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Le gouvernement fĂ©dĂ©ral veut que le champion canadien de l’IA l’aide Ă  exploiter cette technologie

La sociĂ©tĂ© torontoise Cohere a signĂ© un protocole d’entente avec Evan Solomon, ministre de l’intelligence artificielle et de l’innovation numĂ©rique, et JoĂ«l Lightbound, ministre de la transformation du gouvernement, des travaux publics et de l’approvisionnement.

Cohere, qui crĂ©e ses propres grands modĂšles de langage, se spĂ©cialise dans la fourniture de services numĂ©riques d’IA aux organisations.

Dans un communiquĂ©, le gouvernement fĂ©dĂ©ral explique qu’il veut Ă  la fois:

  • mettre Ă  profit l’IA dans les services publics; et
  • dĂ©montrer «le leadership du Canada en matiĂšre d’IA».

[L'article Le gouvernement fĂ©dĂ©ral veut que le champion canadien de l’IA l’aide Ă  exploiter cette technologie a d'abord Ă©tĂ© publiĂ© dans InfoBref.]

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Ukraine’s Azov member named Europe’s top combat medic after innovative drone rescue

Europe has honored a Ukrainian hero who saved lives under Russian fire. Combat medic Volodymyr Ryzhenko, call sign “Druh Sprite”, from the 12th Special Forces Brigade Azov, has been named “Best European Medic of the Year” in the Military Medicine category, according to Ukraine’s National Guard. 

Azov has long stood out as one of the most capable units in eastern Ukraine. During the full-scale Russian all-out war, Azov played a pivotal role in defending Mariupol, holding the city and surrounding areas under relentless attacks. According to Azov’s commander, the unit eliminated around 2,500 Russian troops and wounded over 5,000 between 24 February 24 and 15 April 2022.

Awarded at Europe’s top military medicine conference

Ryzhenko received his award during the Combat Medical Care Conference 2025, Europe’s largest military medical summit, held in Germany with over 1,400 experts from 44 countries. The event was co-hosted by the German Bundeswehr.

A blood drop from the sky

In winter 2025, Druh Sprite made headlines after he saved a wounded comrade under enemy fire by performing an emergency blood transfusion using donor blood delivered by drone.

“It was a matter of minutes. Without that blood from the sky, he wouldn’t have made it,” his unit reported.

The act has become a landmark in the evolution of combat medical care.

Ukrainian medics share expertise globally

A three-member Azov medical team represented Ukraine at the conference, sharing first-hand battlefield experience.

  • Lt. Serhii Rotchuk (“Druh Jedi”) presented innovations in medical logistics,

  • Olha Tagirova (“Krava”) discussed treating wounded soldiers beyond the golden hour and the systematic training of personnel.

A sword for courage: a symbol of strength

Alongside the award, Ryzhenko received a ceremonial sword, a symbol of bravery, dignity, and strength. The honor highlights not only his personal heroism but also the excellence of Ukrainian military medicine, which continues to save lives on the front lines every day.

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Des délires tarifaires au blocage économique

Le 2 avril 2025, le prĂ©sident amĂ©ricain a mis Ă  exĂ©cution sa dĂ©cision d’augmenter unilatĂ©ralement les droits de douane pour les produits Ă©trangers entrant sur le sol amĂ©ricain. Trump a pourtant rapidement rĂ©tropĂ©dalĂ©, mais sans annuler complĂštement les augmentations (voir le dĂ©tail des mesures et revirements prises par l’administration amĂ©ricaine sur WikipĂ©dia). Les tarifs ont Ă©tĂ© modĂ©rĂ©s depuis (sauf pour la Chine), notamment pour certains secteurs (dont les produits technologiques), abaissĂ©s voire figĂ©s pour 90 jours, mais avec la menace que les augmentations reprennent dans 3 mois. Suite Ă  la panique boursiĂšre, Ă  d’innombrables contestations (notamment judiciaires d’Etats amĂ©ricains) et reprĂ©sailles des pays touchĂ©s par ces nouvelles exigences tarifaires, les tarifs douaniers mondiaux sont devenus partout l’inconnu des perspectives Ă©conomiques. Cette politique de sanctions commerciales et de protectionnisme a surtout dĂ©clenchĂ© une grande incertitude Ă©conomique, non seulement tout autour de la planĂšte, mais plus encore aux Etats-Unis. 

Partout, les Ă©conomistes dĂ©noncent une politique inconsĂ©quente, qui s’apprĂȘte surtout Ă  ralentir les Ă©changes, relancer l’inflation et ralentir l’innovation, plus que de protĂ©ger l’industrie amĂ©ricaine. Explications. 

Incertitude généralisée

L’escalade des tarifs et les revirements de Trump ont surtout produit ce que tout le monde dĂ©teste en Ă©conomie : de l’incertitude. C’était particuliĂšrement flagrant concernant les droits de douane des produits technologiques, dans un premier temps impactĂ©s par les Ă©volutions tarifaires, puis soudainement exclues, visiblement sous la pression des entreprises de la tech qui ont su imposer un lobbying puissant sur le prĂ©sident Trump, ce qui est loin d’ĂȘtre le cas de nombre d’autres secteurs de l’économie qui n’ont pas l’oreille prĂ©sidentielle pour les protĂ©ger. « Les va-et-vient de l’administration Trump concernant les droits de douane sur les produits technologiques sĂšment la confusion dans un secteur fortement dĂ©pendant des chaĂźnes d’approvisionnement mondiales Â», explique The Hill. L’exemption des droits de douane sur les produits technologiques n’est annoncĂ©e que comme temporaire. Or, « Les entreprises apprĂ©cient la stabilitĂ©, la prĂ©visibilitĂ© et la certitude de l’environnement commercial, et cela s’applique non seulement Ă  la politique commerciale, mais aussi aux niveaux institutionnels, programmatiques, rĂ©glementaires, etc. » En fait, tant que l’issue des nĂ©gociations sur l’évolution des tarifs restera floue, les investissements des entreprises risquent d’ĂȘtre freinĂ©s. Pour l’économiste Paul Krugman : l’exemption des produits Ă©lectroniques des droits de douane n’est pas un retour Ă  la raison de Trump ou de son administration, c’est surtout le signe qu’ils pilotent Ă  vue sans savoir oĂč ils vont. Le yoyo des tarifs est en train de gĂ©nĂ©rer une incertitude fatale pour les entreprises amĂ©ricaines, estime Krugman.

Comment les des droits de douane
 vont favoriser les plus forts

Pour David Dayen de The American Prospect, les droits de douane imposĂ©s par Trump vont surtout favoriser les monopoles, notamment parce que les exemptions, comme vient de le connaĂźtre le secteur technologique, ne sont pas des solutions Ă  la portĂ©e des petites entreprises. Aux Etats-Unis, le gĂ©ant de l’alimentation Albertsons a annoncĂ© qu’il refusera l’augmentation du coĂ»t des produits, invitant les producteurs Ă  assumer seuls la charge de l’élĂ©vation des droits de douane, sans vouloir les faire porter sur les consommateurs finaux. Il est probable que les deux autres gĂ©ants de la distribution, Walmart et Kroger, imposent les mĂȘmes conditions Ă  leurs fournisseurs. Mais les indĂ©pendants, eux, ne pourront pas imposer les mĂȘmes rĂšgles. Le problĂšme, explique Dayen, c’est que la guerre tarifaire est concomitante Ă  l’affaiblissement des aides aux petites entreprises du fait du dĂ©mantĂšlement des agences fĂ©dĂ©rales, Ă  l’image de la Small Business Administration. Or, rappelle le Wall Street Journal, les petites entreprises amĂ©ricaines sont responsables d’un tiers des importations amĂ©ricaines et elles ne pourront pas Ă©viter la hausse des coĂ»ts due aux droits de douane, ni en transfĂ©rer la charge Ă  quelqu’un d’autre. « La situation pourrait empirer avec l’annonce par la Chine d’imposer des contrĂŽles Ă  l’exportation de terres rares et d’aimants vers les États-Unis Â», qui pourrait paralyser des secteurs entiers de la production amĂ©ricaine, explique le New York Times.

Sans alternatives nationales pour rapatrier rapidement leur production aux Etats-Unis et avec peu de temps pour s’adapter, de nombreuses PME sont dĂ©jĂ  en difficultĂ©. Celles qui optent pour l’augmentation du prix de leurs produits se mettent Ă  produire des « frais de douane Â» sur les factures de leurs clients pour accroĂźtre la pression populaire Ă  leur contestation voire Ă  leur suppression. Mais l’augmentation des tarifs risque surtout de rapidement dĂ©tourner les consommateurs de produits devenus trop chers. Les droits de douane de Trump n’avaient peut-ĂȘtre pas l’objectif de favoriser la concentration de l’économie amĂ©ricaine, mais le fait que les plus grands acteurs puissent nĂ©gocier des exemptions Ă  leur avantage pourraient bien d’abord et avant tout renforcer certains monopoles. 

Pour un responsable de la division antitrust du ministĂšre de la Justice, l’inflation de ces derniĂšres annĂ©es avait dĂ©jĂ  permis Ă  des entreprises de se livrer Ă  des pratiques extrĂȘmement nĂ©fastes pour la sociĂ©té  le risque est que les droits de douane permettent Ă  nombre d’acteurs d’augmenter leurs tarifs au-delĂ  du nĂ©cessaire, Ă  l’image de la rĂ©cente grippe aviaire qui a Ă©tĂ© une explication bien commode pour augmenter le prix des Ɠufs aux Etats-Unis, ces derniers mois. En effet, aux Etats-Unis, le prix des Ɠufs a augmentĂ© de 53%. L’explication la plus communĂ©ment avancĂ©e pour expliquer « l’eggflation Â» serait dĂ» Ă  la grippe aviaire et Ă  l’abattage en masse qui en a rĂ©sultĂ©, explique Basel Musharbash dans sa newsletter, Big. Pourtant, souligne-t-il, la production d’oeufs n’a pas baissĂ©e : par rapport Ă  2021, la baisse de la production d’oeufs n’a Ă©tĂ© que de 3 Ă  5 %, alors que la consommation d’oeufs est passĂ©e de 206 oeufs par AmĂ©ricain et par an en 2021 Ă  190 oeufs en 2024 (-7,5%). Sans compter que l’exportation d’Ɠufs a Ă©galement reculé  L’augmentation des tarifs n’est donc pas liĂ©e Ă  la baisse de production, comme on l’entend trop souvent, mais Ă  la nouvelle concentration du marchĂ©. Cal-Maine Foods – le plus grand producteur d’Ɠufs et le seul Ă  publier ses donnĂ©es financiĂšres en tant que sociĂ©tĂ© cotĂ©e en bourse – a vu ses profits s’envoler avec l’épidĂ©mie de grippe aviaire, “dĂ©passant le milliard de dollars pour la premiĂšre fois de son histoire”. En fait, Cal-Maine a rĂ©alisĂ© des marges sans prĂ©cĂ©dent de 70 Ă  145 % sur les coĂ»ts de production agricoles. Pour Doctorow, l’oeuflation est typique d’une inflation de la cupiditĂ©, liĂ©e Ă  l’établissement de monopoles sur les marchĂ©s. Pour nombre d’entreprises, la reprise de l’inflation pourrait bien ĂȘtre une aubaine pour continuer Ă  augmenter leurs tarifs. 

L’augmentation des tarifs ne relocalisera pas la production

Wired explique pourquoi nombre de petites entreprises amĂ©ricaines ne peuvent pas produire aux Etats-Unis. Pour elles, bien souvent, il n’y a pas d’alternative Ă  faire produire en Chine, quels que soient le niveau des droits de douane, notamment parce que l’appareil productif amĂ©ricain n’est plus disponible. En fait, la hausse des droits de douane Ă  eux seuls ne suffiront pas Ă  inciter les entreprises Ă  s’implanter aux États-Unis, affirme Kyle Chan, chercheur spĂ©cialisĂ© dans la politique industrielle Ă  l’universitĂ© de Princeton. Si les coĂ»ts bas sont une raison importante qui motive l’approvisionnement en Chine, la raison pour laquelle la production manufacturiĂšre en Chine est moins chĂšre que dans d’autres rĂ©gions n’est pas toujours liĂ©e au salaire des travailleurs ni Ă  une moindre qualitĂ©. Au contraire. L’industrie chinoise est trĂšs qualifiĂ©e, spĂ©cialisĂ©e et intĂ©grĂ©e. « La Chine est Ă©galement un leader mondial dans la production d’outils industriels, ce qui signifie que les usines peuvent facilement adapter leurs machines aux besoins en constante Ă©volution de leurs clients Â». Non seulement la production chinoise sait s’adapter aux exigences, mais elle sait produire aussi tant en petites qu’en grosses quantitĂ©s. Enfin, rapatrier la production aux Etats-Unis nĂ©cessiterait de construire des usines, voire de faire venir des spĂ©cialistes chinois pour cela, ce qui avec les politiques d’immigration mises en place s’avĂ©rerait dĂ©sormais impossible. 

Dans un Ă©ditorial saignant, le modĂ©rĂ© Financial Times n’a pas de mots assez durs contre la hausse des tarifs douaniers dĂ©cidĂ©s par Trump qu’il qualifie de « pire acte d’autodestruction de l’histoire Ă©conomique amĂ©ricaine Â». Pour l’économie amĂ©ricaine, les effets les plus immĂ©diats des mesures de Trump seront une hausse de l’inflation et un ralentissement de l’activitĂ© Ă©conomique. MĂȘme son de cloche pour David Brooks dans le New York Times : « Trump construit des murs. Ses politiques commerciales entravent non seulement la circulation des biens, mais aussi celle des idĂ©es, des contacts, des technologies et des amitiĂ©s. Ses politiques d’immigration ont le mĂȘme effet. Il s’en prend aux institutions et aux communautĂ©s les plus impliquĂ©es dans les Ă©changes internationaux Â». C’est oublier que les grandes nations sont des carrefours, rappelle Brooks. « Elles ont Ă©tĂ© des lieux oĂč des gens du monde entier se sont rencontrĂ©s, ont Ă©changĂ© des idĂ©es et en ont inventĂ© de nouvelles ensemble Â». L’entrĂ©e en vigueur des droits de douane aux Etats-Unis n’est pas le « Jour de la LibĂ©ration Â» de l’AmĂ©rique comme le clame Trump, mais risque bien plus d’ĂȘtre le « Jour de la Stagnation Â» et du dĂ©clin de l’empire amĂ©ricain.

La presse amĂ©ricaine se fait l’écho des effets trĂšs immĂ©diats que les tarifs douaniers ont sur le commerce. Le New York Times par exemple explique que les droits de douane rĂ©duisent dĂ©jĂ  les importations de voitures et paralysent les usines amĂ©ricaines, du fait de piĂšces indisponibles, comme aux pires temps de la pandĂ©mie. Avec les tarifs douaniers, Trump espĂšre faire revivre l’industrie manufacturiĂšre d’aprĂšs-guerre, qui, jusque dans les annĂ©es 70, a employĂ© plus de 20 millions d’AmĂ©ricains, rappelle le New York Times. Mais les pĂŽles industriels ont largement pĂ©riclitĂ© depuis. Les Ă©conomistes eux-mĂȘmes restent profondĂ©ment sceptiques : pour eux, les droits de douane ne suffiront pas Ă  rĂ©tablir l’industrie d’antan. Ils ne suffisent pas Ă  faire une politique industrielle. 

Pour Wired, le gouvernement Trump, en mĂȘme temps qu’il augmentait les droits de douane, a surtout arrĂȘtĂ© de financer le programme qui a stimulĂ© l’industrie amĂ©ricaine pendant des dĂ©cennies, le Manufacturing Extension Partnership (MEP), un programme et un rĂ©seau d’aide Ă  l’industrialisation pour les PME amĂ©ricaines. Dans une tribune, Brian Desse, ancien prĂ©sident du Conseil Ă©conomique des Etats-Unis durant l’administration Biden, rappelle que l’industrie automobile amĂ©ricaine est dĂ©sormais Ă  la traĂźne dans la course Ă  l’innovation. 60% des piĂšces qui constituent les vĂ©hicules amĂ©ricains sont importĂ©es et les droits de douane vont surtout venir renchĂ©rir les prix des vĂ©hicules des constructeurs nationaux. Mais Trump ne s’est pas attaquĂ© qu’aux droits de douane. Son projet de rĂ©duire les incitations fiscales pour l’innovation et la production nationale de batteries par exemple a gelĂ© les investissements des constructeurs amĂ©ricains : au premier trimestre 2025, les entreprises ont annulĂ© plus de 6 milliards de dollars de projets de fabrication de batteries. Or, ces incitations fiscales ont permis de limiter le retard dans la production de batteries, qui est aujourd’hui le lieu de la course Ă  l’innovation pour la voiture du futur. Trump enferme les Etats-Unis dans un piĂšge luddiste, qui risque bien plus de pĂ©naliser les entreprises amĂ©ricaines que de les aider Ă  dĂ©velopper leurs capacitĂ©s d’innovation et d’investissements. 

Le Financial Times semble assez inquiet de l’escalade des tarifs douaniers lancĂ©e par le prĂ©sident AmĂ©ricain. Les marchĂ©s Ă©galement, qui anticipent plutĂŽt un ralentissement Ă©conomique mondial voire une rĂ©cession. “Les droits de douane de Trump n’ont pas accĂ©lĂ©rĂ© la croissance Ă©conomique amĂ©ricaine. Au contraire, ils l’ont probablement stoppĂ©e”, rapporte Vox. Les entrepreneurs de la Tech, qui s’étaient ralliĂ©s massivement Ă  Trump, sont en train de faire la grimace. Pourtant, pour l’instant, souligne The Verge, ils restent assez silencieux sur l’augmentation des tarifs malgrĂ© l’impact certain sur leur activitĂ©. Il faut dire que personne ne souhaite se mettre Trump Ă  dos. 

Dans le New York Times, la journaliste Patricia Cohen estime que les perturbations Ă©conomiques introduites par le gouvernement Trump seront difficiles Ă  inverser, notamment parce que le reste du monde, lui, va rapidement s’y adapter. “Les chaĂźnes d’approvisionnement seront rĂ©organisĂ©es, de nouveaux partenariats seront conclus, et les Ă©tudiants, chercheurs et talents technologiques Ă©trangers trouveront d’autres destinations oĂč migrer.” 

Face au virage protectionniste de l’AmĂ©rique, PĂ©kin se positionne dĂ©jĂ  comme le dĂ©fenseur du libre-Ă©change et le nouveau leader du systĂšme commercial mondial. Comme le montrait un reportage du New York Times, les entreprises chinoises s’adaptent dĂ©jĂ  et rĂ©orientent leurs marchĂ©s et leurs budgets publicitaires, quand ils ne se mettent pas Ă  s’adresser directement aux AmĂ©ricains, explique la Technology Review, pour leur proposer des modalitĂ©s de vente directe pour rĂ©duire les prix en tentant de contourner l’augmentation des tarifs, comme les commissions des grandes plateformes chinoises de B2B, qui mettent les fabricants en relation avec les entreprises amĂ©ricaines.

Les consĂ©quences ne se font pas attendre. Les tarifs de la Fast Fashion ont augmentĂ© de 300% et les sites Shein et Temu ont clairement affichĂ© sur leurs sites l’impact des droits de douanes de chaque produit. Sur Amazon, Trump a appelĂ© personnellement Jeff Bezos pour que celui-ci n’affiche pas, en plus du prix des produits, les droits de douane spĂ©cifiques de chacun, afin que les consommateurs ne voient pas l’impact des tarifs douaniers sur le prix des produits. Bezos a visiblement cĂ©dĂ© trĂšs facilement. Le grand dĂ©fenseur de la libertĂ© et du libre marchĂ©, celui qui avait promis de mettre sa fortune en rempart contre les intimidations, n’a pas Ă©tĂ© plus courageux que les autres, ironise The Verge. Amazon a prĂ©fĂ©rĂ© faire pression sur ses fournisseurs pour que leurs prix n’augmentent pas et qu’ils absorbent eux-mĂȘmes l’augmentation plutĂŽt que de rĂ©duire les commissions que prĂ©lĂšve sa plateforme. 

En s’intĂ©ressant aux consĂ©quences sur une vaste gamme de produits, The Verge montre surtout que plus personne n’y comprend rien
 Et que l’incomprĂ©hension gĂ©nĂšre un fort attentisme des entreprises amĂ©ricaines qui ralentissent leurs achats comme leurs investissements. L’évolution des tarifs va Ă©galement “modifier les habitudes de consommation des AmĂ©ricains, ainsi que la production et les produits des entreprises amĂ©ricaines”. Les droits de douane ressemblent Ă  une arme automatique qui tire dans tous les sens. Mais nul ne sait qui elle va abattre en premier. Ce qui est sĂ»r, c’est que la guerre commerciale, elle, a dĂ©jĂ  commencĂ©. Et elle ne va bĂ©nĂ©ficier Ă  personne, sauf aux plus grandes entreprises qui vont continuer d’imposer leurs conditions Ă  toutes les autres.

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Des délires tarifaires au blocage économique

Le 2 avril 2025, le prĂ©sident amĂ©ricain a mis Ă  exĂ©cution sa dĂ©cision d’augmenter unilatĂ©ralement les droits de douane pour les produits Ă©trangers entrant sur le sol amĂ©ricain. Trump a pourtant rapidement rĂ©tropĂ©dalĂ©, mais sans annuler complĂštement les augmentations (voir le dĂ©tail des mesures et revirements prises par l’administration amĂ©ricaine sur WikipĂ©dia). Les tarifs ont Ă©tĂ© modĂ©rĂ©s depuis (sauf pour la Chine), notamment pour certains secteurs (dont les produits technologiques), abaissĂ©s voire figĂ©s pour 90 jours, mais avec la menace que les augmentations reprennent dans 3 mois. Suite Ă  la panique boursiĂšre, Ă  d’innombrables contestations (notamment judiciaires d’Etats amĂ©ricains) et reprĂ©sailles des pays touchĂ©s par ces nouvelles exigences tarifaires, les tarifs douaniers mondiaux sont devenus partout l’inconnu des perspectives Ă©conomiques. Cette politique de sanctions commerciales et de protectionnisme a surtout dĂ©clenchĂ© une grande incertitude Ă©conomique, non seulement tout autour de la planĂšte, mais plus encore aux Etats-Unis. 

Partout, les Ă©conomistes dĂ©noncent une politique inconsĂ©quente, qui s’apprĂȘte surtout Ă  ralentir les Ă©changes, relancer l’inflation et ralentir l’innovation, plus que de protĂ©ger l’industrie amĂ©ricaine. Explications. 

Incertitude généralisée

L’escalade des tarifs et les revirements de Trump ont surtout produit ce que tout le monde dĂ©teste en Ă©conomie : de l’incertitude. C’était particuliĂšrement flagrant concernant les droits de douane des produits technologiques, dans un premier temps impactĂ©s par les Ă©volutions tarifaires, puis soudainement exclues, visiblement sous la pression des entreprises de la tech qui ont su imposer un lobbying puissant sur le prĂ©sident Trump, ce qui est loin d’ĂȘtre le cas de nombre d’autres secteurs de l’économie qui n’ont pas l’oreille prĂ©sidentielle pour les protĂ©ger. « Les va-et-vient de l’administration Trump concernant les droits de douane sur les produits technologiques sĂšment la confusion dans un secteur fortement dĂ©pendant des chaĂźnes d’approvisionnement mondiales Â», explique The Hill. L’exemption des droits de douane sur les produits technologiques n’est annoncĂ©e que comme temporaire. Or, « Les entreprises apprĂ©cient la stabilitĂ©, la prĂ©visibilitĂ© et la certitude de l’environnement commercial, et cela s’applique non seulement Ă  la politique commerciale, mais aussi aux niveaux institutionnels, programmatiques, rĂ©glementaires, etc. » En fait, tant que l’issue des nĂ©gociations sur l’évolution des tarifs restera floue, les investissements des entreprises risquent d’ĂȘtre freinĂ©s. Pour l’économiste Paul Krugman : l’exemption des produits Ă©lectroniques des droits de douane n’est pas un retour Ă  la raison de Trump ou de son administration, c’est surtout le signe qu’ils pilotent Ă  vue sans savoir oĂč ils vont. Le yoyo des tarifs est en train de gĂ©nĂ©rer une incertitude fatale pour les entreprises amĂ©ricaines, estime Krugman.

Comment les des droits de douane
 vont favoriser les plus forts

Pour David Dayen de The American Prospect, les droits de douane imposĂ©s par Trump vont surtout favoriser les monopoles, notamment parce que les exemptions, comme vient de le connaĂźtre le secteur technologique, ne sont pas des solutions Ă  la portĂ©e des petites entreprises. Aux Etats-Unis, le gĂ©ant de l’alimentation Albertsons a annoncĂ© qu’il refusera l’augmentation du coĂ»t des produits, invitant les producteurs Ă  assumer seuls la charge de l’élĂ©vation des droits de douane, sans vouloir les faire porter sur les consommateurs finaux. Il est probable que les deux autres gĂ©ants de la distribution, Walmart et Kroger, imposent les mĂȘmes conditions Ă  leurs fournisseurs. Mais les indĂ©pendants, eux, ne pourront pas imposer les mĂȘmes rĂšgles. Le problĂšme, explique Dayen, c’est que la guerre tarifaire est concomitante Ă  l’affaiblissement des aides aux petites entreprises du fait du dĂ©mantĂšlement des agences fĂ©dĂ©rales, Ă  l’image de la Small Business Administration. Or, rappelle le Wall Street Journal, les petites entreprises amĂ©ricaines sont responsables d’un tiers des importations amĂ©ricaines et elles ne pourront pas Ă©viter la hausse des coĂ»ts due aux droits de douane, ni en transfĂ©rer la charge Ă  quelqu’un d’autre. « La situation pourrait empirer avec l’annonce par la Chine d’imposer des contrĂŽles Ă  l’exportation de terres rares et d’aimants vers les États-Unis Â», qui pourrait paralyser des secteurs entiers de la production amĂ©ricaine, explique le New York Times.

Sans alternatives nationales pour rapatrier rapidement leur production aux Etats-Unis et avec peu de temps pour s’adapter, de nombreuses PME sont dĂ©jĂ  en difficultĂ©. Celles qui optent pour l’augmentation du prix de leurs produits se mettent Ă  produire des « frais de douane Â» sur les factures de leurs clients pour accroĂźtre la pression populaire Ă  leur contestation voire Ă  leur suppression. Mais l’augmentation des tarifs risque surtout de rapidement dĂ©tourner les consommateurs de produits devenus trop chers. Les droits de douane de Trump n’avaient peut-ĂȘtre pas l’objectif de favoriser la concentration de l’économie amĂ©ricaine, mais le fait que les plus grands acteurs puissent nĂ©gocier des exemptions Ă  leur avantage pourraient bien d’abord et avant tout renforcer certains monopoles. 

Pour un responsable de la division antitrust du ministĂšre de la Justice, l’inflation de ces derniĂšres annĂ©es avait dĂ©jĂ  permis Ă  des entreprises de se livrer Ă  des pratiques extrĂȘmement nĂ©fastes pour la sociĂ©té  le risque est que les droits de douane permettent Ă  nombre d’acteurs d’augmenter leurs tarifs au-delĂ  du nĂ©cessaire, Ă  l’image de la rĂ©cente grippe aviaire qui a Ă©tĂ© une explication bien commode pour augmenter le prix des Ɠufs aux Etats-Unis, ces derniers mois. En effet, aux Etats-Unis, le prix des Ɠufs a augmentĂ© de 53%. L’explication la plus communĂ©ment avancĂ©e pour expliquer « l’eggflation Â» serait dĂ» Ă  la grippe aviaire et Ă  l’abattage en masse qui en a rĂ©sultĂ©, explique Basel Musharbash dans sa newsletter, Big. Pourtant, souligne-t-il, la production d’oeufs n’a pas baissĂ©e : par rapport Ă  2021, la baisse de la production d’oeufs n’a Ă©tĂ© que de 3 Ă  5 %, alors que la consommation d’oeufs est passĂ©e de 206 oeufs par AmĂ©ricain et par an en 2021 Ă  190 oeufs en 2024 (-7,5%). Sans compter que l’exportation d’Ɠufs a Ă©galement reculé  L’augmentation des tarifs n’est donc pas liĂ©e Ă  la baisse de production, comme on l’entend trop souvent, mais Ă  la nouvelle concentration du marchĂ©. Cal-Maine Foods – le plus grand producteur d’Ɠufs et le seul Ă  publier ses donnĂ©es financiĂšres en tant que sociĂ©tĂ© cotĂ©e en bourse – a vu ses profits s’envoler avec l’épidĂ©mie de grippe aviaire, “dĂ©passant le milliard de dollars pour la premiĂšre fois de son histoire”. En fait, Cal-Maine a rĂ©alisĂ© des marges sans prĂ©cĂ©dent de 70 Ă  145 % sur les coĂ»ts de production agricoles. Pour Doctorow, l’oeuflation est typique d’une inflation de la cupiditĂ©, liĂ©e Ă  l’établissement de monopoles sur les marchĂ©s. Pour nombre d’entreprises, la reprise de l’inflation pourrait bien ĂȘtre une aubaine pour continuer Ă  augmenter leurs tarifs. 

L’augmentation des tarifs ne relocalisera pas la production

Wired explique pourquoi nombre de petites entreprises amĂ©ricaines ne peuvent pas produire aux Etats-Unis. Pour elles, bien souvent, il n’y a pas d’alternative Ă  faire produire en Chine, quels que soient le niveau des droits de douane, notamment parce que l’appareil productif amĂ©ricain n’est plus disponible. En fait, la hausse des droits de douane Ă  eux seuls ne suffiront pas Ă  inciter les entreprises Ă  s’implanter aux États-Unis, affirme Kyle Chan, chercheur spĂ©cialisĂ© dans la politique industrielle Ă  l’universitĂ© de Princeton. Si les coĂ»ts bas sont une raison importante qui motive l’approvisionnement en Chine, la raison pour laquelle la production manufacturiĂšre en Chine est moins chĂšre que dans d’autres rĂ©gions n’est pas toujours liĂ©e au salaire des travailleurs ni Ă  une moindre qualitĂ©. Au contraire. L’industrie chinoise est trĂšs qualifiĂ©e, spĂ©cialisĂ©e et intĂ©grĂ©e. « La Chine est Ă©galement un leader mondial dans la production d’outils industriels, ce qui signifie que les usines peuvent facilement adapter leurs machines aux besoins en constante Ă©volution de leurs clients Â». Non seulement la production chinoise sait s’adapter aux exigences, mais elle sait produire aussi tant en petites qu’en grosses quantitĂ©s. Enfin, rapatrier la production aux Etats-Unis nĂ©cessiterait de construire des usines, voire de faire venir des spĂ©cialistes chinois pour cela, ce qui avec les politiques d’immigration mises en place s’avĂ©rerait dĂ©sormais impossible. 

Dans un Ă©ditorial saignant, le modĂ©rĂ© Financial Times n’a pas de mots assez durs contre la hausse des tarifs douaniers dĂ©cidĂ©s par Trump qu’il qualifie de « pire acte d’autodestruction de l’histoire Ă©conomique amĂ©ricaine Â». Pour l’économie amĂ©ricaine, les effets les plus immĂ©diats des mesures de Trump seront une hausse de l’inflation et un ralentissement de l’activitĂ© Ă©conomique. MĂȘme son de cloche pour David Brooks dans le New York Times : « Trump construit des murs. Ses politiques commerciales entravent non seulement la circulation des biens, mais aussi celle des idĂ©es, des contacts, des technologies et des amitiĂ©s. Ses politiques d’immigration ont le mĂȘme effet. Il s’en prend aux institutions et aux communautĂ©s les plus impliquĂ©es dans les Ă©changes internationaux Â». C’est oublier que les grandes nations sont des carrefours, rappelle Brooks. « Elles ont Ă©tĂ© des lieux oĂč des gens du monde entier se sont rencontrĂ©s, ont Ă©changĂ© des idĂ©es et en ont inventĂ© de nouvelles ensemble Â». L’entrĂ©e en vigueur des droits de douane aux Etats-Unis n’est pas le « Jour de la LibĂ©ration Â» de l’AmĂ©rique comme le clame Trump, mais risque bien plus d’ĂȘtre le « Jour de la Stagnation Â» et du dĂ©clin de l’empire amĂ©ricain.

La presse amĂ©ricaine se fait l’écho des effets trĂšs immĂ©diats que les tarifs douaniers ont sur le commerce. Le New York Times par exemple explique que les droits de douane rĂ©duisent dĂ©jĂ  les importations de voitures et paralysent les usines amĂ©ricaines, du fait de piĂšces indisponibles, comme aux pires temps de la pandĂ©mie. Avec les tarifs douaniers, Trump espĂšre faire revivre l’industrie manufacturiĂšre d’aprĂšs-guerre, qui, jusque dans les annĂ©es 70, a employĂ© plus de 20 millions d’AmĂ©ricains, rappelle le New York Times. Mais les pĂŽles industriels ont largement pĂ©riclitĂ© depuis. Les Ă©conomistes eux-mĂȘmes restent profondĂ©ment sceptiques : pour eux, les droits de douane ne suffiront pas Ă  rĂ©tablir l’industrie d’antan. Ils ne suffisent pas Ă  faire une politique industrielle. 

Pour Wired, le gouvernement Trump, en mĂȘme temps qu’il augmentait les droits de douane, a surtout arrĂȘtĂ© de financer le programme qui a stimulĂ© l’industrie amĂ©ricaine pendant des dĂ©cennies, le Manufacturing Extension Partnership (MEP), un programme et un rĂ©seau d’aide Ă  l’industrialisation pour les PME amĂ©ricaines. Dans une tribune, Brian Desse, ancien prĂ©sident du Conseil Ă©conomique des Etats-Unis durant l’administration Biden, rappelle que l’industrie automobile amĂ©ricaine est dĂ©sormais Ă  la traĂźne dans la course Ă  l’innovation. 60% des piĂšces qui constituent les vĂ©hicules amĂ©ricains sont importĂ©es et les droits de douane vont surtout venir renchĂ©rir les prix des vĂ©hicules des constructeurs nationaux. Mais Trump ne s’est pas attaquĂ© qu’aux droits de douane. Son projet de rĂ©duire les incitations fiscales pour l’innovation et la production nationale de batteries par exemple a gelĂ© les investissements des constructeurs amĂ©ricains : au premier trimestre 2025, les entreprises ont annulĂ© plus de 6 milliards de dollars de projets de fabrication de batteries. Or, ces incitations fiscales ont permis de limiter le retard dans la production de batteries, qui est aujourd’hui le lieu de la course Ă  l’innovation pour la voiture du futur. Trump enferme les Etats-Unis dans un piĂšge luddiste, qui risque bien plus de pĂ©naliser les entreprises amĂ©ricaines que de les aider Ă  dĂ©velopper leurs capacitĂ©s d’innovation et d’investissements. 

Le Financial Times semble assez inquiet de l’escalade des tarifs douaniers lancĂ©e par le prĂ©sident AmĂ©ricain. Les marchĂ©s Ă©galement, qui anticipent plutĂŽt un ralentissement Ă©conomique mondial voire une rĂ©cession. “Les droits de douane de Trump n’ont pas accĂ©lĂ©rĂ© la croissance Ă©conomique amĂ©ricaine. Au contraire, ils l’ont probablement stoppĂ©e”, rapporte Vox. Les entrepreneurs de la Tech, qui s’étaient ralliĂ©s massivement Ă  Trump, sont en train de faire la grimace. Pourtant, pour l’instant, souligne The Verge, ils restent assez silencieux sur l’augmentation des tarifs malgrĂ© l’impact certain sur leur activitĂ©. Il faut dire que personne ne souhaite se mettre Trump Ă  dos. 

Dans le New York Times, la journaliste Patricia Cohen estime que les perturbations Ă©conomiques introduites par le gouvernement Trump seront difficiles Ă  inverser, notamment parce que le reste du monde, lui, va rapidement s’y adapter. “Les chaĂźnes d’approvisionnement seront rĂ©organisĂ©es, de nouveaux partenariats seront conclus, et les Ă©tudiants, chercheurs et talents technologiques Ă©trangers trouveront d’autres destinations oĂč migrer.” 

Face au virage protectionniste de l’AmĂ©rique, PĂ©kin se positionne dĂ©jĂ  comme le dĂ©fenseur du libre-Ă©change et le nouveau leader du systĂšme commercial mondial. Comme le montrait un reportage du New York Times, les entreprises chinoises s’adaptent dĂ©jĂ  et rĂ©orientent leurs marchĂ©s et leurs budgets publicitaires, quand ils ne se mettent pas Ă  s’adresser directement aux AmĂ©ricains, explique la Technology Review, pour leur proposer des modalitĂ©s de vente directe pour rĂ©duire les prix en tentant de contourner l’augmentation des tarifs, comme les commissions des grandes plateformes chinoises de B2B, qui mettent les fabricants en relation avec les entreprises amĂ©ricaines.

Les consĂ©quences ne se font pas attendre. Les tarifs de la Fast Fashion ont augmentĂ© de 300% et les sites Shein et Temu ont clairement affichĂ© sur leurs sites l’impact des droits de douanes de chaque produit. Sur Amazon, Trump a appelĂ© personnellement Jeff Bezos pour que celui-ci n’affiche pas, en plus du prix des produits, les droits de douane spĂ©cifiques de chacun, afin que les consommateurs ne voient pas l’impact des tarifs douaniers sur le prix des produits. Bezos a visiblement cĂ©dĂ© trĂšs facilement. Le grand dĂ©fenseur de la libertĂ© et du libre marchĂ©, celui qui avait promis de mettre sa fortune en rempart contre les intimidations, n’a pas Ă©tĂ© plus courageux que les autres, ironise The Verge. Amazon a prĂ©fĂ©rĂ© faire pression sur ses fournisseurs pour que leurs prix n’augmentent pas et qu’ils absorbent eux-mĂȘmes l’augmentation plutĂŽt que de rĂ©duire les commissions que prĂ©lĂšve sa plateforme. 

En s’intĂ©ressant aux consĂ©quences sur une vaste gamme de produits, The Verge montre surtout que plus personne n’y comprend rien
 Et que l’incomprĂ©hension gĂ©nĂšre un fort attentisme des entreprises amĂ©ricaines qui ralentissent leurs achats comme leurs investissements. L’évolution des tarifs va Ă©galement “modifier les habitudes de consommation des AmĂ©ricains, ainsi que la production et les produits des entreprises amĂ©ricaines”. Les droits de douane ressemblent Ă  une arme automatique qui tire dans tous les sens. Mais nul ne sait qui elle va abattre en premier. Ce qui est sĂ»r, c’est que la guerre commerciale, elle, a dĂ©jĂ  commencĂ©. Et elle ne va bĂ©nĂ©ficier Ă  personne, sauf aux plus grandes entreprises qui vont continuer d’imposer leurs conditions Ă  toutes les autres.

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