L’ami juif, l’ami gai et le colocataire trans
Hermann Wilhelm Goering était un des hommes de confiance d’Adolf Hitler. Nazi de la première heure, il a fait adopter les lois de Nuremberg, présidé à l’élimination des Juifs de l’économie allemande et ordonné la mise en oeuvre de la “solution finale à la question juive”. Je pense que personne ne pourrait nier que Goering était antisémite. Et pourtant!
Goering a fait nommer le Juif Erhard Milch secrétaire d’État dans son ministère de l’Air après l’avoir fait légalement reconnaître comme aryen (donc non-Juif). Il a fait sortir d’un camp de concentration toute la famille du Juif danois Hugo Rothenberg. Et lorsqu’il a fait arrêter 20 000 Juifs au lendemain de la Nuit de Cristal en 1938, il s’est assuré d’exclure ses anciens frères d’armes de la Première Guerre mondiale. À des collègues le remettant en question, il aurait déclaré “C’est moi qui décide de qui est Juif et de qui ne l’est pas!”
Source: François Kersaudy, Hermann Goering, Perrin, 2013.
Je vous parle de Goering parce que des centaines de personnes tentent de nous convaincre que Charlie Kirk n’était ni raciste, ni homophobe, parce qu’il avait un ami noir et homosexuel. Mais non, ça ne veut strictement rien dire.
Avant d’aller plus loin: Chers détracteurs, je vous déconseille de me lancer un “point Godwin” au visage comme si ça devait détruire tout mon raisonnement. La loi de Godwin dit que plus une discussion s’étire, plus elle risque de mener à une comparaison avec les nazis. Elle n’invalide pas toute comparaison avec le nazisme, surtout quand la comparaison est fondée. Dans un contexte où des milliers d’immigrants sont arrêtés sans mandat et envoyés dans un camp de concentration où ils disparaissent sans laisser de trace et où on arrête les politiciens qui posent des questions sur leur sort, je pense que la comparaison avec le nazisme est tout à fait justifiée.
Mon raisonnement est: si l’un des pires criminels antisémites de l’histoire de l’Occident a pu avoir des amis juifs, un militant homophobe et raciste peut très bien avoir un ami noir et homosexuel, voire plusieurs.
Il y a également beaucoup de gens qui ont entendu dire que l’assassin de Kirk avait un “colocataire trans” (affirmation très discutable, mais je n’élaborerai pas ici) et que ce serait une preuve que l’assassin serait un militant de la gauche radicale, voire que son meurtre aurait carrément été motivé par son activisme transaffirmatif. À tout le moins, cela prouverait que le tueur n’est pas un homme de droite, ce que laisse penser tout le reste de son profil.
Encore une fois, non. Si l’un des pires criminels antisémites de l’histoire de l’Occident a pu avoir des amis juifs, un républicain chrétien conservateur et homophobe peut très bien avoir un “colocataire trans” sans que cela nous révèle quoique ce soit sur ses convictions politiques.
Il y a presque 20 ans, l’humoriste Laurent Paquin se moquait du Doc Mailloux qui tentait de nous convaincre qu’il n’était pas raciste en nous parlant de son voisin noir qui produisait des prunes délicieuses. Je ne peux pas croire qu’encore aujourd’hui, des gens utilisent cette défense sans se rendre compte du ridicule.