GĂ©nocide en Palestineâ: le QuĂ©bec complice malgrĂ© tout

Il y a environ un mois, le premier ministre François Legault affirmait, dans une entrevue en ligne avec StĂ©phan Bureau, quâau QuĂ©bec, on importait des conflits.
Lâopinion de Carol-Ann Kack
Il parlait du gĂ©nocide menĂ© par IsraĂ«l sur le peuple palestinien. Il expliquait que ce conflit nâest pas le nĂŽtre et que ces enjeux ne devraient pas ĂȘtre dâactualitĂ© chez nous ou, du moins, que cela ne devrait pas ĂȘtre source de tensions ici, car ça ne nous concerne pas. Cela mâa choquĂ©e. Ce nâest pas parce que nous ne sommes pas affectĂ©s dans notre quotidien que nous nâavons rien Ă voir avec ce qui se passe ou, du moins, que le QuĂ©bec nâa rien Ă voir avec ce qui se passe.
Ă juste titre, nous avons appris, au dĂ©but juillet, dans un rapport de lâONU, que la Caisse de dĂ©pĂŽt et de placement du QuĂ©bec (CDPQ), comprenant lâĂ©pargne collective des QuĂ©bĂ©coises et des QuĂ©bĂ©cois, finançait Ă la hauteur de 9,6 milliards$ plus de 48 entreprises qui sont impliquĂ©es dans le gĂ©nocide. Cela, malgrĂ© ses politiques dâinvestissement durable et en matiĂšre des droits de lâhomme.
On y souligne quâentre 2023 et 2024, la CDPQ a fait bondir respectivement de 300%, 400% et 500% ses investissements dans les entreprises Lockheed Martin, Caterpillar et HD Hyundai, toutes impliquĂ©es dans lâextermination du peuple palestinien.
Ce nâest pas rien! LâĂ©pargne de lâĂtat quĂ©bĂ©cois contribue Ă lâĂ©conomie du gĂ©nocide. Alors, est-ce que nous « importons des conflits qui ne nous appartiennent pas » ou est-ce que nous contribuons au massacre en cours?
Question de responsabilité
LA CDPQ sâest dĂ©fendue de ces allĂ©gations en expliquant que les investissements en question, pour la plupart, nâont pas Ă©tĂ© faits par la Caisse directement, mais sont plutĂŽt « gĂ©rĂ©s par des intermĂ©diaires ou dĂ©tenus Ă travers des produits standards offerts Ă lâensemble des investisseurs ».
Elle explique aussi avoir peu dâimpact sur les dĂ©cisions de ces entreprises, dont elle ne dĂ©tient quâune petite partie des actions et des droits de vote. Ăvidemment, il y a une complexitĂ© dans le fonctionnement des produits financiers et des fonds dâinvestissement. Mais, une fois cela dit, il faut que les leaders politiques et Ă©conomiques reconnaissent leur responsabilitĂ©.
Une cruauté sans nom
Nous assistons, depuis 20 mois, Ă des scĂšnes terribles, dĂ©coulant de stratĂ©gies qui ne relĂšvent pas dâune simple « escalade disproportionnĂ©e » en riposte aux attaques du Hamas, mais plutĂŽt dâun plan dâIsraĂ«l de saisir ce moment pour mettre un terme dĂ©finitif Ă lâĂtat palestinien.
IsraĂ«l ose mĂȘme avouer que sa plus rĂ©cente invasion terrestre vise Ă dĂ©placer la population palestinienne dans 20% du territoire afin de complĂ©ter la destruction de ce qui reste dâinfrastructures civiles et ne laisser Ă la population aucun endroit oĂč aller. Il sâest mĂȘme montrĂ© ouvert au plan de notre voisin Donald Trump, proposant que les Ătats-Unis fassent de la Bande de Gaza un lieu de villĂ©giature luxueux. Câest dâune cruautĂ© sans nom.
Comme le rappelaient prĂšs dâune quarantaine de rapporteurs spĂ©ciaux et experts de lâONU le 8 mai, les Ătats du monde sont confrontĂ©s au choix dĂ©cisif suivant : « mettre un terme au gĂ©nocide en cours ou le voir mettre fin Ă la vie Ă Gaza ».
Alors oui, monsieur le premier ministre, quand la population critique lâouverture dâun bureau du QuĂ©bec Ă Tel-Aviv pour renforcer ses relations commerciales, quâelle demande Ă la SAQ de cesser la vente de vins israĂ©liens et quâelle exige que lâargent public ne soit pas au service du gĂ©nocide en cours, je pense que ça nous concerne. Nous finançons vos choix malgrĂ© nous. Nous avons le droit de dire haut et fort : je ne veux pas ĂȘtre complice.
