20 ans de culture collective : la Coop Paradis se projette vers l’avenir
La Coop Paradis célèbre son 20e anniversaire et amorce un ambitieux projet de revitalisation de son bâtiment.
En 2005, quatre organismes culturels de Rimouski —Paralœil, Caravansérail, Le Mouton Noir et Tour de Bras — faisaient un pari audacieux : créer ensemble un lieu pour la culture indépendante, en dehors des modèles institutionnels et commerciaux. C’est ainsi qu’est née la Coopérative de solidarité Paradis, installée dans l’ancien cinéma L’Audito, au cœur du quartier Saint-Robert.
L’objectif était simple et courageux : partager un espace de travail, de création et de diffusion, mutualiser les ressources et ancrer la culture dans la vie de quartier. Vingt ans plus tard, ce pari tient toujours.
Un lieu né de la solidarité
Dès le départ, la Coop Paradis s’est construite sur la solidarité et la débrouillardise. Sans grands moyens, mais avec beaucoup d’énergie, les membres fondateurs ont rénové eux-mêmes les lieux, développé une gouvernance collective et ouvert les portes à d’autres organismes, aux artistes et aux citoyens.
Le bâtiment de la Coop Paradis est rapidement devenu un pôle culturel majeur à Rimouski, accueillant cinéma indépendant, arts visuels, musique nouvelle, théâtre, événements et résidences artistiques. Il a permis à des organismes, aujourd’hui reconnus comme des piliers de la culture régionale et nationale, de se développer et de rayonner, tout en offrant un tremplin à de nombreuses initiatives citoyennes ainsi qu’à des artistes émergents.
Aujourd’hui encore, la Coop Paradis réunit des organismes membres, des travailleuses et des travailleurs culturels et des citoyens et des citoyennes qui croient à l’importance de préserver des espaces collectifs.
Des défis bien concrets
Après deux décennies, le bâtiment nécessite des rénovations majeures : isolation, électricité, ventilation, accessibilité, tout doit être repensé pour que l’espace demeure accueillant et durable.
Mais au-delà des murs, c’est aussi le modèle même des lieux culturels collectifs qu’il faut défendre. Partout au Québec, des espaces indépendants ferment, étranglés par le manque de financement, la hausse des loyers ou la spéculation immobilière. À Rimouski, la Coop Paradis incarne cette résistance : maintenir un lieu culturel accessible, ancré et géré collectivement. Un espace où la culture n’est pas une marchandise, mais un droit citoyen, un service public, une manière d’habiter son territoire.
Une journée qui en dit long
Le 20e anniversaire, célébré lors des portes ouvertes du 27 septembre, a réuni plus de 300 personnes sous un soleil éclatant. Artistes, anciens membres, familles du quartier et curieux se sont rassemblés pour redécouvrir le lieu, partager des souvenirs et imaginer la suite.
L’ambiance, simple et sincère, reflétait l’essence du Paradis : un espace commun, ouvert et inclusif, où se croisent les générations et les disciplines. Cette journée a rappelé combien le Paradis fait partie du paysage culturel et affectif de Rimouski — un lieu où l’on se sent accueilli tel qu’on est, où curiosité et tolérance remplacent les frontières, et où l’art, la culture et l’humain se rencontrent.
Un avenir à construire ensemble
Alors que s’amorce le chantier de revitalisation du bâtiment, la Coop Paradis poursuit ses démarches pour assurer la pérennité du lieu et de son modèle coopératif. L’enjeu n’est pas que financier : il s’agit de moderniser le lieu sans effacer l’esprit d’indépendance et de partage qui anime le Paradis depuis vingt ans.
Ce projet de revitalisation, c’est aussi une invitation à continuer de faire communauté, à rassembler celles et ceux qui ont bâti, fréquenté ou simplement aimé la Coop Paradis. Car un lieu culturel comme celui-ci ne tient pas seulement sur du béton, mais surtout sur un tissu de solidarités et de mémoire. C’est là que la Coop Paradis puisera la force de se réinventer, pour continuer d’accueillir la différence, et de faire vivre la culture comme un bien commun.
Vingt ans, et toujours le même engagement
Vingt ans après sa création, la Coop Paradis demeure un symbole fort de la culture citoyenne au Bas-Saint-Laurent. Un lieu qui rappelle que la culture, ce n’est pas qu’un divertissement, mais une nécessité collective — un espace pour penser, respirer, débattre, rêver ensemble.
Dans un monde ébranlé par les crises sociales, environnementales et géopolitiques, la culture reste l’un des derniers refuges où l’on peut encore faire société. Elle tisse du sens, adoucit les fractures, combat l’indifférence et les inégalités. Elle donne voix à celles et à ceux qu’on n’écoute plus, éclaire les angles morts, ouvre des chemins vers d’autres possibles.
Et si la Coop Paradis se projette vers l’avenir, c’est avec la même conviction qu’en 2005 : la conviction que la culture doit avoir un toit, que ce toit doit être partagé, et que c’est ensemble qu’on le fera tenir!