trouver « une réponse inexistante à mon inconfort de vivre ».

La page couverture du livre « Il se fait tard ». (Photo courtoisie)

Il souligne également son aversion contre les religions, qui profitent abusivement de ce mal de vivre des humains.

Nouvelle aventure

Dans Doux dément, paru en 2015, Archambault racontait l’histoire d’un homme âgé qui reprend de la vigueur grâce à l’arrivée d’une belle quarantenaire dans son voisinage.

Peut-il rêver d’une nouvelle aventure, lui qui est veuf et âgé ? « Au mieux, je ne suis qu’un vieillard bienveillant à qui elle demandera peut-être de nourrir son chat pendant ses absences. »

Le récit nous permet de faire connaissance avec son quotidien, ses amis, sa famille, ses coups de cœur et ses haut-le-cœur. Il explore avec sensibilité et franchise les répercussions de l’âge qui avance trop vite et qui briment inévitablement l’autonomie.

Il se fait tard, par Gilles Archambault, Boréal, 2021, 110 pages. Doux dément, par Gilles Archambault, Boréal, 2015, 240 pages.

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  • Le livre du roi : une histoire de rebondissements
    Les Islandais ont la réputation d’écrire des histoires solides et pleines de rebondissements. Il fallait donc vérifier si c’était vrai. Je suis tombé sur Le livre du roi, de Arnaldur Indriadason. Ses livres sont traduits en plusieurs langues et il est sans doute l’un des écrivains islandais les plus appréciés. En plus d’écrire des romans, ce diplômé en histoire, né en 1961, est journaliste et critique de cinéma. Il est reconnu comme un spécialiste de l’intrigue policière. Il a écrit plus d
     

Le livre du roi : une histoire de rebondissements

16 novembre 2025 à 08:00

Les Islandais ont la réputation d’écrire des histoires solides et pleines de rebondissements. Il fallait donc vérifier si c’était vrai.

Je suis tombé sur Le livre du roi, de Arnaldur Indriadason. Ses livres sont traduits en plusieurs langues et il est sans doute l’un des écrivains islandais les plus appréciés. En plus d’écrire des romans, ce diplômé en histoire, né en 1961, est journaliste et critique de cinéma.

Il est reconnu comme un spécialiste de l’intrigue policière. Il a écrit plus d’une douzaine de romans avec son détective Erlendur Sveinsson. Dans cette série, on dit qu’il mélange habilement des scènes concernant « les défis de la vie personnelle d’Erlendur avec les aspects criminels de ses histoires ».

Chaque histoire propose une enquête particulière dans la vie de ce détective, père de famille, divorcé, affecté par la drogue.

Le livre du roi (Photo courtoisie)

Sveinsson a aussi écrit la Trilogie des ombres ainsi que la série Konrad. Cette série compte des intrigues qui mettent en vedette un policier à
la retraite.

Enfin, l’auteur a écrit quatre romans qui ne font pas partie de ces séries, mais qui sont aussi des histoires à suspense. Le livre du roi est l’un de ceux-ci.

Étrange professeur

Ça raconte l’histoire d’un jeune étudiant qui, en 1955, va faire ses études à Copenhague, au Danemark. L’Islande était autrefois une colonie danoise et des liens existent encore entre ces deux pays.

Au cœur de Copenhague, l’étudiant rencontre un étrange professeur qui est à la recherche d’un précieux livre qui circule en catimini depuis la 2e Guerre mondiale.

Les deux protagonistes partent donc ensemble à la recherche de ce rare document à l’origine de mythes fondateurs des populations germaniques. Et toute une série de péripéties surviennent, du Danemark jusqu’en Allemagne, pour se prolonger sur un traversier qui retourne en Islande.

Le livre du roi, par Arnaldur Indriadason, Éditions Métailié, Paris, 2013, 360 pages.

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