Gaza : une humanité en détresse

Le conflit entre Israël et Gaza est cinglant, horrible. C’est l’hécatombe…
« La chicane est pognée », comme on dit, et, quand la bataille perdure, chacune des parties manifeste ouvertement ses raisons de continuer, sans jamais avouer ses torts. Il y a toujours différentes versions dans un conflit.
Qui donc a commencé, alors que la mésentente dure depuis des lustres ? Comment faire la différence entre la réalité qu’on nous montre et la manipulation de l’opinion publique par l’un et par l’autre ? À qui tout ça profite le plus ?
Est-ce que les forces en présence sont équilibrées ? Quand est-ce qu’une attaque violente sur la population dépasse les bornes ? Quels leaders seront assez responsables, un beau jour, pour mettre fin aux hostilités ?
L’ouvrage de la journaliste Meriem Laribi, une Française d’origine algérienne, n’a pas pour ambition de trancher la question. C’est avant tout un réquisitoire sérieux et bien documenté sur l’épouvantable tragédie que les Israéliens font vivre aux Palestiniens de Gaza.

Elle explique que les conditions de vie à Gaza sont désespérantes depuis des décennies. Elle affirme qu’Israël a été, depuis sa création après la Deuxième Guerre mondiale, un État colonial brutal, qui ne respecte pas les droits humains.
Elle procède à un effrayant recensement factuel, pendant toute une année (d’octobre 2023 à octobre 2024), des drames de Gaza : bombardements, massacres de civils, privations de nourriture et de médicaments, censure de la presse, écoles et hôpitaux détruits, etc.
Elle remet en question, preuves à l’appui, les informations officielles diffusées par le gouvernement d’Israël sur ses propres agissements.
Même le compte-rendu israélien sur l’infernale invasion des Gazaouis à Israël, le 7 octobre 2023, serait, à son avis, rempli de faussetés. Il n’y aurait, par exemple, aucune preuve de bébés décapités…
Pays occidentaux
Laribi critique les pays occidentaux, en particulier les États-Unis et la France, d’appuyer Israël et de contribuer à leur armement meurtrier. 70 % du matériel militaire utilisé par Israël serait fourni par les États-Unis.
Même la Ligue des pays arabes, avec ses 22 pays membres, n’ose pas intervenir pour sortir leurs frères gazaouis de ce pétrin.
Si le Hamas, considéré comme terroriste, a pris le pouvoir, signale l’auteure, c’est que personne d’autre n’était là pour protéger les Palestiniens.
Elle reproche aux politiciens et aux médias occidentaux d’avoir une plus grande compassion pour les morts israéliens que pour les décédés gazaouis.
L’auteure signale d’ailleurs le vocabulaire utilisé par certains médias. On lira que les morts israéliens sont « victimes du Hamas » alors que les morts de Gaza sont « victimes des ravages de la guerre ». Les enfants palestiniens sont « retrouvés morts » pendant que les enfants ukrainiens sont « tués par les Russes ».
Destruction
À Gaza, 85 % des bâtiments scolaires ont été détruits, dont les douze universités. Les hôpitaux s’écroulent sous les bombes et les médecins déplorent la pénurie de matériel soignant.
Des morts par milliers! À Gaza, 70 % des victimes sont des femmes et des enfants, selon l’ONU. Plus de 12 000 enfants de moins de 12 ans auraient été tués. Plus de 200 journalistes auraient été exterminés.
Est-ce que les colonisés de Gaza ont les mêmes droits que les autres humains sur cette planète ?, demande-t-elle.
Comme l’a écrit Karel Mayrand, « Gaza, c’est la fin du monde, c’est ce moment où l’on met en place une machine de guerre, froide et rationnelle, qui broie des enfants, méthodiquement. »
Meriem Laribi s’est donné pour objectif de « documenter le génocide en cours ». C’est un point de vue partisan sur la réalité de ce conflit. On ne trouvera pas ici de renseignements sur la dictature que le Hamas impose à sa population ou sur le fait que les derniers otages ne sont pas relâchés, argument souvent évoqué par Israël pour poursuivre la destruction.
Mais son livre est une solide analyse sur une réalité bien souffrante pour les Gazaouis. Un génocide !
Ci-gît l’humanité, Gaza, le génocide et les médias, par Meriem Laribi, Éditions critiques, 2025, 312 pages.