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Musée de l’Empress : 25 ans d’histoire

L’année 2025 marque le 25anniversaire de la construction du Musée Empress of Ireland de Pointe-au-Père.

Des piliers de l’histoire du Musée ont remonté le temps pour raconter les moments marquants du projet, le 12 juin dernier, lors d’un cocktail qui a réuni plusieurs invités au Hangar 14.

Le premier à avoir été invité à prendre la parole a été Donald Tremblay, membre fondateur de l’organisme.

Avec une mémoire phénoménale, ce pionnier du Musée Empress of Ireland a relaté les tout débuts du projet, alors que l’épave gisait dans les profondeurs du fleuve Saint-Laurent depuis plus de 50 ans et que personne ne savait exactement où elle se situait.

Au début des années 1980, alors que l’épave est localisée au large de Sainte-Luce, de braves plongeurs ramènent à la surface plusieurs objets du transatlantique, qui a été le tombeau de 1012 passagers et membres d’équipage en 1914.

Trouver une place aux objets

« Il fallait trouver une place pour ces objets, a raconté M. Tremblay. Dans ma tête, la meilleure place était ici [le Site historique maritime de la Pointe-au-Père] parce que c’est un lieu maritime. C’était la première station de pilotage au Canada. » En 1982, l’organisme, qui est alors connu sous le nom de Musée de la mer, s’associe à Parcs Canada, propriétaire et gestionnaire du lieu. « Avec les pièces qu’on avait, on a monté un petit musée », a-t-il mentionné.

Dans un premier temps, il est modestement installé dans la maison de l’ingénieur. « Le premier été, on a eu beaucoup de visiteurs, se souvient M. Tremblay. Ça nous a encouragés. » Par la suite, le musée déménage dans la maison du gardien de phare pour y demeurer jusqu’en 1988.

Le Musée Empress of Ireland célèbre ses 25 ans. (Photo Johanne Fournier)

« Après, il y a eu la grande bâtisse qu’est maintenant le Musée Empress of Ireland, qui attire 80 000 visiteurs par année, le Hangar 14 et le sous-marin, avec lequel on a eu bien de la misère au début », a-t-il relaté. Donald Tremblay s’est dit extrêmement fier d’avoir été un témoin privilégié de l’évolution du projet.

« Et je sais que ce n’est pas fini ! L’équipe a encore beaucoup d’idées. »

Paul Gagné a été l’un des premiers à croire financièrement au projet. À la fin des années 1990, ce gestionnaire de Développement économique Canada a accompagné l’équipe dans le financement du Musée. « Il y avait une bonne équipe, qui avait des liens avec Parcs Canada, a-t-il justifié. Le phare et le Musée Empress of Ireland, tout ça se tenait. Il y avait beaucoup d’originalité dans le projet. On a pensé que la clientèle touristique serait intéressée. Puis, le plan d’affaires était adéquat. »

À la barre pendant 32 ans

Celui qui a été présenté comme le chef d’équipe a été invité à monter sur scène. L’ancien directeur général du Musée, Serge Guay, a d’abord fait le récit des premières propositions de Donald Tremblay.

« Il est arrivé avec une maquette. Il voulait faire un simulateur de naufrage. Son idée était d’embarquer 14 personnes dans une espèce de conteneur, une copie d’une cabine de passager de l’Empress. Tout ça se mettait à basculer pendant 14 minutes. On est parti avec cette idée-là et c’est comme ça qu’on a développé le premier projet. »

Serge Guay (Photo courtoisie Jonathan Robert)

Guay et son équipage se sont mis à la tâche pour trouver un concept nouveau et exceptionnel. « On savait que l’histoire de l’Empress touchait les gens », a indiqué l’ancien dirigeant de l’organisme. C’est ainsi qu’aux alentours de 1995, une analyse a été commandée. Les consultants leur ont alors proposé une projection en 3D afin de faire revivre le dernier voyage du paquebot transatlantique, en partant de Québec jusqu’à Sainte-Luce, sans faire vivre le naufrage.

« C’est avec ce projet qu’on a réussi à trouver le financement et que le Musée a pu être réalisé avec, comme principales attractions, le spectacle en 3D et la salle d’exposition », a-t-il indiqué. En 2017, l’achalandage étant en croissance, le Musée a été agrandi. Après 32 ans à la barre de l’établissement, Serge Guay a pris sa retraite en décembre 2021.

L’architecte et le principal donateur

L’architecte qui a élaboré les plans du Musée faisait aussi partie des invités d’honneur de l’événement célébrant le 25e anniversaire. Le design, avec la reproduction des cheminées penchées évoquant le navire en train de couler, ne faisait pas l’unanimité.

Quoi qu’il en soit, Richard Goulet est allé de l’avant avec ses plans. À l’époque, le projet avait coûté 700 000 $, à part l’exposition. « Aujourd’hui, ce serait trois fois plus », estime-t-il. L’architecte de Québec a avoué qu’il s’agissait du projet dont il était le plus fier.

Le dernier à avoir pris la parole a été le plongeur Joël Dionne. Avec plus de 50 objets provenant de l’épave et qu’il a remis au Musée, dont une trentaine sont exposés, il est l’un des principaux donateurs.

Avant que l’épave de l’Empress of Ireland ne soit protégée à titre de bien culturel en 1999, celui qui a fait environ 175 plongées sur l’épave a raconté comment il était facile, à l’époque, de remonter des pièces.

Le maître de cérémonie était Albéric Gallant, qui a incarné pendant une dizaine d’années le personnage du capitaine de l’Empress of Ireland, Henry George Kendall.

Artefact dévoilé

Le dévoilement d’un nouvel artefact a été un moment fort de la cérémonie du jeudi 12 juin, qui visait à célébrer le 25anniversaire du Musée Empress of Ireland. Il s’agit du télégraphe du funeste paquebot, qui avait été remonté à la surface le 17 août 1975 par Ron Stopani, un plongeur de Las Vegas.

Il y a trois ans, la famille Zeller des États-Unis est venue au Musée porter plusieurs objets qui avaient appartenu au paternel. Les membres de la famille avaient aussi apporté plusieurs documents qui décrivaient comment leur père organisait ses plongées.

La muséologue du Site historique maritime de la Pointe-au-Père, Roxane Julien-Friolet et la directrice générale, Hélène Théberge. (Photo courtoisie)

« Ils avaient plusieurs photos et diapositives de différentes plongées qui avaient été faites au fil des années à Sainte-Luce et à Pointe-au-Père, a raconté la directrice générale de l’institution muséale, Hélène Théberge. Parmi ces documents, il y avait une photo du plongeur Ron Stopani, qui venait de repêcher l’appareil télégraphique. On avait aussi une lettre écrite de la main de M. Zeller, qui disait à M. Stopani, comment c’était un objet important de l’Empress et qu’il devrait être bien conservé. Puis, la famille Zeller nous a dit que M. Stopani était encore vivant. »

L’équipe du Musée en a alors parlé à l’historien David St-Pierre qui a entrepris des recherches. Celles-ci ont duré plusieurs mois. « Un jour, il reçoit un appel de M. Stopani, qui lui dit qu’il souhaiterait laisser l’objet au Musée Empress of Ireland », a précisé Mme Théberge.

Le télégraphe

Il y a donc 50 ans que le télégraphe a été extirpé de l’épave. Après avoir reposé dans les abysses du Saint-Laurent pendant 61 ans, il n’est pas trop détérioré. « Ce qui est exceptionnel, c’est que c’est cet appareil qui a reçu le dernier message avant la perte de courant et qui disait que l’Eureka et le Lady Evelyn étaient en route pour venir secourir les naufragés », a mentionné la muséologue Roxanne Julien-Friolet.

Le précieux objet fera l’objet d’une restauration pour éventuellement l’exposer au Musée. Aujourd’hui âgé de 81 ans, Ron Stopani a promis à l’équipe du Musée qu’il lui ferait parvenir plusieurs autres artefacts de l’Empress qu’il a en sa possession.

Rimouski-Forestville : Rilec presse Québec de financer la relance

Le président des Industries Rilec presse Québec de l’aider à financer la relance de la traverse Rimouski-Forestville, inopérante depuis trois ans. Louis-Olivier Carré réitère sa demande de subvention auprès du ministère des Transports et de la Mobilité durable et pour laquelle il a essuyé un refus, il y a trois semaines.

L’homme d’affaires de Rimouski a besoin de près de 9 M$ d’ici un mois pour faire l’achat d’un traversier européen.

« C’est un projet qui nous tient vraiment à cœur », a fait savoir monsieur Carré lors d’une conférence de presse tenue, ce lundi 16 juin, dans une salle bondée de gens d’affaires, d’élus et d’intervenants touristiques.

Une analyse du cabinet Blouin comptables professionnels agréés de Rimouski a démontré que de réels besoins justifiaient l’acquisition d’un navire ayant une plus grande capacité que le CNM Évolution, qui a assuré la liaison pendant 24 ans. 

Un total de 10 bateaux construits à partir de 2018 ont été sélectionnés. Louis-Olivier Carré s’est rendu en Europe pour faire des inspections techniques et son choix s’est arrêté sur un navire récent, construit l’an dernier.

Puisque rien n’est encore signé, il refuse de fournir son nom et sous quel pavillon il bat. 

Ce traversier peut accueillir 90 véhicules et 300 passagers, comparativement au CNM Évolution qui pouvait avoir 30 véhicules et 150 passagers à son bord. Il peut aussi transporter 14 camions-remorques. D’une longueur de 265 pieds (80,8 mètres) et d’une largeur de 52 pieds (15,8 mètres), il est à double entrée, c’est-à-dire qu’il n’a ni proue ni poupe.

« L’un des plus gros avantages de ce bateau, c’est qu’il n’y a pas de manœuvres à faire, a observé monsieur Carré. Il arrive toujours à quai dans le bon sens. Il présente donc une efficacité sur le plan de l’accostage. » 

La durée de la traversée devrait être d’environ deux heures. Comme ce type de bateau ne peut naviguer dans les glaces, sa saison d’opération serait de mai à octobre. 

Si ce bateau a été choisi, c’est parce qu’il ne nécessite pas de réparation et qu’il est le plus proche des normes canadiennes, de l’avis du patron des Industries Rilec. 

Service essentiel

Louis-Olivier Carré martèle que le redémarrage de la traverse est essentiel. Par ailleurs, il croit que le risque financier doit être partagé entre son entreprise et le gouvernement.

S’il a essuyé un refus à sa demande d’aide financière, le promoteur a cependant eu une bonne nouvelle: un mandat officiel a été confié à la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie pour étudier l’installation d’une traverse au quai de Rimouski.

« On espère qu’une avenue puisse être discutée avec le gouvernement pour dénouer l’impasse afin de rendre possible ce lien humain et économique essentiel pour le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord, a indiqué l’homme d’affaires. C’est un lien qui est important pour la vitalité socioéconomique de nos régions. » 

Voici le navire réservé par Louis-Olivier Carré, dont la capacité d’accueil est de 300 passagers et 90 véhicules. (Photo courtoisie)

Comme Louis-Olivier Carré souhaite le retour du service en 2026, il faudrait que le navire soit arrivé à Rimouski au plus tard à la fin septembre. Le promoteur espère donc convaincre le gouvernement Legault d’ici un mois.

S’il n’a pas d’engagement ferme d’ici ce temps pour obtenir le soutien financier nécessaire à son acquisition, le navire retournera sur le marché. Au bout de cette échéance, si Québec dit toujours non, monsieur Carré croit que la population devra faire son deuil de cette traverse.

Élus favorables

Le maire de Rimouski accueille avec enthousiasme le projet et croit que Québec pourrait accepter de subventionner les infrastructures et les mises à niveau, comme il l’a déjà fait avec l’ancien propriétaire du traversier. L’élu nourrit beaucoup d’espoir.

À son avis, cette traverse pourrait venir en relève lorsque l’une des traverses n’est pas en fonction.

« Ça fait plus d’un an qu’on travaille avec monsieur Carré sur le projet, souligne Guy Caron. On est emballé par la viabilité du projet et par sa vision. Il faut maintenant avoir les moyens pour le réaliser. »

La mairesse de Forestville et préfète de La Haute-Côte-Nord s’est dite heureuse de constater la mobilisation du milieu autour du projet. « C’est un signal clair que c’est un service essentiel entre nos deux rives », a réagi Micheline Anctil.

Pour elle, il ne s’agit pas seulement d’un projet pour Forestville, mais pour toute la Côte-Nord et les régions limitrophes.

« C’est un levier de développement économique et touristique. C’est aussi nécessaire pour l’accès à des soins de santé et aux services éducatifs. Ce serait un juste retour pour la Côte-Nord qui, avec toutes ses ressources naturelles, contribue à l’économie du Québec. »

Français rime avec respect 

La 105Coupe Memorial a pris fin, il y a quelques jours, à Rimouski. Le 22 mai, lors de l’ouverture de ce tournoi pancanadien, Brad Richards, ne s’est pas fait remarquer uniquement parce qu’il est un ancien joueur de l’Océanic et une ancienne vedette de la Ligue nationale de hockey.

Il a impressionné ses hôtes lorsqu’il a accordé une entrevue en français sur les ondes de RDS. Quelle belle marque de respect pour la population de Rimouski et de tout l’Est-du-Québec, voire de tous les francophones du Canada ! 

Le natif de l’Île-du-Prince-Édouard a appris le français pendant les trois ans lors desquels il a évolué au sein de l’Océanic de Rimouski. Or, voilà que, 25 ans plus tard, il parle encore français ! Quatre ans après avoir remporté la Coupe Memorial avec l’Océanic en 2000, plusieurs Rimouskois se souviennent encore lorsqu’en soulevant la Coupe Stanley avec le Ligthning de Tampa Bay, il avait lancé : « Rimouski !!! ». On appelle cela un gentleman. 

Exemples à suivre

Richards a été un exemple pour Sidney Crosby, qui avait été sélectionné par « l’équipe de toute une région » en 2003. Pendant les deux ans lors desquels il a fait partie de l’alignement qui, à l’époque, était dirigé par le regretté Doris Labonté, le Néo-Écossais a appris la langue de Molière, même s’il savait qu’il serait rapidement repêché par la LNH. Le jeune prodige disait qu’il parlait français par respect pour les gens qui l’accueillaient.

Le jour de ses 30 ans, en 2017, Crosby est descendu d’un avion nolisé directement sur le tarmac de l’aéroport de Rimouski avec, en main, la Coupe Stanley qu’il venait de gagner avec son équipe. L’athlète tenait à venir la partager avec les Rimouskois. Autre marque de respect.

Cependant, bien que son attachement à Rimouski ne fasse aucun doute, le capitaine des Penguins de Pittsburgh n’a pas voulu nous accorder d’entrevues en français. Même s’il comprenait, le numéro 87 n’a pas plus accepté de répondre à nos questions dans la langue de Molière lorsque l’Océanic a retiré son chandail pour le hisser dans les hauteurs du Colisée de Rimouski en 2019. On nous a fait comprendre que c’était pour son image. Comme il ne pratiquait plus souvent la deuxième langue officielle de son pays natal, il craignait de dire une bourde qui aurait pu être reprise par les médias et provoquer une certaine risée. 

Quoi qu’il en soit, rassurez-vous. Bien loin de moi l’intention d’insinuer que Crosby n’est pas un gentilhomme ! Je sais très bien qu’il n’a jamais oublié Rimouski et la région et… c’est tout à son honneur ! Crosby est un homme civilisé, qui a de belles valeurs. D’ailleurs, les joueurs anglophones qui portent les couleurs des clubs québécois membres de la LHJMQ devraient s’inspirer de Crosby et de Richards et apprendre le français !

Nick Suzuki et les autres

Comment se fait-il que le capitaine du Canadien de Montréal n’ait pas encore appris le français après plus de cinq ans au sein du club ?

Le journaliste anglophone Brendan Kelly ne comprend pas plus pourquoi Nick Suzuki n’est toujours pas apte à prononcer quelques mots dans la langue officielle du Québec. L’Écossais de naissance a même écrit un livre sur le sujet : Le CH et son peuple. Peut-être me direz-vous que Suzuki est payé — grassement d’ailleurs — pour jouer au hockey. Mais, tout le monde sait bien qu’il aurait du temps pour suivre quelques cours !

Quand le capitaine de la Sainte-Flanelle s’adresse aux médias du Québec, c’est aux Québécois qu’il parle. En est-il seulement conscient ? D’ailleurs, n’appelle-t-on pas aussi le club Les Habs, un surnom dérivé du mot habitant au pluriel, un terme qui désignait les Canadiens français ? Faut-il rappeler à Suzuki, ainsi qu’à ses coéquipiers Cole Caufield et Juraj Slafkovsky, les noms des héros qui font partie de l’histoire de leur club, comme Maurice Richard, Guy Lafleur, Jean Béliveau et Patrick Roy ? 

Certains diront que tout part d’en haut. Jeff Gorton ose à peine baragouiner quelques mots dans la langue du Québec, quatre ans après son embauche à titre de vice-président exécutif des opérations hockey du Canadien. Pourtant, il avait promis d’apprendre la langue de Molière.

Il en est tout autant de la gouverneure générale du Canada, Mary Simon, qui a été nommée quelques mois avant Gorton et qui n’est toujours pas capable de lire son discours dans les deux langues officielles du Canada. Peut-être se disent-ils que c’est inutile parce que la majorité des Québécois savent ou devraient savoir parler anglais ? Je vous laisse sur cette question. 

Bic sur Mer : l’art de se réinventer

En faisant peau neuve, le terrain de golf du Bic fait aujourd’hui place à Bic sur Mer. Nouvellement devenu la propriété de l’homme d’affaires Éric Fournier, le lieu emblématique, reconnu pour sa vue imprenable sur les îles du Bic, a subi d’importantes transformations et l’ajout de nouvelles installations.

L’automne dernier, alors qu’il venait tout juste de prendre sa retraite de l’entreprise Moment Factory de Montréal, pour laquelle il était l’un des trois actionnaires, Éric Fournier apprend que le Club de golf du Bic est à vendre, qu’il est techniquement en faillite.

« Moi qui ai grandi ici, je trouvais ça triste qu’un terrain de cette qualité, situé dans un site fabuleux, ferme ses portes parce qu’il n’y a plus personne d’intéressé à s’en occuper. Le club de golf du Bic, ça fait partie de mon ADN. Le décor est magnifique ! »

Avant d’acheter l’entreprise, il a élaboré une liste de priorités afin d’étudier et de comprendre la situation dans laquelle se trouvait le club de golf.

« C’était pour que, le jour où je serais propriétaire, je puisse commencer tout de suite les travaux, explique-t-il. Il ne fallait pas que je me retrouve au printemps avec rien qui ne soit fait. »

Bien qu’il aime le golf, Éric Fournier n’est pas un golfeur. Il préfère jouer au hockey. Jusqu’à l’an dernier, son emploi du temps ne lui permettait pas de jouer au golf.

« J’ai eu une carrière hyper exigeante, raconte l’homme d’affaires. J’ai travaillé chez Bombardier et au Cirque du Soleil. Avec les enfants et les déplacements, ça ne rentrait pas dans mon agenda. J’arrivais d’Europe le vendredi, j’étais sur le décalage horaire. Je ne pouvais pas aller jouer au golf le samedi ! »

Investissements importants

Éric Fournier s’est porté acquéreur du lieu le 31 octobre au coût de 1 M$.

« J’ai accordé des droits de jeu aux anciens actionnaires, précise le nouveau propriétaire de Bic sur Mer. Ils ont des rabais de jeu et des gratuités. Comme autre condition d’achat, il y a une promesse d’investissement de 1,2 M$. Cette promesse était sur cinq ans et je l’ai remplie en un an. Ils voulaient s’assurer que j’allais entretenir le site et le garder en bon état. »

Les golfeurs sont maintenant bienvenus à Bic sur Mer. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Fournier a notamment fait construire un bâtiment qui accueillera une cantine avec service de bar et autres services aux golfeurs.

« Ça vient ajouter à la qualité de l’expérience et à la personnalité du lieu. ». L’intérieur du Club House a aussi été rafraîchi, le mobilier a été changé et la boutique y a déménagé.

Le Club de golf du Bic a été fondé en 1932. À l’origine, le parcours était de 9 trous. En 1962, on y a ajouté 9 autres trous. Ces dernières années, il se jouait autour de 18 000 rondes par saison. Éric Fournier a pour objectif d’atteindre 23 000 rondes.

« Je veux attirer de nouveaux golfeurs et des touristes. »

Nouveau pro et nouveau chef

Le nouveau professionnel de Bic sur Mer est Martin Landry de Rimouski, pour qui le terrain n’a plus de secret, puisqu’il s’est initié à ce sport à cet endroit à l’âge de 10 ans.

Après avoir œuvré au Club de golf La Vallée du Richelieu en Montérégie, M. Landry fait un retour dans son alma mater.

Le chef Adrian Pastor a conçu l’offre alimentaire basée sur des produits provenant de la région.

Le chef Adrian Pastor (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

L’approvisionnement se fera notamment chez Florent charcuteries artisanales, une nouvelle boutique qui ouvrira bientôt ses portes au centre-ville de Rimouski. Le propriétaire est l’ancien chef de l’Auberge du Mange-Grenouille, Antoine Landry.

Une place pour les arts

Pour l’homme d’affaires, un club de golf est un lieu de contemplation. Lui et sa conjointe, Carole Deniger, ont donc décidé d’ajouter des œuvres d’art sur le terrain.

C’est la raison pour laquelle on peut faire la rencontre de la sculpture d’un jeune orignal. Il s’agit d’une œuvre de l’artiste Ludovic Boney de Lévis.

Une œuvre d’art est installée au hasard du parcours de Bic sur Mer. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Autre première pour le terrain de golf. Le spectacle Kàsalà et poutine sera offert le 26 juillet sur le terrain de pratique dans le cadre des Concerts aux îles du Bic.

Pour Éric Fournier, le site rappelle un véritable amphithéâtre, qui propose une vue imprenable sur le fleuve et le parc national du Bic. Le coucher de soleil ajoutera au spectacle, imagine l’homme d’affaires.

Des vins de La Mitis qui se distinguent

Les vins du vignoble la FETE (Ferme expérimentale Terre-Eau) ravissent de plus en plus le palais des fins dégustateurs. S’étendant sur une superficie de 4 hectares située à Saint-Joseph-de-Lepage, les 10 000 plants de raisins issus de 13 cépages, qui sont cultivés à des fins expérimentales, permettent de produire 16 vins différents.

L’un de ces vins, le Bel-Chas 2023, a séduit les membres du jury de la Sélection mondiale des vins 2024, organisée par la Société des alcools du Québec. Le Bel-Chas a obtenu 86 points, se classant ainsi tout juste au pied du podium.

Le Bel-Chas est arrivé en quatrième position à la Sélection mondiale des vins 2024, organisée par la Société des alcools du Québec. (Photo Johanne Fournier)

Le jury composé de 60 membres de la filière internationale et canadienne des vins a goûté aux 1630 vins proposés par des producteurs de 31 pays. Pour la vinificatrice et cheffe de cuves du vignoble de La Mitis, il s’agit d’une réussite qui ouvrira la voie d’une nouvelle aventure, espère-t-elle.

« Pour un vin dont on n’avait aucune idée, comment il allait se positionner dans le paysage des vins, c’est comme un sceau d’approbation », réagit la chimiste Anne Corminboeuf. Plus récemment, la FETE a lancé certains de ses produits lors du Salon des vins de Rimouski, organisé par la Fondation Maison Marie-Élisabeth de Rimouski. Les visiteurs ont pu déguster des vins blancs, rosés et rouges issus d’au moins cinq des 13 cépages cultivés à la FETE.

Anne Corminboeuf et Louis Drainville ont confiance en leurs produits qui sont déjà fort bien accueillis par les connaisseurs. (Photo Johanne Fournier)

Selon le président-directeur général de Terre-Eau, Louis Drainville, l’accueil de ces nouveaux vins a été exceptionnel de la part des participants du Salon des vins, qui s’est tenu le 24 avril.

Commercialisation

La commercialisation récente des vins de la FETE marque le début d’une nouvelle étape pour le vignoble.

« La commercialisation se fait à la FETE et dans les marchés publics, précise monsieur Drainville. Actuellement, on peaufine notre approche auprès des restaurateurs. » Le viticulteur produit principalement des vins blancs et rosés, qui s’harmonisent à merveille avec le poisson et les fruits de mer. Quant au rouge, il peut être bu en consommant des viandes rouges et du maquereau. 

De l’avis de l’agronome et biologiste, la personnalité si particulière des vins de la FETE se développe grâce au contexte maritime, au terroir rimouskois, à la proximité du fleuve et à son climat qui donne des hivers plus tempérés.

La FETE

La FETE poursuit principalement comme objectif l’amélioration de la connaissance viticole et vinicole. Dans cette optique, l’agrandissement du chai est déjà dans les cartons de l’entreprise. « L’année passée, on a produit à peu près 4000 à 5000 bouteilles, alors qu’avec les prochaines estimations, on parle de 8000 à 10 000 bouteilles, tous cépages confondus », indique Louis Drainville.

La majeure partie des vignes de la FETE croît en terroir rimouskois. Celui-ci est composé d’un sol plutôt léger et peu profond. Une parcelle de 0,5 hectare se trouve sur un sol plus argileux. Plus de 80 % des raisins poussent sur un sol de la série Rimouski. Peu profond, il repose sur une roche de schiste argileux, qui est propice à la viticulture, selon le dirigeant de Terre-Eau.

Le travail des sols a commencé il y a dix ans, tandis que les vignes ont principalement été implantées en 2016 et 2017. Une dernière parcelle a été ajoutée il y a trois ans, dont la vendange a donné sa première cuvée l’an dernier. 

La 20 déchire le Bas-Saint-Laurent

Alors que le sujet déchaîne les passions depuis plusieurs années, voilà que Québec, avec l’adoption de son dernier budget en mars, a mis le projet de parachèvement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic en pause pour cinq ans.

Le plus surprenant, c’est que le gouvernement Legault ne l’a pas retiré du Plan québécois des infrastructures (PQI), mais il ne lui accorde aucun fonds. Le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) évoque la conjoncture économique pour expliquer la mise en veilleuse du projet jusqu’en 2030.

La ministre Geneviève Guilbault continue à dire que le projet de prolongement de l’autoroute 20 est très important. (Photo Johanne Fournier)

« C’est pour respecter la capacité de payer des contribuables, fait valoir la porte-parole du MTMD, Julie Marcoux. Le ministère a revu ses priorités et a repoussé le projet. Le choix qui a été fait est de plus investir dans les infrastructures existantes. C’est ce qu’on appelle le maintien des actifs. »

Mais, la ministre Geneviève Guilbault continue à dire que le projet est très important. À preuve, la bonification de l’autoroute 20 figure parmi les dix projets majeurs au Québec à faire partie du PQI. « C’est parce que le PQI est fait sur dix ans, explique Mme Marcoux. Pour le premier quinquennat [de 2025 à 2030], il n’y a pas de montant prévu pour poursuivre les activités. Par contre, de 2030 à 2035, le projet est provisionné. C’est parce que c’est un projet important que le ministère l’a laissé au PQI. »

Octroi de trois contrats

Quelques mois avant de placer le projet sur la glace, le ministère avait octroyé trois contrats pour une somme totale de 29,3 M$. Il s’agit du plus gros montant jamais engagé par le gouvernement Legault depuis qu’il a réinscrit le prolongement de l’autoroute 20 au PQI.

Ces contrats se ventilent comme suit : 11,9 M$ pour les plans, les devis et le service d’accompagnement pour la construction du pont de la rivière des Trois-Pistoles ; 10 M$ pour la conception du tronçon routier de 6 km entre Notre-Dame-des-Neiges et Trois-Pistoles ; 7,4 M$ pour la réalisation de l’étude d’impact sur l’environnement et de l’avant-projet qui établira les différents scénarios possibles pour l’axe routier entre Trois-Pistoles et Rimouski.

Jusqu’ici, des honoraires de 850 000 $ ont été déboursés pour permettre aux mandataires de faire le point sur l’avancement du projet avant son retrait au PQI en 2015.

25 victimes : véritable chemin de croix

Un accident survenu le 16 novembre 2023 sur l’autoroute 20 à la hauteur de Saint-Anaclet-de-Lessard a coûté la vie à Arianne Dubé, 28 ans. (Photo Johanne Fournier)

Une moyenne de 8100 véhicules circule chaque jour sur l’autoroute 20 entre Rimouski et Mont-Joli. L’été, le débit monte à 9580. Entre 2004 et 2022, ce tronçon a été le théâtre de 1203 accidents. 

Véritable chemin de croix pour plusieurs conducteurs, ce segment est devenu le tombeau de 25 personnes. Les nombreuses petites croix de chemin qui jonchent la chaussée nous le rappellent inexorablement.

Ce tronçon de l’autoroute 20 a d’ailleurs été désigné parmi les 10 sites les plus dangereux au Québec. Notons qu’il n’existe aucune voie de dépassement sur plus de 20 km entre l’est de Rimouski et Mont-Joli.

Autoroute à quatre voies réclamée

Avec une pétition de plus de 10 000 signataires qu’il a déposée à l’Assemblée nationale, le député de Matane-Matapédia-La Mitis demande depuis longtemps, pour cette portion d’autoroute, un élargissement à quatre voies, séparées par un terre-plein.

Pascal Bérubé déplore que sa demande n’ait pas été retenue par Québec. « On n’a plus d’attente de la CAQ quant à ça. Ce gouvernement a démontré un désintérêt soutenu dans ce dossier-là. Les citoyens de Rimouski interpellent beaucoup la ministre régionale [Maïté Blanchette Vézina], qui semble impassible face à la situation. »

En juillet dernier, une coroner a donné raison à Pascal Bérubé en recommandant d’élargir ce tronçon à quatre voies. L’enquête de la coroner Monique Tremblay faisait suite à un accident survenu le 16 novembre 2023 sur l’autoroute 20 à la hauteur de Saint-Anaclet-de-Lessard et qui a coûté la vie à Arianne Dubé, 28 ans.

Le MTMD ne retient pas la recommandation de la coroner Tremblay. Il préfère proposer une autre solution : l’ajout de voies de dépassement. 

Ouverture de Costco

Le député Bérubé estime qu’il est « téméraire, voire irresponsable » que le ministère ne tienne pas compte de la recommandation de la coroner, surtout avec la hausse du nombre de véhicules envisagée lorsque le magasin Costco ouvrira ses portes, le 5 août, à Rimouski.

La 20 : l’autoroute de la discorde

On parle du prolongement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic depuis des lustres. Le projet ne fait pas l’unanimité. Le sujet est polarisant. Il divise les populations concernées. Bref, le projet sème la discorde.

Le projet de parachèvement de l’autoroute 20 sème la discorde auprès des populations concernées. (Photo Johanne Fournier)

Sans surprise, deux groupes s’affrontent et ne partagent pas la même vision concernant le fameux tronçon inachevé. Il y a des citoyens favorables, qui sont principalement des résidents de Saint-Fabien, du Bic et de Saint-Simon-de-Rimouski.

De l’autre côté, il y a des gens qui s’y opposent. Ceux-ci vivent surtout à Trois-Pistoles et sont soutenus par certaines organisations et des individus de l’extérieur de la région. Le maire de Trois-Pistoles, Philippe Guilbert, est le seul membre de la Table régionale des élus municipaux du Bas-Saint-Laurent (TREMBSL) à s’inscrire en faux dans ce projet souhaité par l’ensemble de ses homologues.

Pour

Un premier groupe revendique le parachèvement de l’autoroute. Des affiches de différents formats, sur lesquelles il est écrit « On veut l’autoroute 20 », ont poussé un peu partout.

« Si on est pour, c’est d’abord pour la sécurité des usagers et des résidents qui habitent sur le bord de la 132, explique l’un des porte-parole du Comité de citoyens en faveur du prolongement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Rimouski, Raynald Lavoie. C’est rendu intenable ! »

Le résident du Bic appréhende l’ouverture du magasin-entrepôt Costco de Rimouski, prévue le 5 août. « Le transport lourd et les matières dangereuses transitent tous par la 132, observe-t-il. En période estivale, c’est infernal ! Puis, comme les Québécois n’iront pas aux États-Unis cet été, il va y avoir beaucoup de monde sur la route. Elle est rendue extrêmement dangereuse à cause des poids lourds et des excès de vitesse provoqués par les gens qui s’impatientent. »

Contre

Les opposants ne demandent qu’une chose : une route 132 améliorée grâce à l’installation de haies brise-vent, de bandes rugueuses, d’une meilleure signalisation, de poteaux réfléchissants.

« Il faut que ça bouge sur la route 132 parce que, sinon, il va continuer à y avoir des morts et on va continuer à mettre ça sur le dos de la route, alors que la cause est, en grande partie, comportementale, avance le porte-parole du groupe “Le pont de la 20, ça tient pas debout” et de la coalition “Non à la 20”, Sébastien Rioux. Ça a été démontré que la route est rarement un problème. »

Le maire de Trois-Pistoles, Philippe Guilbert. (Photo Johanne Fournier)

Le Pistolois estime qu’il faut repenser nos modes de transport, tant de personnes que de marchandises, en utilisant davantage les transports maritime, ferroviaire et en commun. De l’avis de M. Rioux, il n’a pas été prouvé que l’autoroute 20 est plus sécuritaire. « On va juste déplacer les accidents d’un endroit à l’autre et, comme on va permettre aux gens d’aller plus rapidement, ils vont être plus mortels », croit-il.

Les membres de ces groupes sont aussi contre la construction d’un pont au-dessus de la rivière des Trois-Pistoles, principalement pour des considérations écologiques. Ce pont deviendrait le plus haut du Québec.

« Il y a un type de plante qui existe à deux endroits au Québec et l’un d’eux est le bord de la rivière des Trois-Pistoles, précise M. Rioux. C’est hyper important qu’elle soit protégée parce qu’elle est extrêmement rare. Aussi, dépendamment des tracés, c’est entre 15 et 20 érablières qui n’existeront plus si la 20 passe. » Toujours selon lui, la construction du tronçon pourrait également nuire à certaines productions agricoles et contaminer l’eau.

Actes de vandalisme 

L’an dernier, des actes de vandalisme avaient été commis sur le chantier du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) à Notre-Dame-des-Neiges, en marge de travaux préparatoires à la construction du pont. Un camion du ministère, utilisé pour des opérations de forage, avait aussi subi l’assaut de vandales, qui avaient aussi dispersé du matériel dans la forêt avoisinante. Les actions n’avaient pas été revendiquées par les groupes d’opposants.

Le Théâtre du Bic ouvre sa saison estivale

C’est le spectacle Wahsipekuk: au-delà des montagnes, d’Ivanie Aubin-Malo, qui ouvre la saison estivale du Théâtre du Bic. La performance de l’interprète, chorégraphe et commissaire métisse, qui sera présentée ce mercredi 11 juin, transporte les spectateurs dans un univers irréel composé de traditions orales chantées et dansées des peuples wabanakiak.

Résultat d’une recherche menée par Natasha Kanapé Fontaine et Ivanie Aubin-Malo, cette création suggère une escapade inspirée du récit de Koluskap.

Le spectacle ouvre sur une expérience où le passé et le présent se croisent. Ivanie Aubin-Malo est accompagnée sur scène par le violoniste Julian Rice.

« Wahsipekuk est un spectacle interdisciplinaire, décrit l’artiste wolastoqey par sa mère et québécoise par son père. C’est un conte renouvelé évoquant les géants de la confédération wabanakiak. Pour moi, Le Bic est cher à mes yeux parce qu’il s’inscrit dans le territoire de ma nation. »

Le spectacle d’Ivanie Aubin-Malo est un appel lancé à son peuple à se réunir.

« Le contexte actuel de ma communauté fait en sorte qu’on a beaucoup de difficulté à se rassembler et à mettre au centre de nos rencontres notre culture et les géants, avec ce qu’ils ont à livrer comme message. Donc, le spectacle est une occasion pour moi de rassembler les membres et un public plus large. On entend la langue wolastoqey et on est en lien avec le territoire. Je mets derrière moi des projections de lunes et de marées. C’est comme un itinéraire vers les ancêtres. »

Les géants qu’elle invoque sont Koluskap, Cinu et Kiwahq. « Koluskap est le géant créateur des humains, Cinu est le géant de roche et Kiwahq est le géant de glace, précise-t-elle. Cinu et Kiwahq ont aussi parfois le rôle de géants cannibales dans nos histoires orales. »

Le chemin ancestral

Ivanie Aubin-Malo apprend la langue wolastoqey depuis 2017. «Ce spectacle me permet de prononcer les mots de ma langue et d’avoir de plus en plus de vocabulaire.» 

Le spectacle est une occasion, pour le peuple de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk du Québec, auparavant appelée Malécites de Viger, de se rapprocher de celui du Nouveau-Brunswick.

« Au-delà des montagnes fait référence aux Appalaches, spécifie Ivanie Aubin-Malo. C’est une ancienne route de portage jusqu’au fleuve Saint-Laurent qu’on appelle Wahsipekuk. Donc, le spectacle est comme un portage pour retourner à Wahsipekuk, qui est un chemin ancestral pour tous les Wolastoqey, incluant ceux du Nouveau-Brunswick. On est une nation nomade. »

Selon elle, il y a longtemps que la culture wolastoqey ne circule plus au Québec, en raison d’une barrière de langue et à cause des frontières entre le Québec, le Nouveau-Brunswick et même le Maine.

« Mon désir est que le spectacle circule dans tout ce territoire-là pour briser les frontières coloniales », espère-t-elle.

Ivanie Aubin-Malo est née et a grandi à Longueuil. Son grand-père maternel, Jean-Marie Aubin, a été le premier grand chef de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. La famille Aubin provient d’Amqui et de Saint-Léon-le-Grand.

Le sous-marin Onondaga sera soulevé

Le sous-marin Onondaga ne mouillera bientôt plus dans le lit du fleuve. Dès cet automne, il sera soulevé et sorti de l’eau pour reposer sur des massifs de béton, puis remblayé. Un nouvel aménagement permettra également de l’observer sous de nouveaux angles.

La gigantesque structure du Site historique maritime de la Pointe-au-Père de Rimouski ne subira donc plus l’agression des marées. 

Le soulèvement se fera à l’automne et les opérations se finaliseront pour la saison 2026. Les travaux préparatoires, qui étaient en cours depuis octobre, sont arrêtés depuis le 7 juin, afin d’offrir les visites dans le ventre du mastodonte. Ils reprendront le 25 août.

Les travaux sont évalués à 5 M$, dont 3,25 M$ sont déboursés par le Site historique. Le reste du financement est assumé par Développement économique Canada et la Ville de Rimouski.

Objectif de protection

Plusieurs se souviennent encore de mésaventures survenues en 2009 lors de l’aménagement du sous-marin sur le Site historique de la Pointe-au-Père. Par conséquent, l’Onondaga n’avait pas été installé à l’endroit précis où il avait été prévu.

Or, au fil des années, le Site historique a amassé de l’argent pour réaliser les travaux qui lui permettraient d’être installé là où il devait être.

« C’est maintenant que ça se passe, lance la directrice générale du Site, Hélène Théberge. Il ne changera pas d’emplacement, mais il va être soulevé d’environ 3 mètres en avant et 4 mètres à l’arrière pour être mis au niveau. L’objectif premier est de le protéger. »

Selon la directrice générale du Site historique maritime de la Pointe-au-Père, Hélène Théberge, les travaux exécutés autour de l’Onondaga le protégeront pour encore plusieurs années. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

Subissant le ressac quotidien des marées, l’Onondaga a besoin d’amour. 

« Ça va nous permettre aussi de bonifier la visite parce que, éventuellement, on va pouvoir marcher autour, précise madame Théberge. Il y a plusieurs perspectives à exploiter du sous-marin. On va pouvoir développer différentes expériences grâce à son soulèvement. »

Travaux de soulèvement

Un enrochement a été fait autour du navire pour assurer la sécurité du chantier. En prévision de son soulèvement, des étriers ont été fabriqués en atelier pendant l’hiver pour être ensuite placés contre le sous-marin.

« C’est ce qui va permettre de soulever le sous-marin et de protéger la coque pendant le soulèvement », décrit la directrice générale du Site. Des élévateurs hydrauliques seront placés sous les quatre étriers qui se trouvent dans les zones où le sous-marin est le plus solide.

« C’est l’endroit où il y a des portes étanches à l’intérieur du sous-marin », indique madame Théberge. 

À compter du 25 août, l’Onondaga sera soulevé de 6 pouces (15,2 cm) à la fois. C’est pour s’assurer qu’en raison du poids, il n’y ait pas d’effet de recul, de l’avis d’Hélène Théberge.

CB4S de Saint-Arsène se charge du chantier. (Photo Le Soir.ca- Olivier Therriault)

Des piliers de bétons seront ensuite coulés à l’endroit où se trouvent les étriers, ce qui permettra au mastodonte de bien demeurer en place. Le chantier se terminera par des travaux de remblai. «Le sous-marin sera plus haut de trois à quatre mètres», précise-t-elle. 

Les travaux sont dirigés par Construction béton Quatre Saisons de Saint-Arsène. La surveillance du chantier est assurée par Prodject de Saint-Anaclet-de-Lessard.

Activités estivales

Le Site historique a profité de la conférence de presse portant sur les travaux du sous-marin pour lancer sa saison estivale, en collaboration avec Parcs Canada. Plusieurs activités culturelles, musicales et familiales seront offertes en bordure du fleuve jusqu’au 24 août. 

De son côté, le musée Empress of Ireland continuera à présenter son exposition permanente et son spectacle immersif jusqu’au 13 octobre.

Le Site historique maritime de la Pointe-au-Père (Photo Le Soir.ca- Olivier Therriault)

La station du phare de Pointe-au-Père, qui présente tous les jours l’exposition permanente Veilleurs de fleuve, clôturera sa saison à la même date.

L’équipe de Saison deli du Bic ouvrira un comptoir-crèmerie dans la maison de l’ingénieur dès le 20 juin.

Et si votre vie était en jeu ?

Presque la moitié de la population québécoise réside dans une municipalité sans service de premiers répondants. Pour 45 % des appels jugés très urgents, il faudra plus de 10 minutes avant de pouvoir compter sur une intervention.

Pour quelqu’un qui est en arrêt cardiorespiratoire, ce délai lui laisse bien peu de chances de survie. Par ailleurs, des ambulanciers passent beaucoup trop de temps aux urgences.

C’est grosso modo la conclusion à laquelle en vient le vérificateur général du Québec (VGQ) par intérim dans un rapport sur les services ambulanciers et l’accès au logement abordable qui a été rendu public récemment.

Alain Fortin calcule que 773 municipalités sur 1102, soit plus des deux tiers des municipalités du Québec, ne peuvent compter sur un service de premiers répondants.

C’est presque 50 % des Québécois qui n’ont pas accès à un service de premiers répondants, tant en zone urbaine, semi-urbaine que rurale. N’y a-t-il pas de quoi s’inquiéter du temps de réponse en cas d’urgence ?

Dans 45 % des cas, l’ambulance prend plus de 10 minutes avant d’arriver sur un appel considéré « très urgent ». N’est-il pas encore plus préoccupant d’apprendre que 17 % de ces appels sont traités dans un délai de 15 à 30 minutes, de l’avis du VGQ ?

Lorsque les données sont isolées par catégorie, la situation en milieu rural s’aggrave, puisque 59 % des appels classés comme « très urgents » reçoivent un délai d’intervention de plus de 10 minutes. Pire encore, il faudra compter entre 15 et 30 minutes pour 29,4 % des appels faits en milieu rural.

Or, des sources scientifiques prouvent qu’après 10 minutes, les chances de survie d’une personne qui est en arrêt cardiorespiratoire sont pratiquement réduites à néant.

Municipalités réticentes

L’idée n’est pas de pointer du doigt les premiers répondants qui sont, la plupart du temps, des pompiers ou des bénévoles formés, d’autant plus qu’ils arrivent très souvent avant les techniciens paramédicaux.

En milieu rural, ils sont sur les lieux quelque 9 minutes avant. Dans plusieurs municipalités, ils arrivent avec un défibrillateur qui peut sauver la vie d’une personne en arrêt cardiorespiratoire.

S’il faut saluer le courage et la générosité de ces femmes et de ces hommes, on peut, en revanche, interroger les municipalités qui ne semblent pas bien comprendre leur rôle, selon ce qu’avait relevé en 2014 le Comité national sur les services préhospitaliers d’urgence, qui avait été instauré par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Ce comité en était venu au constat que certaines administrations municipales étaient « réticentes à participer » du fait qu’elles appréhendaient « de devoir assumer des coûts importants ».

Or, depuis plus d’une décennie, le nombre de municipalités ayant un service de premiers répondants n’a pas bougé, en dépit des recommandations formulées par le comité.

Le Bas-Saint-Laurent fait bonne figure

Certaines régions font bonne figure, dont le Bas-Saint-Laurent, qui se classe bon premier en matière de rapidité d’intervention des ambulances au Québec. Les trois villes de la région comptant plus de 10 000 habitants sont dans le top 3 du palmarès des 112 plus grosses municipalités québécoises.

Matane arrive au deuxième rang avec une moyenne de 6 minutes 21 secondes avant que n’arrive une ambulance, suivie de Rimouski, avec 6 minutes 22 secondes. Ces chiffres ont été compilés par le bureau d’enquête du Journal de Montréal.

Par conséquent, les habitants de ces deux villes bénéficient d’un temps de réponse en deçà de 10 minutes en situation d’urgence, ce qui est considéré comme étant bon. En Gaspésie, le temps de réponse varie de 15 à 20 minutes.

Communautés rurales mal desservies

Si les Matanais et les Rimouskois peuvent se considérer comme privilégiés, il en est tout autre des résidents de communautés rurales situées tout autour, surtout lorsqu’une seule ambulance est disponible dans un rayon d’un millier de kilomètres carrés.

Souvenez-vous du cas de cet enfant de 10 ans en visite à Esprit-Saint en janvier 2023 qui, alors qu’il était en arrêt cardiorespiratoire, est décédé après avoir attendu une ambulance pendant de trop longues minutes.

Comme la seule ambulance du secteur avait déjà été appelée sur une autre urgence, c’est un véhicule de Cabano, située à 57 km de là, qui avait été dépêché.

Esprit-Saint (Photo courtoisie)

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent spécifiait alors qu’Esprit-Saint se trouve dans la zone ambulancière de Lac-des-Aigles, qui dessert 2 678 habitants sur une superficie de 1 184 km carrés.

Pour le maire de l’endroit, ce triste événement lui rappelait une expérience personnelle traumatisante.

« Mon épouse a fait un infarctus dans la maison, avait raconté Langis Proulx. On a appelé l’ambulance de Squatec et ça a pris 40 minutes. Je me suis toujours demandé pourquoi, alors que ça aurait dû prendre 20 minutes. En descendant mon épouse à l’hôpital de Rimouski, ils ont dû lui donner de la nitro cinq fois. Sinon, ils la perdaient. Ça donne une idée que, plus vite l’ambulance arrive, plus vite on peut sauver des vies ! » 

Festi Jazz 2025 : «meilleure programmation des dernières années»

Pour le directeur général du Festi Jazz international de Rimouski, Sébastien Fournier, la prochaine édition présentera sans contredit « la meilleure programmation des dernières années ». L’événement se déploiera du 28 au 31 août.

« C’est une programmation paritaire et diversifiée, décrit M. Fournier, véritable homme-orchestre et seul employé à temps plein de l’organisation. Elle met davantage le projecteur, cette année, sur l’importance de l’apport d’artistes de divers horizons sur la scène d’ici. » 

Pour le président du conseil d’administration, la programmation de cette année est la plus proche de la vision artistique de l’événement, c’est-à-dire qu’elle présente du jazz qui va plaire aux amateurs de ce style musical, mais tout autant aux gens qui aiment faire la fête, qui veulent danser, qui souhaitent découvrir de nouveaux musiciens.

Loin d’être élitiste, la programmation est composée de plus de 80% de spectacles gratuits. 

« On a des musiciens virtuoses d’un peu partout dans le monde, mentionne Raphaël Cousineau-Morin. On a pigé en Italie, en Inde, aux États-Unis, en Pologne. On vit pleinement, cette année, le caractère international du festival, tout en continuant à mettre de l’avant des artistes de Rimouski, du Québec et de partout au Canada. Il y a trois, quatre ou cinq artistes dont, un jour, on n’aura plus les moyens d’inviter au Festi Jazz. Donc, profitez du fait qu’ils seront ici cette année! »

Mohini Dey

Le concert d’ouverture sera assuré par Jordan Officer. Puis, l’un des bons coups de l’organisation est, selon Sébastien Fournier, de pouvoir compter sur la présence de Mohini Dey en exclusivité.

À seulement 28 ans, l’artiste originaire de l’Inde et qui vit aujourd’hui aux États-Unis figure parmi les meilleurs bassistes du 21e siècle.

Le 39e Festi Jazz international de Rimouski accueillera en exclusivité Mohini Dey, considérée comme une virtuose de la basse électrique. (Photo fournie par Mohini Dey)

Il y a plus de 600 000 personnes qui la suivent sur Instagram, plus de 21 millions d’écoutes sur YouTube. C’est quelqu’un qui a une influence énorme sur la scène musicale. C’est certainement la personne que tout le monde veut voir jouer! » Elle a notamment joué avec Quincy Jones, Zakir Hussain et Steve Vai. 

Mohini Dey oscille entre le jazz métal, le jazz fusion, les balades et le style un peu latin, de l’avis du grand manitou de l’événement.

« Chose certaine, vous allez hocher de la tête et vous aurez la bouche grande ouverte parce que ce sera extrêmement prenant comme performance! »

Five Alarm Funk et Comment Debord

Le directeur général du Festi Jazz souligne aussi la venue de Five Alarm Funk de Vancouver.

« C’est un groupe très technique qui apporte une énergie qui fait que personne ne peut rester assis. C’est un groupe où la batterie est en avant pour nous faire ressentir le rythme. C’est un type de spectacle éclectique. Les musiciens seront là pour se faire plaisir. Ils feront un aller-retour spécifiquement pour nous. »

La formation Comment Debord débarquera aussi à Rimouski.

Le groupe Comment Debord débarquera à Rimouski pour le Festi Jazz. (Photo courtoisie Francis Leduc)

« Ce sont cinq musiciens montréalais qui commencent de plus en plus à faire leur place, commente M. Fournier. On parle de sonorités des années 1960 et 1970, avec un brin de disco des années 1980. C’est une ambiance festive avec des thèmes accrocheurs. »

Betty Bonifassi 

Raphaël Cousineau-Morin révèle son coup de cœur: la chanteuse Betty Bonifassi, reconnue pour sa voix puissante et ses projets audacieux mêlant soul et blues. 

« Elle s’était retirée de la place publique au cours des dernières années, raconte le président. Elle est allée vivre en Afrique et, après, elle s’est isolée aux Îles-de-la-Madeleine. Elle n’a pas fait de grandes salles depuis plusieurs années au Québec. Elle a recommencé l’an passé à faire de petits spectacles à guichet fermé. Quand on lui a offert de venir au Festi Jazz, elle était très honorée et a tout de suite accepté notre proposition. On est vraiment excité de présenter cette chanteuse chouchou du public québécois dans une formule très intimiste. »

Pour consulter la programmation: https://festijazzrimouski.com/evenements/

La désinformation, un virus très toxique

La dernière élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a encore une fois fait la démonstration d’une certaine banalisation du mensonge, des contre-vérités et de la propagation des fausses nouvelles.

Des rumeurs, des histoires fictives et des informations manipulées ou sorties de leur contexte sont présentées comme des faits.

Chacun peut interpréter ces « fausses vérités » à sa manière. Si certains croient que nous sommes entrés dans l’ère de la post-vérité, peut-on encore sauver la vérité et la véracité des faits?

Comme bobard, pensons au président Trump qui, lors d’un débat en pleine campagne électorale, a affirmé que les immigrants haïtiens vivant à Springfield, capitale de l’Illinois, mangeaient des chiens et des chats. Bien sûr, cette information est fausse, en plus d’être raciste.

Certains de ses partisans ont même reconnu que le candidat racontait n’importe quoi. Mais, ce qui est le plus déconcertant, c’est que Donald Trump a quand même été élu.

Or, le multimilliardaire utilise-t-il les mensonges pour attirer l’attention?

Rappelez-vous aussi combien son équipe avait largement surestimé la foule présente à sa cérémonie d’investiture, allant jusqu’à dire qu’il faisait soleil, alors qu’en réalité, il pleuvait et que la foule n’était pas nombreuse. Voilà autant d’exemples qui nous conduisent dans cette ère de post-vérité.

Rôle des réseaux sociaux

Je parle du président américain, mais le phénomène est tout aussi et simplement observable en parcourant notre fil d’actualité sur les réseaux sociaux, alors que le moindre quidam peut affirmer des choses sans mentionner la source.

« Je dis ce que je pense et j’ai raison. » Facebook, X et autres réseaux sociaux sont truffés de mensonges, de fausses nouvelles, de théories du complot.

Ces publications s’élèvent au même rang que les nouvelles vérifiées et validées, comme celles que vous pouvez lire dans votre hebdomadaire Le Soir.

Les fausses nouvelles côtoient aussi les publications de scientifiques qui publient les résultats de leurs recherches avec beaucoup de rigueur et qui s’inscrivent dans le consensus scientifique.

Freud avait-il raison?

Pourquoi les mensonges sous toutes leurs formes sont-ils devenus plus attrayants que la vérité? Comment arrive-t-on à tolérer ces faussetés sans qu’elles ne soient réprimées? C’est aussi ça, la démocratie. Est-ce que Freud avait raison?

« Les foules n’ont jamais soif de vérité, elles réclament des illusions auxquelles elles ne peuvent renoncer, a écrit le célèbre psychanalyste en 1921. Chez elles, l’irréalité prend toujours le pas sur la réalité ».

N’est-ce pas ce qui décrit l’opposition entre mensonge et vérité dans l’espace public? Or, est-il encore possible de sauver la vérité?

La question demeure entière, alors que nous sommes dans une période où la vérité de chacun prime et où les balivernes sont trop souvent plus importantes que la vérité.

Algorithmes et chambres d’écho

La désinformation est exacerbée par les réseaux sociaux qui, par leurs algorithmes, nous emprisonnent dans une bulle de filtre ou dans une chambre d’écho. Regardez des vidéos de chats et votre fil d’actualité ne vous proposera que des vidéos de chats.

Ce n’est pas très dangereux. Mais, si vous êtes enclins à adhérer aux théories du complot et que vous ne voyez plus ce qui contredit ces hypothèses, il devient dangereux de tomber dans la radicalisation.

Sans tomber dans des croyances farfelues, il existe aussi actuellement un fort mouvement qui remet en cause les autorités et les institutions. Certains se mettent à douter de tout. Mais, loin de moi l’idée d’associer le doute aux conspirationnistes.

Il est toujours sain de développer son esprit critique par rapport à ce que nous lisons, voyons et entendons. Prenons 30 secondes avant d’y croire.

Pendant la pandémie, la professeure de l’Université de Sherbrooke, Marie-Ève Carignan, s’est penchée sur la situation de plusieurs personnes qui se faisaient traiter de complotistes.

« On s’est rendu compte que la confiance envers nos institutions au Canada est plus forte que dans plusieurs autres pays », a souligné la cotitulaire et directrice du Pôle médias et de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent.

Selon elle, plusieurs personnes ont été affublées du titre de complotiste, notamment parce qu’elles résistaient aux consignes sanitaires.

« Il y a un contexte culturel ou des raisons personnelles qui peuvent faire en sorte qu’une personne soit contre la vaccination, a-t-elle affirmé dans un panel organisé par le Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer, qui s’est tenu du 16 au 18 mai.

L’indépendance journalistique

Là où certaines personnes avaient tort, pendant la pandémie, c’était lorsqu’elles disaient que les médias étaient à la solde des gouvernements ou que les journalistes étaient payés par l’État pour relayer l’information provenant de la Santé publique, alors que le monde était en pleine crise sanitaire.

Les journalistes professionnels bénéficient d’une indépendance journalistique. Jamais ils n’acceptent d’obéir à quelconque directive.

Canton MacNider : les locaux disent oui 

Les locaux sont favorables au projet de parc éolien Canton MacNider dans la MRC de La Matapédia, tandis que certains individus et groupes de l’extérieur de la région expriment leurs préoccupations, voire leur opposition.

C’est ce qui ressort de la deuxième partie de l’audience du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) portant sur le projet.

En compagnie du commissaire Pierre Benoit, la présidente de la commission d’enquête, Mireille Paul, a écouté les intervenants qui ont déposé un mémoire ou qui ont tout simplement fait connaître leur point de vue.

Réagissant à certains comportements de désaccord provenant de la salle, Mme Paul a fait savoir que « les manifestations intempestives ne sont pas admises ».

Vents de dos

La directrice générale du Collectif régional de développement du Bas-Saint-Laurent a soutenu un mémoire en faveur de la construction du parc éolien. De l’avis de Mélodie Mondor, 1 $ consacré à la filière éolienne rapporte 10 $ dans la communauté.

« Les retombées sont extrêmement importantes dans le milieu », a-t-elle insisté.

Un producteur agricole de Saint-Damase a dit être fébrile d’envisager qu’un deuxième parc éolien pourrait être construit dans sa municipalité.

« Les gens devraient arrêter d’avoir peur du développement éolien, a fait savoir Guy D’Astous. Les éoliennes ne sont pas des mitraillettes ! Une éolienne pollue moins qu’une ferme avec nos cinq à six tracteurs ! »

L’audience de la commission d’enquête du BAPE sur le projet de parc éolien Canton MacNider est présidée par Mireille Paul. Le commissaire est Pierre Benoit. (Photo Johanne Fournier)

Un producteur forestier possédant 1000 acres de forêt à Saint-Damase a démontré sa solidarité à l’égard des propriétaires terriens qui accueilleront une ou des éoliennes.

« Ça permet à notre communauté de s’enrichir, a soutenu Gilbert Otis. Les retombées de nos ressources doivent revenir dans nos milieux. »

Vents de face

Un citoyen de l’extérieur de la région a remis en question la nécessité de ce parc éolien. Alexandre Richard croit qu’il faut s’interroger sur la consommation qu’il juge excessive des occupants du territoire.

« La capacité du réseau est atteinte, a soutenu celui qui plaide pour une sobriété énergétique. Toute la production d’énergie a beaucoup d’impacts négatifs et les retombées ne sont pas celles qui sont annoncées. »

Deux porte-parole de Vents d’élus ont exprimé plusieurs inquiétudes. Selon la présidente de l’organisme, les terres agricoles ne devraient jamais servir au développement éolien.

« Pourquoi utiliser des terres agricoles quand il y a plusieurs autres endroits pour des éoliennes ? », se questionne Rachel Fahlman. De plus, la majorité des profits vont dans le portefeuille de compagnies privées. »

Pour sa part, le secrétaire de Vents d’élus a déploré l’absence d’un cadre réglementaire en matière de développement éolien.

« Nous sommes défavorables à ce projet tant et aussi longtemps qu’il ne sera pas pris en charge par Hydro-Québec et le secteur public », a terminé Stéphane Vincelette.

Le siège social d’Hydro-Québec à Montréal (Photo La Presse canadienne- Paul Chiasson)

De son côté, la porte-parole du Regroupement vigilance énergie Québec croit qu’il est nécessaire d’évaluer les impacts avant d’aller de l’avant avec ce projet.

« Il y a des retombées économiques sur les milieux, mais ce sont des miettes, estime Janie Vachon-Robillard. Les retombées vont surtout au privé. On devrait plutôt trouver des solutions pour diminuer notre consommation d’énergie. » 

Le projet

Le projet de parc éolien Canton MacNider, qui se situerait à Saint-Noël et Saint-Damase, prévoit l’implantation d’un maximum de 21 éoliennes qui pourraient produire 122 mégawatts d’énergie à Hydro-Québec.

Le projet est mis de l’avant par Clearlight Energy et l’Alliance de l’énergie de l’Est dans un partenariat à parts égales.

Les coûts pour la construction du parc sont estimés à 400 M$. Pour les phases de construction et de fermeture, 150 emplois pourraient être créés.

La phase d’exploitation et d’entretien d’une durée de 25 ans générerait 5 à 10 emplois permanents. La mise en service du parc est souhaitée à la fin de 2026.

Pourboires : Noémie perd 14 000$

Depuis l’entrée en vigueur des nouvelles règles sur les pourboires, un certain embarras se lit sur le visage des clients lorsque Noémie* leur tend le terminal de paiement.

« Les machines ne sont pas encore calibrées », explique la serveuse du restaurant. C’est donc au client de calculer lui-même le pourcentage de pourboire avant taxes.

« Ça porte à confusion chez le consommateur, constate Noémie. Ça prend plus de temps, parce qu’on doit davantage expliquer. » En attendant que les terminaux de son établissement soient ajustés, la suggestion de pourboires calculés avant taxes est inscrite directement sur l’addition. Les clients peuvent ainsi s’en inspirer.

En général, les clients de Noémie laissent entre 18 et 20 % de pourboire. « Les gens qui viennent à des congrès donnent plus, et ceux qui viennent pour des tournois donnent moins », observe-t-elle.

Depuis que le pourboire est calculé sur le montant avant taxes, cela peut représenter une perte de 2 $ par client pour Noémie. Elle remarque également qu’un nombre croissant de clients laissent moins de 15 %. Noémie comprend : les temps sont difficiles pour tout le monde et l’inflation se fait sentir.

Optimiste et prudente

Le week-end, Noémie sert en moyenne 140 clients. En estimant une perte de 2 $ par client, cela représenterait une diminution annuelle de revenu de 14 560 $. Mais la jeune mère préfère demeurer optimiste et prudente, en se disant que les clients satisfaits ajoutent souvent un montant. Elle évalue donc sa perte à 1 $ par client, ce qui représente tout de même un manque à gagner de 7 280 $ par année. Qu’on préfère voir le pire ou relativiser, Noémie perd bel et bien une somme importante.

Noémie garde le cap avec philosophie. Elle se considère chanceuse de travailler dans un bon restaurant, doté d’une clientèle fidèle.

« Je trouve que les clients sont, en général, reconnaissants du service que je leur offre. Je vais gagner moins, mais je ne manquerai de rien, et mes enfants non plus. J’ai cette chance, contrairement à d’autres travailleurs pour qui une perte de revenu aussi importante pourrait avoir de lourdes conséquences. »

Motivation au travail

Pour l’instant, Noémie juge qu’il est trop tôt pour savoir si cette baisse influencera sa motivation au travail. Elle se console aussi en repensant à la crainte initiale ressentie à l’annonce des nouvelles règles :

« J’avais peur qu’on nous impose un salaire fixe et que le pourboire soit directement inclus dans le montant total de la facture, comme en Europe. Dans ce cas-là, la serveuse n’a plus à se forcer pour offrir un bon service aux clients ! »

Ces nouvelles règles sont passées presque inaperçues. Certaines personnes n’en ont jamais entendu parler, tandis que d’autres sont bien informées. Dans le restaurant où travaille Noémie, le sujet est régulièrement abordé.

Qu’on en parle ou non, Noémie continuera à offrir un service professionnel, même si, désormais, elle rentre chez elle avec 70 $ de moins par soir dans son porte-monnaie.

* Prénom fictif

Logements : pas sortie de l’auberge

Selon les experts consultés, il existe des pistes de solution pour éradiquer ou, du moins, atténuer la crise du logement.

Pour le co-coordonnateur du Comité logement Bas-Saint-Laurent, une piste de solution consiste à planifier adéquatement des logements subventionnés en commençant par donner priorité aux personnes les plus pauvres, à celles qui subissent de plein fouet la crise du logement.

« Il faut financer un programme structurant de logements sociaux et communautaires sous forme de coopératives d’habitation, d’organismes à but non lucratif d’habitation ou encore d’habitations à loyer modique (HLM), énumère Alexandre Cadieux. Il y a aussi plein d’autres modèles qui permettent de planifier deux, trois ou cinq ans d’avance des projets de construction subventionnés qui respectent la capacité des gens à payer. On peut ajouter à ça des mécanismes de contrôle des loyers qui fonctionnent. » De l’avis du directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (GRLCGÎM), Ambroise Henry, il faut mieux utiliser les subventions et les emprunts financiers.

Responsabilités des municipalités

M. Henry estime que les municipalités doivent prendre une grande part de responsabilité dans l’éradication ou l’atténuation de la crise du logement. « Leur responsabilité est sur le plan du leadership et dans la planification de leur développement, croit-il. Ça veut dire d’être capable d’avoir une vision sur son territoire. Qu’est-ce qu’on veut comme développement immobilier? Qu’est-ce qu’on veut comme logements? »

Le patron du GRLCGÎM exhorte aussi les municipalités à identifier des sites potentiels pour la construction de logements socio-communautaires. « Elles doivent faire autre chose que des rues avec des maisons unifamiliales. Elles ont toutes les outils disponibles pour prendre des décisions courageuses pour le développement de logements socio-communautaires. »

Changement de paradigme 

Selon Ambroise Henry, la principale solution à la crise du logement réside dans un changement de paradigme. « Le marché dominant fait actuellement une marchandise avec le logement. C’est là, l’erreur. Au Québec, on est à peine à 10% de logements à but non lucratif. Il va falloir que le Québec considère le logement comme un droit essentiel parce que, sans logement, on ne peut pas avoir une vie stable. Ça ne fait qu’augmenter les problèmes financiers et de santé. Pour se développer et s’accomplir, toute personne doit avoir un logement stable.»

M. Henry est cependant conscient que c’est aussi une question de moyens financiers et qu’ils ne sont pas les mêmes d’une municipalité à l’autre. « Mais, les municipalités peuvent faire plein de choses au nom du logement. Une municipalité peut déroger à toutes ses règles d’urbanisme pour un projet de logements. Elle peut accélérer l’émission de permis, éviter les référendums, permettre des étages de plus. Les municipalités ne doivent surtout pas laisser le libre marché opérer parce que, sinon, ça donne une situation comme celle qu’on vit aujourd’hui: une crise du logement, de l’habitation et de la spéculation. »

Problème d’harmonisation des gouvernements

Le porte-parole du GRLCGÎM déplore le manque de solutions proposées par les gouvernements. « Dans le budget 2025 du gouvernement du Québec, il n’y a rien pour le logement, alors qu’on est en crise. »

Selon Ambroise Henry, il y a un problème d’harmonisation des solutions entre les gouvernements fédéral, provincial et municipaux. « Financer un dossier de logements communautaires et sociaux est un parcours du combattant pire qu’il était avant la pandémie. Ça cause des délais et des augmentations de coûts des projets.»

Si la solution ultime peut paraître complexe, elle est pourtant simple: les trois paliers de gouvernement doivent s’allier pour construire des logements abordables, avance M. Henry. « Ils le font déjà dans des programmes d’infrastructures, comme les égouts, l’aqueduc et les autoroutes. Mais, sur le plan du logement, ils n’y sont pas encore arrivés, sauf pour certaines ententes à certains moments. »

Une situation qui perdure

Le 1er juillet approche à grands pas. Le printemps est la période propice pour se trouver un logement. Mais, dénicher un nid au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie n’est pas simple, puisque la crise du logement perdure. Dans certaines municipalités, elle s’exacerbe. Avec des taux d’inoccupation avoisinant 0%, les chances sont minces de trouver un endroit où se loger.

Deux facteurs expliquent la crise du logement, selon le co-coordonnateur du Comité logement Bas-Saint-Laurent, Alexandre Cadieux: le manque de logements et, lorsqu’il y en a sur le marché, ils sont trop chers et sont souvent de mauvaise qualité.

Le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent, Alexandre Cadieux, accompagné de manifestants. (Photo journallesoir.ca- Véronique Bossé)

À Rimouski, le taux d’inoccupation est passé de 0,4% en 2022 à 1% en 2024, selon les plus récentes données fournies par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL). À Gaspé, alors qu’il était de 0% il y a deux ans, il a légèrement augmenté en 2024 à 0,3%. C’est à Matane que la situation s’est le plus détériorée; le taux de vacances qui était de 2,3% en 2022 est maintenant établi à 0,5%.

Étant donné que la SCHL élabore uniquement des statistiques sur les villes de plus de 10 000 habitants, il est impossible d’avoir un portrait de la pénurie de logements dans les villes-centres des autres MRC de la Gaspésie, comme à Mont-Joli, Sainte-Anne-des-Monts, Chandler, Amqui, New Richmond ou Carleton-sur-Mer. Mais, toutes les personnes-ressources consultées s’entendent pour dire que ces municipalités ne sont pas épargnées par le phénomène.

Coût moyen d’un loyer

Le coût moyen d’un loyer est de 750$ par mois à Gaspé, de 655 $ à Matane et de 784$ à Rimouski. « Mais, ce n’est pas le prix moyen des loyers disponibles sur le marché, prévient le directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (GRLCGÎM), Ambroise Henry. Entre ce qui est annoncé comme le loyer moyen à la SCHL et ce qui est disponible pour les gens qui cherchent des logements, c’est parfois du simple au double et parfois plus! »

Le programme Habitation abordable Québec établit le prix moyen d’un appartement de trois chambres à 1002$ par mois à Rimouski. Mais, dans les faits, la mensualité d’un logement de 5 pièces et demie peut s’élever à plus de 1500$. Pour Alexandre Cadieux, ce prix est loin d’être abordable.

UTILE

En matière de logements inabordables, monsieur Cadieux cite le projet actuel de construction de logements pour étudiants sur le campus de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Il déplore le fait que ce soit des fonds publics qui subventionnent des projets comme celui d’UTILE, ce qui contribue à l’explosion du prix des loyers.

S’élevant à 30 millions $, dont 9 millions $ proviennent du gouvernement du Québec et 250 000$ par l’Association générale étudiante du campus de Rimouski de l’UQAR, le projet de 155 unités est réalisé par l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), un organisme à but non lucratif.

Le prix pour un studio est fixé à 736$ par mois et un appartement de 4 pièces et demie à 1330$. Ces tarifs incluent l’électricité, le chauffage, l’Internet et deux électroménagers. Ces logements seront prêts à accueillir leurs premiers locataires dès le début septembre.

« Ça a été très difficile, dans les dernières années, de trouver un endroit où se loger à Rimouski, particulièrement pour les étudiants qui arrivaient après la vague du 1er juillet, rappelle la directrice des affaires publiques d’UTILE, Élise Tanguay. Rimouski devient à nouveau une région où on peut aller étudier et bien se loger. » Un peu moins de la moitié des appartements est louée pour le 1er septembre. Il reste donc encore de la place.

Qu’est-ce qu’un logement abordable?

Le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent répond à la question en se basant sur ce que la SCHL définit comme un taux d’effort raisonnable. « C’est le pourcentage du budget du revenu annuel d’un ménage qui est consacré aux dépenses d’un logement, explique M. Cadieux. Au-dessus de 30% du revenu dépensé aux dépenses d’un logement, on met en péril le respect des autres droits humains fondamentaux. »

Selon Ambroise Henry, un logement abordable est un loyer qu’une personne peut se payer. En Gaspésie, il estime que ce seuil devrait être de 25%. 

Augmentation fulgurante

Les loyers augmentent à une vitesse fulgurante. Selon des données du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, le prix des logements annoncés à Rimouski a augmenté de 49% entre 2020 et 2024, ce qui en fait la deuxième ville du Québec à ce chapitre.

Qui sont les personnes les plus à risque?

Qui sont les personnes les plus à risque de ne pas se trouver un logement? « Ce sont les personnes les plus pauvres, les ménages qui ne sont plus capables de payer leur loyer », répond le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent, Alexandre Cadieux. 

Pris à la gorge, ces personnes empièteront sur leurs autres droits fondamentaux, comme se nourrir, acheter des effets scolaires pour les enfants ou prendre des vacances. « On parle de diminution de la qualité de vie », résume-t-il.

La hausse du prix des loyers est la principale source d’inflation.

Ces gens peuvent finir par se retrouver à la rue ou dans des situations d’itinérance cachée. Parmi ces personnes, il y a beaucoup de femmes victimes de violence conjugale. « Elles décident d’aller rester chez des amis ou de la famille parce qu’elles ne se trouvent pas de logement ou qu’elles ne trouvent pas de ressources d’hébergement, explique monsieur Cadieux. Elles peuvent aussi rester avec un conjoint violent, faute d’endroit où aller. »

La Roseraie, un immeuble administré par l’Office municipal d’habitation de Rimouski (OMHR). (Photo Johanne Fournier)

Parmi les personnes à risque se trouvent des gens qui acceptent de vivre dans des conditions inacceptables: problèmes de chauffage, de moisissure, d’infiltration d’eau. Ce sont aussi des victimes de rénoviction illégale.

Le directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (GRLCGÎM) partage cette opinion. « Les personnes les plus touchées par la crise du logement sont celles qui sont les plus vulnérables, confirme Ambroise Henry. Les personnes à faible revenu, les femmes violentées ou monoparentales. »

L’une des conséquences de la crise du logement est attribuable à la hausse de la discrimination, de l’avis d’Alexandre Cadieux. Donc, les immigrants figurent parmi les personnes qui sont les plus à risque de ne pas trouver de logement.

L’itinérance, une cause directe

Pour le porte-parole du Comité logement Bas-Saint-Laurent, la hausse de l’itinérance est une cause directe du manque de logements abordables.

« Quand on parle aux travailleurs de rue, aux centres de crise, aux organismes comme l’Auberge Le Transit ou ceux qui offrent des ressources d’aide, ils sont unanimes: le principal problème, c’est le prix du logement », confirme monsieur Cadieux.

Ambroise Henry (Photo courtoisie)

Le porte-parole du GRLCGÎM fait lui aussi un lien direct entre la hausse de l’itinérance et le manque de logements abordables. Selon Ambroise Henry, les gens à risque d’itinérance ou avec des problèmes de santé mentale se retrouvent souvent dans des lieux d’hébergement d’urgence et ont du mal à se sortir de leur situation d’itinérance. « En Gaspésie, il n’y a pas assez de logements abordables et sociaux », déplore-t-il.

Des attentes élevées envers les élus 

Des élections municipales se tiendront cet automne. Les organismes d’aide aux locataires de la région ont des attentes par rapport aux candidats qui feront campagne. Ils les attendront dans le détour pour faire part de leurs espoirs visant à éradiquer ou atténuer la crise du logement.

Étant actuellement préoccupé par les renouvellements de baux et la pénurie de logements disponibles le 1er juillet, le co-coordonnateur du Comité logement Bas-Saint-Laurent n’a pas encore eu le temps de se plonger dans la mise à jour de sa liste de revendications municipales. Mais, Alexandre Cadieux entend bien se préparer en vue des élections municipales du 2 novembre. Pour ce faire, il rencontrera ses membres et des locataires.

Service d’aide à la recherche de logement

Monsieur Cadieux sait déjà ce que les municipalités peuvent faire pour atténuer les conséquences de la pénurie de logements et pour éviter que des gens se retrouvent à la rue après le 1er juillet. « Les villes peuvent demander au gouvernement du Québec des subventions assez importantes pour mettre en place des services d’aide à la recherche de logement. On encourage toutes les villes à le faire. »

Le projet UTILE Rimouski, situé à quelques pas derrière le campus de l’UQAR, permettra aux locataires de profiter du calme de ce quartier résidentiel, tout en bénéficiant de la proximité de l’Université du Québec à Rimouski. (Photo courtoisie)

À son avis, il faudra mettre de la pression sur le gouvernement du Québec pour qu’il bonifie cette aide, en particulier pour les petites municipalités.

« En ce moment, c’est 50-50, c’est-à-dire que, pour chaque dollar que la ville met dans ce programme, le gouvernement met 1$, jusqu’à concurrence d’un certain montant. »

Vision à long terme

Le directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (GRLCGÎM) souhaite que les candidats qui seront élus puissent développer une vision à long terme afin de faire évoluer leur communauté.

« Je m’attends à ce qu’ils aient le courage de développer autrement le logement et qu’ils ne laissent pas cela entre les mains du libre marché, souhaite Ambroise Henry. Il faut qu’on ait des gens convaincants et convaincus, une cohorte d’élus, dont des jeunes, qui va amener sur la place publique l’enjeu du logement parce qu’ils le vivent ou parce qu’ils ont des gens autour d’eux qui le vivent. »

Théâtre du Bic : programmation intergénérationnelle 

Pour sa saison qui s’ouvrira à l’automne, le Théâtre du Bic présentera 18 productions en théâtre de création, en danse contemporaine et pour jeune public. Mais avant, trois spectacles déjà annoncés prendront l’affiche cet été. 

La directrice artistique de la compagnie théâtrale de Rimouski, Marie-Hélène Gendreau, qualifie la saison 2025-2026 d’éclectique, rassembleuse et intergénérationnelle.

En plus des spectacles et de quelques événements spéciaux, l’endroit grouillera d’artistes provenant de la région et d’ailleurs pour des résidences de création.

Le spectacle Wahsipekuk: au-delà des montagnes d’Ivanie Aubin-Malo inaugurera la saison estivale le 11 juin. Les enfants de Lucy Kirkwood et l’événement théâtral Juliette & Mathieu, une coproduction du PàP de Montréal et du Théâtre À tour de rôle de Carleton-sur-Mer, en Gaspésie, invitent respectivement le public du 5 juillet au 9 août et du 14 au 18 août.

Le thème de la saison 2025-2026 est « Nos multiples espérances ».

« Nous avons fait nos choix d’œuvres dans un réel désir de nous ouvrir à l’autre, de rentrer dans l’univers de personnes aux réalités différentes, de les entendre, de les voir, de les reconnaître, explique la directrice artistique. Notre saison aborde des sujets délicats, confrontants, toujours portés par l’amour. »

C’est Soraïda Caron qui ouvrira la saison 2025-2026 le 17 septembre en présentant son œuvre chorégraphique Les Petits désordres, résultat d’une résidence de création de deux ans au Bic. 

« C’est la première œuvre solo de mon répertoire », souligne la chorégraphe de Trois-Pistoles.

Elle y abordera sa recherche identitaire, de ses origines de la République dominicaine à sa vie au Québec, alors qu’elle a été adoptée en bas âge par un couple de Saint-Cyprien.

« Je suis un être hybride qui émerge de ces deux nations », se décrit-elle.

Productions à ne pas manquer

L’événement littéraire des 1er et 2 novembre, avec les auteurs Anaïs Barbeau-Lavalette et Steve Gagnon, fait partie des productions à ne pas manquer.

Le Théâtre du Bic sera l’unique salle à diffuser Femme fleuve et Genèse d’une révolution sans mort ni sacrifice, après avoir été présentées l’année passée au Festival international de littérature de Montréal.

Un autre incontournable débarquera au Bic le 24 février: 5 balles dans la tête, écrite par la professeure de littérature et autrice Roxanne Bouchard. Produite par le Théâtre DuBunker de Montréal, la pièce met en scène huit acteurs.

Pour la directrice artistique du Théâtre du Bic, Marie-Hélène Gendreau, la prochaine saison sera éclectique, rassembleuse et intergénérationnelle. (Photo Le Soir.ca- Johanne Fournier)

À la fin de chacune des représentations, un militaire monte sur les planches pour parler avec l’auditoire.

« On a un acteur désigné pour faire le lien avec le public et mettre à l’aise, décrit la comédienne Sylvie De Morais-Nogueira, qui est de la distribution. C’est un privilège d’avoir un militaire qui est là pour répondre aux questions. »

Mathieu Barrette et les Saint-Thomas 

Le 4 octobre, le Théâtre recevra Mathieu Barrette et les Saint-Thomas. Avec trois musiciens sur scène, l’artiste de Trois-Pistoles lancera son album par la même occasion. Michel Faubert est le metteur en scène.

« En 2020, on m’a annoncé que j’avais un cancer incurable qui m’emporterait dans les deux prochaines années, raconte le conteur, chanteur, poète, homme de théâtre et cinéaste. Ça a vraiment créé une crise existentielle et artistique majeure. Je me suis lancé dans une écriture frénétique de chansons, de poèmes et de contes. J’avais tellement de choses à dire! Pas longtemps après, on m’a rappelé pour me dire que c’était une erreur de diagnostic. J’ai un cancer incurable, mais pour lequel j’ai une espérance de vie de 25 à 30 ans. »

Retour de Fanny

En coproduction avec le Théâtre du Double Signe de Sherbrooke, la pièce Fanny fera un retour au Bic les 23 et 25 octobre, après y avoir été présentée l’été dernier.

Marie-Thérèse Fortin dans la pièce « Fanny ». (Photo courtoisie Benoît Ouellet)

L’œuvre de Rébecca Déraspe, originaire de Rivière-du-Loup, fera l’objet d’une tournée au Québec. La pièce mettant en vedette Marie-Thérèse Fortin, originaire de Saint-Octave-de-Métis, débarquera à Gaspé le 29 octobre, à Baie-Comeau le 18 novembre, à Jonquière le 21 novembre, à Québec du 25 novembre au 6 décembre et à Montréal du 1er au 25 avril. 

Florence K raconte sa descente aux enfers

Florence K s’est arrêtée la semaine dernière en Gaspésie pour parler de santé mentale. La pianiste et chanteuse a raconté sa longue descente aux enfers avant que ne tombe son diagnostic: trouble de bipolarité.

La doctorante en psychologie y est allée de quelques trucs de prévention et de bien-être, en plus d’un mini-spectacle.

Devant la cinquantaine de personnes venues l’entendre, le 7 mai, à la Maison de la culture de Sainte-Anne-des-Monts, elle a exprimé son sentiment de bien-être que lui procurent la Gaspésie et la mer. « Je suis allée courir sur la plage et sur le quai. J’ai tellement aimé le quai que je l’ai fait trois fois, rigole celle qui est aussi chroniqueuse à Radio-Canada et à CBC. Ça fait un bien fou! »

La femme de 42 ans est issue d’une famille de musiciens. Sa mère, Natalie Choquette, est chanteuse lyrique. Son père, Hany Khoriaty, est guitariste. Assez tôt dans sa vie, elle ressent « un trou intérieur ». « Je me sentais différente. Dans les années 1980-1990, on ne parlait pas d’anxiété. » Dans la jeune vingtaine, elle sort un premier album. « Pendant cette période, j’avais le sentiment que ça comblait ce trou intérieur, ce besoin d’être aimée », dit-elle.

Jeune maman

Florence K devient maman à 23 ans, pendant qu’elle prépare son deuxième album et enchaîne les tournées. Elle souffre d’insomnie. L’artiste veut mettre fin à sa relation amoureuse, mais se sent coupable. L’énergie commence à faire défaut. « Je n’étais plus capable de faire des activités avec ma fille. Ma famille voyait que je n’allais pas bien. J’étais persuadée que j’étais une mauvaise personne. »

La soirée a pris fin sur un spectacle inspiré de l’album Brésil mon amour. Florence K était accompagnée du guitariste Carlos Jimenez. (Photo Le Soir.ca – Johanne Fournier)

La détresse fait son nid. Elle consulte. Le médecin diagnostique une dépression et lui prescrit des médicaments.

Hospitalisée en psychiatrie

Un jour, elle est conduite de force en ambulance. « J’étais en psychose. J’ai été hospitalisée en psychiatrie. Quand d’autres patients m’ont raconté leur histoire, j’ai pris conscience que je n’étais pas seule. »

Lorsque son diagnostic de trouble bipolaire tombe, elle « commence à être bien ». Elle entreprend alors des études en psychologie. La soirée a pris fin sur un spectacle intime.

Laisser tomber les masques

« La santé mentale sans masque », tel a été le slogan de la 74e Semaine de la santé mentale, qui s’est tenue du 5 au 11 mai.

L’initiative visait à briser la stigmatisation, à encourager les échanges honnêtes et à favoriser l’accès aux ressources pour les personnes vivant avec un ou des troubles de santé mentale.

Pendant cette période, avez-vous parlé avec une personne qui vit avec un trouble anxieux, psychotique, de bipolarité, de schizophrénie, de dépression ou de dépendance? 

Selon l’Organisation mondiale de la santé, une personne sur cinq est, chaque année, touchée par un trouble de santé mentale. Cela signifie que nous pouvons tous être concernés.

Stigmatisation

Souriez-vous à quelqu’un qui a le vague à l’âme, même si l’on ne peut mettre de mot sur son état? Plusieurs personnes autour de nous dissimulent leur détresse par peur d’être jugées, intimidées ou rejetées. L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) révèle que 60% des gens qui présentent un problème de santé mentale n’osent pas demander de l’aide par crainte d’être étiquetés. Plus ils résistent, plus leur état s’aggrave, plus ils se retrouvent isolés.

Ils cachent leurs émotions, leurs traits de personnalité. Bref, ils portent un masque. Parfois très lourd, celui-ci n’est pas sans conséquence, allant jusqu’à affecter leur identité, leur estime d’eux-mêmes et leurs relations avec les autres.

Lorsqu’ils cachent leurs difficultés, ils deviennent moins aptes à demander du soutien, ce qui a pour effet de perpétuer l’isolement et à souffrir en silence. Selon un sondage mené par l’organisme, 72% des personnes vivant avec un trouble de santé mentale ou de dépendance se culpabilisent ou se méprisent.

Idées suicidaires?

Les idées suicidaires surviennent quand la souffrance est envahissante et que la personne ne parvient pas à l’atténuer.

Elles indiquent que quelque chose ne va pas. Elles sonnent l’alarme.

Des ressources sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7: la ligne québécoise d’intervention en prévention du suicide au 1 866 APPELLE (1 866 277-3553), un texto au 535353 ou le site www.suicide.ca pour de l’information ou clavarder avec un intervenant. En cas de danger immédiat pour vous ou un proche, composez le 911.

Retirons les masques

Il faut créer des environnements où les personnes qui vivent avec un trouble de santé mentale puissent s’exprimer sans gêne et sans avoir peur du jugement, estime l’analyste principale en recherche et politique de l’ACSM. De l’avis de Leyna Lowe, les discussions ouvertes sur le sujet permettent de mieux comprendre le trouble chez la personne qui en est atteinte et d’offrir de l’aide.

Montrons-nous tels que nous sommes. Abordons les sujets relatifs à la santé mentale avec bienveillance. Soyons inclusifs et empathiques.

Prolongeons ces initiatives au-delà de la Semaine de la santé mentale. Adoptons ces comportements à l’année.

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