Un gros animal relance le mythe du cougar

Un gros animal noir, capté récemment par une caméra de surveillance, alimente les discussions, ravive des souvenirs et laisse planer des doutes dans l’esprit de citoyens de Saint-Adelme et d’ailleurs, à 20 km à l’est de Matane.
Certains y voient un cougar noir de l’Est, une sous-espèce de la race. D’autres, un gros chat, ou ni l’un ni l’autre. Quoi encore ? Des cougars noirs ont été signalés 42 fois en Nouvelle-Écosse et 49 fois au Nouveau-Brunswick, selon le gouvernement de la Nouvelle-Écosse.
Spécialiste du plein air et guide de chasse, Jean-François Dubé rapporte l’information. La caméra d’un partenaire chasseur a livré des photos d’une bête suspecte, en forêt privée, à Saint-Adelme, où il chasse l’orignal. Ses recherches sur Google lui ont fait croire à un cougar noir.
J’ai soumis les photos à la Direction des communications, au ministère responsable de la Faune, secteur de validation.
Voici la réponse scientifique : « Par sa taille, sa forme, et sa longueur de poils ainsi que la forme et la longueur de sa queue, il pourrait s’agir d’un chat noir de bon gabarit. À notre connaissance, il n’y a pas de cas de mélanisme chez le cougar », selon le courriel du ministère.
« Le mélanisme est un phénomène biologique caractérisé par une pigmentation anormalement foncée de la peau et des poils, dû à un excès de mélanine, pigment responsable de la coloration foncée. C’est l’inverse de l’albinisme, un manque de pigmentation. »
« C’était un cougar »
« Je me rends à la décision du ministère. Les biologistes ont toujours été très prudents quand des cougars sont rapportés au Québec. En mars 1993, sur les abords de la rivière Madeleine, en Gaspésie, j’ai vu un cougar de l’Est qui a fait quelques sauts devant moi avant d’aller sous le couvert forestier. J’ai observé sa longue queue qui fendait la neige. Puis, j’ai croisé des agents de la protection de la faune qui suivaient mes traces. J’inventoriais le secteur pour mon entreprise de rafting. Un trappeur leur avait dit avoir aussi vu un cougar », relate Jean-François Dubé.
« Ils parlaient d’un gros chat, et moi je confirme que j’ai vu un cougar, de la couleur d’un chevreuil », insiste JF !

Outre sa propre observation, le « coureur des bois » nous fournit plusieurs signalements provenant de connaissances et d’amis affirmant avoir déjà observé un grand félin. Comme cet opérateur de multifonctionnelle forestière, dans la Réserve Matane, qui a vu deux gros « chats noirs » ensemble…
Un demi-cougar !
J’ai souvenir d’une chasse au petit gibier dans la réserve faunique de Rimouski. Au sortir d’un sentier, près du lac Cordonnière, j’ai regardé à droite pour m’assurer qu’aucun véhicule ne venait en ma direction, puis à gauche.
En une fraction de seconde, j’ai vu un « demi-cougar ». Les pattes de derrière, avec sa queue significative. Si j’avais regardé d’abord à gauche, j’aurais peut-être pu observer le félin en entier, traversant le chemin forestier.
On retrouve le cougar en Colombie-Britannique et dans certaines régions montagneuses de l’Alberta. Dans le reste de l’Amérique du Nord, l’espèce est en voie d’extinction.
Le dernier spécimen a été capturé dans le Maine, près de la frontière québécoise, en 1938. Québec rapporte que le dernier cougar a été abattu dans la province cette même année.
Le cougar se reconnaît à sa grande taille, à sa longue queue et à son pelage jaune roux. Adulte, il peut atteindre 2,5 m et plus. Sa queue mesure entre 50 et 90 cm. Le mâle pèse de 63 à 103 kg, la femelle, de 35 à 60 kg. Le cougar est à déclaration obligatoire.
Si on trouve ou observe un cougar blessé ou mort, on contacte SOS Braconnage — Urgence faune sauvage au 1 800 463-2191.
Au Québec, la majorité des mentions proviennent de l’Abitibi-Témiscamingue, de l’Estrie, du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.