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    [en] Je réfléchissais à cette question hier soir après avoir lu une partie des échanges qui “font rage” dans un coin de LinkedIn autour de “l’identité autistique“.Il m’a semblé qu’un élément régulièrement mis de côté par les personnes argumentant « pour » la formulation « être autiste », en faisait des parallèles avec « être barbu » ou « être gaucher » c’est (encore une fois) la question de l’implicite. Au point que je me suis demandé s’il y a quelque chose du côté des caractéristiques de l’aut
     

“Être autiste”: implicite, connotation et identité [en]

8 septembre 2025 à 06:26
[en]

Je réfléchissais à cette question hier soir après avoir lu une partie des échanges qui “font rage” dans un coin de LinkedIn autour de “l’identité autistique“.
Il m’a semblé qu’un élément régulièrement mis de côté par les personnes argumentant « pour » la formulation « être autiste », en faisait des parallèles avec « être barbu » ou « être gaucher » c’est (encore une fois) la question de l’implicite. Au point que je me suis demandé s’il y a quelque chose du côté des caractéristiques de l’autisme à mettre en lien avec ça — la difficulté de tenir compte de l’implicite.

Qu’on le veuille ou non, tout énoncé comporte une part d’implicite. Les mots qu’on utilise ont des connotations. Comme le disait un de mes profs de linguistique, c’est comme des petits wagons qui sont accrochés au mot-locomotive et qui viennent avec quand on l’utilise. Certains mots ont plus de wagons que d’autres.

« Autisme/autiste » et « gaucher » ou « femme » sont tous des mots qu’on peut utiliser pour qualifier une personne. Mais ils n’ont pas les mêmes connotations, pas les mêmes types de « wagons ».

Le problème, à mon avis, avec « autisme comme identité » c’est que c’est une posture qui ne tient pas compte de ces wagons et par conséquent du décalage très grand entre l’intention de sens pour la personne qui dit « je suis autiste » et les associations qu’évoque ce terme chez l’écrasante majorité des personnes qui vont lire/entendre cette phrase.

On n’est pas libre d’utiliser les mots de la façon qu’on veut sans tenir compte de la signification perçue par l’autre — si ce que l’on souhaite c’est être compris.

« Autisme », c’est un mot extrêmement stigmatisant à la base. C’est un mot que tout le monde connaît et dont tout le monde pense connaître la signification. Et c’est une signification qui ne correspond pas du tout à ce que veulent exprimer beaucoup de personnes qui l’utilisent. Je comprends bien la démarche qui est de vouloir « déstigmatiser » un terme en se l’appropriant: on a un exemple avec « queer » par exemple, mais notons que le sens « stigmatisant » du mot était bien moins solidement ancré dans l’inconscient lexical qu’il ne l’est pour le mot « autiste », et qu’il y a une certaine naïveté linguistique et sociologique à penser qu’on peut reprendre ainsi le contrôle sur un mot.

Je pense, en fait, que le problème est moins dans le « je suis » que dans le « autiste ». Et que débattre sur le verbe (« être » versus « avoir ») c’est faire fausse route et vouer l’échange à l’échec, parce qu’en effet, dire « je suis xyz » n’en fait pas une question identitaire en soi — le repli identitaire peut très bien être réactif, suite aux réactions négatives à la formulation choisie pour parler de soi.

Dans ma réflexion, je cherchais d’autres mots « parallèles » qui pourraient également démontrer le phénomène que j’observe ici. Si on dit « je suis paraplégique » (un autre exemple aperçu dans les échanges), pourquoi ça ne me fait pas le même effet qu’entendre « je suis autiste »? Idem pour « je suis bipolaire », ou « je suis dyslexique »? Parce que les associations inconscientes (la connotation) sont différentes. Ce n’est pas le verbe qui fait ça. Est-ce qu’on peut donc trouver un terme qui démontre aussi cette problématique d’associations?

Le meilleur que j’ai trouvé — et qui me concerne — c’est « sourd ». Et, intéressant à noter, c’est aussi un terme autour de l’utilisation duquel émerge une problématique identitaire. Et il y a toute une série de débats terminologiques dans le « spectre » de la surdité (qu’on ne retrouve pas côté TDAH — je me demande d’ailleurs ce qu’il en est pour les handicaps de la vue?).

Déballons. Je dis que je suis malentendante. Je ne dis pas « je suis sourde ». Pourquoi? Si je dis “je suis sourde”, les gens comprennent quelque chose qui ne correspond pas à ma réalité. Pour beaucoup de monde, “sourd” ça veut dire “n’entend rien” ou au minimum “ne comprend rien”. En fait, strictement parlant, il y a différents degrés de surdité, mais le grand public a une vision beaucoup plus simpliste de tout ça. J’ai une surdité légère à moyenne congénitale (stable). J’ai fonctionné sans appareillage jusqu’à l’âge de 38 ans, fait des études, enseigné, etc. Pour la plupart des gens, je suis dans la catégorie “entend pas bien”. La nana un peu chiante à qui il faut répéter les choses, qui entend pas quand on l’appelle, qui comprend de travers, qui parle fort. Pas “sourde”, au sens où on le comprend. Donc je ne dis pas “je suis sourde” (risquant des réactions de type “hah mais t’es pas sourde, arrête de raconter n’importe quoi” – ça vous dit quelque chose, ça?) mais “je suis malentendante”. Preuve en est que si quelque chose “passe mal” pour moi quand j’entends “je suis autiste”, ce n’est pas le “je suis” qui est en cause mais ce qui vient après.

Le parallèle ne s’arrête pas là. “Sourd”, c’est stigmatisé et stigmatisant, comme terme. La surdité, contrairement à la cécité qui limite principalement le rapport à l’environnement, ça vient directement impacter le rapport à autrui – le lien social. La personne “sourde”, dans l’imaginaire populaire un peu historique, c’est “le sourd-muet”, c’est la personne qui ne parle pas, et aussi dont l’intellect est affecté (vu qu’on ne peut pas communiquer avec). On sait bien que c’est faux – tout comme on sait bien que ce à quoi on fait référence quand on parle d’autisme n’est pas à réduire aux histoires d’il y a des décennies, d’enfants non-verbaux avec déficit intellectuel enfermés dans des institutions et “coupés du monde”. Mais les mots continuent, malgré nous et malgré tout, à charrier ces petits wagons de connotations, d’implicite. On notera, concernant la surdité, l’utilisation du terme Sourd avec une majuscule pour l’identité culturelle.

Bon, ceci devait être un commentaire sur LinkedIn, ça s’est transformé en billet de blog… C’est une réflexion qui vaut ce qu’elle vaut. En résumé, voici où j’en suis:

  • l’utilisation de la formule “je suis autiste” pose d’autres problèmes que celui de la revendication identitaire – il faut en tenir compte également;
  • les débats autour de la revendication identitaire sont légitimes et importants mais s’ils se focalisent sur la formulation (“je suis xyz”), ils risquent de nous faire courir après un hareng rouge au lieu de rester dans le sujet.

Reçu avant avant-hier
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  • Russian empire nostalgia covers occupied Mariupol as authorities paint imperial quotes on apartment walls
    Russian occupation forces have destroyed all Ukrainian murals, monuments and pedestals in the occupied city of Mariupol. In their place, authorities have installed Soviet-era military propaganda and imperial Russian imagery—massive murals celebrating World War II pilots, workers from remote Russian regions, and quotes from Peter the Great and Catherine II asserting Russia’s historical dominance. The Mariupol City Council calls it a deliberate campaign to erase Ukra
     

Russian empire nostalgia covers occupied Mariupol as authorities paint imperial quotes on apartment walls

11 septembre 2025 à 08:48

The Russian text reads: "Alexander Pokryshkin - Soviet military commander and pilot-ace during the Great Patriotic War, marshal of aviation." This mural exemplifies the systematic replacement of Ukrainian cultural symbols with Russian military glorification that occupation authorities have implemented throughout Mariupol.

Russian occupation forces have destroyed all Ukrainian murals, monuments and pedestals in the occupied city of Mariupol.

In their place, authorities have installed Soviet-era military propaganda and imperial Russian imagery—massive murals celebrating World War II pilots, workers from remote Russian regions, and quotes from Peter the Great and Catherine II asserting Russia’s historical dominance.

The Mariupol City Council calls it a deliberate campaign to erase Ukrainian identity from the port city.

Mariupol survived nearly three months of siege in 2022. Russian forces surrounded the port city on 24 February and bombarded it relentlessly until 20 May, cutting residents off from food, water, and electricity. The assault targeted civilian areas—bombers hit a maternity hospital in March, then struck the drama theater where families had taken shelter, burying hundreds in the rubble.

As the city crumbled around them, Ukrainian defenders and thousands of civilians retreated to the massive Azovstal steel complex. The plant’s underground tunnels became their final refuge before surrender in late May. Thousands of civilians died during those 86 days of siege.

Where Ukrainian symbols once stood, Russian tricolors now hang. Murals celebrating local history have been painted over with propaganda promoting “friendship with Russian cities.”

One such mural depicts workers from Russia’s Yamal Peninsula offering traditional bread to local residents, presenting the relationship between the conquered Ukrainian city and distant Russian regions as voluntary partnership rather than occupation.

A Russian mural in occupied Mariupol depicts workers from the Yamal Peninsula offering traditional bread, part of Moscow’s campaign to promote “friendship” between Russian regions and the conquered Ukrainian city. Photo: Mariupol City Council.

Russian occupiers emphasize imperial past

Another mural features imperial quotes including Catherine II’s declaration that “Russia itself is vast and powerful, and no one needs it.” The painting also references Peter the Great and military commander Mikhail Kutuzov. Here what the quotes say:

Left portrait (Peter I): “If there is a desire – there are thousands of ways, if there is no desire – there are thousands of reasons! Peter I, first emperor of All Russia.”

Center portrait (Catherine II): “Russia itself is vast and powerful, and it doesn’t need anyone. Catherine II, Empress of All Russia.”

Right portrait (Kutuzov): “Everything comes at the right time for those who know how to wait. Kutuzov M.I., Russian commander”

Russia alters symbols of Ukrainian resistance during siege

The occupation forces also rename historically significant locations. Azovstalska Street, named after the major steel plant where tens of thousands of residents worked and which became a symbol of Ukrainian resistance during the 2022 siege, has been renamed Tulsky Prospekt and now features monuments to Tula gingerbread and a samovar.

By installing monuments to these specifically Tula regional symbols, occupation authorities promote “friendship” with the Russian city while encouraging residents to see themselves as part of Russian rather than Ukrainian cultural heritage.

“It’s simply not profitable for Russia for people in Mariupol to remember even Azovstal,” said Mykola Osychenko, director of Mariupol Television, speaking to Espreso media.

A man walks past a destroyed building in Mariupol on 17 April 2022 when the city was besieged by Russian forces.
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BBC: “Life is constant tension, fear, distrust” — reality of Russian occupation in Mariupol

Russia aim to rewrite Ukraine’s history on occupied territories

Before the 2022 full-scale invasion, Mariupol had become what Ukrainian officials called a “showcase of post-2014 recovery” in Donetsk Oblast.

The development of the city was happening after pro-Russian separatists briefly seized the city in May 2014, gutting buildings like the police headquarters before Ukrainian forces drove them out by June. The city’s visible prosperity contradicted Russian narratives about Ukrainian governance in the east.

Mariupol before Russia’s full-scale invasion in 2022. Residents stroll in front of the Donetsk Regional Drama Theater during a festival as part of France Days in Ukraine in 2019.
Mariupol after Russia’s full-scale invasion in 2022. An elderly woman walks past the destroyed theater and a Russian occupation forces armored vehicle in April 2022.

Ukrainian authorities invested heavily in rebuilding Mariupol’s damaged infrastructure, fostering economic growth, and improving public services. By 2021, the city had gained status as a Cultural Capital of Ukraine and earned recognition for transparency and public welfare improvements.

This success directly challenged Russian propaganda narratives that portrayed Ukraine as a failed state hostile to ethnic Russians. Russian media consistently depicted the Ukrainian government as corrupt and nationalist, claiming Kyiv persecuted Russian speakers and had lost control of its territory.

Osychenko, who taught journalism at a local university and witnessed the siege, described the destruction as deliberate.

“Putin needed to completely destroy this showcase,” he said, explaining how Russian forces leveled much of the city before beginning what he calls a systematic effort to “cleanse people’s memory and rewrite history.”

When Russian forces ultimately destroyed the city in 2022, they reframed this devastation as “liberation,” aligning with Kremlin’s narrative that it invaded Ukraine to “free Russian-speaking populations” from what it calls a “fascist Kyiv regime.”

One of the murals that depicts a woman in a traditional dress and her son beneath a Russian flag states that 20 May 2022 is “Mariupol Liberation Day,” while it was the official end of the siege of Mariupol when the last remaining Ukrainian troops defending the Azovstal steel plant, surrendered.

A Russian mural celebrates “Mariupol Liberation Day” on 20 May 2022—the date the city’s defenders surrendered after a devastating three-month siege—reframing Russia’s conquest as “liberation.”
A Russian mural in Mariupol with industrial imagery that says “becoming stronger” which can also mean “stronger than steel.”

Another mural shows industrial imagery with “Stronger than steel” messaging and winter imagery, directly referencing the Azovstal plant, which is key to Mariupol’s identity and economy. The slogan creates a deliberate play on words as the phrase says “becoming stronger” while it can also be interpreted as “stronger than steel.”

The propaganda twist presents resilience themes while omitting that Russia inflicted the suffering on civilians by invading first, transforming Azovstal from a symbol of Ukrainian resistance into claimed Russian triumph over the very industry that defined the city.

Russia Ukraine war conflinct peace talks Mariupol Z V graffiti
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Russia legally steals 20,000 homes in razed Mariupol — then charges homeless victims for rent

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