Sans surprise, la droite québécoise suit la droite américaine et la droite française dans leur campagne de calomnie contre Zohran Mamdani, le nouveau maire de New York. Visiblement il n’est pas possible de critiquer cet homme honnêtement, donc ses détracteurs doivent recourir à l’exagération excessive et au mensonge pur. Les commentateurs de Québecor multiplient les tirs groupés depuis une semaine.
Richard Martineau mord à pleines dents dans la théorie du complot voulant que Mamdani soit
Sans surprise, la droite québécoise suit la droite américaine et la droite française dans leur campagne de calomnie contre Zohran Mamdani, le nouveau maire de New York. Visiblement il n’est pas possible de critiquer cet homme honnêtement, donc ses détracteurs doivent recourir à l’exagération excessive et au mensonge pur. Les commentateurs de Québecor multiplient les tirs groupés depuis une semaine.
Richard Martineau mord à pleines dents dans la théorie du complot voulant que Mamdani soit un islamiste déguisé. Vous savez, ces islamistes dont l’épouse ne porte pas de voile, qui demandent que les soins de transition de genre soient assumés par l’État, qui encouragent les femmes à intégrer le marché du travail et à atteindre l’autonomie financière et qui font la tournée des bars gais pendant leur campagne électorale? Mamdani en est un. On n’a plus les islamistes qu’on avait. Martineau a également relayé, via la soi-disant experte de l’islam radical Florence Bergeaud-Blackler, un faux communiqué du groupe État islamique qui revendiquait comme une victoire l’élection de Mamdani.
Mamdani condamne le génocide à Gaza, donc forcément on l’accuse d’être pro-Hamas et antisémite. Selon le chroniqueur Luc Laliberté, ses positions vont l’empêcher d’être le maire de « tous les New-yorkais ». Personnellement, ce que je trouve antisémite, c’est de sous-entendre jour après jour que tous les Juifs veulent exterminer les G4zaouis. C’est faux. Et non, tous les Juifs ne reçoivent pas comme une attaque personnelle toute critique du gouvernement criminel de Netanyahou.
Aussi, Mamdani s’est fait prendre en photo avec l’imam Siraj Wahhaj, qui était soupçonné d’être lié aux attentats du World Trade Center en 1993. Horrible, n’est-ce pas? Martineau et d’autres accusent Mamdani d’avoir des « accointances douteuses ». Ce qu’ils ne mentionnent jamais, c’est que Wahhaj n’a jamais été accusé. 25 ans plus tard, les procureurs ont reconnu avoir ratissé un peu trop large dans leur enquête. Mamdani s’est fait photographier avec Wahhaj de la même façon que René Lévesque s’est déjà fait photographier avec des gens qui ont été arrêtés pendant la crise d’Octobre. Il n’y a aucune honte à fréquenter des gens accusés faussement.
Un type qui se fait passer pour un analyste politique à Qub Radio nous disait notamment que le programme de Mamdani contient des idées « très très très à gauche », « déconnectées », « de la gauche radicale », telles que… le transport en commun gratuit. Pensez-vous qu’il sait qu’au Canada nous avons l’assurance-santé universelle? Je le mentionne parce que ça m’a fait sourire, mais ça n’a rien de surprenant. Pour cette nouvelle droite décomplexée, toute forme de programme social appartient désormais à la « gauche radicale ». Ce même pseudo-analyste reproche à Mamdani de dénoncer l’islamophobie et d’encourager le « communautarisme » en disant que les musulmans ne devraient pas avoir peur de s’afficher en public. « Dans la ville du 11 septembre, rappelons-le. C’est quand même culotté! » (J’imagine que les hommes auraient tous dû disparaître de l’espace public pour 25 ans après la tuerie de Polytechnique) Le type reproche à Mamdani ses déclarations « piquantes » qui le rangent dans la gauche « très fâchée, très extrême ». Richard Martineau lui demande « quelles déclarations par exemple? » « Ah, ben, on les connaît », répond évasivement le pseudo-analyste. Non, justement. On ne les connaît pas. C’est la raison pour laquelle l’animateur vous pose des questions. Bref, beaucoup d’accusations, mais rien de concret.
Mathieu Bock-Côté, fidèle à son habitude, multiplie les accusations gratuites, sans jamais fournir un seul fait, une seule source. Les hausses de taxes de Mamdani ne toucheront pas uniquement les riches, mais « les gens ordinaires qui sont parvenus à se construire une petite prospérité ». Le but « caché » de ces hausses de taxes, de cette « taxation raciale », est de ruiner les Blancs. Bock-Côté pige directement dans le discours trumpiste en nous disant que Mamdani est « favorable à l’immigration illégale ». On ne peut pas être favorable à « l’immigration illégale », pas plus qu’au crime en général. Si le gouvernement accepte l’immigration, elle est forcément légale.
La palme de la calomnie revient à Nathalie Elgrably, qui accuse Mamdani de s’inspirer de Lénine et qui le soupçonne de vouloir tuer des dizaines de millions de personnes comme les communistes russes et chinois. Mais passons. Elgrably considère que le nazisme est une idéologie de gauche parce qu’il y a le mot « socialisme » dans le nom du parti, donc il ne faut pas s’attendre à une grande rigueur intellectuelle de sa part.
Ce qui me déçoit davantage, c’est la réaction de Luc Laliberté, dont j’apprécie généralement les analyses sans être toujours d’accord. Dans sa chronique du 22 octobre 2025, il accusait Mamdani d’être « populiste », sans l’expliquer. Si je comprends bien, le populisme de Mamdani consiste à « mettre les besoins des New-Yorkais de l’avant », parler de « ce dont on veut entendre parler » et expliquer aux New-Yorkais « comment peut-il les aider dans leur vie quotidienne ». C’est mal de dire ça? En fait, n’est-ce pas précisément la responsabilité d’un maire?
Mais dans une intervention à l’émission de Richard Martineau, Laliberté a carrément qualifié Mamdani de « Trump de la gauche ». Les deux hommes incarneraient les deux faces, gauche et droite, d’un même populisme. Je n’ai pas compris son raisonnement. L’un veut éliminer les « immigrants illégaux », les personnes trans, les wokes et ses adversaires démocrates de manière générale. L’autre veut sortir les gens de la misère ou de la précarité. Et contrairement à Trump, Mamdani n’a pas fabriqué d’épouvantail pour inventer une cause imaginaire aux problèmes de ses électeurs. En quoi sont-ils comparables? Je ne le saurai probablement jamais puisque Laliberté n’a pas élaboré.
Ce discours qui se veut centriste et modéré tente en réalité de rendre la gauche infréquentable en nous présentant la social-démocratie comme un excès aussi condamnable que la droite trumpienne. Je n’ai pas entendu beaucoup de commentateurs qualifier François Legault de « radical » lorsqu’il demandait au fédéral de déporter 80 000 demandeurs d’asile. Mais ils sont nombreux à affirmer que Mamdani est un radical parce qu’il croit que tous les habitants de la ville la plus riche du monde devraient être capable de se loger et de se nourrir. On comprend mieux que plusieurs qu’un parti modéré comme Québec solidaire appartienne à la « gauche radicale ». Cette campagne de diffamation contre Zohran Mamdani est un avant-goût de ce qui nous attend aux prochaines élections.
Sans surprise, la droite québécoise suit la droite américaine et la droite française dans leur campagne de calomnie contre Zohran Mamdani, le nouveau maire de New York. Visiblement il n’est pas possible de critiquer cet homme honnêtement, donc ses détracteurs doivent recourir à l’exagération excessive et au mensonge pur. Les commentateurs de Québecor multiplient les tirs groupés depuis une semaine.
Richard Martineau mord à pleines dents dans la théorie du complot voulant que Mamdani soit
Sans surprise, la droite québécoise suit la droite américaine et la droite française dans leur campagne de calomnie contre Zohran Mamdani, le nouveau maire de New York. Visiblement il n’est pas possible de critiquer cet homme honnêtement, donc ses détracteurs doivent recourir à l’exagération excessive et au mensonge pur. Les commentateurs de Québecor multiplient les tirs groupés depuis une semaine.
Richard Martineau mord à pleines dents dans la théorie du complot voulant que Mamdani soit un islamiste déguisé. Vous savez, ces islamistes dont l’épouse ne porte pas de voile, qui demandent que les soins de transition de genre soient assumés par l’État, qui encouragent les femmes à intégrer le marché du travail et à atteindre l’autonomie financière et qui font la tournée des bars gais pendant leur campagne électorale? Mamdani en est un. On n’a plus les islamistes qu’on avait. Martineau a également relayé, via la soi-disant experte de l’islam radical Florence Bergeaud-Blackler, un faux communiqué du groupe État islamique qui revendiquait comme une victoire l’élection de Mamdani.
Mamdani condamne le génocide à Gaza, donc forcément on l’accuse d’être pro-Hamas et antisémite. Selon le chroniqueur Luc Laliberté, ses positions vont l’empêcher d’être le maire de “tous les New-yorkais”. Personnellement, ce que je trouve antisémite, c’est de sous-entendre jour après jour que tous les Juifs veulent exterminer les G4zaouis. C’est faux. Et non, tous les Juifs ne reçoivent pas comme une attaque personnelle toute critique du gouvernement criminel de Netanyahou.
Aussi, Mamdani s’est fait prendre en photo avec l’imam Siraj Wahhaj, qui était soupçonné d’être lié aux attentats du World Trade Center en 1993. Horrible, n’est-ce pas? Martineau et d’autres accusent Mamdani d’avoir des “accointances douteuses”. Ce qu’ils ne mentionnent jamais, c’est que Wahhaj n’a jamais été accusé. 25 ans plus tard, les procureurs ont reconnu avoir ratissé un peu trop large dans leur enquête. Mamdani s’est fait photographier avec Wahhaj de la même façon que René Lévesque s’est déjà fait photographier avec des gens qui ont été arrêtés pendant la crise d’Octobre. Il n’y a aucune honte à fréquenter des gens accusés faussement.
Un type qui se fait passer pour un analyste politique à Qub Radio nous disait notamment que le programme de Mamdani contient des idées “très très très à gauche”, “déconnectées”, “de la gauche radicale”, telles que… le transport en commun gratuit. Pensez-vous qu’il sait qu’au Canada nous avons l’assurance-santé universelle? Je le mentionne parce que ça m’a fait sourire, mais ça n’a rien de surprenant. Pour cette nouvelle droite décomplexée, toute forme de programme social appartient désormais à la “gauche radicale”. Ce même pseudo-analyste reproche à Mamdani de dénoncer l’islamophobie et d’encourager le “communautarisme” en disant que les musulmans ne devraient pas avoir peur de s’afficher en public. “Dans la ville du 11 septembre, rappelons-le. C’est quand même culotté!” (J’imagine que les hommes auraient tous dû disparaître de l’espace public pour 25 ans après la tuerie de Polytechnique) Le type reproche à Mamdani ses déclarations “piquantes” qui le rangent dans la gauche “très fâchée, très extrême”. Richard Martineau lui demande “quelles déclarations par exemple?” “Ah, ben, on les connaît”, répond évasivement le pseudo-analyste. Non, justement. On ne les connaît pas. C’est la raison pour laquelle l’animateur vous pose des questions. Bref, beaucoup d’accusations, mais rien de concret.
Mathieu Bock-Côté, fidèle à son habitude, multiplie les accusations gratuites, sans jamais fournir un seul fait, une seule source. Les hausses de taxes de Mamdani ne toucheront pas uniquement les riches, mais “les gens ordinaires qui sont parvenus à se construire une petite prospérité”. Le but “caché” de ces hausses de taxes, de cette “taxation raciale”, est de ruiner les Blancs. Bock-Côté pige directement dans le discours trumpiste en nous disant que Mamdani est “favorable à l’immigration illégale”. On ne peut pas être favorable à “l’immigration illégale”, pas plus qu’au crime en général. Si le gouvernement accepte l’immigration, elle est forcément légale.
La palme de la calomnie revient à Nathalie Elgrably, qui accuse Mamdani de s’inspirer de Lénine et qui le soupçonne de vouloir tuer des dizaines de millions de personnes comme les communistes russes et chinois. Mais passons. Elgrably considère que le nazisme est une idéologie de gauche parce qu’il y a le mot “socialisme” dans le nom du parti, donc il ne faut pas s’attendre à une grande rigueur intellectuelle de sa part.
Ce qui me déçoit davantage, c’est la réaction de Luc Laliberté, dont j’apprécie généralement les analyses sans être toujours d’accord. Dans sa chronique du 22 octobre 2025, il accusait Mamdani d’être “populiste”, sans l’expliquer. Si je comprends bien, le populisme de Mamdani consiste à “mettre les besoins des New-Yorkais de l’avant”, parler de “ce dont on veut entendre parler” et expliquer aux New-Yorkais “comment peut-il les aider dans leur vie quotidienne”. C’est mal de dire ça? En fait, n’est-ce pas précisément la responsabilité d’un maire?
Mais dans une intervention à l’émission de Richard Martineau, Laliberté a carrément qualifié Mamdani de “Trump de la gauche”. Les deux hommes incarneraient les deux faces, gauche et droite, d’un même populisme. Je n’ai pas compris son raisonnement. L’un veut éliminer les “immigrants illégaux”, les personnes trans, les wokes et ses adversaires démocrates de manière générale. L’autre veut sortir les gens de la misère ou de la précarité. Et contrairement à Trump, Mamdani n’a pas fabriqué d’épouvantail pour inventer une cause imaginaire aux problèmes de ses électeurs. En quoi sont-ils comparables? Je ne le saurai probablement jamais puisque Laliberté n’a pas élaboré.
Ce discours qui se veut centriste et modéré tente en réalité de rendre la gauche infréquentable en nous présentant la social-démocratie comme un excès aussi condamnable que la droite trumpienne. Je n’ai pas entendu beaucoup de commentateurs qualifier François Legault de “radical” lorsqu’il demandait au fédéral de déporter 80 000 demandeurs d’asile. Mais ils sont nombreux à affirmer que Mamdani est un radical parce qu’il croit que tous les habitants de la ville la plus riche du monde devraient être capable de se loger et de se nourrir. On comprend mieux que plusieurs qu’un parti modéré comme Québec solidaire appartienne à la “gauche radicale”. Cette campagne de diffamation contre Zohran Mamdani est un avant-goût de ce qui nous attend aux prochaines élections.
Jeudi dernier, l’Assemblée nationale du Québec adoptait la loi 94 afin de « renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation ». Trois jours plus tard, les électeurs de Saint-Léonard-Ouest élisaient Mauro Barone, qui se présente ouvertement comme un catholique romain dévoué à son église. Je n’ai entendu personne réagir. Imaginez qu’un conseiller municipal se présente comme un musulman dévoué à sa mosquée. Si on avait besoin d’une nouvelle preuve que nos nationaleux soi-disant laïcards se préocc
Jeudi dernier, l’Assemblée nationale du Québec adoptait la loi 94 afin de « renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation ». Trois jours plus tard, les électeurs de Saint-Léonard-Ouest élisaient Mauro Barone, qui se présente ouvertement comme un catholique romain dévoué à son église. Je n’ai entendu personne réagir. Imaginez qu’un conseiller municipal se présente comme un musulman dévoué à sa mosquée. Si on avait besoin d’une nouvelle preuve que nos nationaleux soi-disant laïcards se préoccupent d’une seule religion, on l’aurait trouvée.
Les dispositions de la loi 94 sont inutiles, inapplicables, nuisibles ou carrément injustes.
Inutile L’obligation d’avoir le visage découvert. Qu’est-ce que ça vient faire dans une loi sur la laïcité? Pourquoi ne pas simplement exiger des élèves qu’ils aient le visage découvert en tout temps? La réponse évidente est que le gouvernement veut flatter sa base électorale. Et pour ça, viser directement l’islam est toujours gagnant. Pour ce qu’on en sait, le nombre d’élèves touchées se compte sur les doigts d’une main. Pourquoi gérer humainement cette situation délicate quand on peut faire une nouvelle loi et se présenter en champion de la « laïcité »? N’aurait-on pas pu confier ces cas aux éducateurs spécialisés ou aux travailleurs sociaux? Pardon, je viens de me souvenir: on ne peut pas. La CAQ a coupé le budget des écoles pour ce genre de ressources inutiles.
Inapplicable Interdiction des menus adaptés aux restrictions religieuses. Comment allez-vous appliquer cette interdiction? Vous allez mariner la salade dans le gras de bacon? Vous allez verser de l’alcool dans le jus de fruit? Voici comment contenter tout le monde en étant laïque: que toutes les cafétérias offrent chaque jour un menu végétarien. De quoi contenter les Juifs, les musulmans et… les végétariens. Mais non, légiférons à grands coups d’interdictions et visons les religions minoritaires, c’est tellement plus rassembleur.
Nuisible On l’a répété plusieurs fois, mais les enseignants de la clique ultraconservatrice de l’école Bedford ne portaient pas de signe religieux. On va pénaliser des personnes qui n’ont jamais eu de comportement problématique. Pourquoi? Dans quel but? Qu’est-ce qu’on espère comme réaction? « Le ministre a interdit le voile pour les éducatrices en service de garde. On va devoir arrêter de séparer les garçons des filles dans nos classes. » Divulgâcheur: Non. Ça ne fonctionne pas comme ça. Les enseignants qui pratiquaient l’intimidation à Bedford étaient déjà au courant que leurs pratiques étaient inacceptables. Ce n’est pas en « envoyant un message » qu’on règle une situation comme celle-là.
En pleine pénurie de personnelle, la ministre Sonia Lebel juge que le moment est bien choisi pour ajouter un obstacle à l’embauche. Les parents de l’île de Montréal vont devoir prévoir des changements à leur horaire parce que les services de garde vont sans doute devoir diminuer leur capacité d’accueil.
« Oui mais il y aura une clause de droits acquis pour les employées qui sont déjà en place. » Les éducatrices font déjà un travail difficile, ingrat et peu reconnu. Avec sa loi, le gouvernement leur envoie le message qu’elles sont des indésirables. Qu’elles sont de mauvaises citoyennes. Qu’on aimerait bien les remplacer par d’autres éducatrices si on le pouvait. D’ailleurs, on le fera peut-être lorsque se produira une nouvelle controverse qui donnera envie au gouvernement d’être encore plus strict en matière de « laïcité », par exemple en abolissant la clause de droits acquis. À la place des éducatrices, auriez-vous envie de conserver votre emploi?
Et tout ça pour quoi? La recherche a déjà démontré que la loi 21, loin de favoriser le vivre-ensemble, n’était parvenue qu’à décomplexer le racisme avec lequel doivent vivre les enseignantes portant le voile et de façon plus générale les mères et les élèves musulmanes. Shophika Vaithyanathasarma écrivait dans sa chronique de lundi: « Des enseignantes me parlent de sorties avec leurs élèves portant le voile qui tournent mal. Menaces, insultes, regards lourds pour ces élèves. C’est ça, la réalité. » Ces lois anti-islam et le discours qui les a motivées ne fait que décomplexer le racisme et l’intolérance.
Carrément injuste Interdiction des absences / congés pour des célébrations religieuses « qui ne figurent pas au calendrier scolaire ». Ici, le gouvernement assume pleinement la discrimination. On peut retourner cette interdiction dans tous les sens, il demeure que les chrétiens auront congé pour leurs fêtes religieuses, mais pas les Juifs, les musulmans ou les Sikhs. Au nom de la tradition, évidemment. Mais quelle tradition? À part les chrétiens pratiquants, qui célèbre encore l’Action de Grâce? Si on agissait vraiment pour l’égalité, on arrêterait de s’aligner sur le calendrier de l’Église. On remplacerait Noël par la fête du solstice d’hiver et on déplacerait le congé férié le 21 décembre. Voilà, Noël laïque. On remplacerait Pâques par la fête du chocolat et on la tiendrait chaque année à la même date. Voilà, Pâques laïque.
Bref, il y aurait eu 1000 façons d’obtenir le résultat voulu sans faire une loi visant directement les religions minoritaires et les musulmanes en particulier. L’objectif du gouvernement n’est pas d’affirmer la neutralité religieuse, mais d’effacer la religion minoritaire la plus visible et de flatter sa base habitée par une crainte profonde de l’islam.
C’est ainsi qu’au Québec, on considère qu’un concierge qui lave le plancher d’une école en portant un turban remet en question la séparation entre la religion et l’État, mais pas un conseiller municipal qui se dit fièrement dévoué à son église. Ne cherchez pas la logique ici, il y a longtemps qu’elle a déserté ce gouvernement.
Jeudi dernier, l’Assemblée nationale du Québec adoptait la loi 94 afin de “renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation”. Trois jours plus tard, les électeurs de Saint-Léonard-Ouest élisaient Mauro Barone, qui se présente ouvertement comme un catholique romain dévoué à son église. Je n’ai entendu personne réagir. Imaginez qu’un conseiller municipal se présente comme un musulman dévoué à sa mosquée. Si on avait besoin d’une nouvelle preuve que nos nationaleux soi-disant laïcards se préoccup
Jeudi dernier, l’Assemblée nationale du Québec adoptait la loi 94 afin de “renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation”. Trois jours plus tard, les électeurs de Saint-Léonard-Ouest élisaient Mauro Barone, qui se présente ouvertement comme un catholique romain dévoué à son église. Je n’ai entendu personne réagir. Imaginez qu’un conseiller municipal se présente comme un musulman dévoué à sa mosquée. Si on avait besoin d’une nouvelle preuve que nos nationaleux soi-disant laïcards se préoccupent d’une seule religion, on l’aurait trouvée.
Les dispositions de la loi 94 sont inutiles, inapplicables, nuisibles ou carrément injustes.
Inutile L’obligation d’avoir le visage découvert. Qu’est-ce que ça vient faire dans une loi sur la laïcité? Pourquoi ne pas simplement exiger des élèves qu’ils aient le visage découvert en tout temps? La réponse évidente est que le gouvernement veut flatter sa base électorale. Et pour ça, viser directement l’islam est toujours gagnant. Pour ce qu’on en sait, le nombre d’élèves touchées se compte sur les doigts d’une main. Pourquoi gérer humainement cette situation délicate quand on peut faire une nouvelle loi et se présenter en champion de la “laïcité”? N’aurait-on pas pu confier ces cas aux éducateurs spécialisés ou aux travailleurs sociaux? Pardon, je viens de me souvenir: on ne peut pas. La CAQ a coupé le budget des écoles pour ce genre de ressources inutiles.
Inapplicable Interdiction des menus adaptés aux restrictions religieuses. Comment allez-vous appliquer cette interdiction? Vous allez mariner la salade dans le gras de bacon? Vous allez verser de l’alcool dans le jus de fruit? Voici comment contenter tout le monde en étant laïque: que toutes les cafétérias offrent chaque jour un menu végétarien. De quoi contenter les Juifs, les musulmans et… les végétariens. Mais non, légiférons à grands coups d’interdictions et visons les religions minoritaires, c’est tellement plus rassembleur.
Nuisible On l’a répété plusieurs fois, mais les enseignants de la clique ultraconservatrice de l’école Bedford ne portaient pas de signe religieux. On va pénaliser des personnes qui n’ont jamais eu de comportement problématique. Pourquoi? Dans quel but? Qu’est-ce qu’on espère comme réaction? “Le ministre a interdit le voile pour les éducatrices en service de garde. On va devoir arrêter de séparer les garçons des filles dans nos classes.” Divulgâcheur: Non. Ça ne fonctionne pas comme ça. Les enseignants qui pratiquaient l’intimidation à Bedford étaient déjà au courant que leurs pratiques étaient inacceptables. Ce n’est pas en “envoyant un message” qu’on règle une situation comme celle-là.
En pleine pénurie de personnelle, la ministre Sonia Lebel juge que le moment est bien choisi pour ajouter un obstacle à l’embauche. Les parents de l’île de Montréal vont devoir prévoir des changements à leur horaire parce que les services de garde vont sans doute devoir diminuer leur capacité d’accueil.
“Oui mais il y aura une clause de droits acquis pour les employées qui sont déjà en place.” Les éducatrices font déjà un travail difficile, ingrat et peu reconnu. Avec sa loi, le gouvernement leur envoie le message qu’elles sont des indésirables. Qu’elles sont de mauvaises citoyennes. Qu’on aimerait bien les remplacer par d’autres éducatrices si on le pouvait. D’ailleurs, on le fera peut-être lorsque se produira une nouvelle controverse qui donnera envie au gouvernement d’être encore plus strict en matière de “laïcité”, par exemple en abolissant la clause de droits acquis. À la place des éducatrices, auriez-vous envie de conserver votre emploi?
Et tout ça pour quoi? La recherche a déjà démontré que la loi 21, loin de favoriser le vivre-ensemble, n’était parvenue qu’à décomplexer le racisme avec lequel doivent vivre les enseignantes portant le voile et de façon plus générale les mères et les élèves musulmanes. Shophika Vaithyanathasarma écrivait dans sa chronique de lundi: “Des enseignantes me parlent de sorties avec leurs élèves portant le voile qui tournent mal. Menaces, insultes, regards lourds pour ces élèves. C’est ça, la réalité.” Ces lois anti-islam et le discours qui les a motivées ne fait que décomplexer le racisme et l’intolérance.
Carrément injuste Interdiction des absences / congés pour des célébrations religieuses “qui ne figurent pas au calendrier scolaire”. Ici, le gouvernement assume pleinement la discrimination. On peut retourner cette interdiction dans tous les sens, il demeure que les chrétiens auront congé pour leurs fêtes religieuses, mais pas les Juifs, les musulmans ou les Sikhs. Au nom de la tradition, évidemment. Mais quelle tradition? À part les chrétiens pratiquants, qui célèbre encore l’Action de Grâce? Si on agissait vraiment pour l’égalité, on arrêterait de s’aligner sur le calendrier de l’Église. On remplacerait Noël par la fête du solstice d’hiver et on déplacerait le congé férié le 21 décembre. Voilà, Noël laïque. On remplacerait Pâques par la fête du chocolat et on la tiendrait chaque année à la même date. Voilà, Pâques laïque.
Bref, il y aurait eu 1000 façons d’obtenir le résultat voulu sans faire une loi visant directement les religions minoritaires et les musulmanes en particulier. L’objectif du gouvernement n’est pas d’affirmer la neutralité religieuse, mais d’effacer la religion minoritaire la plus visible et de flatter sa base habitée par une crainte profonde de l’islam.
C’est ainsi qu’au Québec, on considère qu’un concierge qui lave le plancher d’une école en portant un turban remet en question la séparation entre la religion et l’État, mais pas un conseiller municipal qui se dit fièrement dévoué à son église. Ne cherchez pas la logique ici, il y a longtemps qu’elle a déserté ce gouvernement.
« Pour moi, le projet de pays, si c’est pour répéter le même colonialisme, le même capitalisme sauvage qui exclut du monde… Quand je parle de colonialisme, vous m’entendez, je parle des Premières Nations, mais je parle aussi des nouveaux arrivants. Si c’est pour répéter ça, je vais me poser un certain nombre de questions. »– Manon Massé en entrevue avec Patrice Roy, 28 octobre 2025
La gauche souverainiste se fait régulièrement accuser par les péquistes de poser des conditions à l’indépendance
« Pour moi, le projet de pays, si c’est pour répéter le même colonialisme, le même capitalisme sauvage qui exclut du monde… Quand je parle de colonialisme, vous m’entendez, je parle des Premières Nations, mais je parle aussi des nouveaux arrivants. Si c’est pour répéter ça, je vais me poser un certain nombre de questions. » – Manon Massé en entrevue avec Patrice Roy, 28 octobre 2025
La gauche souverainiste se fait régulièrement accuser par les péquistes de poser des conditions à l’indépendance. Paul St-Pierre Plamondon répétait ce discours en entrevue avec le Devoir lundi. Il mentionnait Françoise David qui selon lui réclamait un pays socialiste. Mercredi dernier, Alex Boissonneault publiait une vidéo pour répondre à Manon Massé dans laquelle il nous disait: « L’indépendance, c’est un projet qui est rassembleur. C’est un progrès en soi, c’est une fin en soi. »
L’indépendance est un projet rassembleur, mais il y a longtemps que le Parti québécois a cessé de l’être. Sous Lucien Bouchard, la souveraineté est devenue la carotte qu’on agite au bout du nez des électeurs pour leur faire accepter un projet de société de centre-droit, où on vise le déficit zéro en coupant dans les services à la population tout en accordant des baisses d’impôts aux entreprises et aux gens qui n’en ont pas besoin. Sous Pauline Marois, une fracture s’est opérée entre les « bons » Québécois et les autres, qui ne respectent pas les « valeurs québécoises », par exemple en portant un hidjab.
Paul St-Pierre Plamondon a poursuivi cette politique de division en multipliant les épouvantails. Les personnes se trouvant à sa gauche, y compris des vétérans péquistes, sont désormais classées au sein de la « gauche radicale ». Les personnes non-binaires sont désignées comme « idéologie » et considérées comme une menace qui infiltre nos écoles et qui déforme notre langue. Les universitaires qui ne confirment pas les thèses du chef péquiste sont qualifiés d’idéologues. L’immigration est pointée du doigt comme cause universelle des problèmes du Québec. Et les péespépistes auront beau répétéer ad nauseam que « ce ne sont pas les immigrants qui sont visés, mais les politiques d’immigration », il reste qu’on retrouve au sein des militants un racisme que ce discours a contribué à décomplexer. On attend encore que M. Plamondon condamne le mouvement d’extrême droite Nouvelle Alliance.
« Mais le Parti québécois, ce n’est pas l’indépendance! » Qu’on le veuille ou non, le Parti québécois est le visage du projet aux yeux d’une majorité d’électeurs. Je ne compte plus les gens qui m’ont dit « J’ai voté OUI en 1995, mais je ne me reconnais pas dans la vision de Plamondon. »
Si le Parti québécois voulait réellement l’indépendance avant tout, il ne défendrait pas des positions qui donnent l’impression que le pays du Québec ne sera pas pour tout le monde. Il ne subordonnerait pas le projet indépendantiste à la chasse aux voiles ou à la lutte aux pronoms non-binaires. Il chercherait à rassembler plutôt qu’à soustraire.
Toute la gymnastique intellectuelle des péespépistes pour présenter leur programme comme ouvert et inclusif ne change rien à la perception qu’en a une bonne partie de l’électorat. Les sondages sont éloquents. En 2022, 90% des électeurs péquistes étaient indépendantistes. Depuis, les appuis au PQ ont presque triplé, mais la proportion d’indépendantistes a chuté aux deux tiers. En 2023, les appuis à l’indépendance tournaient autour de 40-45%. En 2025, tous les sondages sauf un donnent moins de 40% d’électeurs favorables à l’indépendance. Plamondon a fait le plein d’électeurs conservateurs qui veulent se débarrasser de la CAQ, mais il ne les a pas convaincus d’embarquer dans le train du pays. Le nationalisme conservateur fait gagner des élections, mais il ne rend pas indépendantiste. Au contraire, il pousse des gens hors du mouvement.
Les péquistes demandent qu’on vote pour le Parti québécois en disant qu’on doit commencer par faire le pays et qu’ensuite on décidera ce que le pays sera. C’est beau en théorie. En pratique, le référendum ne se fera pas au lendemain de l’élection. En entrevue avec le Devoir, PSPP était incapable de dire si le référendum aurait lieu au début de la première année ou à la fin de la quatrième. Ça signifie que si je vote pour le PQ, je ne vote pas uniquement pour l’indépendance. Je vote pour tout un programme. Dans mon cas, c’est un programme auquel je ne m’identifie pas du tout. Je ne suis pas prêt à signer un chèque en blanc.
Il n’y a évidemment aucune garantie que le référendum sera gagnant. En cas de défaite référendaire, les sacrifices auront été en vain et il sera trop tard pour revenir en arrière.
« On va faire l’indépendance et ensuite on décidera de ce qu’on veut comme pays! » Pour une personne comme moi, c’est intéressant. Je fais partie de la majorité. Je n’ai rien à craindre. Pour les minorités, c’est moins invitant. Pourquoi abandonneraient-elles volontairement les protections garanties par la Charte canadienne des droits et libertés sans savoir si leurs droits seraient garantis dans un Québec pays? On leur demande de faire un saut dans le vide sans même leur promettre qu’on va les attraper.
Certains péquistes sont sincères lorsqu’ils demandent de mettre tous les enjeux de côté au profit de l’indépendance. Ils sont prêts à avaler toutes les couleuvres que leur présente PSPP du moment qu’elles sont enrobées dans un beau glaçage bleu et blanc. D’autres le sont moins. Ils adhèrent au péespépisme, mais ils tentent de nous convaincre que tous les enjeux sont secondaires même si eux ne démordent pas. J’ai discuté plusieurs fois avec eux. Les échanges ressemblent à ça: Péespépiste: C’est l’indépendance qui compte, on réglera les autres enjeux après. Moi: Très bien, donc vous allez arrêter de parler contre la théorie du genre, les pronoms non-binaires, les toilettes mixtes…? Péespépiste: Hey on peut-tu s’entendre qu’il y a juste deux sexes puis lâcher vos conneries wokes? Bref, sous le couvert de prioriser l’indépendance, on voudrait nous faire accepter un menu indigeste qui n’a rien à voir avec la cause qu’on prétend défendre.
Je ne fais pas partie des groupes qui ont le plus à craindre d’un gouvernement péquiste. J’ai beau être un idéologue woke, je n’ai pas l’intention de céder aux pressions d’un gouvernement qui prétendrait me dicter ce que je peux enseigner ou non dans mes cours à l’université. Je ne suis pas musulman, encore moins une employée de l’État portant le hidjab. Je ne suis pas issu de l’immigration. Je ne fais pas partie des minorités de genre. Ce ne sont pas mes droits ou mon identité qui sont menacés par le conservatisme national du Parti québécois. Ce n’est pas moi qui suis de plus en plus marginalisé par un discours qui se déplace toujours un peu plus à droite. Voilà pourquoi je n’accepterai jamais de faire un « compromis ». Je suis prêt à sacrifier mon propre confort pour l’indépendance, mais je ne sacrifierai pas les personnes pour qui je lutte. Mon engagement envers l’indépendance du Québec vient après mon engagement envers l’égalité.
« Si tu poses des conditions à l’indépendance, tu n’es pas un vrai indépendantiste! » Je m’en contrefous.
“Pour moi, le projet de pays, si c’est pour répéter le même colonialisme, le même capitalisme sauvage qui exclut du monde… Quand je parle de colonialisme, vous m’entendez, je parle des Premières Nations, mais je parle aussi des nouveaux arrivants. Si c’est pour répéter ça, je vais me poser un certain nombre de questions.”– Manon Massé en entrevue avec Patrice Roy, 28 octobre 2025
La gauche souverainiste se fait régulièrement accuser par les péquistes de poser des conditions à l’indépendance.
“Pour moi, le projet de pays, si c’est pour répéter le même colonialisme, le même capitalisme sauvage qui exclut du monde… Quand je parle de colonialisme, vous m’entendez, je parle des Premières Nations, mais je parle aussi des nouveaux arrivants. Si c’est pour répéter ça, je vais me poser un certain nombre de questions.” – Manon Massé en entrevue avec Patrice Roy, 28 octobre 2025
La gauche souverainiste se fait régulièrement accuser par les péquistes de poser des conditions à l’indépendance. Paul St-Pierre Plamondon répétait ce discours en entrevue avec le Devoir lundi. Il mentionnait Françoise David qui selon lui réclamait un pays socialiste. Mercredi dernier, Alex Boissonneault publiait une vidéo pour répondre à Manon Massé dans laquelle il nous disait: “L’indépendance, c’est un projet qui est rassembleur. C’est un progrès en soi, c’est une fin en soi.”
L’indépendance est un projet rassembleur, mais il y a longtemps que le Parti québécois a cessé de l’être. Sous Lucien Bouchard, la souveraineté est devenue la carotte qu’on agite au bout du nez des électeurs pour leur faire accepter un projet de société de centre-droit, où on vise le déficit zéro en coupant dans les services à la population tout en accordant des baisses d’impôts aux entreprises et aux gens qui n’en ont pas besoin. Sous Pauline Marois, une fracture s’est opérée entre les “bons” Québécois et les autres, qui ne respectent pas les “valeurs québécoises”, par exemple en portant un hidjab.
Paul St-Pierre Plamondon a poursuivi cette politique de division en multipliant les épouvantails. Les personnes se trouvant à sa gauche, y compris des vétérans péquistes, sont désormais classées au sein de la “gauche radicale”. Les personnes non-binaires sont désignées comme “idéologie” et considérées comme une menace qui infiltre nos écoles et qui déforme notre langue. Les universitaires qui ne confirment pas les thèses du chef péquiste sont qualifiés d’idéologues. L’immigration est pointée du doigt comme cause universelle des problèmes du Québec. Et les péespépistes auront beau répétéer ad nauseam que “ce ne sont pas les immigrants qui sont visés, mais les politiques d’immigration”, il reste qu’on retrouve au sein des militants un racisme que ce discours a contribué à décomplexer. On attend encore que M. Plamondon condamne le mouvement d’extrême droite Nouvelle Alliance.
“Mais le Parti québécois, ce n’est pas l’indépendance!” Qu’on le veuille ou non, le Parti québécois est le visage du projet aux yeux d’une majorité d’électeurs. Je ne compte plus les gens qui m’ont dit “J’ai voté OUI en 1995, mais je ne me reconnais pas dans la vision de Plamondon.”
Si le Parti québécois voulait réellement l’indépendance avant tout, il ne défendrait pas des positions qui donnent l’impression que le pays du Québec ne sera pas pour tout le monde. Il ne subordonnerait pas le projet indépendantiste à la chasse aux voiles ou à la lutte aux pronoms non-binaires. Il chercherait à rassembler plutôt qu’à soustraire.
Toute la gymnastique intellectuelle des péespépistes pour présenter leur programme comme ouvert et inclusif ne change rien à la perception qu’en a une bonne partie de l’électorat. Les sondages sont éloquents. En 2022, 90% des électeurs péquistes étaient indépendantistes. Depuis, les appuis au PQ ont presque triplé, mais la proportion d’indépendantistes a chuté aux deux tiers. En 2023, les appuis à l’indépendance tournaient autour de 40-45%. En 2025, tous les sondages sauf un donnent moins de 40% d’électeurs favorables à l’indépendance. Plamondon a fait le plein d’électeurs conservateurs qui veulent se débarrasser de la CAQ, mais il ne les a pas convaincus d’embarquer dans le train du pays. Le nationalisme conservateur fait gagner des élections, mais il ne rend pas indépendantiste. Au contraire, il pousse des gens hors du mouvement.
Les péquistes demandent qu’on vote pour le Parti québécois en disant qu’on doit commencer par faire le pays et qu’ensuite on décidera ce que le pays sera. C’est beau en théorie. En pratique, le référendum ne se fera pas au lendemain de l’élection. En entrevue avec le Devoir, PSPP était incapable de dire si le référendum aurait lieu au début de la première année ou à la fin de la quatrième. Ça signifie que si je vote pour le PQ, je ne vote pas uniquement pour l’indépendance. Je vote pour tout un programme. Dans mon cas, c’est un programme auquel je ne m’identifie pas du tout. Je ne suis pas prêt à signer un chèque en blanc.
Il n’y a évidemment aucune garantie que le référendum sera gagnant. En cas de défaite référendaire, les sacrifices auront été en vain et il sera trop tard pour revenir en arrière.
“On va faire l’indépendance et ensuite on décidera de ce qu’on veut comme pays!” Pour une personne comme moi, c’est intéressant. Je fais partie de la majorité. Je n’ai rien à craindre. Pour les minorités, c’est moins invitant. Pourquoi abandonneraient-elles volontairement les protections garanties par la Charte canadienne des droits et libertés sans savoir si leurs droits seraient garantis dans un Québec pays? On leur demande de faire un saut dans le vide sans même leur promettre qu’on va les attraper.
Certains péquistes sont sincères lorsqu’ils demandent de mettre tous les enjeux de côté au profit de l’indépendance. Ils sont prêts à avaler toutes les couleuvres que leur présente PSPP du moment qu’elles sont enrobées dans un beau glaçage bleu et blanc. D’autres le sont moins. Ils adhèrent au péespépisme, mais ils tentent de nous convaincre que tous les enjeux sont secondaires même si eux ne démordent pas. J’ai discuté plusieurs fois avec eux. Les échanges ressemblent à ça: Péespépiste: C’est l’indépendance qui compte, on réglera les autres enjeux après. Moi: Très bien, donc vous allez arrêter de parler contre la théorie du genre, les pronoms non-binaires, les toilettes mixtes…? Péespépiste: Hey on peut-tu s’entendre qu’il y a juste deux sexes puis lâcher vos conneries wokes? Bref, sous le couvert de prioriser l’indépendance, on voudrait nous faire accepter un menu indigeste qui n’a rien à voir avec la cause qu’on prétend défendre.
Je ne fais pas partie des groupes qui ont le plus à craindre d’un gouvernement péquiste. J’ai beau être un idéologue woke, je n’ai pas l’intention de céder aux pressions d’un gouvernement qui prétendrait me dicter ce que je peux enseigner ou non dans mes cours à l’université. Je ne suis pas musulman, encore moins une employée de l’État portant le hidjab. Je ne suis pas issu de l’immigration. Je ne fais pas partie des minorités de genre. Ce ne sont pas mes droits ou mon identité qui sont menacés par le conservatisme national du Parti québécois. Ce n’est pas moi qui suis de plus en plus marginalisé par un discours qui se déplace toujours un peu plus à droite. Voilà pourquoi je n’accepterai jamais de faire un “compromis”. Je suis prêt à sacrifier mon propre confort pour l’indépendance, mais je ne sacrifierai pas les personnes pour qui je lutte. Mon engagement envers l’indépendance du Québec vient après mon engagement envers l’égalité.
“Si tu poses des conditions à l’indépendance, tu n’es pas un vrai indépendantiste!” Je m’en contrefous.
En 2016, la CAQ réclamait la fin de l’incorporation des médecins. Une mesure qui devait faire économiser 150 millions de dollars à l’État (donc probablement 200 millions en 2025). En 2025, la CAQ vote une loi spéciale pour modifier la rémunération des médecins… sans toucher à l’incorporation. Il faudrait en parler.
C’est le Dr Philippe Couillard, lui-même médecin spécialiste, qui a instauré l’incorporation des médecins en 2007. Ils avaient déjà tous les avantages reliés au statut de trava
En 2016, la CAQ réclamait la fin de l’incorporation des médecins. Une mesure qui devait faire économiser 150 millions de dollars à l’État (donc probablement 200 millions en 2025). En 2025, la CAQ vote une loi spéciale pour modifier la rémunération des médecins… sans toucher à l’incorporation. Il faudrait en parler.
C’est le Dr Philippe Couillard, lui-même médecin spécialiste, qui a instauré l’incorporation des médecins en 2007. Ils avaient déjà tous les avantages reliés au statut de travailleur autonome sans en subir les risques. Voilà qu’ils obtenaient également les avantages d’une entreprise. La nouveauté semble avoir été attrayante: En 2017, 56% des médecins québécois avaient une entreprise à leur nom, comparativement à 19% des comptables agréés et 18% des avocats.
L’incorporation des médecins ne change rien à la pratique médicale. Le Collège des médecins le reconnaît: « Les avantages de l’exercice de la profession médicale en société sont essentiellement d’ordres fiscaux et organisationnels. » Voyons ce que ça représente pour le médecin et pour l’État.
Fiche de Vincent Oliva M. D. Inc. dans le Registraire des entreprises du Gouvernement du Québec
Étape 1: Le Dr Vincent Oliva s’incorpore sous le nom « Vincent Oliva M. D. Inc. » Étape 2: Plutôt que de se faire payer directement par le gouvernement du Québec, le Dr Oliva passe par l’intermédiaire de son entreprise, qui lui verse un « salaire ». Étape 3: Le Dr Oliva se paie un salaire moins élevé que celui qu’il a effectivement reçu pendant l’année en cours afin de payer moins d’impôts.
Les médecins incorporés sont considérés comme une petite entreprise, dont le taux d’imposition est drastiquement moins élevé que celui des particuliers (en 2016, Radio-Canada relevait que l’incorporation permettait aux médecins de passer d’un taux d’imposition de 48% à 19%). Cette aberration fiscale permet au Dr Oliva de payer relativement peu d’impôts sur un salaire qui doit avoisiner les 700 000$ (les radiologistes avaient une rémunération moyenne de 527 000$ en 2012). Il peut conserver l’excédent jusqu’à sa retraite, voire l’utiliser pour acheter des outils de placement financier ou immobilier. Si le Dr Oliva a un(e) conjoint(e) et des enfants majeurs, il peut en faire les actionnaires de son entreprise et leur verser des dividendes. Si le revenu du conjoint et des enfants est inférieur à celui du Dr Oliva, on sauve encore de l’impôt.
Le taux d’imposition plus bas des entreprises se justifie généralement par le facteur de risque. Or, le risque est inexistant dans ce cas-ci. Il n’y a pas de concurrence dans la santé publique. Le gouvernement du Québec est le seul client des médecins. Par conséquent, il n’y a aucune raison pratique de maintenir l’incorporation des médecins. Tant qu’à sortir l’artillerie lourde, pourquoi la CAQ n’en a pas profité pour reprendre sa propre proposition?
Puisque notre gouvernement aime s’inspirer de la France, comparons avec le cas français. L’incorporation n’offre pas d’avantage fiscal particulier aux médecins français, qui s’incorporent surtout pour avoir une plus grande flexibilité dans l’organisation de leur pratique.
Je rappelle que le Collège des Médecins considère que l’incorporation des médecins présente surtout des avantages fiscaux. Pour illustrer un modèle différent, voici comment France Mutuelle présente la différence entre les médecins salariés et les médecins incorporés (qui constituent à peine 7% des médecins français): « Le salariat attire par sa sécurité, son temps de travail régulier, et son équilibre vie pro/vie perso. Mais la médecine libérale reste essentielle pour garantir une offre de soins de proximité. » Les avantages fiscaux pour les médecins incorporés en France sont à peu près nuls si on les équilibre avec les frais d’opération. L’avantage vient surtout de l’autonomie de la pratique, qui permet notamment une meilleure prise en charge des patients. Rappelons qu’en France, la grande majorité des médecins sont des employés de l’État, contrairement aux médecins québécois qui sont travailleurs autonomes.
Contrairement à la loi actuelle, qui frappe tous les médecins sans distinction, mettre fin à l’incorporation des médecins ciblerait uniquement ceux qui abusent du système. Ce ne sont pas tous les médecins qui sont incorporés et qui utilisent ce stratagème pour payer moins d’impôts. Mais il faut reconnaître que ceux qui le font sont un poids pour les finances publiques.
Si on laisse des privilèges aux médecins parce qu’on craint qu’ils quittent leur profession, on devrait peut-être songer à permettre l’incorporation aux infirmières, aux préposés aux bénéficiaires, aux enseignants et aux éducatrices?
En 2016, la CAQ réclamait la fin de l’incorporation des médecins. Une mesure qui devait faire économiser 150 millions de dollars à l’État (donc probablement 200 millions en 2025). En 2025, la CAQ vote une loi spéciale pour modifier la rémunération des médecins… sans toucher à l’incorporation. Il faudrait en parler.
C’est le Dr Philippe Couillard, lui-même médecin spécialiste, qui a instauré l’incorporation des médecins en 2007. Ils avaient déjà tous les avantages reliés au statut de trava
En 2016, la CAQ réclamait la fin de l’incorporation des médecins. Une mesure qui devait faire économiser 150 millions de dollars à l’État (donc probablement 200 millions en 2025). En 2025, la CAQ vote une loi spéciale pour modifier la rémunération des médecins… sans toucher à l’incorporation. Il faudrait en parler.
C’est le Dr Philippe Couillard, lui-même médecin spécialiste, qui a instauré l’incorporation des médecins en 2007. Ils avaient déjà tous les avantages reliés au statut de travailleur autonome sans en subir les risques. Voilà qu’ils obtenaient également les avantages d’une entreprise. La nouveauté semble avoir été attrayante: En 2017, 56% des médecins québécois avaient une entreprise à leur nom, comparativement à 19% des comptables agréés et 18% des avocats.
L’incorporation des médecins ne change rien à la pratique médicale. Le Collège des médecins le reconnaît: “Les avantages de l’exercice de la profession médicale en société sont essentiellement d’ordres fiscaux et organisationnels.” Voyons ce que ça représente pour le médecin et pour l’État.
Fiche de Vincent Oliva M. D. Inc. dans le Registraire des entreprises du Gouvernement du Québec
Étape 1: Le Dr Vincent Oliva s’incorpore sous le nom “Vincent Oliva M. D. Inc.” Étape 2: Plutôt que de se faire payer directement par le gouvernement du Québec, le Dr Oliva passe par l’intermédiaire de son entreprise, qui lui verse un “salaire”. Étape 3: Le Dr Oliva se paie un salaire moins élevé que celui qu’il a effectivement reçu pendant l’année en cours afin de payer moins d’impôts.
Les médecins incorporés sont considérés comme une petite entreprise, dont le taux d’imposition est drastiquement moins élevé que celui des particuliers (en 2016, Radio-Canada relevait que l’incorporation permettait aux médecins de passer d’un taux d’imposition de 48% à 19%). Cette aberration fiscale permet au Dr Oliva de payer relativement peu d’impôts sur un salaire qui doit avoisiner les 700 000$ (les radiologistes avaient une rémunération moyenne de 527 000$ en 2012). Il peut conserver l’excédent jusqu’à sa retraite, voire l’utiliser pour acheter des outils de placement financier ou immobilier. Si le Dr Oliva a un(e) conjoint(e) et des enfants majeurs, il peut en faire les actionnaires de son entreprise et leur verser des dividendes. Si le revenu du conjoint et des enfants est inférieur à celui du Dr Oliva, on sauve encore de l’impôt.
Le taux d’imposition plus bas des entreprises se justifie généralement par le facteur de risque. Or, le risque est inexistant dans ce cas-ci. Il n’y a pas de concurrence dans la santé publique. Le gouvernement du Québec est le seul client des médecins. Par conséquent, il n’y a aucune raison pratique de maintenir l’incorporation des médecins. Tant qu’à sortir l’artillerie lourde, pourquoi la CAQ n’en a pas profité pour reprendre sa propre proposition?
Puisque notre gouvernement aime s’inspirer de la France, comparons avec le cas français. L’incorporation n’offre pas d’avantage fiscal particulier aux médecins français, qui s’incorporent surtout pour avoir une plus grande flexibilité dans l’organisation de leur pratique.
Je rappelle que le Collège des Médecins considère que l’incorporation des médecins présente surtout des avantages fiscaux. Pour illustrer un modèle différent, voici comment France Mutuelle présente la différence entre les médecins salariés et les médecins incorporés (qui constituent à peine 7% des médecins français): “Le salariat attire par sa sécurité, son temps de travail régulier, et son équilibre vie pro/vie perso. Mais la médecine libérale reste essentielle pour garantir une offre de soins de proximité.” Les avantages fiscaux pour les médecins incorporés en France sont à peu près nuls si on les équilibre avec les frais d’opération. L’avantage vient surtout de l’autonomie de la pratique, qui permet notamment une meilleure prise en charge des patients. Rappelons qu’en France, la grande majorité des médecins sont des employés de l’État, contrairement aux médecins québécois qui sont travailleurs autonomes.
Contrairement à la loi actuelle, qui frappe tous les médecins sans distinction, mettre fin à l’incorporation des médecins ciblerait uniquement ceux qui abusent du système. Ce ne sont pas tous les médecins qui sont incorporés et qui utilisent ce stratagème pour payer moins d’impôts. Mais il faut reconnaître que ceux qui le font sont un poids pour les finances publiques.
Si on laisse des privilèges aux médecins parce qu’on craint qu’ils quittent leur profession, on devrait peut-être songer à permettre l’incorporation aux infirmières, aux préposés aux bénéficiaires, aux enseignants et aux éducatrices?
C’est maintenant officiel: le gouvernement du Québec va interdire le port du voile aux éducatrices dans les CPE. Le ministre Jean-François Roberge s’appuie sur le rapport Pelchat-Rousseau dont j’ai déjà critiqué l’absence de rigueur et de méthodologie. Prétextant vouloir régler un problème qui est en fait inexistant, le gouvernement va ajouter de la pression aux garderies qui manquent déjà de personnel.
Y a-t-il vraiment des gens qui observent nos CPE en ce moment et qui se disent que le
C’est maintenant officiel: le gouvernement du Québec va interdire le port du voile aux éducatrices dans les CPE. Le ministre Jean-François Roberge s’appuie sur le rapport Pelchat-Rousseau dont j’ai déjà critiqué l’absence de rigueur et de méthodologie. Prétextant vouloir régler un problème qui est en fait inexistant, le gouvernement va ajouter de la pression aux garderies qui manquent déjà de personnel.
Y a-t-il vraiment des gens qui observent nos CPE en ce moment et qui se disent que le principal problème est qu’il y a trop de foulards? Je rappelle la situation misérable dans laquelle se trouve le réseau. Les programmes d’éducation à l’enfance sont moins populaires chaque année. Des 82 étudiantes inscrites au Cégep de Ste-Foy en 2021, 13 ont complété leur formation. Moins d’une sur six. Au Cégep de l’Outaouais, c’était 6 sur 40. Au Cégep de Valleyfield, c’était 1 sur 25. 1 sur 25! Il n’y a aucune cohorte cette année au cégep Gérald-Godin, où il n’y a d’ailleurs eu qu’une seule diplômée en 2024. Ce qu’il faut comprendre: les éducatrices qui partiront bientôt à la retraite ne seront pas remplacées.
La solution du gouvernement caquiste: ajoutons des critères d’embauche et empoisonnons la vie de dizaines d’éducatrices qui travaillent présentement dans nos CPE, parfois depuis, 10, 15, 20 ans. « Trahison », c’est le mot qu’emploie l’éducatrice Bahia Oubraham du CPE du Centre-Ville. En 2011, nous étions heureux de l’accueillir en tant qu’immigrante qualifiée pour prendre soin des enfants. En 2025, on la considère comme une indésirable. C’est le message que le gouvernement lui envoie avec ses lois arbitraires.
Je sais qu’on va me répondre que ce ne sont pas les voiles qui sont interdits, mais bien tous les signes religieux. C’est un faux argument. Les enseignants portant une croix, une kippa ou un turban n’ont jamais été une préoccupation. On n’en a littéralement jamais entendu parler. Ce sont les voiles qui ont monopolisé les interventions lors de la commission Bouchard-Taylor, de la commission parlementaire sur la charte des valeurs et de celle sur la loi 21. Les mots « voile » et « voilée » sont employés 25 fois dans le rapport Pelchat-Rousseau. Les autres signes religieux ne sont jamais mentionnés. C’est bien du voile dont il s’agit.
« Oui mais il y a la clause grand-père… » Le mémoire de maîtrise d’Ali Adam explique comment la loi 21 a transformé le quotidien des enseignantes qui bénéficient de la clause grand-père: construction d’une hiérarchie non officielle plaçant les enseignantes voilées au bas de l’échelle, remises en question régulières de leurs capacités d’enseignement par certains collègues, accusations de chercher à endoctriner les élèves… Pour ces enseignantes, la loi 21 est une source de tensions, d’anxiété et de perte de confiance en soi, clause grand-père ou non. La chercheuse Hana Zayani a expliqué quant à elle que la loi 21 a décomplexé le racisme à l’endroit des musulmanes dans le réseau scolaire. Les mères musulmanes racontent comment elles et leurs enfants ont vécu un changement de comportement de la part du personnel scolaire et des autres parents d’élèves. Dans tous les cas, la loi envoie le message aux enseignantes et aux éducatrices portant un voile qu’on préférerait se passer d’elles.
« On leur demande juste d’enlever leur voile… » Ces femmes sont déjà surmenées et sous-payées pour faire un travail que plus personne ne veut faire. Nous devrions être à genoux pour les remercier d’être encore là, pas leur imposer de nouvelles règles complètement arbitraires pour calmer des peurs irrationnelles et flatter notre sentiment de puissance nationale.
« La grande majorité des Québécois sont d’accord… » C’est facile d’être en faveur d’un règlement qui ne nous affectera en rien. La réponse serait différente si les répondants du sondage étaient touchés d’une façon ou d’une autre. Imaginons la question suivante: « Êtes-vous en faveur de l’interdiction du port de signes religieux par les éducatrices en garderie si cette interdiction s’accompagne d’une nouvelle taxe de 5$ par semaine pour financer le réseau des CPE? » Je pense que soudainement on découvrirait que le voile dérange moins qu’on pense.
« Les enfants ont droit à un environnement neutre… » Aucun enfant ne va voir dans le voile une atteinte à sa liberté de conscience à moins qu’on lui dise que c’est ce qu’il doit y voir. Est-ce qu’on imagine vraiment que les éducatrices enseignants aux enfants « Tu vois, je porte un voile pour montrer que je suis inférieure à mon mari. » ? Peut-être que si on arrête de dire aux enfants que le voile est un objet maléfique, il n’aura aucune mauvaise influence sur leur comportement ou leur vision du monde.
« Porter un voile, c’est faire du prosélytisme… » Non. Absolument pas. Même Christiane Pelchat et Guillaume Rousseau, qui ont été payés avec de l’argent public pour monter leur rapport bâclé, ont été incapables de trouver une seule source laissant croire que les éducatrices portent leur voile dans le but d’influencer les enfants. C’est un préjugé qui ne repose sur absolument rien.
Pour couronner le tout, Jean-François Roberge nous dit qu’il s’inspire des mesures qui ont connu du succès ailleurs dans le monde… notamment en France. Quel succès? Depuis quand considère-t-on la France comme un modèle d’intégration et de vivre-ensemble? Ceux qui réclament qu’on s’inspire de la France sont toujours les premiers à pointer ce pays du doigt pour nous parler des dangers de l’islamisme et de la ghettoïsation. Le seul succès des lois interdisant les foulards en France, c’est la satisfaction donnée aux intolérants, qui se félicitent d’affirmer leur domination.
C’est également la seule chose qu’accomplira la CAQ, en plus de peut-être remonter d’un ou deux points dans les sondages. Et ça ne coûtera rien au gouvernement à part une aggravation des problèmes dans les CPE. J’imagine qu’il vaut mieux une garderie fermée qu’une garderie avec des éducatrices voilées.
C’est maintenant officiel: le gouvernement du Québec va interdire le port du voile aux éducatrices dans les CPE. Le ministre Jean-François Roberge s’appuie sur le rapport Pelchat-Rousseau dont j’ai déjà critiqué l’absence de rigueur et de méthodologie. Prétextant vouloir régler un problème qui est en fait inexistant, le gouvernement va ajouter de la pression aux garderies qui manquent déjà de personnel.
Y a-t-il vraiment des gens qui observent nos CPE en ce moment et qui se disent que le
C’est maintenant officiel: le gouvernement du Québec va interdire le port du voile aux éducatrices dans les CPE. Le ministre Jean-François Roberge s’appuie sur le rapport Pelchat-Rousseau dont j’ai déjà critiqué l’absence de rigueur et de méthodologie. Prétextant vouloir régler un problème qui est en fait inexistant, le gouvernement va ajouter de la pression aux garderies qui manquent déjà de personnel.
Y a-t-il vraiment des gens qui observent nos CPE en ce moment et qui se disent que le principal problème est qu’il y a trop de foulards? Je rappelle la situation misérable dans laquelle se trouve le réseau. Les programmes d’éducation à l’enfance sont moins populaires chaque année. Des 82 étudiantes inscrites au Cégep de Ste-Foy en 2021, 13 ont complété leur formation. Moins d’une sur six. Au Cégep de l’Outaouais, c’était 6 sur 40. Au Cégep de Valleyfield, c’était 1 sur 25. 1 sur 25! Il n’y a aucune cohorte cette année au cégep Gérald-Godin, où il n’y a d’ailleurs eu qu’une seule diplômée en 2024. Ce qu’il faut comprendre: les éducatrices qui partiront bientôt à la retraite ne seront pas remplacées.
La solution du gouvernement caquiste: ajoutons des critères d’embauche et empoisonnons la vie de dizaines d’éducatrices qui travaillent présentement dans nos CPE, parfois depuis, 10, 15, 20 ans. “Trahison”, c’est le mot qu’emploie l’éducatrice Bahia Oubraham du CPE du Centre-Ville. En 2011, nous étions heureux de l’accueillir en tant qu’immigrante qualifiée pour prendre soin des enfants. En 2025, on la considère comme une indésirable. C’est le message que le gouvernement lui envoie avec ses lois arbitraires.
Je sais qu’on va me répondre que ce ne sont pas les voiles qui sont interdits, mais bien tous les signes religieux. C’est un faux argument. Les enseignants portant une croix, une kippa ou un turban n’ont jamais été une préoccupation. On n’en a littéralement jamais entendu parler. Ce sont les voiles qui ont monopolisé les interventions lors de la commission Bouchard-Taylor, de la commission parlementaire sur la charte des valeurs et de celle sur la loi 21. Les mots “voile” et “voilée” sont employés 25 fois dans le rapport Pelchat-Rousseau. Les autres signes religieux ne sont jamais mentionnés. C’est bien du voile dont il s’agit.
“Oui mais il y a la clause grand-père…” Le mémoire de maîtrise d’Ali Adam explique comment la loi 21 a transformé le quotidien des enseignantes qui bénéficient de la clause grand-père: construction d’une hiérarchie non officielle plaçant les enseignantes voilées au bas de l’échelle, remises en question régulières de leurs capacités d’enseignement par certains collègues, accusations de chercher à endoctriner les élèves… Pour ces enseignantes, la loi 21 est une source de tensions, d’anxiété et de perte de confiance en soi, clause grand-père ou non. La chercheuse Hana Zayani a expliqué quant à elle que la loi 21 a décomplexé le racisme à l’endroit des musulmanes dans le réseau scolaire. Les mères musulmanes racontent comment elles et leurs enfants ont vécu un changement de comportement de la part du personnel scolaire et des autres parents d’élèves. Dans tous les cas, la loi envoie le message aux enseignantes et aux éducatrices portant un voile qu’on préférerait se passer d’elles.
“On leur demande juste d’enlever leur voile…” Ces femmes sont déjà surmenées et sous-payées pour faire un travail que plus personne ne veut faire. Nous devrions être à genoux pour les remercier d’être encore là, pas leur imposer de nouvelles règles complètement arbitraires pour calmer des peurs irrationnelles et flatter notre sentiment de puissance nationale.
“La grande majorité des Québécois sont d’accord…” C’est facile d’être en faveur d’un règlement qui ne nous affectera en rien. La réponse serait différente si les répondants du sondage étaient touchés d’une façon ou d’une autre. Imaginons la question suivante: “Êtes-vous en faveur de l’interdiction du port de signes religieux par les éducatrices en garderie si cette interdiction s’accompagne d’une nouvelle taxe de 5$ par semaine pour financer le réseau des CPE?” Je pense que soudainement on découvrirait que le voile dérange moins qu’on pense.
“Les enfants ont droit à un environnement neutre…” Aucun enfant ne va voir dans le voile une atteinte à sa liberté de conscience à moins qu’on lui dise que c’est ce qu’il doit y voir. Est-ce qu’on imagine vraiment que les éducatrices enseignants aux enfants “Tu vois, je porte un voile pour montrer que je suis inférieure à mon mari.” ? Peut-être que si on arrête de dire aux enfants que le voile est un objet maléfique, il n’aura aucune mauvaise influence sur leur comportement ou leur vision du monde.
“Porter un voile, c’est faire du prosélytisme…” Non. Absolument pas. Même Christiane Pelchat et Guillaume Rousseau, qui ont été payés avec de l’argent public pour monter leur rapport bâclé, ont été incapables de trouver une seule source laissant croire que les éducatrices portent leur voile dans le but d’influencer les enfants. C’est un préjugé qui ne repose sur absolument rien.
Pour couronner le tout, Jean-François Roberge nous dit qu’il s’inspire des mesures qui ont connu du succès ailleurs dans le monde… notamment en France. Quel succès? Depuis quand considère-t-on la France comme un modèle d’intégration et de vivre-ensemble? Ceux qui réclament qu’on s’inspire de la France sont toujours les premiers à pointer ce pays du doigt pour nous parler des dangers de l’islamisme et de la ghettoïsation. Le seul succès des lois interdisant les foulards en France, c’est la satisfaction donnée aux intolérants, qui se félicitent d’affirmer leur domination.
C’est également la seule chose qu’accomplira la CAQ, en plus de peut-être remonter d’un ou deux points dans les sondages. Et ça ne coûtera rien au gouvernement à part une aggravation des problèmes dans les CPE. J’imagine qu’il vaut mieux une garderie fermée qu’une garderie avec des éducatrices voilées.
Pour régler la crise du logement, le ministre Lionel Carmant recommande la construction de logements modulaires. C’est une solution de plus en plus populaire à Gatineau, à Québec et à Montréal notamment. M. Carmant explique que la construction de refuges n’est pas un remède à l’itinérance. Il a entre autres participé financièrement au projet Village Transition de la compagnie Devcore. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, un logement modulaire?
Selon la définition traditionnelle, les logements
Pour régler la crise du logement, le ministre Lionel Carmant recommande la construction de logements modulaires. C’est une solution de plus en plus populaire à Gatineau, à Québec et à Montréal notamment. M. Carmant explique que la construction de refuges n’est pas un remède à l’itinérance. Il a entre autres participé financièrement au projet Village Transition de la compagnie Devcore. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, un logement modulaire?
Selon la définition traditionnelle, les logements modulaires sont des petits logements fabriqués en usine et transportés par camion. Implantés dans plusieurs pays européens depuis les années 1960, ils ont évolué de façon à devenir plus spacieux et plus confortables de façon à ce qu’on puisse en faire des logements permanents. Dans le contexte québécois actuel, un logement modulaire, c’est un conteneur maritime ou une unité de chantier convertie en habitation.
Photo provenant d’une publication Facebook de la page Transitiôn, 17 octobre 2024
Comme solution temporaire à la crise de l’itinérance, c’est très bien. Mais soyons honnêtes : personne n’a envie de vivre dans un conteneur. C’est certainement mieux que de mourir de froid dans la rue, mais ça reste une solution humiliante. Il faut donc s’inquiéter de la possibilité que cette “solution” perdure dans le temps.
À l’automne 2023, Jean-Pierre Poulin, le président et fondateur de Devcore, annonçait la formation d’une coalition de gens d’affaires pour venir en aide aux itinérants qui vivaient dans des tentes à Gatineau. M. Poulin et ses amis riches ont rassemblé environ 250 000$ pour chauffer les tentes pendant l’hiver. Le geste a été généralement bien accueilli, tant par les bénéficiaires que par les autorités. M. Poulin a alors déclaré que son implication ne serait pas que temporaire. Qu’il y aurait une phase 2: le développement d’un quartier de logements modulaires appelé Village Transition. Le projet, qui devait être une solution temporaire à la crise du logement, est devenu permanent. La ville de Gatineau a prêté un terrain pour 3 ans, puis pour 10 ans avec possibilité de renouvellement. Autrement dit, la Ville profite de cette initiative privée pour se désinvestir de la lutte à l’itinérance et à la crise du logement.
Devcore est une grosse entreprise dont la valeur du parc locatif de quelques 3000 unités de logement est estimée à 500 millions de dollars. Cette entreprise fait partie des causes et des bénéficiaires de la crise du logement. Elle possède notamment 22% du parc immobilier locatif à Sept-Îles, où les loyers ont augmenté de 31% depuis son arrivée.
Le milieu communautaire réclame depuis des années du financement et la construction de logements sociaux. Les deux demandes n’ont jamais été entendues. C’est dans ce contexte qu’arrive le privé avec ses gros sabots.
Officiellement, le projet Transition Québec est un OSBL, ce qui lui permet d’être financé à la fois par le privé, qui profite de déductions d’impôts, et par le public, qui accorde à Transition Québec une partie du budget consacré à la lutte à l’itinérance. Dans les faits, le projet de Village Transition n’est pas un OSBL. Il est financé par des donateurs privés à qui Devcore promet un rendement de 6%. Autrement dit, on offre aux investisseurs de s’enrichir grâce à l’itinérance. Et le tout en profitant triplement des fonds publics: déductions d’impôts pour les financiers du projet, aide financière de l’État et un montant équivalent à 25-30% du chèque d’aide sociale des locataires. Lionel Carmant a contribué financièrement au projet de Devcore avec son budget discrétionnaire de ministre. La Ville de Gatineau a annoncé une contribution de 1.5 millions à l’automne 2024. Pendant ce temps, les organismes communautaires se voient refuser leurs demandes d’augmentation de financement année après année.
Village Transition ne s’adresse pas aux clientèles les plus défavorisées. Devcore impose un code de vie strict, la participation aux tâches communes et l’engagement dans des démarches de réinsertion sociale. Les personnes avec des problèmes de consommation, des troubles de santé mentale ou qui sont simplement incapables de suivre une routine stricte n’y sont pas les bienvenues. Une autre étape franchie dans leur marginalisation: on les refuse même dans les endroits censés les accueillir. Quant aux locataires, ils doivent tolérer les inspections intrusives de l’entreprise. Le 18 janvier 2025, donc en plein hiver, un résident a été expulsé après s’être fait reprocher l’entretien insatisfaisant de son unité. Et les relations publiques voudraient nous faire croire que ce projet est né de la compassion et de l’empathie.
Le Réseau québécois des OSBL d’habitation a relevé de nombreuses infractions à la réglementation. Entre autres, la clôture anti-escalade de plus de 2 mètres contrevient au règlement de zonage qui limite normalement les clôtures à 1.2 mètres. De l’extérieur, on croirait à un camp de concentration davantage qu’à un parc résidentiel.
Devcore profite pleinement du flou juridique qui entoure son projet. Les conteneurs ne sont pas des logements au sens de la loi. Il n’y a pas de relation légale entre propriétaire et locataire. C’est un espace “quasi public”. Le terrain est public, mais l’OSBL est libre de le gérer à sa guise. Ça signifie que les locataires n’ont aucun recours contre l’expulsion, ni contre les abus du propriétaire.
Plus tôt cette semaine, je vous parlais du cas autrichien, qui montrait qu’on pouvait empêcher une pénurie de logements abordables en retirant un maximum de logements du marché, ce qui renforce la concurrence et équilibre les prix. Au Québec, on suit le chemin inverse. Plutôt que de concurrencer le privé, on place même les refuges sur le marché. Pourquoi les gros propriétaires comme Devcore ne pourraient pas réaliser un profit même avec l’itinérance?
À court terme, l’implication du privé dans la gestion de l’itinérance peut sembler répondre à un besoin urgent. À moyen terme, elle encourage le désinvestissement du secteur public, qui peut de cette façon se débarrasser d’un fardeau à son budget. À long terme, l’aide sociale se privatise, réduisant une partie de la population défavorisée dans une nouvelle forme de dépendance et une autre partie dans une misère encore plus abjecte qu’avant. Tout ça au nom de la saine gestion des finances publiques et du droit des riches de s’enrichir toujours plus. Pas étonnant que Lionel Carmant et la CAQ applaudissent.
Merci à Marie-Elaine Guay de m’avoir appris l’existence du Village Transition dans son balado le Temps des Monstres. Merci à Dahlia Namian, Sara Lambert et Emmanuelle Bernheim pour l’article qu’elles ont consacré au sujet.
Pour régler la crise du logement, le ministre Lionel Carmant recommande la construction de logements modulaires. C’est une solution de plus en plus populaire à Gatineau, à Québec et à Montréal notamment. M. Carmant explique que la construction de refuges n’est pas un remède à l’itinérance. Il a entre autres participé financièrement au projet Village Transition de la compagnie Devcore. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, un logement modulaire?
Selon la définition traditionnelle, les logements
Pour régler la crise du logement, le ministre Lionel Carmant recommande la construction de logements modulaires. C’est une solution de plus en plus populaire à Gatineau, à Québec et à Montréal notamment. M. Carmant explique que la construction de refuges n’est pas un remède à l’itinérance. Il a entre autres participé financièrement au projet Village Transition de la compagnie Devcore. Mais qu’est-ce que c’est, au juste, un logement modulaire?
Selon la définition traditionnelle, les logements modulaires sont des petits logements fabriqués en usine et transportés par camion. Implantés dans plusieurs pays européens depuis les années 1960, ils ont évolué de façon à devenir plus spacieux et plus confortables de façon à ce qu’on puisse en faire des logements permanents. Dans le contexte québécois actuel, un logement modulaire, c’est un conteneur maritime ou une unité de chantier convertie en habitation.
Photo provenant d’une publication Facebook de la page Transitiôn, 17 octobre 2024
Comme solution temporaire à la crise de l’itinérance, c’est très bien. Mais soyons honnêtes : personne n’a envie de vivre dans un conteneur. C’est certainement mieux que de mourir de froid dans la rue, mais ça reste une solution humiliante. Il faut donc s’inquiéter de la possibilité que cette « solution » perdure dans le temps.
À l’automne 2023, Jean-Pierre Poulin, le président et fondateur de Devcore, annonçait la formation d’une coalition de gens d’affaires pour venir en aide aux itinérants qui vivaient dans des tentes à Gatineau. M. Poulin et ses amis riches ont rassemblé environ 250 000$ pour chauffer les tentes pendant l’hiver. Le geste a été généralement bien accueilli, tant par les bénéficiaires que par les autorités. M. Poulin a alors déclaré que son implication ne serait pas que temporaire. Qu’il y aurait une phase 2: le développement d’un quartier de logements modulaires appelé Village Transition. Le projet, qui devait être une solution temporaire à la crise du logement, est devenu permanent. La ville de Gatineau a prêté un terrain pour 3 ans, puis pour 10 ans avec possibilité de renouvellement. Autrement dit, la Ville profite de cette initiative privée pour se désinvestir de la lutte à l’itinérance et à la crise du logement.
Devcore est une grosse entreprise dont la valeur du parc locatif de quelques 3000 unités de logement est estimée à 500 millions de dollars. Cette entreprise fait partie des causes et des bénéficiaires de la crise du logement. Elle possède notamment 22% du parc immobilier locatif à Sept-Îles, où les loyers ont augmenté de 31% depuis son arrivée.
Le milieu communautaire réclame depuis des années du financement et la construction de logements sociaux. Les deux demandes n’ont jamais été entendues. C’est dans ce contexte qu’arrive le privé avec ses gros sabots.
Officiellement, le projet Transition Québec est un OSBL, ce qui lui permet d’être financé à la fois par le privé, qui profite de déductions d’impôts, et par le public, qui accorde à Transition Québec une partie du budget consacré à la lutte à l’itinérance. Dans les faits, le projet de Village Transition n’est pas un OSBL. Il est financé par des donateurs privés à qui Devcore promet un rendement de 6%. Autrement dit, on offre aux investisseurs de s’enrichir grâce à l’itinérance. Et le tout en profitant triplement des fonds publics: déductions d’impôts pour les financiers du projet, aide financière de l’État et un montant équivalent à 25-30% du chèque d’aide sociale des locataires. Lionel Carmant a contribué financièrement au projet de Devcore avec son budget discrétionnaire de ministre. La Ville de Gatineau a annoncé une contribution de 1.5 millions à l’automne 2024. Pendant ce temps, les organismes communautaires se voient refuser leurs demandes d’augmentation de financement année après année.
Village Transition ne s’adresse pas aux clientèles les plus défavorisées. Devcore impose un code de vie strict, la participation aux tâches communes et l’engagement dans des démarches de réinsertion sociale. Les personnes avec des problèmes de consommation, des troubles de santé mentale ou qui sont simplement incapables de suivre une routine stricte n’y sont pas les bienvenues. Une autre étape franchie dans leur marginalisation: on les refuse même dans les endroits censés les accueillir. Quant aux locataires, ils doivent tolérer les inspections intrusives de l’entreprise. Le 18 janvier 2025, donc en plein hiver, un résident a été expulsé après s’être fait reprocher l’entretien insatisfaisant de son unité. Et les relations publiques voudraient nous faire croire que ce projet est né de la compassion et de l’empathie.
Le Réseau québécois des OSBL d’habitation a relevé de nombreuses infractions à la réglementation. Entre autres, la clôture anti-escalade de plus de 2 mètres contrevient au règlement de zonage qui limite normalement les clôtures à 1.2 mètres. De l’extérieur, on croirait à un camp de concentration davantage qu’à un parc résidentiel.
Devcore profite pleinement du flou juridique qui entoure son projet. Les conteneurs ne sont pas des logements au sens de la loi. Il n’y a pas de relation légale entre propriétaire et locataire. C’est un espace « quasi public ». Le terrain est public, mais l’OSBL est libre de le gérer à sa guise. Ça signifie que les locataires n’ont aucun recours contre l’expulsion, ni contre les abus du propriétaire.
Plus tôt cette semaine, je vous parlais du cas autrichien, qui montrait qu’on pouvait empêcher une pénurie de logements abordables en retirant un maximum de logements du marché, ce qui renforce la concurrence et équilibre les prix. Au Québec, on suit le chemin inverse. Plutôt que de concurrencer le privé, on place même les refuges sur le marché. Pourquoi les gros propriétaires comme Devcore ne pourraient pas réaliser un profit même avec l’itinérance?
À court terme, l’implication du privé dans la gestion de l’itinérance peut sembler répondre à un besoin urgent. À moyen terme, elle encourage le désinvestissement du secteur public, qui peut de cette façon se débarrasser d’un fardeau à son budget. À long terme, l’aide sociale se privatise, réduisant une partie de la population défavorisée dans une nouvelle forme de dépendance et une autre partie dans une misère encore plus abjecte qu’avant. Tout ça au nom de la saine gestion des finances publiques et du droit des riches de s’enrichir toujours plus. Pas étonnant que Lionel Carmant et la CAQ applaudissent.
Merci à Marie-Elaine Guay de m’avoir appris l’existence du Village Transition dans son balado le Temps des Monstres. Merci à Dahlia Namian, Sara Lambert et Emmanuelle Bernheim pour l’article qu’elles ont consacré au sujet.
En 2002, Pierre Desrochers, directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal, publiait un rapport intitulé « Comment résoudre la crise du logement au Québec? » Parce que oui, on parlait déjà de crise du logement à l’époque du gouvernement Bouchard-Landry. En 2001, le taux d’inoccupation des logements était de 0.6 à Montréal et de 0.8 à Québec. Ça explique peut-être pourquoi certains politiciens aimeraient nous faire croire que tout a commencé avec Justin Trudeau. Desrochers critiqua
En 2002, Pierre Desrochers, directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal, publiait un rapport intitulé « Comment résoudre la crise du logement au Québec? » Parce que oui, on parlait déjà de crise du logement à l’époque du gouvernement Bouchard-Landry. En 2001, le taux d’inoccupation des logements était de 0.6 à Montréal et de 0.8 à Québec. Ça explique peut-être pourquoi certains politiciens aimeraient nous faire croire que tout a commencé avec Justin Trudeau. Desrochers critiquait le manque de vision des gouvernements (fédéral et provincial), qui auraient dû investir davantage davantage dans le logement social et modifier la réglementation du secteur de la construction afin de faciliter les mises en chantier. En 2002. Et je n’ai probablement pas besoin de vous dire que les gouvernements Charest, Marois, Couillard et Legault n’ont pas eu une politique très différente de celle de Bouchard et Landry. Donc non, ce n’est pas « l’immigration massive » qui a provoqué la crise du logement du jour au lendemain. C’est beaucoup plus le manque de volonté politique des gouvernements des 30 dernières années.
En janvier 2024, Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS) publiait un rapport comparant la politique québécoise à la politique autrichienne, en particulier la politique viennoise. Je vous présente ici les grandes lignes de ce rapport qui n’ont évidemment pas inspiré la ministre France-Élaine Duranceau ni ses collègues de la CAQ.
En 2024, la population autrichienne était de 9.18 millions d’habitants. À l’heure actuelle, celle du Québec est estimée à 9.11 millions. À titre comparatif, il y a environ 944 000 unités de logement social en Autriche pour 135 000 au Québec. Même population, sept fois plus de logements sociaux.
Il existe deux catégories de logement social en Autriche: les logements municipaux, qui appartiennent à la municipalité et visent les populations les plus vulnérables, et les logements à but non lucratif, qui appartiennent à des particuliers (majoritairement des coopératives) et visent la classe moyenne.
Le coût des loyers des logements à but non lucratif est fixé en fonction des coûts réels de construction, de financement et de gestion des immeubles. Les salaires des employés sont eux aussi fixés par la loi. La loi empêche tout lien entre les fournisseurs de logements et l’industrie de la construction. Finalement, il est interdit de vendre des immeubles de logements à but non lucratif, à moins de les vendre à une autre coopérative ou société de logement à but non lucratif.
La construction de logements à but non lucratif n’est pas une source de dépense pour le gouvernement puisqu’elle est financée non par une subvention, mais par un prêt public à faible taux d’intérêt (1%). Le remboursement du prêt est inclus dans le loyer (donc le loyer diminue une fois le prêt remboursé). Pour réduire le montant des prêts, les coopératives peuvent également exiger une mise de fonds de la part des locataires. Plus celle-ci est importante, moins le loyer est élevé.
« Mais pourquoi est-ce que des gens se lanceraient dans l’immobilier s’ils ne peuvent pas faire de profit!? » Pour la même raison que des gens décident de devenir enseignant, infirmière ou éducatrice: c’est un métier comme un autre et c’est une vocation admirable. Il n’est pas nécessaire d’être riche pour créer une coopérative ou une société de logement à but non lucratif. Il faut simplement avoir une certaine expertise parce que le financement est accordé au terme d’un concours qui sélectionne les meilleurs projets. Le concours permet également de favoriser le développement de la ville de manière durable, inclusive et humaine. Les projets choisis sont ceux qui s’inscrivent le mieux dans le cadre urbain existant.
Les logements à but non lucratif imposent un revenu maximum pour les locataires (présentement fixé à 90 000 euros pour une famille avec deux enfants), mais ils sont accordés à vie, indépendamment des changements dans la situation financière. L’objectif est de favoriser la mixité sociale, de créer une stabilité et un sentiment d’appartenance.
Faut-il préciser que la forte concurrence des nombreux logements à but non lucratif empêche une flambée des prix comme celle que nous avons connue au Québec dans les dernières années?
Évidemment, il est peu probable de voir une telle structure se mettre en place au Québec. D’abord parce que les trois partis politiques s’étant partagé le pouvoir depuis 30 ans n’ont montré aucun enthousiasme à investir dans le logement social malgré les avertissements répétés. Ensuite parce que nous considérons l’habitation d’abord et avant tout comme un investissement privé. Un investissement qui doit rapporter gros.
La CAQ en général et France-Élaine Duranceau en particulier ont tout mis en oeuvre pour assurer que les intérêts des propriétaires priment sur ceux des locataires. Francis Hébert-Bernier de Pivot nous apprenait dernièrement que le ministère de l’Habitation a modifié en catimini la politique de calcul des augmentations de loyer du Tribunal administratif du logement pour que le coût des rénovations puisse désormais être entièrement refilé aux locataires. Bien que les locataires ne retirent rien de l’augmentation de la valeur d’un immeuble, on s’attend à ce qu’ils la financent.
On explique traditionnellement la richesse par le « risque » que courent les capitalistes. Ils gagnent 10, 20, 50, 100 fois plus que leurs employés, mais c’est parce qu’ils risquent leur capital. Dans le cas des propriétaires, Mme Duranceau a fait son possible pour faire disparaître le risque. L’augmentation des taxes municipales, des primes d’assurance, du coût de l’électricité, des frais d’entretien, des dépenses d’exploitation pouvait déjà être refilée aux locataires. Désormais, on ajoute les rénovations. Le droit d’un propriétaire de réaliser un profit considérable peu importe les circonstances est plus grand que le droit d’un locataire de garder un toit au-dessus de sa tête.
L’exemple autrichien montre qu’un modèle différent peut être viable. Encore faut-il être dirigés par des gens qui gouvernent en fonction du bien commun et non en fonction des intérêts d’une poignée de rapaces. Faut-il rappeler que le conseil des ministres de la CAQ est un gouvernement de propriétaires?
En 2002, Pierre Desrochers, directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal, publiait un rapport intitulé “Comment résoudre la crise du logement au Québec?” Parce que oui, on parlait déjà de crise du logement à l’époque du gouvernement Bouchard-Landry. En 2001, le taux d’inoccupation des logements était de 0.6 à Montréal et de 0.8 à Québec. Ça explique peut-être pourquoi certains politiciens aimeraient nous faire croire que tout a commencé avec Justin Trudeau. Desrochers critiquait
En 2002, Pierre Desrochers, directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal, publiait un rapport intitulé “Comment résoudre la crise du logement au Québec?” Parce que oui, on parlait déjà de crise du logement à l’époque du gouvernement Bouchard-Landry. En 2001, le taux d’inoccupation des logements était de 0.6 à Montréal et de 0.8 à Québec. Ça explique peut-être pourquoi certains politiciens aimeraient nous faire croire que tout a commencé avec Justin Trudeau. Desrochers critiquait le manque de vision des gouvernements (fédéral et provincial), qui auraient dû investir davantage davantage dans le logement social et modifier la réglementation du secteur de la construction afin de faciliter les mises en chantier. En 2002. Et je n’ai probablement pas besoin de vous dire que les gouvernements Charest, Marois, Couillard et Legault n’ont pas eu une politique très différente de celle de Bouchard et Landry. Donc non, ce n’est pas “l’immigration massive” qui a provoqué la crise du logement du jour au lendemain. C’est beaucoup plus le manque de volonté politique des gouvernements des 30 dernières années.
En janvier 2024, Territoires innovants en économie sociale et solidaire (TIESS) publiait un rapport comparant la politique québécoise à la politique autrichienne, en particulier la politique viennoise. Je vous présente ici les grandes lignes de ce rapport qui n’ont évidemment pas inspiré la ministre France-Élaine Duranceau ni ses collègues de la CAQ.
En 2024, la population autrichienne était de 9.18 millions d’habitants. À l’heure actuelle, celle du Québec est estimée à 9.11 millions. À titre comparatif, il y a environ 944 000 unités de logement social en Autriche pour 135 000 au Québec. Même population, sept fois plus de logements sociaux.
Il existe deux catégories de logement social en Autriche: les logements municipaux, qui appartiennent à la municipalité et visent les populations les plus vulnérables, et les logements à but non lucratif, qui appartiennent à des particuliers (majoritairement des coopératives) et visent la classe moyenne.
Le coût des loyers des logements à but non lucratif est fixé en fonction des coûts réels de construction, de financement et de gestion des immeubles. Les salaires des employés sont eux aussi fixés par la loi. La loi empêche tout lien entre les fournisseurs de logements et l’industrie de la construction. Finalement, il est interdit de vendre des immeubles de logements à but non lucratif, à moins de les vendre à une autre coopérative ou société de logement à but non lucratif.
La construction de logements à but non lucratif n’est pas une source de dépense pour le gouvernement puisqu’elle est financée non par une subvention, mais par un prêt public à faible taux d’intérêt (1%). Le remboursement du prêt est inclus dans le loyer (donc le loyer diminue une fois le prêt remboursé). Pour réduire le montant des prêts, les coopératives peuvent également exiger une mise de fonds de la part des locataires. Plus celle-ci est importante, moins le loyer est élevé.
“Mais pourquoi est-ce que des gens se lanceraient dans l’immobilier s’ils ne peuvent pas faire de profit!?” Pour la même raison que des gens décident de devenir enseignant, infirmière ou éducatrice: c’est un métier comme un autre et c’est une vocation admirable. Il n’est pas nécessaire d’être riche pour créer une coopérative ou une société de logement à but non lucratif. Il faut simplement avoir une certaine expertise parce que le financement est accordé au terme d’un concours qui sélectionne les meilleurs projets. Le concours permet également de favoriser le développement de la ville de manière durable, inclusive et humaine. Les projets choisis sont ceux qui s’inscrivent le mieux dans le cadre urbain existant.
Les logements à but non lucratif imposent un revenu maximum pour les locataires (présentement fixé à 90 000 euros pour une famille avec deux enfants), mais ils sont accordés à vie, indépendamment des changements dans la situation financière. L’objectif est de favoriser la mixité sociale, de créer une stabilité et un sentiment d’appartenance.
Faut-il préciser que la forte concurrence des nombreux logements à but non lucratif empêche une flambée des prix comme celle que nous avons connue au Québec dans les dernières années?
Évidemment, il est peu probable de voir une telle structure se mettre en place au Québec. D’abord parce que les trois partis politiques s’étant partagé le pouvoir depuis 30 ans n’ont montré aucun enthousiasme à investir dans le logement social malgré les avertissements répétés. Ensuite parce que nous considérons l’habitation d’abord et avant tout comme un investissement privé. Un investissement qui doit rapporter gros.
La CAQ en général et France-Élaine Duranceau en particulier ont tout mis en oeuvre pour assurer que les intérêts des propriétaires priment sur ceux des locataires. Francis Hébert-Bernier de Pivot nous apprenait dernièrement que le ministère de l’Habitation a modifié en catimini la politique de calcul des augmentations de loyer du Tribunal administratif du logement pour que le coût des rénovations puisse désormais être entièrement refilé aux locataires. Bien que les locataires ne retirent rien de l’augmentation de la valeur d’un immeuble, on s’attend à ce qu’ils la financent.
On explique traditionnellement la richesse par le “risque” que courent les capitalistes. Ils gagnent 10, 20, 50, 100 fois plus que leurs employés, mais c’est parce qu’ils risquent leur capital. Dans le cas des propriétaires, Mme Duranceau a fait son possible pour faire disparaître le risque. L’augmentation des taxes municipales, des primes d’assurance, du coût de l’électricité, des frais d’entretien, des dépenses d’exploitation pouvait déjà être refilée aux locataires. Désormais, on ajoute les rénovations. Le droit d’un propriétaire de réaliser un profit considérable peu importe les circonstances est plus grand que le droit d’un locataire de garder un toit au-dessus de sa tête.
L’exemple autrichien montre qu’un modèle différent peut être viable. Encore faut-il être dirigés par des gens qui gouvernent en fonction du bien commun et non en fonction des intérêts d’une poignée de rapaces. Faut-il rappeler que le conseil des ministres de la CAQ est un gouvernement de propriétaires?
Mardi dernier, j’ai publié un texte intitulé « La trumpisation du PQ ». Les réactions ont été très fortes, donc je me suis dit que j’y reviendrais cette semaine pour clarifier ma pensée. Entretemps, les députés péquistes ont publié un texte incendiaire dans lequel ils s’attaquent à la liberté de la presse. Bref, ils en rajoutent une couche. Je n’ai pas pu lire ce texte sans penser au fasciste de la maison blanche. Parce que oui, intimider les médias, qualifier de diffamation, d’idéologie (ou fak
Mardi dernier, j’ai publié un texte intitulé « La trumpisation du PQ ». Les réactions ont été très fortes, donc je me suis dit que j’y reviendrais cette semaine pour clarifier ma pensée. Entretemps, les députés péquistes ont publié un texte incendiaire dans lequel ils s’attaquent à la liberté de la presse. Bref, ils en rajoutent une couche. Je n’ai pas pu lire ce texte sans penser au fasciste de la maison blanche. Parce que oui, intimider les médias, qualifier de diffamation, d’idéologie (ou fake news) et d’anti-Québécois (ou anti-Américain) toute forme de critique et remettre en question la liberté de la presse sont bel et bien des méthodes trumpistes.
Avertissement inutile: Vous voulez me dire que j’ai tort? Très bien. Dites-moi en quoi l’attitude du PQ est raisonnable et respecte les règles de la démocratie et du débat public. Ne vous contentez pas d’écrire « Comparer Plamondon à Trump c’est complètement débile. »
Pour résumer: Régis Labeaume a publié un texte dans lequel il reproche à François Legault et Paul St-Pierre Plamondon d’utiliser l’immigration et la peur de l’islam comme épouvantails pour grapiller des votes et comme boucs-émissaires pour faire oublier les échecs répétés du gouvernement. Les péquistes ne sont pas d’accord. C’est légitime. Seulement, les députés ne se sont pas contentés de répondre aux idées défendues. Ils ont attaqué directement l’auteur et le journal qui a osé publier son texte. On franchit ici une ligne dangereuse.
Comme plusieurs personnes, je crois, j’ai levé les sourcils en lisant cet extrait: « Nous donnons à La Presse jusqu’à demain midi pour nous confirmer la publication de l’intégralité de notre texte ce samedi. Dans l’éventualité d’une réponse négative, nous publierons par d’autres moyens. » D’abord, on se calme. Si le PQ forme le gouvernement, il sera critiqué régulièrement dans tous les médias. Le gouvernement va-t-il réclamer un droit de réplique à chaque fois? Ensuite, qu’est-ce que c’est que cet ultimatum public? Le PQ voulait faire une démonstration de force? Montrer qu’il avait obligé la Presse à lui donner un droit de parole? Finalement, j’ai accroché sur le « ce samedi ». À quel point les péquistes croient-ils que les médias sont à leur service pour croire qu’ils peuvent imposer leurs exigences?
La Presse a refusé de publier l’INTÉGRALITÉ de la lettre. Ils ont exigé que le PQ retire les passages accusant Labeaume et le journal de diffamation, ce qui est normal. La diffamation étant un acte passible de poursuite, on ne peut pas exiger d’un journal qu’il s’incrimine. Plutôt que de modifier leur texte, les péquistes ont préféré poser en victimes et se plaindre de censure.
Ce paragraphe est particulièrement inquiétant: « Notre message est que la multiplication des chroniqueurs d’opinion au détriment du journalisme, combinée à un mépris des faits dans le cadre d’une idéologie marquée par le signalement de sa propre vertu et un sentiment de supériorité morale, constitue une posture « irresponsable et dangereuse pour la cohésion sociale au Québec » sur laquelle nous devrions nous pencher collectivement. »
Si les six péquistes s’étaient contentés de critiquer la prépondérance de l’opinion au détriment du journalisme, je n’aurais pu qu’être d’accord. Je fais le même constat et je considère moi aussi que c’est problématique. Malheureusement, il a fallu qu’ils ajoutent « dans le cadre d’une idéologie marquée par le signalement de sa propre vertu et un sentiment de supériorité morale ». On comprend que les péquistes ne font pas référence ici aux chroniqueurs de Radio X ou de Québecor. On accuse rarement Mathieu Bock-Côté, Richard Martineau ou Dominic Maurais de « signalement de vertu » ou de « supériorité morale ». Cette accusation vise uniquement les chroniqueurs et commentateurs qui osent critiquer le Parti québécois depuis sa gauche.
Remarquez l’emploi constant du mot « idéologie » dans le discours du chef du PQ. Le fait de présenter sa position comme étant la seule qui soit rationnelle n’a rien de nouveau en politique. Qualifier d' »idéologie » les positions de l’adversaire est un geste en soi banal, bien que malhonnête. Le conservatisme identitaire et le capitalisme défendus par le PQ ne sont pas moins idéologiques que l’interculturalisme ou le progressisme économique.
Là où cette tactique devient pernicieuse, c’est lorsqu’on présente la pensée de l’adversaire comme nocive, voire dangereuse pour la « nation ». C’est ce que fait M. Plamondon lorsqu’il accuse la « gauche radicale », les « wokes » et désormais les « vertueux » d’être une menace pour la démocratie et qu’il y associe tous ses critiques. En janvier, au balado Frenchcast, il parlait de purger les universités du wokisme, parce que c’est une idéologie et donc incompatible avec la science. Cette proposition de censure, parce que c’est bien ce dont il s’agit, était alors présentée comme une « réappropriation démocratique du contenu en éducation ». Le poids de la majorité derrière lui, le PQ chasserait ses adversaires des universités ou du moins déterminerait ce qu’ils ont le droit d’enseigner.
D’ailleurs, les six péquistes poursuivent dans l’anti-intellectualisme lorsqu’ils affirment que « toutes les données et les études sérieuses démontrent que l’augmentation subite de l’immigration, largement imposée par le fédéral sans consulter le Québec, est la cause prépondérante de la crise du logement, du français et des services publics ». Études sérieuses. Lire ici: les études qui confirment nos thèses. Le PQ a présenté sa « bibliographie ». Pour résumer, on y retrouvait des publications de la plupart des banques, des articles parus dans l’Actualité et le Journal de Montréal… et une déclaration de Pierre Poilievre sur le site du Parti conservateur du Canada. « Les conservateurs batissent des logements, les libéraux créent de la bureaucratie. » Remarquez, si le PQ considère le PCC comme une référence « sérieuse » sur la crise du logement, ça explique bien des choses.
Ne cherchez pas une seule source universitaire dans cette « bibliographie ». Et ce n’est pas parce qu’aucun universitaire québécois ne s’est penché sur la crise du logement. Seulement, les recherches universitaires n’arrivent pas à des conclusions aussi simplistes que celles du PQ, qui veut que la crise du logement ait été causée uniquement par les politiques d’immigration du gouvernement Trudeau. Les universitaires, ces idéologues wokes, sont donc ignorés. Les banques sont plus objectives.
Dans la publication de vendredi, les députés péquistes laissent entendre qu’ils vont traiter les médias comme les universités, c’est-à-dire qu’ils vont chercher à en purger les « idéologues ». C’est ce que je comprends quand on propose de « nous pencher collectivement » sur la présence de ces chroniqueurs « vertueux » qui déplaisent tant à M. Plamondon et ses collègues. Vous n’êtes pas d’accord? Très bien. Dites-moi comment vous interprétez le paragraphe en question.
Finalement, notons le populisme vaseux qui consiste à se confondre avec le peuple: « Elle envoie également un signal de mépris envers une majorité de Québécois qui ont des préoccupations légitimes sur ces questions. » Évidemment. Critiquer les tactiques électorales de Legault et Plamondon, c’est mépriser la majorité, rien de moins.
Selon le PQ, la Presse n’aurait pas dû accepter de publier le texte de Labeaume, qui serait « diffamatoire »: « À ce titre, un média comme La Presse a la responsabilité de s’assurer que des textes fortement chargés, comme celui de monsieur Labeaume correspondent à des faits et des arguments et non à des procès d’intention et des épithètes diffamatoires. (…) En publiant ce texte, La Presse a failli à cette responsabilité vis-à-vis du climat social et de la rigueur. »
J’essaie de comprendre où se trace la ligne. Quand PSPP impute gratuitement la crise du logement aux politiques d’immigration du gouvernement Trudeau, il ne nuit pas à la paix sociale et ce n’est pas de la diffamation. Mais quand Régis Labeaume réplique que la crise du logement est causée par bien d’autres facteurs et qu’il accuse Legault et PSPP de nuire au climat social avec leur discours sur l’immigration, c’est de la diffamation et ça nuit à la paix sociale. Et les députés péquistes voudraient que ce genre de texte soit interdit (ou refusé par les journaux, ce qui revient au même). Le deux poids, deux mesures est flagrant. L’an dernier, PSPP dénonçait le wokisme, la censure et la culture de la cancellation. Aujourd’hui, il demande à la Presse de ne pas publier des textes qui le prennent à parti parce que ça conduit à « la haine envers les élus » et à la « polarisation ». Est-ce que ce n’est pas exactement ce qu’il reproche aux wokes? De vouloir faire taire les voix dissidentes parce qu’ils jugent leurs propos nocifs?
C’est curieux que les seuls chroniqueurs et commentateurs qui dérangent les péquistes soient ceux qui les critiquent. Le PQ se satisfaisait bien des chroniques d’opinion basées sur du pur sentiment pendant le débat sur la charte des valeurs. Quand avez-vous entendu les péquistes critiquer les chroniqueurs qui s’acharnent sur les femmes voilées ou sur les personnes trans? À croire que la liberté de presse permet de s’attaquer aux groupes minoritaires et marginaux, mais critiquer les politiciens est un pas à ne pas franchir. C’est une drôle de démocratie qu’on nous propose.
Mardi dernier, j’ai publié un texte intitulé “La trumpisation du PQ”. Les réactions ont été très fortes, donc je me suis dit que j’y reviendrais cette semaine pour clarifier ma pensée. Entretemps, les députés péquistes ont publié un texte incendiaire dans lequel ils s’attaquent à la liberté de la presse. Bref, ils en rajoutent une couche. Je n’ai pas pu lire ce texte sans penser au fasciste de la maison blanche. Parce que oui, intimider les médias, qualifier de diffamation, d’idéologie (ou fake
Mardi dernier, j’ai publié un texte intitulé “La trumpisation du PQ”. Les réactions ont été très fortes, donc je me suis dit que j’y reviendrais cette semaine pour clarifier ma pensée. Entretemps, les députés péquistes ont publié un texte incendiaire dans lequel ils s’attaquent à la liberté de la presse. Bref, ils en rajoutent une couche. Je n’ai pas pu lire ce texte sans penser au fasciste de la maison blanche. Parce que oui, intimider les médias, qualifier de diffamation, d’idéologie (ou fake news) et d’anti-Québécois (ou anti-Américain) toute forme de critique et remettre en question la liberté de la presse sont bel et bien des méthodes trumpistes.
Avertissement inutile: Vous voulez me dire que j’ai tort? Très bien. Dites-moi en quoi l’attitude du PQ est raisonnable et respecte les règles de la démocratie et du débat public. Ne vous contentez pas d’écrire “Comparer Plamondon à Trump c’est complètement débile.”
Pour résumer: Régis Labeaume a publié un texte dans lequel il reproche à François Legault et Paul St-Pierre Plamondon d’utiliser l’immigration et la peur de l’islam comme épouvantails pour grapiller des votes et comme boucs-émissaires pour faire oublier les échecs répétés du gouvernement. Les péquistes ne sont pas d’accord. C’est légitime. Seulement, les députés ne se sont pas contentés de répondre aux idées défendues. Ils ont attaqué directement l’auteur et le journal qui a osé publier son texte. On franchit ici une ligne dangereuse.
Comme plusieurs personnes, je crois, j’ai levé les sourcils en lisant cet extrait: “Nous donnons à La Presse jusqu’à demain midi pour nous confirmer la publication de l’intégralité de notre texte ce samedi. Dans l’éventualité d’une réponse négative, nous publierons par d’autres moyens.” D’abord, on se calme. Si le PQ forme le gouvernement, il sera critiqué régulièrement dans tous les médias. Le gouvernement va-t-il réclamer un droit de réplique à chaque fois? Ensuite, qu’est-ce que c’est que cet ultimatum public? Le PQ voulait faire une démonstration de force? Montrer qu’il avait obligé la Presse à lui donner un droit de parole? Finalement, j’ai accroché sur le “ce samedi”. À quel point les péquistes croient-ils que les médias sont à leur service pour croire qu’ils peuvent imposer leurs exigences?
La Presse a refusé de publier l’INTÉGRALITÉ de la lettre. Ils ont exigé que le PQ retire les passages accusant Labeaume et le journal de diffamation, ce qui est normal. La diffamation étant un acte passible de poursuite, on ne peut pas exiger d’un journal qu’il s’incrimine. Plutôt que de modifier leur texte, les péquistes ont préféré poser en victimes et se plaindre de censure.
Ce paragraphe est particulièrement inquiétant: “Notre message est que la multiplication des chroniqueurs d’opinion au détriment du journalisme, combinée à un mépris des faits dans le cadre d’une idéologie marquée par le signalement de sa propre vertu et un sentiment de supériorité morale, constitue une posture « irresponsable et dangereuse pour la cohésion sociale au Québec » sur laquelle nous devrions nous pencher collectivement.”
Si les six péquistes s’étaient contentés de critiquer la prépondérance de l’opinion au détriment du journalisme, je n’aurais pu qu’être d’accord. Je fais le même constat et je considère moi aussi que c’est problématique. Malheureusement, il a fallu qu’ils ajoutent “dans le cadre d’une idéologie marquée par le signalement de sa propre vertu et un sentiment de supériorité morale”. On comprend que les péquistes ne font pas référence ici aux chroniqueurs de Radio X ou de Québecor. On accuse rarement Mathieu Bock-Côté, Richard Martineau ou Dominic Maurais de “signalement de vertu” ou de “supériorité morale”. Cette accusation vise uniquement les chroniqueurs et commentateurs qui osent critiquer le Parti québécois depuis sa gauche.
Remarquez l’emploi constant du mot “idéologie” dans le discours du chef du PQ. Le fait de présenter sa position comme étant la seule qui soit rationnelle n’a rien de nouveau en politique. Qualifier d'”idéologie” les positions de l’adversaire est un geste en soi banal, bien que malhonnête. Le conservatisme identitaire et le capitalisme défendus par le PQ ne sont pas moins idéologiques que l’interculturalisme ou le progressisme économique.
Là où cette tactique devient pernicieuse, c’est lorsqu’on présente la pensée de l’adversaire comme nocive, voire dangereuse pour la “nation”. C’est ce que fait M. Plamondon lorsqu’il accuse la “gauche radicale”, les “wokes” et désormais les “vertueux” d’être une menace pour la démocratie et qu’il y associe tous ses critiques. En janvier, au balado Frenchcast, il parlait de purger les universités du wokisme, parce que c’est une idéologie et donc incompatible avec la science. Cette proposition de censure, parce que c’est bien ce dont il s’agit, était alors présentée comme une “réappropriation démocratique du contenu en éducation”. Le poids de la majorité derrière lui, le PQ chasserait ses adversaires des universités ou du moins déterminerait ce qu’ils ont le droit d’enseigner.
D’ailleurs, les six péquistes poursuivent dans l’anti-intellectualisme lorsqu’ils affirment que “toutes les données et les études sérieuses démontrent que l’augmentation subite de l’immigration, largement imposée par le fédéral sans consulter le Québec, est la cause prépondérante de la crise du logement, du français et des services publics”. Études sérieuses. Lire ici: les études qui confirment nos thèses. Le PQ a présenté sa “bibliographie”. Pour résumer, on y retrouvait des publications de la plupart des banques, des articles parus dans l’Actualité et le Journal de Montréal… et une déclaration de Pierre Poilievre sur le site du Parti conservateur du Canada. “Les conservateurs batissent des logements, les libéraux créent de la bureaucratie.” Remarquez, si le PQ considère le PCC comme une référence “sérieuse” sur la crise du logement, ça explique bien des choses.
Ne cherchez pas une seule source universitaire dans cette “bibliographie”. Et ce n’est pas parce qu’aucun universitaire québécois ne s’est penché sur la crise du logement. Seulement, les recherches universitaires n’arrivent pas à des conclusions aussi simplistes que celles du PQ, qui veut que la crise du logement ait été causée uniquement par les politiques d’immigration du gouvernement Trudeau. Les universitaires, ces idéologues wokes, sont donc ignorés. Les banques sont plus objectives.
Dans la publication de vendredi, les députés péquistes laissent entendre qu’ils vont traiter les médias comme les universités, c’est-à-dire qu’ils vont chercher à en purger les “idéologues”. C’est ce que je comprends quand on propose de “nous pencher collectivement” sur la présence de ces chroniqueurs “vertueux” qui déplaisent tant à M. Plamondon et ses collègues. Vous n’êtes pas d’accord? Très bien. Dites-moi comment vous interprétez le paragraphe en question.
Finalement, notons le populisme vaseux qui consiste à se confondre avec le peuple: “Elle envoie également un signal de mépris envers une majorité de Québécois qui ont des préoccupations légitimes sur ces questions.” Évidemment. Critiquer les tactiques électorales de Legault et Plamondon, c’est mépriser la majorité, rien de moins.
Selon le PQ, la Presse n’aurait pas dû accepter de publier le texte de Labeaume, qui serait “diffamatoire”: “À ce titre, un média comme La Presse a la responsabilité de s’assurer que des textes fortement chargés, comme celui de monsieur Labeaume correspondent à des faits et des arguments et non à des procès d’intention et des épithètes diffamatoires. (…) En publiant ce texte, La Presse a failli à cette responsabilité vis-à-vis du climat social et de la rigueur.”
J’essaie de comprendre où se trace la ligne. Quand PSPP impute gratuitement la crise du logement aux politiques d’immigration du gouvernement Trudeau, il ne nuit pas à la paix sociale et ce n’est pas de la diffamation. Mais quand Régis Labeaume réplique que la crise du logement est causée par bien d’autres facteurs et qu’il accuse Legault et PSPP de nuire au climat social avec leur discours sur l’immigration, c’est de la diffamation et ça nuit à la paix sociale. Et les députés péquistes voudraient que ce genre de texte soit interdit (ou refusé par les journaux, ce qui revient au même). Le deux poids, deux mesures est flagrant. L’an dernier, PSPP dénonçait le wokisme, la censure et la culture de la cancellation. Aujourd’hui, il demande à la Presse de ne pas publier des textes qui le prennent à parti parce que ça conduit à “la haine envers les élus” et à la “polarisation”. Est-ce que ce n’est pas exactement ce qu’il reproche aux wokes? De vouloir faire taire les voix dissidentes parce qu’ils jugent leurs propos nocifs?
C’est curieux que les seuls chroniqueurs et commentateurs qui dérangent les péquistes soient ceux qui les critiquent. Le PQ se satisfaisait bien des chroniques d’opinion basées sur du pur sentiment pendant le débat sur la charte des valeurs. Quand avez-vous entendu les péquistes critiquer les chroniqueurs qui s’acharnent sur les femmes voilées ou sur les personnes trans? À croire que la liberté de presse permet de s’attaquer aux groupes minoritaires et marginaux, mais critiquer les politiciens est un pas à ne pas franchir. C’est une drôle de démocratie qu’on nous propose.
Nous avons toutes les raisons de nous inquiéter de la pénétration des politiques trumpistes au Canada. Pierre Poilievre et le Parti conservateur du Canada ne se gênent pas pour employer exactement les mêmes stratégies. Éric Duhaime et le Parti conservateur du Québec se le permettent également. À l’exception des conservateurs eux-mêmes, je pense que peu de gens contesteraient cette affirmation.
La trumpisation que j’observe, mais dont on parle moins, est celle du Parti québécois sous Paul St-P
Nous avons toutes les raisons de nous inquiéter de la pénétration des politiques trumpistes au Canada. Pierre Poilievre et le Parti conservateur du Canada ne se gênent pas pour employer exactement les mêmes stratégies. Éric Duhaime et le Parti conservateur du Québec se le permettent également. À l’exception des conservateurs eux-mêmes, je pense que peu de gens contesteraient cette affirmation.
La trumpisation que j’observe, mais dont on parle moins, est celle du Parti québécois sous Paul St-Pierre Plamondon. Plus le temps passe, plus je lui découvre des stratégies communes avec le fasciste de la maison blanche.
Avertissement inutile: Comparer deux personnes ne signifie pas qu’on les considère identiques. Je peux considérer que Paul St-Pierre Plamondon s’inspire du manuel de Donald Trump sans croire qu’il rêve d’envoyer l’armée dans les villes gouvernées par ses adversaires. J’ai écrit « avertissement inutile » parce que les péespépistes ont probablement déjà commencé à écrire que ma comparaison est absurde avant même de lire ce paragraphe.
La complaisance envers l’extrême droite Invité à résumer la position du Parti québécois sur l’échiquier politique au balado de Derek Fildebrandt, Plamondon a commencé en disant qu’il est « anti-radical left ». Le chef du PQ place donc l’opposition à la « gauche radicale » au centre de son idéologie. En revanche, il se désintéresse de la droite radicale, bien que celle-ci soit présente à l’intérieur de son propre parti. En novembre 2024, un reportage d’Étienne Fortin-Gauthier a montré les accointances entre le Parti québécois, le Bloc québécois et le regroupement d’extrême droite « Nouvelle alliance ». J’attends encore une seule intervention de Plamondon qui condamnerait la droite radicale avec autant de coeur que lorsqu’il condamne la gauche radicale. On ne l’entend pas non plus critiquer le masculinisme, dont « l’entrisme » dans nos écoles est pourtant bien mieux documenté que celui de l’islamisme. Je ne dis pas que Plamondon est d’extrême droite. Je dis qu’il semble craindre de s’aliéner le vote de l’extrême droite. Il n’a évidemment pas la même crainte pour la gauche radicale, qui ne vote déjà pas pour lui.
La fabrication d’un ennemi imaginaire Le 28 mars 2023, Paul St-Pierre Plamondon a convoqué les journalistes à un point de presse pour se plaindre d' »une frange de gauche radicale, qui occupe beaucoup d’espace, même médiatiquement », « des gens qui se présentent comme des experts », qui auraient qualifié les péquistes d’extrême droite en raison de leurs demandes répétées de fermer le chemin Roxham. Aux journalistes qui lui demandaient des noms, Plamondon a refusé de citer un seul exemple. « C’est vous qui êtes journaliste. » Situation absurde, mais qui annonçait la suite des choses, puisque Plamondon se plaint constamment de cette « gauche radicale ».
En novembre 2024, Plamondon a fait plusieurs sorties contre le « wokisme ». Invité par Guy A. Lepage à définir le wokisme, il a répondu carrément que « C’est pas tant la définition du wokisme qui importe ». Bonne stratégie. Moins on définit l’épouvantail contre lequel on se bat, plus on peut l’associer à n’importe qui et plus on charme ceux qui comprennent que l’épouvantail est l’ennemi à abattre. Maurice Duplessis a passé sa vie à lutter contre le communisme, mais ne s’est jamais donné la peine d’en donner une définition.
On sait que Québec solidaire fait partie de cette gauche radicale woke impossible à définir. Elle englobe également « certains universitaires », « certains chroniqueurs », « certains militants »… De façon générale, elle semble inclure toute personne critiquant Plamondon à l’exception de la CAQ, du PLQ et du PCQ. Plamondon se présente donc comme le rempart contre un ennemi à la fois tout-puissant et insaisissable.
L’intolérance aux critiques, en particulier celles des médias Paul St-Pierre Plamondon s’est bâti la réputation d’être « soupe au lait » ou d’avoir « la mèche courte » pour reprendre l’expression de Yasmine Abdelfadel. Il reproche aux chroniqueurs qui le critiquent leurs « procédés intellectuels fallacieux », « procédés intellectuels douteux », « déformations de propos », « accusations grossières », « procès d’intention »… Des reproches qu’il a notamment adressés à Rima Elkouri, Yasmine Abdelfade, Antoine Robitaille, Thomas Mulcair, Marie-Ève Doyon et Paul Journet. Comme s’il était absolument impossible d’être en désaccord avec ses positions sans être malhonnête.
Dernièrement, Pascal Bérubé a déposé une plainte à l’ombudsman de Radio-Canada pour des propos « inacceptables » tenus par Rachel Chagnon lors de l’émission Tout peut arriver du 27 septembre 2025. Pour rappel, Mme Chagnon a accusé le Parti québécois de viser l’homogénéité dans les classes avec ses nouvelles propositions en matière de « laïcité ». Elle termine sa phrase par « et pourquoi pas tous blonds aux yeux bleus? » Dans les jours qui ont suivi, Plamondon s’est plaint d’avoir été accusé de racisme.
Pascal Bérubé fait de la politique depuis assez longtemps pour savoir que sa plainte n’aura aucune conséquence. Il sait comme moi quelle sera la réponse de l’ombudsman: « Ces opinions ne sont pas celles de Radio-Canada : elles appartiennent aux personnes qui les expriment. » Combien de fois Justin Trudeau et François Legault ont-ils été accusés de fascisme pendant la pandémie? Je ne crois pas que leur bureau respectif se soit plaint à chaque fois. S’ils l’ont fait, ça n’a visiblement rien changé. Le but d’une plainte comme celle de Bérubé est simplement d’intimider. Que les personnes qui s’expriment dans les médias craignent les conséquences de s’attaquer au Parti québécois.
Même tactique lorsque Jean-François Lisée porte plainte au collège des médecins contre la psychiatre Marie-Eve Cotton. Nous avons eu des médecins députés, ministres et premiers ministres. Pensez-vous que le collège va sanctionner une médecin parce qu’elle critique le chef de la troisième opposition? L’objectif est encore une fois ici d’intimider.
À l’intérieur du parti, aucun chef péquiste n’a été plus difficile à critiquer que Plamondon. Le dernier officier du PQ à avoir osé remettre sa politique en question a été expulsé de la commission politique. Même des péquistes de longue date comme Louise Harel et Pierre Céré peuvent être associés à la « gauche radicale » pour avoir osé contredire le chef.
Le pompier pyromane Depuis trois ans, Paul St-Pierre Plamondon pointe l’immigration comme explication universelle aux problèmes du Québec. L’immigration a selon lui causé le déclin du français, la crise du logement, la pénurie d’enseignants, la crise des services, la résurgence de l’homophobie, la hausse de la criminalité chez les jeunes, la baisse du taux de natalité, la stagnation du produit intérieur brut… Le chef du PQ aime pointer l’Europe du doigt, en dépeindre un portrait catastrophique et nous prévenir que c’est ce qui nous attend. En l’écoutant, on imagine des villes européennes où des quartiers entiers sont contrôlés par de le crime organisé et/ou par des islamistes.
Et le plus drôle, c’est que Plamondon accuse aussi l’immigration de… dégrader le climat social. Et de favoriser la montée de l’extrême droite. Bien entendu que si on répète constamment à la population que tous les problèmes sont provoqués par l’immigration, il se pourrait que des gens deviennent plus hostiles à l’endroit des immigrants et se rapprochent des groupes les plus agressivement xénophobes.
De la même façon, le PQ est en train de convaincre ses électeurs qu’il est urgent d’empêcher les élèves du primaire de porter des signes religieux. J’ignorais que c’était une préoccupation. On n’avait littéralement jamais entendu parler de ce « problème » avant que le PQ le fabrique de toute pièce. Mais Plamondon se présente comme un démocrate. Il ne fait qu’adresser les préoccupations des gens. Et lorsqu’il sera premier ministre, il va régler le problème qu’il a lui-même nourri. Bref, le pompier pyromane.
L’hostilité à la diversité de genre À l’automne 2023, Paul St-Pierre Plamondon associait les pronoms non-binaires et les toilettes mixtes à « l’idéologie de la gauche radicale ». En février 2025, le Parti québécois a été le seul parti à ne pas appuyer une motion dénonçant la montée de l’homophobie. L’actuelle députée de Terrebonne, Catherine Gentilcore, reproche au programme d’éducation à la sexualité d’être « fondé sur la théorie du genre ». Et comme la CAQ, le PQ s’oppose à l’écriture inclusive. Du populisme pur et simple, sans égard pour la haine qu’il peut engendrer.
Une lettre ouverte de Catherine Gentilcore, députée de Terrebonne, a dû être corrigée par La Presse (2 décembre 2024) parce qu’elle contenait une information mensongère sur le nouveau programme d’éducation à la sexualité, laissant entendre qu’on recommanderait aux enseignants d’apprendre aux enfants d’âge préscolaire que leur genre leur a été attribué par la société. C’est faux. Mais la lettre, qui a été lue par des milliers de personnes avant d’être corrigée, a bien transmis son message: « l’idéologie du genre » est à l’assaut de notre système d’éducation.
Lorsqu’il a commenté la triste polémique de « Mx Martine », cette enseignante non-binaire de Montérégie, Paul St-Pierre Plamondon est sombré dans la démagogie la plus totale, accusant la « gauche radicale » de vouloir « imposer (de nouveaux pronoms) dans le système d’éducation sans débat préalable sur le plan démocratique ». On parlait toujours bien d’une seule enseignante qui avait demandé à ses élèves de l’appeler Mx. Comment est-elle devenue une agente de cette infâme « gauche radicale »? Un tel discours a tout pour susciter la haine envers les personnes trans et non-binaires, faisant écho à l’imaginaire « lobby trans » dénoncé par les militants transphobes.
L’anti-intellectualisme Les États-Unis n’ont jamais eu un président aussi hostile aux universités que Donald Trump. Les chercheurs qui ne lui disent pas ce qu’il veut entendre (ils sont nombreux puisque Trump n’aime pas la vérité) sont classés au rang d’ennemis de l’État et sont les cibles de toutes sortes de sanctions. Et on connaît l’hostilité des trumpistes pour le « wokisme » ou encore les mesures d’égalité, diversité et inclusion (EDI).
À une plus petite échelle, Paul St-Pierre Plamondon n’est pas très différent. Peu importe le nombre de recherches reconnaissant le racisme systémique ou vantant les bienfaits de l’EDI, du féminisme intersectionnel, de l’écriture inclusive, le chef du PQ les discrédite d’emblée parce qu’elles ne confirment pas ses propres biais. Il qualifie de « militants », d' »idéologues » et même de « charlatans » les chercheurs et professeurs d’université dont les recherches le contredisent.
En janvier, Plamondon était au balado Frenchcast dans lequel il a promis que son gouvernement allait « se réapproprier démocratiquement le contenu en éducation ». Il explique: « Je vais revendiquer le mécanisme de commission parlementaire avec des experts, mais des citoyens et des gens qui représentent des citoyens, pour que le débat ne soit pas le monopole “ d’experts ” qui sont en fait, parfois, des idéologues. » Faut-il comprendre qu’un gouvernement péquiste va décider de ce qu’il est convenable d’enseigner ou non à l’université, non pas en fonction de l’état de la recherche, mais en fonction de ses propres positions? Il n’y a rien de « démocratique » dans le fait de censurer des professeurs ou des chercheurs parce que leurs recherches ne flattent pas le gouvernement et son électorat dans le sens du poil.
Conclusion Je n’hésite pas à affirmer que Paul St-Pierre Plamondon a copié plusieurs pages du manuel du fasciste de la Maison-Blanche. Et c’est inquiétant. Le trumpisme est une menace pour la démocratie, peu importe qui le met en place. Le Canada a évité le pire (au moins temporairement) en refusant de donner les clefs du pouvoir à Pierre Poilievre en avril. J’espère que le Québec saura en faire autant l’an prochain.
Nous avons toutes les raisons de nous inquiéter de la pénétration des politiques trumpistes au Canada. Pierre Poilievre et le Parti conservateur du Canada ne se gênent pas pour employer exactement les mêmes stratégies. Éric Duhaime et le Parti conservateur du Québec se le permettent également. À l’exception des conservateurs eux-mêmes, je pense que peu de gens contesteraient cette affirmation.
La trumpisation que j’observe, mais dont on parle moins, est celle du Parti québécois sous Paul St-P
Nous avons toutes les raisons de nous inquiéter de la pénétration des politiques trumpistes au Canada. Pierre Poilievre et le Parti conservateur du Canada ne se gênent pas pour employer exactement les mêmes stratégies. Éric Duhaime et le Parti conservateur du Québec se le permettent également. À l’exception des conservateurs eux-mêmes, je pense que peu de gens contesteraient cette affirmation.
La trumpisation que j’observe, mais dont on parle moins, est celle du Parti québécois sous Paul St-Pierre Plamondon. Plus le temps passe, plus je lui découvre des stratégies communes avec le fasciste de la maison blanche.
Avertissement inutile: Comparer deux personnes ne signifie pas qu’on les considère identiques. Je peux considérer que Paul St-Pierre Plamondon s’inspire du manuel de Donald Trump sans croire qu’il rêve d’envoyer l’armée dans les villes gouvernées par ses adversaires. J’ai écrit “avertissement inutile” parce que les péespépistes ont probablement déjà commencé à écrire que ma comparaison est absurde avant même de lire ce paragraphe.
La complaisance envers l’extrême droite Invité à résumer la position du Parti québécois sur l’échiquier politique au balado de Derek Fildebrandt, Plamondon a commencé en disant qu’il est “anti-radical left”. Le chef du PQ place donc l’opposition à la “gauche radicale” au centre de son idéologie. En revanche, il se désintéresse de la droite radicale, bien que celle-ci soit présente à l’intérieur de son propre parti. En novembre 2024, un reportage d’Étienne Fortin-Gauthier a montré les accointances entre le Parti québécois, le Bloc québécois et le regroupement d’extrême droite “Nouvelle alliance”. J’attends encore une seule intervention de Plamondon qui condamnerait la droite radicale avec autant de coeur que lorsqu’il condamne la gauche radicale. On ne l’entend pas non plus critiquer le masculinisme, dont “l’entrisme” dans nos écoles est pourtant bien mieux documenté que celui de l’islamisme. Je ne dis pas que Plamondon est d’extrême droite. Je dis qu’il semble craindre de s’aliéner le vote de l’extrême droite. Il n’a évidemment pas la même crainte pour la gauche radicale, qui ne vote déjà pas pour lui.
La fabrication d’un ennemi imaginaire Le 28 mars 2023, Paul St-Pierre Plamondon a convoqué les journalistes à un point de presse pour se plaindre d'”une frange de gauche radicale, qui occupe beaucoup d’espace, même médiatiquement”, “des gens qui se présentent comme des experts”, qui auraient qualifié les péquistes d’extrême droite en raison de leurs demandes répétées de fermer le chemin Roxham. Aux journalistes qui lui demandaient des noms, Plamondon a refusé de citer un seul exemple. “C’est vous qui êtes journaliste.” Situation absurde, mais qui annonçait la suite des choses, puisque Plamondon se plaint constamment de cette “gauche radicale”.
En novembre 2024, Plamondon a fait plusieurs sorties contre le “wokisme”. Invité par Guy A. Lepage à définir le wokisme, il a répondu carrément que “C’est pas tant la définition du wokisme qui importe”. Bonne stratégie. Moins on définit l’épouvantail contre lequel on se bat, plus on peut l’associer à n’importe qui et plus on charme ceux qui comprennent que l’épouvantail est l’ennemi à abattre. Maurice Duplessis a passé sa vie à lutter contre le communisme, mais ne s’est jamais donné la peine d’en donner une définition.
On sait que Québec solidaire fait partie de cette gauche radicale woke impossible à définir. Elle englobe également “certains universitaires”, “certains chroniqueurs”, “certains militants”… De façon générale, elle semble inclure toute personne critiquant Plamondon à l’exception de la CAQ, du PLQ et du PCQ. Plamondon se présente donc comme le rempart contre un ennemi à la fois tout-puissant et insaisissable.
L’intolérance aux critiques, en particulier celles des médias Paul St-Pierre Plamondon s’est bâti la réputation d’être “soupe au lait” ou d’avoir “la mèche courte” pour reprendre l’expression de Yasmine Abdelfadel. Il reproche aux chroniqueurs qui le critiquent leurs “procédés intellectuels fallacieux”, “procédés intellectuels douteux”, “déformations de propos”, “accusations grossières”, “procès d’intention”… Des reproches qu’il a notamment adressés à Rima Elkouri, Yasmine Abdelfade, Antoine Robitaille, Thomas Mulcair, Marie-Ève Doyon et Paul Journet. Comme s’il était absolument impossible d’être en désaccord avec ses positions sans être malhonnête.
Dernièrement, Pascal Bérubé a déposé une plainte à l’ombudsman de Radio-Canada pour des propos “inacceptables” tenus par Rachel Chagnon lors de l’émission Tout peut arriver du 27 septembre 2025. Pour rappel, Mme Chagnon a accusé le Parti québécois de viser l’homogénéité dans les classes avec ses nouvelles propositions en matière de “laïcité”. Elle termine sa phrase par “et pourquoi pas tous blonds aux yeux bleus?” Dans les jours qui ont suivi, Plamondon s’est plaint d’avoir été accusé de racisme.
Pascal Bérubé fait de la politique depuis assez longtemps pour savoir que sa plainte n’aura aucune conséquence. Il sait comme moi quelle sera la réponse de l’ombudsman: “Ces opinions ne sont pas celles de Radio-Canada : elles appartiennent aux personnes qui les expriment.” Combien de fois Justin Trudeau et François Legault ont-ils été accusés de fascisme pendant la pandémie? Je ne crois pas que leur bureau respectif se soit plaint à chaque fois. S’ils l’ont fait, ça n’a visiblement rien changé. Le but d’une plainte comme celle de Bérubé est simplement d’intimider. Que les personnes qui s’expriment dans les médias craignent les conséquences de s’attaquer au Parti québécois.
Même tactique lorsque Jean-François Lisée porte plainte au collège des médecins contre la psychiatre Marie-Eve Cotton. Nous avons eu des médecins députés, ministres et premiers ministres. Pensez-vous que le collège va sanctionner une médecin parce qu’elle critique le chef de la troisième opposition? L’objectif est encore une fois ici d’intimider.
À l’intérieur du parti, aucun chef péquiste n’a été plus difficile à critiquer que Plamondon. Le dernier officier du PQ à avoir osé remettre sa politique en question a été expulsé de la commission politique. Même des péquistes de longue date comme Louise Harel et Pierre Céré peuvent être associés à la “gauche radicale” pour avoir osé contredire le chef.
Le pompier pyromane Depuis trois ans, Paul St-Pierre Plamondon pointe l’immigration comme explication universelle aux problèmes du Québec. L’immigration a selon lui causé le déclin du français, la crise du logement, la pénurie d’enseignants, la crise des services, la résurgence de l’homophobie, la hausse de la criminalité chez les jeunes, la baisse du taux de natalité, la stagnation du produit intérieur brut… Le chef du PQ aime pointer l’Europe du doigt, en dépeindre un portrait catastrophique et nous prévenir que c’est ce qui nous attend. En l’écoutant, on imagine des villes européennes où des quartiers entiers sont contrôlés par de le crime organisé et/ou par des islamistes.
Et le plus drôle, c’est que Plamondon accuse aussi l’immigration de… dégrader le climat social. Et de favoriser la montée de l’extrême droite. Bien entendu que si on répète constamment à la population que tous les problèmes sont provoqués par l’immigration, il se pourrait que des gens deviennent plus hostiles à l’endroit des immigrants et se rapprochent des groupes les plus agressivement xénophobes.
De la même façon, le PQ est en train de convaincre ses électeurs qu’il est urgent d’empêcher les élèves du primaire de porter des signes religieux. J’ignorais que c’était une préoccupation. On n’avait littéralement jamais entendu parler de ce “problème” avant que le PQ le fabrique de toute pièce. Mais Plamondon se présente comme un démocrate. Il ne fait qu’adresser les préoccupations des gens. Et lorsqu’il sera premier ministre, il va régler le problème qu’il a lui-même nourri. Bref, le pompier pyromane.
L’hostilité à la diversité de genre À l’automne 2023, Paul St-Pierre Plamondon associait les pronoms non-binaires et les toilettes mixtes à “l’idéologie de la gauche radicale”. En février 2025, le Parti québécois a été le seul parti à ne pas appuyer une motion dénonçant la montée de l’homophobie. L’actuelle députée de Terrebonne, Catherine Gentilcore, reproche au programme d’éducation à la sexualité d’être “fondé sur la théorie du genre”. Et comme la CAQ, le PQ s’oppose à l’écriture inclusive. Du populisme pur et simple, sans égard pour la haine qu’il peut engendrer.
Une lettre ouverte de Catherine Gentilcore, députée de Terrebonne, a dû être corrigée par La Presse (2 décembre 2024) parce qu’elle contenait une information mensongère sur le nouveau programme d’éducation à la sexualité, laissant entendre qu’on recommanderait aux enseignants d’apprendre aux enfants d’âge préscolaire que leur genre leur a été attribué par la société. C’est faux. Mais la lettre, qui a été lue par des milliers de personnes avant d’être corrigée, a bien transmis son message: “l’idéologie du genre” est à l’assaut de notre système d’éducation.
Lorsqu’il a commenté la triste polémique de “Mx Martine”, cette enseignante non-binaire de Montérégie, Paul St-Pierre Plamondon est sombré dans la démagogie la plus totale, accusant la “gauche radicale” de vouloir “imposer (de nouveaux pronoms) dans le système d’éducation sans débat préalable sur le plan démocratique”. On parlait toujours bien d’une seule enseignante qui avait demandé à ses élèves de l’appeler Mx. Comment est-elle devenue une agente de cette infâme “gauche radicale”? Un tel discours a tout pour susciter la haine envers les personnes trans et non-binaires, faisant écho à l’imaginaire “lobby trans” dénoncé par les militants transphobes.
L’anti-intellectualisme Les États-Unis n’ont jamais eu un président aussi hostile aux universités que Donald Trump. Les chercheurs qui ne lui disent pas ce qu’il veut entendre (ils sont nombreux puisque Trump n’aime pas la vérité) sont classés au rang d’ennemis de l’État et sont les cibles de toutes sortes de sanctions. Et on connaît l’hostilité des trumpistes pour le “wokisme” ou encore les mesures d’égalité, diversité et inclusion (EDI).
À une plus petite échelle, Paul St-Pierre Plamondon n’est pas très différent. Peu importe le nombre de recherches reconnaissant le racisme systémique ou vantant les bienfaits de l’EDI, du féminisme intersectionnel, de l’écriture inclusive, le chef du PQ les discrédite d’emblée parce qu’elles ne confirment pas ses propres biais. Il qualifie de “militants”, d'”idéologues” et même de “charlatans” les chercheurs et professeurs d’université dont les recherches le contredisent.
En janvier, Plamondon était au balado Frenchcast dans lequel il a promis que son gouvernement allait “se réapproprier démocratiquement le contenu en éducation”. Il explique: “Je vais revendiquer le mécanisme de commission parlementaire avec des experts, mais des citoyens et des gens qui représentent des citoyens, pour que le débat ne soit pas le monopole “ d’experts ” qui sont en fait, parfois, des idéologues.” Faut-il comprendre qu’un gouvernement péquiste va décider de ce qu’il est convenable d’enseigner ou non à l’université, non pas en fonction de l’état de la recherche, mais en fonction de ses propres positions? Il n’y a rien de “démocratique” dans le fait de censurer des professeurs ou des chercheurs parce que leurs recherches ne flattent pas le gouvernement et son électorat dans le sens du poil.
Conclusion Je n’hésite pas à affirmer que Paul St-Pierre Plamondon a copié plusieurs pages du manuel du fasciste de la Maison-Blanche. Et c’est inquiétant. Le trumpisme est une menace pour la démocratie, peu importe qui le met en place. Le Canada a évité le pire (au moins temporairement) en refusant de donner les clefs du pouvoir à Pierre Poilievre en avril. J’espère que le Québec saura en faire autant l’an prochain.
Urbania a cru bon de nous faire découvrir Alexandre Cormier-Denis, le Québécois propagandiste d’extrême droite qui se rapproche le plus d’un Adrien Arcand en 2025. Ce faisant, on lui donnait la plus grande visibilité médiatique depuis l’annulation de son invitation à l’Assemblée nationale à l’automne 2023. Pourquoi? L’auteur de l’article, Jean Bourbeau, nous explique: « Car bâillonner une voix, c’est souvent l’amplifier. L’exclusion nourrit la posture du martyr et forge, dans les marges, une lég
Urbania a cru bon de nous faire découvrir Alexandre Cormier-Denis, le Québécois propagandiste d’extrême droite qui se rapproche le plus d’un Adrien Arcand en 2025. Ce faisant, on lui donnait la plus grande visibilité médiatique depuis l’annulation de son invitation à l’Assemblée nationale à l’automne 2023. Pourquoi? L’auteur de l’article, Jean Bourbeau, nous explique: « Car bâillonner une voix, c’est souvent l’amplifier. L’exclusion nourrit la posture du martyr et forge, dans les marges, une légitimité paradoxalement engendrée par le silence. »
Donc, le journaliste nous parle de Cormier-Denis pour éviter qu’il se présente en victime des médias qui veulent le réduire au silance. Voici la réaction publique de Cormier-Denis à l’article: « Il y a quelques semaines, j’ai accordé un entretien à URBANIA. Sans surprise, l’article donne évidemment la parole à des adversaires politiques dont certains sont associés de très près à la nébuleuse antifa désormais désignée comme organisation terroriste aux États-Unis. (…) Bref, ce qui semble insupportable pour la gauche, c’est nommer le réel. »
Échec sur toute la ligne donc. Non seulement Bourbeau accorde une visibilité à Cormier-Denis, mais il lui a également donné une nouvelle occasion de se présenter en victime.
En-tête de l’article paru dans Urbania le 2 octobre 2025
D’un côté, l’article de Bourbeau présente Cormier-Denis comme un type dangereux: « Alexandre Cormier-Denis distille tout un cocktail Molotov idéologique. » De l’autre côté, il n’expose pas pleinement ce « cocktail Molotov idéologique ». Bourbeau a réalisé une entrevue et nous en présente les grandes lignes. Sachant qu’il s’adresse à un média centriste, Cormier-Denis n’a évidemment pas employé ses formules choc ou ses idées les plus extrêmes. Il a aidé le journaliste à le présenter sous un jour presque respectable.
La lecture de l’article ne donne pas l’impression d’avoir affaire à un extrémiste. Prenons ce paragraphe où l’auteur résume les préoccupations du polémiste: « Cormier-Denis picore avec appétit dans tout le buffet de l’extrême droite : peur de l’entrisme musulman, diatribes contre la gauche vandale, nostalgie post-catho, exaltation de la « civilisation européenne », et même des débats clos depuis longtemps, comme l’avortement ou l’homoparentalité. Mais son obsession première demeure l’immigration. Y toucher, déplore-t-il, c’est aussitôt être rangé parmi les « méchants ». »
C’est un résumé considérablement poli et prudent. Et qui ne place pas du tout Cormier-Denis dans le camp des extrémistes.
Peur de l’entrisme musulman? C’est aussi le cas de la CAQ et du PQ. Diatribes contre la gauche vandale? Paul St-Pierre Plamondon se plaint constamment de la gauche radicale. Et puis c’est vrai que le vandalisme pendant les manifestations c’est mal, non? Nostalgie post-catho? Il a bien le droit d’avoir des croyances religieuses, non? Exaltation de la « civilisation européenne »? On rejoint ici Mathieu Bock-Côté et ses émules, qui nous vantent constamment la « civilisation occidentale ». Des débats clos depuis longtemps, comme l’avortement ou l’homoparentalité? En quoi serait-ce pire que le Parti conservateur du Canada? Quant à sa plainte de ne pas pouvoir discuter d’immigration sans être rangé parmi les « méchants », c’est le quotidien du Parti québécois sous Paul St-Pierre Plamondon.
Bref, si on lit cet article sans connaître Alexandre Cormier-Denis, on sort de la lecture avec l’impression que ce sont ses adversaires qui délirent. « Quoi ? Tu rencontres le facho ? Le suprémaciste blanc ? » fait dire Bourbeau aux gens qui auraient critiqué sa décision de faire un article sur Cormier-Denis. Le type ne fait qu’affirmer que la gauche est déconnectée et qu’il veut une droite conservatrice décomplexée. Est-ce qu’on n’exagère pas un peu en le traitant de fasciste?
Pour lui répondre, Jean Bourbeau a donné la parole à Francis Dupuis-Déri, Frédéric Bérard et David Morin. Très bien. Le problème, c’est qu’eux connaissent le vrai Cormier-Denis. Celui qui rêve d’un Alligator Alcatraz québécois. Celui qui associe la peau blanche à la démocratie, à la civilisation, au respect des droits de l’homme, et qui associe toutes les autres teintes à la barbarie, à la corruption et à la décadence. Celui qui nourrit des théories du complot du genre « Le Tiers-Monde veut nous envahir ». Celui qui se plaint de rencontrer des Noirs dans les Appalaches (qu’il compare à des chevreuils perdus dans la jungle, bref les Noirs sont des animaux à ses yeux) ou des femmes voilées à Mont-Tremblant: « Pourquoi ils ne restent pas chez eux au lieu de nous faire chier et de se faire chier? Ça me dépasse. »
Cormier-Denis n’appartient pas au groupe des « Je ne suis pas raciste, mais… » Raciste, il l’est ouvertement. Il n’emploiera pas le terme pour se définir, mais il suffit de l’écouter parler deux minutes pour le constater. Il parle de « conscience raciale » et de « solidarité raciale » lorsqu’il parle des immigrants. Il nous dit que les groupes « ethniques » autres que les blancs ont un « potentiel de développement plus faible ». Il emploie des termes tels que mouquère ou métèque. Il compare Pablo Rodriguez à Charles Manson. Il croit que les peuples autochtones nord-américains devraient remercier à genoux les Européens de leur avoir apporté la civilisation tandis que les autochtones sud-américains, trop nombreux selon lui, sont responsables de la « catastrophe civilisationnelle » qu’est l’Amérique du Sud.
Je n’ai pas eu à fouiller pendant des heures pour trouver le fonds de sa pensée. Une recherche rapide sur Facebook et on trouve facilement ses idées les plus haineuses. Ce sont ces paroles, selon moi, que Bourbeau aurait dû rapporter, plutôt que de répéter son discours victimaire: « On peut me détester, dit-il, mais m’exclure de l’espace public alors que je respecte les lois de mon pays, c’est autre chose. »
Il y a deux semaines, Cormier-Denis partageait sur sa page Facebook le nom et la photo de quatre enseignants qu’il qualifie « d’agents de radicalisation d’extrême gauche ». Comme Donald Trump, il considère que les antifascistes sont des terroristes. Il n’encourage pas directement ses lecteurs à s’attaquer à eux, mais il a partagé les coordonnées de leur employeur respectif. Frédéric Bérard, l’une de ses cibles, a reçu des menaces de mort à trois reprises depuis.
Frédéric Bérard est un des experts rencontrés par Jean Bourbeau pour son article. Il a accepté de participer à condition que Cormier-Denis soit présenté comme ce qu’il est, c’est-à-dire un fasciste: « Je ne souhaite pas, autrement, contribuer davantage à sa normalisation médiatique, d’autres s’en chargent amplement. » La condition ne semble pas avoir été respectée ou alors elle a été interprétée très librement.
J’ai l’impression que cet article d’Urbania a repoussé un peu plus loin les limites de l’acceptable. On parle désormais d’un polémiste d’extrême droite comme de n’importe quel candidat aux élections. On lui accorde de la visibilité sans véritablement chercher à mettre en garde le public contre le danger qu’il représente.
On me dira sans doute que j’exagère si je compare Urbania aux journaux de Munich qui, dans les années 1920, publiaient des articles sur ce flamboyant orateur moustachu de la brasserie en croyant qu’il ne s’agissait que d’une mode éphémère à laquelle on pouvait s’intéresser sans danger. Mais non. Donner de la visibilité au fascisme, c’est lui fournir des adeptes. Et c’est le premier pas vers la chute.
Urbania a cru bon de nous faire découvrir Alexandre Cormier-Denis, le Québécois propagandiste d’extrême droite qui se rapproche le plus d’un Adrien Arcand en 2025. Ce faisant, on lui donnait la plus grande visibilité médiatique depuis l’annulation de son invitation à l’Assemblée nationale à l’automne 2023. Pourquoi? L’auteur de l’article, Jean Bourbeau, nous explique: “Car bâillonner une voix, c’est souvent l’amplifier. L’exclusion nourrit la posture du martyr et forge, dans les marges, une légi
Urbania a cru bon de nous faire découvrir Alexandre Cormier-Denis, le Québécois propagandiste d’extrême droite qui se rapproche le plus d’un Adrien Arcand en 2025. Ce faisant, on lui donnait la plus grande visibilité médiatique depuis l’annulation de son invitation à l’Assemblée nationale à l’automne 2023. Pourquoi? L’auteur de l’article, Jean Bourbeau, nous explique: “Car bâillonner une voix, c’est souvent l’amplifier. L’exclusion nourrit la posture du martyr et forge, dans les marges, une légitimité paradoxalement engendrée par le silence.”
Donc, le journaliste nous parle de Cormier-Denis pour éviter qu’il se présente en victime des médias qui veulent le réduire au silance. Voici la réaction publique de Cormier-Denis à l’article: “Il y a quelques semaines, j’ai accordé un entretien à URBANIA. Sans surprise, l’article donne évidemment la parole à des adversaires politiques dont certains sont associés de très près à la nébuleuse antifa désormais désignée comme organisation terroriste aux États-Unis. (…) Bref, ce qui semble insupportable pour la gauche, c’est nommer le réel.”
Échec sur toute la ligne donc. Non seulement Bourbeau accorde une visibilité à Cormier-Denis, mais il lui a également donné une nouvelle occasion de se présenter en victime.
En-tête de l’article paru dans Urbania le 2 octobre 2025
D’un côté, l’article de Bourbeau présente Cormier-Denis comme un type dangereux: “Alexandre Cormier-Denis distille tout un cocktail Molotov idéologique.” De l’autre côté, il n’expose pas pleinement ce “cocktail Molotov idéologique”. Bourbeau a réalisé une entrevue et nous en présente les grandes lignes. Sachant qu’il s’adresse à un média centriste, Cormier-Denis n’a évidemment pas employé ses formules choc ou ses idées les plus extrêmes. Il a aidé le journaliste à le présenter sous un jour presque respectable.
La lecture de l’article ne donne pas l’impression d’avoir affaire à un extrémiste. Prenons ce paragraphe où l’auteur résume les préoccupations du polémiste: “Cormier-Denis picore avec appétit dans tout le buffet de l’extrême droite : peur de l’entrisme musulman, diatribes contre la gauche vandale, nostalgie post-catho, exaltation de la « civilisation européenne », et même des débats clos depuis longtemps, comme l’avortement ou l’homoparentalité. Mais son obsession première demeure l’immigration. Y toucher, déplore-t-il, c’est aussitôt être rangé parmi les « méchants ».”
C’est un résumé considérablement poli et prudent. Et qui ne place pas du tout Cormier-Denis dans le camp des extrémistes.
Peur de l’entrisme musulman? C’est aussi le cas de la CAQ et du PQ. Diatribes contre la gauche vandale? Paul St-Pierre Plamondon se plaint constamment de la gauche radicale. Et puis c’est vrai que le vandalisme pendant les manifestations c’est mal, non? Nostalgie post-catho? Il a bien le droit d’avoir des croyances religieuses, non? Exaltation de la “civilisation européenne”? On rejoint ici Mathieu Bock-Côté et ses émules, qui nous vantent constamment la “civilisation occidentale”. Des débats clos depuis longtemps, comme l’avortement ou l’homoparentalité? En quoi serait-ce pire que le Parti conservateur du Canada? Quant à sa plainte de ne pas pouvoir discuter d’immigration sans être rangé parmi les “méchants”, c’est le quotidien du Parti québécois sous Paul St-Pierre Plamondon.
Bref, si on lit cet article sans connaître Alexandre Cormier-Denis, on sort de la lecture avec l’impression que ce sont ses adversaires qui délirent. « Quoi ? Tu rencontres le facho ? Le suprémaciste blanc ? » fait dire Bourbeau aux gens qui auraient critiqué sa décision de faire un article sur Cormier-Denis. Le type ne fait qu’affirmer que la gauche est déconnectée et qu’il veut une droite conservatrice décomplexée. Est-ce qu’on n’exagère pas un peu en le traitant de fasciste?
Pour lui répondre, Jean Bourbeau a donné la parole à Francis Dupuis-Déri, Frédéric Bérard et David Morin. Très bien. Le problème, c’est qu’eux connaissent le vrai Cormier-Denis. Celui qui rêve d’un Alligator Alcatraz québécois. Celui qui associe la peau blanche à la démocratie, à la civilisation, au respect des droits de l’homme, et qui associe toutes les autres teintes à la barbarie, à la corruption et à la décadence. Celui qui nourrit des théories du complot du genre “Le Tiers-Monde veut nous envahir”. Celui qui se plaint de rencontrer des Noirs dans les Appalaches (qu’il compare à des chevreuils perdus dans la jungle, bref les Noirs sont des animaux à ses yeux) ou des femmes voilées à Mont-Tremblant: “Pourquoi ils ne restent pas chez eux au lieu de nous faire chier et de se faire chier? Ça me dépasse.”
Cormier-Denis n’appartient pas au groupe des “Je ne suis pas raciste, mais…” Raciste, il l’est ouvertement. Il n’emploiera pas le terme pour se définir, mais il suffit de l’écouter parler deux minutes pour le constater. Il parle de “conscience raciale” et de “solidarité raciale” lorsqu’il parle des immigrants. Il nous dit que les groupes “ethniques” autres que les blancs ont un “potentiel de développement plus faible”. Il emploie des termes tels que mouquère ou métèque. Il compare Pablo Rodriguez à Charles Manson. Il croit que les peuples autochtones nord-américains devraient remercier à genoux les Européens de leur avoir apporté la civilisation tandis que les autochtones sud-américains, trop nombreux selon lui, sont responsables de la “catastrophe civilisationnelle” qu’est l’Amérique du Sud.
Je n’ai pas eu à fouiller pendant des heures pour trouver le fonds de sa pensée. Une recherche rapide sur Facebook et on trouve facilement ses idées les plus haineuses. Ce sont ces paroles, selon moi, que Bourbeau aurait dû rapporter, plutôt que de répéter son discours victimaire: “On peut me détester, dit-il, mais m’exclure de l’espace public alors que je respecte les lois de mon pays, c’est autre chose.”
Il y a deux semaines, Cormier-Denis partageait sur sa page Facebook le nom et la photo de quatre enseignants qu’il qualifie “d’agents de radicalisation d’extrême gauche”. Comme Donald Trump, il considère que les antifascistes sont des terroristes. Il n’encourage pas directement ses lecteurs à s’attaquer à eux, mais il a partagé les coordonnées de leur employeur respectif. Frédéric Bérard, l’une de ses cibles, a reçu des menaces de mort à trois reprises depuis.
Frédéric Bérard est un des experts rencontrés par Jean Bourbeau pour son article. Il a accepté de participer à condition que Cormier-Denis soit présenté comme ce qu’il est, c’est-à-dire un fasciste: “Je ne souhaite pas, autrement, contribuer davantage à sa normalisation médiatique, d’autres s’en chargent amplement.” La condition ne semble pas avoir été respectée ou alors elle a été interprétée très librement.
J’ai l’impression que cet article d’Urbania a repoussé un peu plus loin les limites de l’acceptable. On parle désormais d’un polémiste d’extrême droite comme de n’importe quel candidat aux élections. On lui accorde de la visibilité sans véritablement chercher à mettre en garde le public contre le danger qu’il représente.
On me dira sans doute que j’exagère si je compare Urbania aux journaux de Munich qui, dans les années 1920, publiaient des articles sur ce flamboyant orateur moustachu de la brasserie en croyant qu’il ne s’agissait que d’une mode éphémère à laquelle on pouvait s’intéresser sans danger. Mais non. Donner de la visibilité au fascisme, c’est lui fournir des adeptes. Et c’est le premier pas vers la chute.
La journée de la Vérité et de la Réconciliation, ce n’est pas la journée pour se féliciter de tout ce qu’on a fait de bien ou de ce qu’on n’a pas de fait de mal aux Premières Nations. Au contraire, ça devrait être une journée d’introspection. Mais chaque année, je m’obstine avec des gens qui se complaisent dans le mythe de « Les Québécois ont toujours été amis avec les Autochtones ». Aujourd’hui, je condense dans ce texte ce que je répète chaque année le 30 septembre.
La Nouvelle-France«
La journée de la Vérité et de la Réconciliation, ce n’est pas la journée pour se féliciter de tout ce qu’on a fait de bien ou de ce qu’on n’a pas de fait de mal aux Premières Nations. Au contraire, ça devrait être une journée d’introspection. Mais chaque année, je m’obstine avec des gens qui se complaisent dans le mythe de « Les Québécois ont toujours été amis avec les Autochtones ». Aujourd’hui, je condense dans ce texte ce que je répète chaque année le 30 septembre.
La Nouvelle-France « Les colons français avaient des bonnes relations avec les Autochtones, pas comme les Anglais, les Portugais et les Espagnols! » Soyons honnête et réaliste: Si les Français ont eu de meilleures relations que les autres peuples avec les Autochtones, c’est parce que 1) Ils dépendaient des Autochtones, qui connaissaient le territoire, pour le commerce des fourrures, qui était la principale motivation de l’entreprise française en Amérique du Nord 2) Ils n’étaient pas assez nombreux ni assez puissants pour dominer le territoire L’histoire de la Nouvelle-France est parsemée de guerres et de conflits avec les Haudenosaunee (qu’on s’obstine encore aujourd’hui à désigner sous le nom péjoratif « Iroquois » ou « serpent venimeux » en langue algonkine).
« Oui mais ce sont toujours les Iroquois qui commençaient les guerres! » D’abord, c’est faux. Si on veut un seul exemple: En 1687, la guerre reprend sur l’ordre du secrétaire d’État de la Marine, Pontchartrain, qui ordonne de mettre fin à la « paix honteuse » signée en 1684. Il y a eu des crimes atroces des deux côtés. Oui il y a eu le massacre de Lachine en 1689, mais les Français ont eux aussi détruit des villages, brûlé des récoltes et tué sans distinction.
« Oui mais nous voulions vivre paisiblement! » Imaginez un instant le scénario inverse, où des colons algonquiens seraient venus s’installler en Normandie ou en Gascogne en disant « Ce territoire nous appartient! » À l’époque où la France était habitée moins densément qu’aujourd’hui, ils auraient pu facilement trouver un endroit où s’installer sans déranger les locaux. Croyez-vous que les Français auraient accepté de vivre en paix? À un moment, il faudra accepter que l’empire français n’avait aucune légitimité pour s’installer en Amérique du Nord et prétendre que le territoire lui a été donné par Dieu.
« Oui mais les coureurs des bois étaient amis avec les Autochtones! Les Métis, tu penses que ça vient d’où? » C’est vrai. Les coureurs des bois n’ont pas eu le choix d’entretenir de bons rapports avec les peuples locaux pour les nécessités du commerce et ces bons rapports ont duré dans le temps. Mais rappelons que les 13 colonies anglaises avaient une population environ 30 fois supérieure à celle de la Nouvelle-France et occupaient un territoire beaucoup plus petit. Ça change la dynamique. Pensez-vous que les relations avec les Autochtones auraient été aussi positives si les Français avaient été aussi nombreux que les Anglais? On peut en douter.
La Loi sur les Indiens et les pensionnats « C’est le régime fédéral qui est responsable des souffrances des peuples autochtones. Les Québécois n’y sont pour rien! » Commode. Mais ce serait bien de se rappeler qu’en 1876, lorsque l’infâme « Loi sur les Indiens » a été adoptée, le tiers des élus de la Chambre des Communes représentaient le Québec. Des Québécois (francophones, faut-il le préciser) siégeaient au conseil des ministres. Et croyez-le ou non, la presse canadienne-française ne s’est pas déchaînée pour dénoncer l’injustice.
« Les pensionnats, c’est la faute de l’Église! » Vous pensez que les prêtres, les religieux et les religieuses n’étaient pas Québécois? C’est un peu comme dire que les Québécois n’ont rien à se reprocher pour les agressions sexuelles sur les femmes autochtones de Val-d’Or parce que leurs bourreaux étaient des policiers. Et ce n’est pas comme si le gouvernement du Québec avait protesté contre le régime des pensionnats. Nous nous en accommodions très bien: les pensionnats suivaient le développement industriel. Ils servaient à « pacifier » les nations près des sites d’exploitation minière et forestière.
« Mais quand Louis Riel a été pendu, nous avons protesté! » Oui. Parce que Louis Riel était francophone et catholique. Nous étions horrifiés par la répression des Métis parce qu’ils nous ressemblaient. La « Rébellion du Nord-Ouest » impliquait aussi des Cris et des Assiniboines. Nous n’avons pas versé une larme pour ceux-là.
Si après on croit toujours que c’est le gouvernement fédéral qui est responsable de tous les problèmes, j’aimerais rappeler ceci: En 1915, le gouvernement du Québec retire le droit de vote aux Autochtones, qu’on appelle les « Sauvages » à l’époque. Pourquoi? Parce qu’en 1912, la loi électorale a été modifiée de façon à accorder à toute fin pratique le suffrage universel masculin. Auparavant, le droit de vote était encore réservé aux propriétaires. On s’est rendu compte que la nouvelle loi accorderait également le droit de vote à de nombreux Autochtones. En 1915, année pré-électorale, les riches messieurs gouvernant le Québec ont donc retiré le droit de vote aux Autochtones. Cette injustice ne sera corrigée qu’en 1969. Le Québec est la dernière province à accorder le droit de vote aux Autochtones, 20 ans après la Colombie-Britannique (la première) et 4 ans après l’Alberta (l’avant-dernière).
Fait à noter: Il n’y a aucune opposition à l’Assemblée nationale lorsque le premier ministre Jean-Jacques Bertrand propose d’accorder le droit de vote aux « Indiens ». Le principe semble aller de soi. Un peu comme si on avait oublié depuis le temps que les Premières nations ne participaient pas au processus démocratique. Ce n’est pas par hostilité ou par racisme que les Québécois ont privé aussi longtemps les Autochtones du droit de vote. C’est par indifférence.
La même indifférence qui explique que cinq ans après la mort tragique de Joyce Echaquan, le Conseil des Atikamekw de Manawan reçoit encore de nombreuses plaintes de personnes ayant subi du racisme ou de la discrimination dans le système de santé ou autres institutions gouvernementales. L’indifférence qui pousse les nationalistes à refuser de reconnaître le racisme systémique parce qu’il faut continuer à flatter l’orgueil national. Malgré toutes les émotions et les belles promesses qui ont suivi la mort de Joyce, malgré les rappels annuels qu’il reste encore du travail à faire, le sort des Autochtones nous laisse profondément indifférents.
La journée de la Vérité et de la Réconciliation, ce n’est pas la journée pour réécrire l’histoire et se féliciter d’avoir été moins pires que d’autres. C’est la journée pour se regarder dans le miroir, prendre conscience des failles encore bien réelles du système et nous demander collectivement ce que nous pouvons faire pour corriger les injustices.
La journée de la Vérité et de la Réconciliation, ce n’est pas la journée pour se féliciter de tout ce qu’on a fait de bien ou de ce qu’on n’a pas de fait de mal aux Premières Nations. Au contraire, ça devrait être une journée d’introspection. Mais chaque année, je m’obstine avec des gens qui se complaisent dans le mythe de “Les Québécois ont toujours été amis avec les Autochtones”. Aujourd’hui, je condense dans ce texte ce que je répète chaque année le 30 septembre.
La Nouvelle-France“Les
La journée de la Vérité et de la Réconciliation, ce n’est pas la journée pour se féliciter de tout ce qu’on a fait de bien ou de ce qu’on n’a pas de fait de mal aux Premières Nations. Au contraire, ça devrait être une journée d’introspection. Mais chaque année, je m’obstine avec des gens qui se complaisent dans le mythe de “Les Québécois ont toujours été amis avec les Autochtones”. Aujourd’hui, je condense dans ce texte ce que je répète chaque année le 30 septembre.
La Nouvelle-France “Les colons français avaient des bonnes relations avec les Autochtones, pas comme les Anglais, les Portugais et les Espagnols!” Soyons honnête et réaliste: Si les Français ont eu de meilleures relations que les autres peuples avec les Autochtones, c’est parce que 1) Ils dépendaient des Autochtones, qui connaissaient le territoire, pour le commerce des fourrures, qui était la principale motivation de l’entreprise française en Amérique du Nord 2) Ils n’étaient pas assez nombreux ni assez puissants pour dominer le territoire L’histoire de la Nouvelle-France est parsemée de guerres et de conflits avec les Haudenosaunee (qu’on s’obstine encore aujourd’hui à désigner sous le nom péjoratif “Iroquois” ou “serpent venimeux” en langue algonkine).
“Oui mais ce sont toujours les Iroquois qui commençaient les guerres!” D’abord, c’est faux. Si on veut un seul exemple: En 1687, la guerre reprend sur l’ordre du secrétaire d’État de la Marine, Pontchartrain, qui ordonne de mettre fin à la “paix honteuse” signée en 1684. Il y a eu des crimes atroces des deux côtés. Oui il y a eu le massacre de Lachine en 1689, mais les Français ont eux aussi détruit des villages, brûlé des récoltes et tué sans distinction.
“Oui mais nous voulions vivre paisiblement!” Imaginez un instant le scénario inverse, où des colons algonquiens seraient venus s’installler en Normandie ou en Gascogne en disant “Ce territoire nous appartient!” À l’époque où la France était habitée moins densément qu’aujourd’hui, ils auraient pu facilement trouver un endroit où s’installer sans déranger les locaux. Croyez-vous que les Français auraient accepté de vivre en paix? À un moment, il faudra accepter que l’empire français n’avait aucune légitimité pour s’installer en Amérique du Nord et prétendre que le territoire lui a été donné par Dieu.
“Oui mais les coureurs des bois étaient amis avec les Autochtones! Les Métis, tu penses que ça vient d’où?” C’est vrai. Les coureurs des bois n’ont pas eu le choix d’entretenir de bons rapports avec les peuples locaux pour les nécessités du commerce et ces bons rapports ont duré dans le temps. Mais rappelons que les 13 colonies anglaises avaient une population environ 30 fois supérieure à celle de la Nouvelle-France et occupaient un territoire beaucoup plus petit. Ça change la dynamique. Pensez-vous que les relations avec les Autochtones auraient été aussi positives si les Français avaient été aussi nombreux que les Anglais? On peut en douter.
La Loi sur les Indiens et les pensionnats “C’est le régime fédéral qui est responsable des souffrances des peuples autochtones. Les Québécois n’y sont pour rien!” Commode. Mais ce serait bien de se rappeler qu’en 1876, lorsque l’infâme “Loi sur les Indiens” a été adoptée, le tiers des élus de la Chambre des Communes représentaient le Québec. Des Québécois (francophones, faut-il le préciser) siégeaient au conseil des ministres. Et croyez-le ou non, la presse canadienne-française ne s’est pas déchaînée pour dénoncer l’injustice.
“Les pensionnats, c’est la faute de l’Église!” Vous pensez que les prêtres, les religieux et les religieuses n’étaient pas Québécois? C’est un peu comme dire que les Québécois n’ont rien à se reprocher pour les agressions sexuelles sur les femmes autochtones de Val-d’Or parce que leurs bourreaux étaient des policiers. Et ce n’est pas comme si le gouvernement du Québec avait protesté contre le régime des pensionnats. Nous nous en accommodions très bien: les pensionnats suivaient le développement industriel. Ils servaient à “pacifier” les nations près des sites d’exploitation minière et forestière.
“Mais quand Louis Riel a été pendu, nous avons protesté!” Oui. Parce que Louis Riel était francophone et catholique. Nous étions horrifiés par la répression des Métis parce qu’ils nous ressemblaient. La “Rébellion du Nord-Ouest” impliquait aussi des Cris et des Assiniboines. Nous n’avons pas versé une larme pour ceux-là.
Si après on croit toujours que c’est le gouvernement fédéral qui est responsable de tous les problèmes, j’aimerais rappeler ceci: En 1915, le gouvernement du Québec retire le droit de vote aux Autochtones, qu’on appelle les “Sauvages” à l’époque. Pourquoi? Parce qu’en 1912, la loi électorale a été modifiée de façon à accorder à toute fin pratique le suffrage universel masculin. Auparavant, le droit de vote était encore réservé aux propriétaires. On s’est rendu compte que la nouvelle loi accorderait également le droit de vote à de nombreux Autochtones. En 1915, année pré-électorale, les riches messieurs gouvernant le Québec ont donc retiré le droit de vote aux Autochtones. Cette injustice ne sera corrigée qu’en 1969. Le Québec est la dernière province à accorder le droit de vote aux Autochtones, 20 ans après la Colombie-Britannique (la première) et 4 ans après l’Alberta (l’avant-dernière).
Fait à noter: Il n’y a aucune opposition à l’Assemblée nationale lorsque le premier ministre Jean-Jacques Bertrand propose d’accorder le droit de vote aux “Indiens”. Le principe semble aller de soi. Un peu comme si on avait oublié depuis le temps que les Premières nations ne participaient pas au processus démocratique. Ce n’est pas par hostilité ou par racisme que les Québécois ont privé aussi longtemps les Autochtones du droit de vote. C’est par indifférence.
La même indifférence qui explique que cinq ans après la mort tragique de Joyce Echaquan, le Conseil des Atikamekw de Manawan reçoit encore de nombreuses plaintes de personnes ayant subi du racisme ou de la discrimination dans le système de santé ou autres institutions gouvernementales. L’indifférence qui pousse les nationalistes à refuser de reconnaître le racisme systémique parce qu’il faut continuer à flatter l’orgueil national. Malgré toutes les émotions et les belles promesses qui ont suivi la mort de Joyce, malgré les rappels annuels qu’il reste encore du travail à faire, le sort des Autochtones nous laisse profondément indifférents.
La journée de la Vérité et de la Réconciliation, ce n’est pas la journée pour réécrire l’histoire et se féliciter d’avoir été moins pires que d’autres. C’est la journée pour se regarder dans le miroir, prendre conscience des failles encore bien réelles du système et nous demander collectivement ce que nous pouvons faire pour corriger les injustices.
Hermann Wilhelm Goering était un des hommes de confiance d’Adolf Hitler. Nazi de la première heure, il a fait adopter les lois de Nuremberg, présidé à l’élimination des Juifs de l’économie allemande et ordonné la mise en oeuvre de la « solution finale à la question juive ». Je pense que personne ne pourrait nier que Goering était antisémite. Et pourtant!
Goering a fait nommer le Juif Erhard Milch secrétaire d’État dans son ministère de l’Air après l’avoir fait légalement reconnaître comme ary
Hermann Wilhelm Goering était un des hommes de confiance d’Adolf Hitler. Nazi de la première heure, il a fait adopter les lois de Nuremberg, présidé à l’élimination des Juifs de l’économie allemande et ordonné la mise en oeuvre de la « solution finale à la question juive ». Je pense que personne ne pourrait nier que Goering était antisémite. Et pourtant!
Goering a fait nommer le Juif Erhard Milch secrétaire d’État dans son ministère de l’Air après l’avoir fait légalement reconnaître comme aryen (donc non-Juif). Il a fait sortir d’un camp de concentration toute la famille du Juif danois Hugo Rothenberg. Et lorsqu’il a fait arrêter 20 000 Juifs au lendemain de la Nuit de Cristal en 1938, il s’est assuré d’exclure ses anciens frères d’armes de la Première Guerre mondiale. À des collègues le remettant en question, il aurait déclaré « C’est moi qui décide de qui est Juif et de qui ne l’est pas! »
Source: François Kersaudy, Hermann Goering, Perrin, 2013.
Je vous parle de Goering parce que des centaines de personnes tentent de nous convaincre que Charlie Kirk n’était ni raciste, ni homophobe, parce qu’il avait un ami noir et homosexuel. Mais non, ça ne veut strictement rien dire.
Avant d’aller plus loin: Chers détracteurs, je vous déconseille de me lancer un « point Godwin » au visage comme si ça devait détruire tout mon raisonnement. La loi de Godwin dit que plus une discussion s’étire, plus elle risque de mener à une comparaison avec les nazis. Elle n’invalide pas toute comparaison avec le nazisme, surtout quand la comparaison est fondée. Dans un contexte où des milliers d’immigrants sont arrêtés sans mandat et envoyés dans un camp de concentration où ils disparaissent sans laisser de trace et où on arrête les politiciens qui posent des questions sur leur sort, je pense que la comparaison avec le nazisme est tout à fait justifiée.
Mon raisonnement est: si l’un des pires criminels antisémites de l’histoire de l’Occident a pu avoir des amis juifs, un militant homophobe et raciste peut très bien avoir un ami noir et homosexuel, voire plusieurs.
Il y a également beaucoup de gens qui ont entendu dire que l’assassin de Kirk avait un « colocataire trans » (affirmation très discutable, mais je n’élaborerai pas ici) et que ce serait une preuve que l’assassin serait un militant de la gauche radicale, voire que son meurtre aurait carrément été motivé par son activisme transaffirmatif. À tout le moins, cela prouverait que le tueur n’est pas un homme de droite, ce que laisse penser tout le reste de son profil.
Encore une fois, non. Si l’un des pires criminels antisémites de l’histoire de l’Occident a pu avoir des amis juifs, un républicain chrétien conservateur et homophobe peut très bien avoir un « colocataire trans » sans que cela nous révèle quoique ce soit sur ses convictions politiques.
Il y a presque 20 ans, l’humoriste Laurent Paquin se moquait du Doc Mailloux qui tentait de nous convaincre qu’il n’était pas raciste en nous parlant de son voisin noir qui produisait des prunes délicieuses. Je ne peux pas croire qu’encore aujourd’hui, des gens utilisent cette défense sans se rendre compte du ridicule.
Hermann Wilhelm Goering était un des hommes de confiance d’Adolf Hitler. Nazi de la première heure, il a fait adopter les lois de Nuremberg, présidé à l’élimination des Juifs de l’économie allemande et ordonné la mise en oeuvre de la “solution finale à la question juive”. Je pense que personne ne pourrait nier que Goering était antisémite. Et pourtant!
Goering a fait nommer le Juif Erhard Milch secrétaire d’État dans son ministère de l’Air après l’avoir fait légalement reconnaître comme aryen
Hermann Wilhelm Goering était un des hommes de confiance d’Adolf Hitler. Nazi de la première heure, il a fait adopter les lois de Nuremberg, présidé à l’élimination des Juifs de l’économie allemande et ordonné la mise en oeuvre de la “solution finale à la question juive”. Je pense que personne ne pourrait nier que Goering était antisémite. Et pourtant!
Goering a fait nommer le Juif Erhard Milch secrétaire d’État dans son ministère de l’Air après l’avoir fait légalement reconnaître comme aryen (donc non-Juif). Il a fait sortir d’un camp de concentration toute la famille du Juif danois Hugo Rothenberg. Et lorsqu’il a fait arrêter 20 000 Juifs au lendemain de la Nuit de Cristal en 1938, il s’est assuré d’exclure ses anciens frères d’armes de la Première Guerre mondiale. À des collègues le remettant en question, il aurait déclaré “C’est moi qui décide de qui est Juif et de qui ne l’est pas!”
Source: François Kersaudy, Hermann Goering, Perrin, 2013.
Je vous parle de Goering parce que des centaines de personnes tentent de nous convaincre que Charlie Kirk n’était ni raciste, ni homophobe, parce qu’il avait un ami noir et homosexuel. Mais non, ça ne veut strictement rien dire.
Avant d’aller plus loin: Chers détracteurs, je vous déconseille de me lancer un “point Godwin” au visage comme si ça devait détruire tout mon raisonnement. La loi de Godwin dit que plus une discussion s’étire, plus elle risque de mener à une comparaison avec les nazis. Elle n’invalide pas toute comparaison avec le nazisme, surtout quand la comparaison est fondée. Dans un contexte où des milliers d’immigrants sont arrêtés sans mandat et envoyés dans un camp de concentration où ils disparaissent sans laisser de trace et où on arrête les politiciens qui posent des questions sur leur sort, je pense que la comparaison avec le nazisme est tout à fait justifiée.
Mon raisonnement est: si l’un des pires criminels antisémites de l’histoire de l’Occident a pu avoir des amis juifs, un militant homophobe et raciste peut très bien avoir un ami noir et homosexuel, voire plusieurs.
Il y a également beaucoup de gens qui ont entendu dire que l’assassin de Kirk avait un “colocataire trans” (affirmation très discutable, mais je n’élaborerai pas ici) et que ce serait une preuve que l’assassin serait un militant de la gauche radicale, voire que son meurtre aurait carrément été motivé par son activisme transaffirmatif. À tout le moins, cela prouverait que le tueur n’est pas un homme de droite, ce que laisse penser tout le reste de son profil.
Encore une fois, non. Si l’un des pires criminels antisémites de l’histoire de l’Occident a pu avoir des amis juifs, un républicain chrétien conservateur et homophobe peut très bien avoir un “colocataire trans” sans que cela nous révèle quoique ce soit sur ses convictions politiques.
Il y a presque 20 ans, l’humoriste Laurent Paquin se moquait du Doc Mailloux qui tentait de nous convaincre qu’il n’était pas raciste en nous parlant de son voisin noir qui produisait des prunes délicieuses. Je ne peux pas croire qu’encore aujourd’hui, des gens utilisent cette défense sans se rendre compte du ridicule.
En novembre 2024, le député solidaire de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, a créé une polémique en affirmant qu’il voyait tous les jours la “construction de l’autre” à l’Assemblée nationale. Il faisait référence entre autres à cette fâcheuse tendance de nos politiciens prétendument nationalistes à pointer du doigt l’immigrant pour tous les problèmes du Québec. La classe médiatique et politique s’est empressé de dénoncer ses paroles et de l’accuser de traiter tout le Québec de raciste. Je vous pré
En novembre 2024, le député solidaire de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, a créé une polémique en affirmant qu’il voyait tous les jours la “construction de l’autre” à l’Assemblée nationale. Il faisait référence entre autres à cette fâcheuse tendance de nos politiciens prétendument nationalistes à pointer du doigt l’immigrant pour tous les problèmes du Québec. La classe médiatique et politique s’est empressé de dénoncer ses paroles et de l’accuser de traiter tout le Québec de raciste. Je vous présente ici une liste des déclarations qu’on peut selon moi associer à cette “construction de l’autre” depuis la campagne électorale de 2022. Cette liste sera mise à jour.
Contexte : Le Parti québécois demande que le chemin Roxham soit fermé
Déclaration : « On est les seuls à être à la recherche d’un modèle durable afin de faire en sorte qu’on évite ce qu’on voit ailleurs dans le monde en ce moment : la montée des extrêmes», a affirmé le chef péquiste en point de presse en marge du caucus présessionnel de son parti.
Paul St-Pierre Plamondon cite en exemple des pays comme le Danemark, la Suède, la Hongrie, la France ou encore l’Angleterre.
Le Parti québécois demande que le chemin Roxham soit fermé. «Si on compte l’immigration temporaire, la situation à Roxham, qui est en progression, et on prend les seuils actuels, nous, on constate le déclin du français, l’incapacité à loger tout le monde et l’incapacité à offrir des services. Donc, on est à la recherche d’un modèle qui soit plus durable, plus rassurant, plus garant de notre paix sociale et de la qualité des services également», a dit le chef de la formation indépendantiste.
«Supposons qu’on atteint les 100 000, puis ensuite on atteint les 200 000 entrées irrégulières. 95 % d’entre elles au Québec seulement, il faut visualiser l’impact», a-t-il ajouté.
«Ça va exacerber des insatisfactions»
(…)
Le chef péquiste croit que si on n’agit pas, il y aura des conséquences.
«Un modèle dans le cadre duquel le français est condamné à reculer, qu’on est en crise de logement exacerbée et que certaines familles ne peuvent même pas se loger et dans lequel on n’arrive plus à fournir des services à la population, ça va exacerber des insatisfactions», a-t-il dit.
«Si on fait l’erreur de ne pas trouver des modèles durables, ça aura des conséquences sur certaines parties de l’électorat qui vont décider de prendre les choses d’une autre manière», a ajouté le chef péquiste.
Le PQ veut baisser les seuils d’immigration à 35 000 personnes par année. Ils sont actuellement fixés à 50 000.
(…)
Paul St-Pierre Plamondon persiste et signe : le Québec met bel et bien en jeu, selon lui, sa « paix sociale » s’il poursuit sur sa lancée en immigration.
Le chef péquiste est revenu sur ses propos tenus la veille en marge du caucus de son parti, où il avait affirmé qu’une arrivée massive de demandeurs d’asile irréguliers, comme ceux qui entrent par le chemin Roxham, pourrait être favorable à la montée des extrêmes, citant des pays comme la Hongrie et la France.
Lorsque l’immigration n’est pas planifiée, surtout lorsqu’il n’y a pas de critères de sélection comme c’est le cas à Roxham, et que le nombre de personnes accueillies […] excède largement la capacité de loger, de nourrir les gens qui n’ont pas de permis de travail, ça a un impact sur la société d’accueil, a soutenu jeudi M. St-Pierre Plamondon à l’émission Tout un matin, sur les ondes d’ICI Première.
Ce que je constate, c’est que, dans les autres pays dans le monde qui ont raté cette planification [de l’immigration], ça a des conséquences sur leur tissu social, sur leur paix sociale.
S’il n’a pas précisé sa conception des extrêmes, le chef du Parti québécois a laissé entendre qu’il craignait une montée de l’extrême droite causée par une gestion chaotique de l’immigration.
Contexte : La CAQ a retiré de son programme la volonté d’obtenir pour le Québec les pleins pouvoirs en immigration.
Déclaration : « Vous savez qu’en fin de semaine, la CAQ a retiré de son programme la volonté de rapatrier les pouvoirs en immigration. Donc désormais il faut comprendre que la CAQ n’a plus cette prétention-là. Dans quel cas, je veux savoir de notre premier ministre : Si vous n’êtes plus pour obtenir les pleins pouvoirs en immigration et que votre engagement envers le Canada est absolu et éternel, j’aimerais que vous nous disiez si vous optez pour l’affaiblissement, voire la disparition, à long terme, du français dans le Canada ? »
Contexte : Les économistes Stéphane Marion et Alexandra Ducharme affirment que le Canada est tombé dans un piège démographique puisque la construction de logements ne suit pas l’augmentation de la population.
Déclaration : « On ment éhontément à la population. Les économistes disent que la hausse des seuils n’est pas une solution, n’a pas d’impact sur la pénurie de main d’œuvre. Et lorsque le ministre Marc Miller dit qu’il n’y a pas de problème parce que chaque immigrant va bâtir lui-même sa maison, c’est vraiment du délire. C’est une dérive idéologique qui a des conséquences réelles. C’est-à-dire que l’itinérance monte en flèche aux quatre coins du Québec, les logements ne sont plus abordables et il y a des conséquences sociales, l’appauvrissement des ménages parce que les loyers augmentent de manière incontrôlée. Tout ça pour des faussetés. Pour un courant idéologique. »
Contexte : Débat à RDI entre les chefs de parti excepté François Legault.
Déclarations : « Si on ne réduit pas les travailleurs temporaires, les demandeurs d’asile et les étudiants étrangers, on arrivera jamais à un équilibre et cette crise du logement, mais aussi la crise sur notre capacité à livrer des services et à intégrer en français, vont se poursuivre. » Le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay, lui demande alors s’il trouve qu’il y a trop de travailleurs temporaires au Québec et qu’il aimerait en voir quitter. « Par définition, un visa temporaire, c’est quelqu’un qui arrive et qui quitte. Et donc ça vient avec la définition de travailleur avec un visa temporaire. Si le simple fait d’arriver sur le territoire donne un statut de permanent, peu importe par quel chemin, peu importe si on remplit les critères ou non, ça crée un chaos. »
Contexte : PSPP réagit à l’annonce du gouvernement du Québec d’imposer un moratoire de six mois sur l’émission de permis pour les travailleurs étrangers temporaires.
Déclaration : « Ça témoigne du fait que [François Legault] est complètement dépassé par la situation en matière d’immigration. Il est impuissant vis-à-vis le fédéral. Et ce n’est pas des mesures en surface et aussi pointues qui vont renverser une tendance qui est très lourde. C’est un petit pas, mais on n’est plus à l’époque des petits pas. On est au moment de prendre des mesures très fermes pour renverser une situation qui est intenable, de son propre aveu. En guise de réponse, le Parti québécois présentera d’ici octobre « un plan de réduction drastique et substantielle » de l’immigration temporaire et permanente. Le projet péquiste touchera « toutes les catégories de manière à ce que la crise du logement se résorbe, qu’on retrouve un équilibre », a-t-il dit. M. St-Pierre Plamondon n’a pas voulu étayer ce que signifie pour lui une « réduction drastique ».
« Attendez-vous à un contraste très, très important entre les mesurettes de la CAQ et la procrastination de la CAQ, d’une part, et notre volonté de ramener le modèle à quelque chose de durable et viable, c’est-à-dire un modèle qui correspond à notre capacité d’intégrer en français, de donner des services équitables à tout le monde et de donner un toit à tout le monde », a-t-il résumé.
Contexte : Un stagiaire en enseignement est la victime d’horribles commentaires haineux de la part de certains de ses élèves, la plupart visant son orientation sexuelle.
Déclaration : « Cette situation soulève la question du communautarisme religieux et de l’incapacité de nos écoles à intégrer une partie des nouveaux arrivants à la société québécoise. Lors de l’entrevue au 98,5, l’animateur Patrick Lagacé a demandé si le caractère multiethnique de la classe en question avait pu jouer dans la banalisation de ce genre de geste. C’est une question qui est, je le conçois, très délicate. On doit l’aborder avec toute la responsabilité qui nous incombe et les mots justes. Mais on doit l’aborder. Est-ce que le rapport à l’homosexualité qu’ont des membres de certaines communautés, dans le contexte d’une salle de classe issue à 90% de l’immigration, a pu jouer dans un cas comme celui-ci? (…) L’incapacité de plus en plus grande du Québec à intégrer par l’école est un réel sujet qui devrait tous nous préoccuper collectivement. Sans intégration, nous assisterons à la désintégration du contrat social québécois axé sur la paix sociale, ainsi que de notre culture québécoise, cette même culture paisible et respectueuse qui fait du Québec une terre d’accueil si attirante. Il ne s’agit pas ici de blâmer qui que ce soit ou de trouver des coupables, mais plutôt de faire des constats difficiles mais nécessaires, qui nous permettront d’avancer et de trouver des politiques publiques capables de recréer une mixité et une intégration dans les valeurs partagées de notre société. L’un des mandats fondamentaux de l’école est de former des citoyens. L’école québécoise ne doit plus uniquement viser à transmettre la maîtrise du français, elle doit aussi viser à transmettre la culture québécoise, notre vision du monde et notre façon de participer et de le façonner. Et surtout de transmettre une citoyenneté qui garantit une place, la sécurité et le respect de tous et chacun. »
(Bref, oui il y a de l’homophobie au Québec, mais c’est surtout la faute des immigrants.)
Contexte : Conférence de presse à l’Assemblée nationale. Le Parti québécois présente son plan en matière d’immigration.
Déclaration : « Donc, on va se concentrer sur le fait de régler des crises qui ont une influence négative sur le taux de natalité au niveau du logement, des services. Notre réflexion peut peut-être aller plus loin dans le programme de 2026, mais c’est relié, parce que si nos seuils d’immigration sont trop élevés, il n’y a pas de logement, le logement coûte très cher, les gens sont étouffés au niveau du paiement de leur hypothèque et du loyer, est-ce qu’ils vont prendre la décision d’avoir un enfant ou un enfant de plus? Les deux sont reliés. »
Contexte : Point de presse pendant la campagne électorale fédérale pour demander de fermer les frontières aux Américains qui tentent de fuir leur pays depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Déclaration : « Au Québec, le nombre de demandes d’asile en provenance des États-Unis a triplé depuis l’arrivée de Donald Trump, et, comme je vous le disais en novembre dernier, c’est probablement juste le commencement, la pointe de l’iceberg d’un phénomène qui va être beaucoup plus grand et qui vise des millions de personnes. J’en ai parlé en novembre dernier pour dire : Il faut surveiller ça. Et je réitère, là, le Québec est un endroit accueillant, respectueux, mais la crise du logement, l’impact sur les services et le recul du français n’est plus un débat au Québec. »
« Parce que si vous pensez que Roxham… si vous pensez que Roxham, c’était du sabotage, ce qui s’en vient, compte tenu, là, des millions de personnes qui sont en jeu avec les politiques de Donald Trump, ce qui s’en vient est peut-être encore beaucoup plus gros que ce qu’on a connu sur Roxham. »
Contexte : Point de presse pour commenter la première rencontre entre François Legault et Mark Carney.
Déclaration : « On est rendus, au Québec, seulement pour les quatre premiers mois de l’année à 14 000 demandeurs d’asile. Et, ça, c’est une des catégories en immigration. Mais ça veut dire que, pendant que le gouvernement prépare un document où est-ce qu’on va nous dire que les seuils sont maintenant à 30 000, 35 000, 40 000, dans les faits, on continue à accueillir nettement plus de personnes. Et on n’a aucun contrôle là-dessus. La CAQ a littéralement perdu le contrôle sur le nombre de personnes qu’on accueille au Québec. Peu importe ce qu’il dit par après, ça ne correspond pas à la réalité.
Donc, juste pour vous donner une impression, là, au mois d’avril, on parle de 2 875 entrées à Lacolle, c’était 654 l’année dernière. On est pas mal, donc, dans des chiffres qui ressemblent à l’époque de Roxham. Donc, on est vraiment dans un délire idéologique, et la CAQ choisit de se fermer les yeux.
Donc, je vous parle de ça parce qu’on a un François Legault tout sourire hier, il se rend à sa première rencontre avec Mark Carney, et moi, je lui avais demandé : Allez vous demander les pleins pouvoirs en immigration, là? C’est une question de survie de la nation, de louisianisation. Allez-vous le faire? Moi, je n’ai pas entendu parler de ce sujet-là. J’ai entendu parler seulement d’économie. Or, qu’en est-il de l’économie du Canada depuis 10 ans? Ça, c’est le tableau de la croissance économique per capita du Canada de 2015 à 2024. Vous avez de la misère à le voir dans le fond, là, mais la croissance économique du Canada, là, elle est ici, elle est minuscule. Et, ce matin, là, notamment, le National Post, mais d’autres médias rapportent le rapport de l’OCDE, qui est très clair : la croissance économique du Canada, dans les 10 dernières années, est minuscule, en raison d’un choc démographique, ce qu’on appelle…
Dans notre document sur l’immigration, on vous a donné plusieurs études qui parlent d’un piège démographique. C’est-à-dire que, si on impose une hausse de l’immigration trop forte, trop soudaine, ça crée une crise du logement, ça crée beaucoup de ressources en adaptation, et ultimement, donc, ça crée une stagnation de la création de richesse. Donc, de voir… puis vous avez vu mes tableaux des dernières fois, là… donc, on a connu une hausse incroyable du prix du logement. Pourquoi? Parce que la population du Canada explose, par rapport à n’importe quel autre pays de l’OCDE.
Et je vous parle de ça donc, parce qu’on doit constater que d’une part, ce sont des discussions très, très hypothétiques, avec lesquelles je n’ai aucun problème, là… Parler d’économie, c’est correct. Mais passer à côté du principal sujet, du principal aspect problématique de l’économie canadienne depuis 10 ans, selon le rapport de l’OCDE, et omettre son engagement, comme premier ministre, de demander les pleins pouvoirs en immigration, parce que François Legault sait ce qu’il va lui arriver, c’est-à-dire un autre refus, je trouve ça irresponsable.
Donc, j’aimerais rappeler à nouveau que le sabotage de notre modèle d’immigration, qui fonctionnait, c’est un sabotage qui vient du fédéral. J’aimerais rappeler que jamais on n’aura vu un premier ministre perdre le contrôle sur l’immigration que François Legault. Et j’aimerais rappeler que, pour tous les Québécois, incluant les Québécois issus de l’immigration, personne n’a intérêt à être dans un modèle où la crise du logement s’exacerbe, continue de… à croître, où on n’est plus capables de livrer les services, et où le français recule de manière spectaculaire, comme vous pouvez le voir à nouveau avec les plaintes à l’Office québécois de la langue française. Donc, personne n’a intérêt à ça.
Et on ne peut pas accueillir des centaines de milliers… Il y aurait peut-être des millions de personnes qui veulent venir au Québec, du jour au lendemain, et qui ont des bonnes raisons, mais il y a… à un moment donné, il va falloir se pencher sur un modèle durable, en fonction de notre capacité d’accueil, parce que tout ça ne fonctionne pas. Et je pense que, malheureusement, François Legault joue à l’autruche. »
Contexte : PSPP réagit à un reportage du Journal de Montréal qui établit que le tiers des homicides survenus au Québec en 2024 implique des jeunes de 21 ans et moins.
Déclaration : « Oui, c’est lié à des changements démographiques, on ne peut pas le nier. On assiste à l’émergence de groupes criminels nouveaux qui amènent au Québec des techniques de criminalité plus agressives pour lesquelles, à l’évidence, on est mal adaptés. Il y a 20 ans, avant les changements démographiques générés par l’immigration, on n’aurait jamais pensé que des groupes criminels puissent être aussi agressifs dans l’identification de jeunes, dès l’âge de 12-13 ans, pour les amener à des criminels actifs capables de meurtres à l’âge de 16 ans. Il faut prendre acte. On sous-estime, à l’échelle du Québec, la gravité de ce que ça peut entraîner, cette inaction-là. On connaît des cas, en Europe, de villes où on a perdu le contrôle de certaines parties de la ville en raison d’une ghettoïsation et d’une infiltration du crime organisé. »
Contexte : Le Parti québécois a publié une publicité critiquant le nombre de demandeurs d’asile « imposé » par « le Canada ». La publicité a été dénoncée comme trompeuse par plusieurs personnes, dont Louise Harel et Pierre Céré. Le 14 septembre 2025, Paul St-Pierre Plamondon publie un texte pour justifier la publicité.
Déclaration : « Rappelons que le Québec avait une planification de l’immigration qui fonctionnait très bien avant que le gouvernement fédéral, sous Trudeau, ne vienne la saboter. Rappelons également que les Québécois issus de l’immigration, comme tous les autres Québécois, n’ont pas plus d’intérêt que les autres à vivre dans une crise perpétuelle et aiguë du logement, ni à subir un recul des services publics ou encore du climat social, simplement pour plaire à quelques idéologues de la gauche radicale ou du gouvernement fédéral. »
Contexte: Paul St-Pierre Plamondon publie une vidéo dans laquelle il réplique à ses critiques sur le sujet de l’immigration
Déclaration: “Et c’est absolument faux d’affirmer que les Québécois issus de l’immigration ont des intérêts divergents de l’ensemble des Québécois, notamment sur la question fondamentale de la crise du logement, qui découle directement d’une immigration incontrôlée durant les dernières années. Les Québécois issus de l’immigration n’ont pas intérêt à ce que leur loyer, leur hypothèque soit désormais inabordable, parce qu’on a créé de toute pièce une crise du logement en accueillant un nombre de personnes beaucoup plus grand que notre capacité à faire des nouveaux logements durant la même année. Ce qui a créé évidemment un débalancement entre l’offre et la demande. Ils n’ont pas intérêt à ce que leurs enfants n’aient pas les moyens de s’acheter une première maison comme on voit en ce moment. Exactement comme l’ensemble des Québécois, les Québécois issus de l’immigration n’ont pas intérêt non plus à une dégradation des services publics comme la santé et l’éducation, même chose lorsqu’on parle de l’enjeu du climat social, personne n’a intérêt à ce qu’il se dégrade comme on le voit notamment en ce moment en Europe, en raison justement de dérives idéologiques qui ont mené à l’absence complète de planification entourant les questions d’immigration et d’intégration.”
Contexte: Paul St-Pierre Plamondon répond au discours d’ouverture de la session parlementaire prononcé par le premier ministre François Legault la veille
Déclaration: “Mais c’est parce que quand on regarde la croissance économique du Canada, par habitant, au cours des neuf dernières années, on se rend compte que le Canada est dernier. Dernier en occident, à part le Luxembourg. Il n’y a eu presque aucune croissance économique au cours des dernières années, et c’est dû à ce gouvernement libéral fédéral, qui est parti dans ses lubies idéologiques en amenant une vague d’immigration tellement soudaine et grande qu’essentiellement, pour faire une image, on a divisé la tarte, la même tarte, en des pointes plus petites, avec plus de personnes, mais on n’a pas été capables de générer de la croissance économique, on a été en adaptation à des changements migratoires.”
Contexte: Entrevue à l’émission “Place publique” à Ici Première Saguenay-Lac-Saint-Jean. Paul St-Pierre répond aux questions de l’animatrice qui craint que la réduction de l’immigration temporaire nuise à l’Université du Québec à Chicoutimi et aux entreprises de la région.
Déclaration: Plamondon: L’entreprise privée, elle n’aura pas à se poser la question: il y a une crise du logement. L’augmentation des loyers, du prix des maisons, le fait qu’une nouvelle génération aura pas accès du tout à la propriété… Animatrice: Mais vous savez que la crise du logement, c’est pas seulement le fait de l’immigration. Plamondon: Majoritairement, c’est LE facteur principal, je vous réfère à toutes les études qu’on a citées. Le facteur le plus important dans la crise du logement, c’est le choc démographique qu’on a connu dans les dix dernières années. Il y a pas de doute. Animatrice: Il y a des gens qui vivent seuls de plus en plus, il y a eu moins de construction de logements sociaux abordables dans les dernières années… Plamondon: Je vous réfère à cette étude de Pierre Fortin qui dit: “De tous les facteurs, le facteur le plus déterminant, c’est ce choc démographique.” Et d’ailleurs les fonctionnaires de Justin Trudeau l’avaient averti: si vous procédez avec votre politique, vous allez créer une crise du logement sans précédent, et pour des raisons idéologiques, on s’est entêté dans ce modèle-là.
Contexte : Le gouvernement fédéral veut augmenter les seuils d’immigration. Pendant la campagne électorale québécoise de 2022, François Legault fait un point de presse pour dénoncer cette décision.
Déclaration: « Les Québécois sont pacifiques, ils n’aiment pas la chicane, ils n’aiment pas les extrémistes, ils n’aiment pas la violence, donc il faut s’assurer qu’on garde ça comme c’est là actuellement, a-t-il notamment répondu. On a quand même des valeurs et on a parlé beaucoup de laïcité dans les dernières années; c’en est une des valeurs, aussi le respect. Il y a une façon de vivre chez nous et on veut la garder. »
Justification : Le lendemain, Legault s’est dit désolé « si ses propos ont porté à confusion ». Évidemment. Ce ne sont pas ses mots qui étaient mal choisis, c’est nous qui avons mal compris. Il a ajouté que « l’immigration est une richesse pour le Québec ». Mais c’était pour mieux en rajouter quelques jours plus tard.
Contexte : François Legault s’adresse à un rassemblement militant à Drummondville. Il réagit aux propositions du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire, qui proposent d’augmenter les seuils d’immigration.
Déclaration : « J’ai essayé d’expliquer pourquoi les Québécois se sont serré les coudes pendant la pandémie. C’est parce qu’on est un peuple, une nation qui est tissée serré. Et puis au cœur de cette nation, il y a le français. Et là, il y a une certaine urgence. On a vu dans les études qui ont été déposées dernièrement qu’il y a un déclin du français. C’est important de garder cette cohésion nationale, de défendre le français, d’arrêter le déclin du français. C’est comme mathématique. Si on veut arrêter le déclin pendant un certain temps, il faut mieux intégrer les nouveaux arrivants au français. »
Contexte : François Legault s’adresse à la Chambre de Commerce de Montréal pendant la campagne électorale. La Chambre de Commerce demande au gouvernement de hausser les seuils d’immigration.
Déclaration : « Des gens disent : où vous avez pris ça, la capacité d’intégration ? Bien, les chiffres sont clairs. Il y a un déclin du français. Si on garde la même recette, ça va donner le même gâteau. Si je suis réélu, le seuil d’immigration va rester à 50 000, mais on va être plus exigeant sur la connaissance du français. On va essayer d’envoyer un plus grand pourcentage dans les régions francophones, ça va aider. Mais tant qu’on n’aura pas stoppé le déclin du français, je pense que pour la nation québécoise qui veut protéger le français, ça serait un peu suicidaire d’aller augmenter les seuils. »
Justification : François Legault dit avoir été ovationné par la foule venue l’entendre. Il ne croit pas avoir à s’excuser pour ce qu’il a dit.
Contexte : Le gouvernement fédéral offre 750 millions $ à Québec pour compenser les coûts reliés à l’accueil des demandeurs d’asile alors que Québec demandait un milliard.
Déclaration : « Le gouvernement fédéral doit comprendre que c’est urgent de réduire le nombre d’immigrants temporaires au Québec, si on veut que les Québécois puissent se loger, que nos enfants aient accès à des enseignants qualifiés, pour que nos malades soient soignés et pour que le déclin français soit inversé. »
« On a actuellement une explosion du nombre d’immigrants temporaires. Ça amène des problèmes importants dans le logement, dans les services publics, l’éducation, la santé, l’avenir du français en particulier à Montréal. (…) Donc on voit que 100% du problème du logement vient de l’augmentation du nombre d’immigrants temporaires. (…) Le tiers du problème de pénurie de personnel qu’on vit en santé vient des 560 000 immigrants temporaires. (…) La moitié du manque d’enseignants qualifiés au Québec vient de la présence des immigrants temporaires. (…) Le tiers des immigrants temporaires ne parlent pas français. Ils sont surtout situés à Montréal. Donc ça amène un déclin du français au Québec, en particulier à Montréal. »
Contexte : François Legault demande au gouvernement fédéral de réduire de moitié le nombre de demandeurs d’asile sur le territoire québécois, quitte à les déplacer de force.
Déclaration : « Il faut trouver le moyen de répartir les demandeurs d’asile de façon plus équitable, a réitéré le premier ministre. Parce qu’actuellement, tout ce qui est proposé par le gouvernement fédéral, c’est sur une base volontaire par les demandeurs d’asile et sur une base volontaire par les autres provinces. Nous, ce qu’on veut, c’est [que] la moitié des demandeurs d’asile qui sont actuellement au Québec [soient] transférés dans d’autres provinces, a-t-il mentionné. Ce n’est pas logique qu’on ait reçu 45 % des demandeurs d’asile, alors que le Québec représente 22 % de la population canadienne. (…) Moi, ce que je veux, c’est qu’il y ait des résultats, a-t-il poursuivi. Alors oui, ça devrait être obligatoire. Mais c’est au gouvernement fédéral de gérer ça. »
Déclaration : « Je veux aujourd’hui envoyer un message très clair aux islamistes. Les valeurs fondamentales qu’on a au Québec, comme la laïcité, comme l’égalité hommes-femmes… Eh bien, on va se battre, puis jamais, jamais on ne va accepter que des personnes essaient de ne pas respecter les valeurs qui sont fondamentales au Québec. (…)[Le fait] de voir des gens qui prient dans les rues, dans des parcs publics, ce n’est pas quelque chose qu’on souhaite au Québec. Quand on veut prier, on va dans une église, on va dans une mosquée, mais pas dans des lieux publics. »
Contexte : François Legault demande au nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, de diminuer l’immigration temporaire.
Déclaration : « On le sait, on a excédé notre capacité d’intégration en immigration au Québec », a indiqué François Legault, lors d’une conférence de presse tenue à Terrebonne en soutien à son candidat à l’élection partielle dans la circonscription, Alex Gagné.
« M. Trudeau a perdu le contrôle du nombre d’immigrants », a-t-il accusé, en ajoutant qu’il exigera à Pierre Poilievre et Mark Carney de remédier à la situation.
Réduire le nombre d’immigrants temporaire dans la province s’avère notamment essentiel dans un contexte de « manque de logements » et pour assurer la « protection du français ». « On a des difficultés à répondre aux besoins pour les classes en éducation, et on a de la difficulté à trouver du personnel en santé », a-t-il ajouté, pour justifier sa position.
Contexte: Entrevue à Tout le monde en parle pour faire le bilan du gouvernement caquiste
Déclaration: “Le Québec est un des peuples les plus accueillants dans le monde. Ça c’est important de le répéter. Est un des peuples les plus accueillants dans le monde. Par contre, depuis deux ans, le gouvernement fédéral a augmenté de 200 000 à 400 000 le nombre d’immigrants temporaires en particulier à Montréal. Ça pose des problèmes de logement, ça pose des problèmes en éducation, en santé, ça pose des problèmes avec notre langue, ça pose des problèmes avec nos valeurs comme la laïcité. La majorité des Québécois n’aiment pas voir des prières de gens à genou dans nos rues ou devant la basilique Notre-Dame. C’est important de respecter ce que veulent la majorité des Québécois.
(…)
Ce que moi je dis là, c’est on doit rester accueillant, mais actuellement, le Québec a dépassé de beaucoup sa capacité d’accueil et sa capacité d’intégration et on doit réduire de 200 000 le nombre d’immigrants temporaires à Montréal et à Laval. C’est ce qu’on demande au gouvernement fédéral, puis on va prendre les moyens pour qu’enfin au gouvernement fédéral agisse.”
Contexte : Caucus présessionnel des élus caquistes.
Déclarations : « S’il vous plaît, Monsieur Trudeau, on a atteint la limite, là. On est effectivement au point de rupture. Alors, le bar ouvert en immigration, arrêtez ça là, parce que nous autres, en éducation, on manque de profs, puis on manque de locaux. On travaille très fort sur des solutions. Il faudrait que M. Trudeau nous aide un petit peu. »
Contexte : Point de presse des ministres pour demander au gouvernement fédéral de limiter l’arrivée des demandeurs d’asile au Québec.
Déclarations :
Christine Fréchette : « Il faut également que le fédéral réduise l’afflux des demandeurs d’asile en resserrant rapidement la politique canadienne d’octroi des visas. Il doit fermer toute brèche qui permettrait à des groupes criminels de s’infiltrer au Canada. Et également, il doit rembourser au Québec l’ensemble des sommes encourues pour l’accueil des demandeurs d’asile. »
Bernard Drainville : « La situation qu’Ottawa laisse perdurer depuis des années a un impact pas juste sur le personnel enseignant et sur les locaux, elle a un impact aussi sur les professionnels de l’éducation, les orthophonistes, les orthopédagogues, les psychologues, les psychoéducateurs, les éducatrices, le transport scolaire. Le fédéral n’en fait pas assez. Puis ce n’est pas juste une question d’argent. C’est important de le dire. Le montant qu’il nous donne pour couvrir ce que ça nous coûte ici, au Québec, est ridicule. Ça, c’est un fait. Ils ne nous donnent pas l’argent qui couvre les coûts de services. Mais ce n’est pas seulement une question d’argent. Parce que, rendus à la situation où on est présentement, on s’approche d’un point où nous n’arriverons plus à fournir les services aux personnes qui sont déjà sur le territoire québécois parce que nos ressources doivent se partager entre un nombre grandissant d’enfants. »
Chantal Rouleau : « L’augmentation incontrôlée du nombre de demandeurs d’asile sur le programme d’aide sociale nous conduit droit dans le mur. Le gouvernement de la Coalition avenir Québec, le gouvernement de la CAQ ne veut pas et ne va pas tolérer qu’on efface les progrès de la société québécoise. Il est temps que le gouvernement fédéral cesse de laisser nos frontières complètement ouvertes. »
Jean-François Roberge : « Donc, le gouvernement doit d’abord, le premier geste à poser, la première affaire, réviser la politique d’émission des visas, il doit aussi renforcer la surveillance des frontières, parce qu’on entend parler qu’il y a des groupes criminels qui profitent du laxisme actuel, il doit réduire le nombre de demandeurs d’asile, il doit répartir les demandeurs d’asile dans l’ensemble du Canada puis il doit évidemment rembourser le Québec, on parle de plus de 1 milliard pour les trois dernières années. Donc, c’est cinq R : Réviser, renforcer, réduire, répartir, rembourser. Puis, comme mes collègues l’ont montré, ça presse. »
Mon commentaire : En tant que telle, cette déclaration n’est pas si choquante. Demander que les demandeurs d’asile soient mieux répartis sur l’ensemble du territoire et que le gouvernement fédéral dédommage correctement les provinces est tout à fait légitime. Le problème est qu’on fait face à un gouvernement qui définance les services sociaux et blâme les demandeurs d’asile pour ses propres décisions.
Contexte : Bernard Drainville doit justifier le retard dans la mise sur pied des maternelles 4 ans promises par la CAQ.
Déclaration : « On veut créer des classes [de maternelle 4 ans], mais ça nous prend des enseignants, ça nous prend des locaux. Et l’essentiel de mon personnel, dans certains centres de services scolaires, sert essentiellement à instruire les nouveaux arrivants. Dans certains cas, j’inaugure une école toute neuve, il devait y avoir des maternelles 4 ans, et pourquoi il n’y en a pas ? Parce qu’il faut scolariser un plus grand nombre d’élèves que prévu, et dans certains cas, ce sont de nouveaux arrivants. Les enseignants affectés aux nouvelles classes de francisation et d’accueil, ce sont des enseignants que je pourrais utiliser dans d’autres contextes, par exemple des maternelles 4 ans. Mais je ne les ai point. »
Contexte : Bernard Drainville fait le point sur la pénurie d’enseignants à l’aube de la rentrée scolaire.
Déclaration : « Quand tu es obligé de fermer des maternelles 4 ans pour ouvrir des classes de francisation, ce n’est pas normal. »
Précision du Devoir : « À Montréal, à Laval, à Québec, dans Lanaudière, dans le Centre-du-Québec, dans les Laurentides et en Montérégie : partout, les CSS ont déclaré au Devoir qu’ils n’avaient pas fermé de groupes de maternelle 4 ans pour faire place à des classes de francisation. »
Contexte : Bernard Drainville commente comme chaque année le manque d’enseignants à la rentrée scolaire.
Déclaration : L’élu s’est ensuite dit « très fier » de constater que le réseau québécois ait pu « accueillir une telle augmentation d’immigrants ». Il a néanmoins renouvelé son appel au premier ministre canadien, Justin Trudeau, afin qu’il « reprenne le contrôle des frontières et du processus d’immigration ».
Le cabinet Drainville affirme que près de 80 % de la hausse de clientèle scolaire observée l’an dernier est attribuable aux élèves qui sont nés hors Canada. Il souligne qu’il y avait 1341 classes de francisation en mars 2024, une hausse par rapport au nombre de 1005, un an plus tôt. Or, de là à lier la hausse de l’immigration à la fermeture de classes de maternelle 4 ans, il y a un pas que les CSS ne sont pas prêts à franchir.
Contexte : L’école secondaire du Phare est inaugurée dans Charlesbourg et elle manque déjà d’espace. Le gouvernement annonce des classes modulaires.
Déclarations : « Notre plan A c’est de construire, d’agrandir, de rénover, mais c’est un excellent plan B, un modulaire. L’effectif scolaire est en hausse et c’est essentiellement à cause de l’immigration temporaire. Et donc il faut scolariser ces élèves qui nous arrivent d’ailleurs. On ne les blâme pas, c’est pas de leur faute. Mais comment veux-tu planifier, quand le gouvernement du Canada, décide de laisser entrer 600 000 immigrants temporaires en trois ans? »
Contexte : Bernard Drainville partage sur sa page Facebook un article de La Presse intitulé « Le nombre d’élèves issus de l’immigration explose »
Déclaration : « 1/3 des élèves issus de l’immigration
Quand on dit que l’immigration pèse lourd sur le réseau scolaire, en voici la preuve
On ne blâme ni les parents, ni les élèves qu’on scolarise le mieux possible. Mais force est de constater que les décisions du fédéral créent des besoins majeurs en personnel et en espace.
En 3 ans HAUSSE NETTE de 50 000 élèves du primaire et secondaire, tous issus de l’immigration, dont 40 000 sont nés hors du Canada.
Déclaration : « La hausse de l’immigration crée une pression énorme sur nos services publics et particulièrement sur nos écoles. Soyons clairs, on ne blâme pas du tout les enfants immigrants et leurs parents, mais il faut que les Québécois voient l’impact que les politiques du gouvernement fédéral ont sur nos écoles. On a de plus en plus d’enseignants et de personnel à l’école, mais ça va être difficile d’en venir à bout si le nombre d’élèves immigrants continue d’augmenter comme ça. »
Contexte : À Midi-Info, Bernard Drainville revient sur son recul sur les compressions en éducation.
Déclarations : « Les besoins sont grandissants. On a eu des nouveaux chiffres sur le nombre d’élèves qui était plus important que prévu lors de la dernière année scolaire. On voit ce qui se passe présentement aux frontières avec l’arrivée des demandeurs d’asile. On peut anticiper qu’il y aura encore plus d’élèves à scolariser l’année prochaine. (…) Les budgets vont continuer à payer. Mais la capacité de payer n’est pas infinie. On s’entend-tu là-dessus? La capacité de payer n’est pas infinie. »
Autres
21 septembre 2022
Auteur : Jean Boulet
Contexte : Débat électoral avec les autres candidats dans Trois-Rivières
Déclaration : « Les immigrants, les seuils, c’est un débat purement académique. Il faut s’assurer de bien les intégrer. 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise. La clé, c’est la régionalisation et la francisation. »
Justification : Jean Boulet s’est dit « désolé d’avoir mal exprimé sa pensée. L’extrait diffusé ne reflète pas ce que je pense. » François Legault a dit que les propos de Boulet le disqualifiaient comme ministre de l’Immigration. Il l’a tout de même conservé dans son cabinet comme ministre du Travail.
J’accorde à M. Boulet le mérite de ne pas avoir tenté de nous faire croire que c’était plutôt nous qui avions mal interprété ses paroles.
Déclaration : « L’impact des nouveaux arrivants joue un rôle sur tous nos services que l’on offre. Vous savez qu’à mon grand désespoir, il y a des gens qui partent d’Amérique du Sud, des Caraïbes, qui traversent les États-Unis à pied avec leurs enfants, qui arrivent au Québec, et qu’à cause de leur état, la DPJ est appelée et doit intervenir dans ces cas-là. (…) Non, on n’a pas de chiffres parce que malheureusement, le Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile ne rembourse et n’a des bases de données que sur la santé physique. Mais partout où je vais au Québec, les gens me disent qu’il y a quand même un grand nombre de signalements pour les nouveaux arrivants. D’ailleurs, (le cas) de ce matin (dans La Presse), c’était effectivement des nouveaux arrivants, qui ont vécu des traumas complexes, qui ont toutes sortes de difficultés et pour lesquels on appelle la DPJ à l’aide. »
En novembre 2024, le député solidaire de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, a créé une polémique en affirmant qu’il voyait tous les jours la « construction de l’autre » à l’Assemblée nationale. Il faisait référence entre autres à cette fâcheuse tendance de nos politiciens prétendument nationalistes à pointer du doigt l’immigrant pour tous les problèmes du Québec. La classe médiatique et politique s’est empressé de dénoncer ses paroles et de l’accuser de traiter tout le Québec de raciste. Je vous p
En novembre 2024, le député solidaire de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, a créé une polémique en affirmant qu’il voyait tous les jours la « construction de l’autre » à l’Assemblée nationale. Il faisait référence entre autres à cette fâcheuse tendance de nos politiciens prétendument nationalistes à pointer du doigt l’immigrant pour tous les problèmes du Québec. La classe médiatique et politique s’est empressé de dénoncer ses paroles et de l’accuser de traiter tout le Québec de raciste. Je vous présente ici une liste des déclarations qu’on peut selon moi associer à cette « construction de l’autre » depuis la campagne électorale de 2022. Cette liste sera mise à jour.
Contexte : Le Parti québécois demande que le chemin Roxham soit fermé
Déclaration : « On est les seuls à être à la recherche d’un modèle durable afin de faire en sorte qu’on évite ce qu’on voit ailleurs dans le monde en ce moment : la montée des extrêmes», a affirmé le chef péquiste en point de presse en marge du caucus présessionnel de son parti.
Paul St-Pierre Plamondon cite en exemple des pays comme le Danemark, la Suède, la Hongrie, la France ou encore l’Angleterre.
Le Parti québécois demande que le chemin Roxham soit fermé. «Si on compte l’immigration temporaire, la situation à Roxham, qui est en progression, et on prend les seuils actuels, nous, on constate le déclin du français, l’incapacité à loger tout le monde et l’incapacité à offrir des services. Donc, on est à la recherche d’un modèle qui soit plus durable, plus rassurant, plus garant de notre paix sociale et de la qualité des services également», a dit le chef de la formation indépendantiste.
«Supposons qu’on atteint les 100 000, puis ensuite on atteint les 200 000 entrées irrégulières. 95 % d’entre elles au Québec seulement, il faut visualiser l’impact», a-t-il ajouté.
«Ça va exacerber des insatisfactions»
(…)
Le chef péquiste croit que si on n’agit pas, il y aura des conséquences.
«Un modèle dans le cadre duquel le français est condamné à reculer, qu’on est en crise de logement exacerbée et que certaines familles ne peuvent même pas se loger et dans lequel on n’arrive plus à fournir des services à la population, ça va exacerber des insatisfactions», a-t-il dit.
«Si on fait l’erreur de ne pas trouver des modèles durables, ça aura des conséquences sur certaines parties de l’électorat qui vont décider de prendre les choses d’une autre manière», a ajouté le chef péquiste.
Le PQ veut baisser les seuils d’immigration à 35 000 personnes par année. Ils sont actuellement fixés à 50 000.
(…)
Paul St-Pierre Plamondon persiste et signe : le Québec met bel et bien en jeu, selon lui, sa « paix sociale » s’il poursuit sur sa lancée en immigration.
Le chef péquiste est revenu sur ses propos tenus la veille en marge du caucus de son parti, où il avait affirmé qu’une arrivée massive de demandeurs d’asile irréguliers, comme ceux qui entrent par le chemin Roxham, pourrait être favorable à la montée des extrêmes, citant des pays comme la Hongrie et la France.
Lorsque l’immigration n’est pas planifiée, surtout lorsqu’il n’y a pas de critères de sélection comme c’est le cas à Roxham, et que le nombre de personnes accueillies […] excède largement la capacité de loger, de nourrir les gens qui n’ont pas de permis de travail, ça a un impact sur la société d’accueil, a soutenu jeudi M. St-Pierre Plamondon à l’émission Tout un matin, sur les ondes d’ICI Première.
Ce que je constate, c’est que, dans les autres pays dans le monde qui ont raté cette planification [de l’immigration], ça a des conséquences sur leur tissu social, sur leur paix sociale.
S’il n’a pas précisé sa conception des extrêmes, le chef du Parti québécois a laissé entendre qu’il craignait une montée de l’extrême droite causée par une gestion chaotique de l’immigration.
Contexte : La CAQ a retiré de son programme la volonté d’obtenir pour le Québec les pleins pouvoirs en immigration.
Déclaration : « Vous savez qu’en fin de semaine, la CAQ a retiré de son programme la volonté de rapatrier les pouvoirs en immigration. Donc désormais il faut comprendre que la CAQ n’a plus cette prétention-là. Dans quel cas, je veux savoir de notre premier ministre : Si vous n’êtes plus pour obtenir les pleins pouvoirs en immigration et que votre engagement envers le Canada est absolu et éternel, j’aimerais que vous nous disiez si vous optez pour l’affaiblissement, voire la disparition, à long terme, du français dans le Canada ? »
Contexte : Les économistes Stéphane Marion et Alexandra Ducharme affirment que le Canada est tombé dans un piège démographique puisque la construction de logements ne suit pas l’augmentation de la population.
Déclaration : « On ment éhontément à la population. Les économistes disent que la hausse des seuils n’est pas une solution, n’a pas d’impact sur la pénurie de main d’œuvre. Et lorsque le ministre Marc Miller dit qu’il n’y a pas de problème parce que chaque immigrant va bâtir lui-même sa maison, c’est vraiment du délire. C’est une dérive idéologique qui a des conséquences réelles. C’est-à-dire que l’itinérance monte en flèche aux quatre coins du Québec, les logements ne sont plus abordables et il y a des conséquences sociales, l’appauvrissement des ménages parce que les loyers augmentent de manière incontrôlée. Tout ça pour des faussetés. Pour un courant idéologique. »
Contexte : Débat à RDI entre les chefs de parti excepté François Legault.
Déclarations : « Si on ne réduit pas les travailleurs temporaires, les demandeurs d’asile et les étudiants étrangers, on arrivera jamais à un équilibre et cette crise du logement, mais aussi la crise sur notre capacité à livrer des services et à intégrer en français, vont se poursuivre. » Le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay, lui demande alors s’il trouve qu’il y a trop de travailleurs temporaires au Québec et qu’il aimerait en voir quitter. « Par définition, un visa temporaire, c’est quelqu’un qui arrive et qui quitte. Et donc ça vient avec la définition de travailleur avec un visa temporaire. Si le simple fait d’arriver sur le territoire donne un statut de permanent, peu importe par quel chemin, peu importe si on remplit les critères ou non, ça crée un chaos. »
Contexte : PSPP réagit à l’annonce du gouvernement du Québec d’imposer un moratoire de six mois sur l’émission de permis pour les travailleurs étrangers temporaires.
Déclaration : « Ça témoigne du fait que [François Legault] est complètement dépassé par la situation en matière d’immigration. Il est impuissant vis-à-vis le fédéral. Et ce n’est pas des mesures en surface et aussi pointues qui vont renverser une tendance qui est très lourde. C’est un petit pas, mais on n’est plus à l’époque des petits pas. On est au moment de prendre des mesures très fermes pour renverser une situation qui est intenable, de son propre aveu. En guise de réponse, le Parti québécois présentera d’ici octobre « un plan de réduction drastique et substantielle » de l’immigration temporaire et permanente. Le projet péquiste touchera « toutes les catégories de manière à ce que la crise du logement se résorbe, qu’on retrouve un équilibre », a-t-il dit. M. St-Pierre Plamondon n’a pas voulu étayer ce que signifie pour lui une « réduction drastique ».
« Attendez-vous à un contraste très, très important entre les mesurettes de la CAQ et la procrastination de la CAQ, d’une part, et notre volonté de ramener le modèle à quelque chose de durable et viable, c’est-à-dire un modèle qui correspond à notre capacité d’intégrer en français, de donner des services équitables à tout le monde et de donner un toit à tout le monde », a-t-il résumé.
Contexte : Un stagiaire en enseignement est la victime d’horribles commentaires haineux de la part de certains de ses élèves, la plupart visant son orientation sexuelle.
Déclaration : « Cette situation soulève la question du communautarisme religieux et de l’incapacité de nos écoles à intégrer une partie des nouveaux arrivants à la société québécoise. Lors de l’entrevue au 98,5, l’animateur Patrick Lagacé a demandé si le caractère multiethnique de la classe en question avait pu jouer dans la banalisation de ce genre de geste. C’est une question qui est, je le conçois, très délicate. On doit l’aborder avec toute la responsabilité qui nous incombe et les mots justes. Mais on doit l’aborder. Est-ce que le rapport à l’homosexualité qu’ont des membres de certaines communautés, dans le contexte d’une salle de classe issue à 90% de l’immigration, a pu jouer dans un cas comme celui-ci? (…) L’incapacité de plus en plus grande du Québec à intégrer par l’école est un réel sujet qui devrait tous nous préoccuper collectivement. Sans intégration, nous assisterons à la désintégration du contrat social québécois axé sur la paix sociale, ainsi que de notre culture québécoise, cette même culture paisible et respectueuse qui fait du Québec une terre d’accueil si attirante. Il ne s’agit pas ici de blâmer qui que ce soit ou de trouver des coupables, mais plutôt de faire des constats difficiles mais nécessaires, qui nous permettront d’avancer et de trouver des politiques publiques capables de recréer une mixité et une intégration dans les valeurs partagées de notre société. L’un des mandats fondamentaux de l’école est de former des citoyens. L’école québécoise ne doit plus uniquement viser à transmettre la maîtrise du français, elle doit aussi viser à transmettre la culture québécoise, notre vision du monde et notre façon de participer et de le façonner. Et surtout de transmettre une citoyenneté qui garantit une place, la sécurité et le respect de tous et chacun. »
(Bref, oui il y a de l’homophobie au Québec, mais c’est surtout la faute des immigrants.)
Contexte : Conférence de presse à l’Assemblée nationale. Le Parti québécois présente son plan en matière d’immigration.
Déclaration : « Donc, on va se concentrer sur le fait de régler des crises qui ont une influence négative sur le taux de natalité au niveau du logement, des services. Notre réflexion peut peut-être aller plus loin dans le programme de 2026, mais c’est relié, parce que si nos seuils d’immigration sont trop élevés, il n’y a pas de logement, le logement coûte très cher, les gens sont étouffés au niveau du paiement de leur hypothèque et du loyer, est-ce qu’ils vont prendre la décision d’avoir un enfant ou un enfant de plus? Les deux sont reliés. »
Contexte : Point de presse pendant la campagne électorale fédérale pour demander de fermer les frontières aux Américains qui tentent de fuir leur pays depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Déclaration : « Au Québec, le nombre de demandes d’asile en provenance des États-Unis a triplé depuis l’arrivée de Donald Trump, et, comme je vous le disais en novembre dernier, c’est probablement juste le commencement, la pointe de l’iceberg d’un phénomène qui va être beaucoup plus grand et qui vise des millions de personnes. J’en ai parlé en novembre dernier pour dire : Il faut surveiller ça. Et je réitère, là, le Québec est un endroit accueillant, respectueux, mais la crise du logement, l’impact sur les services et le recul du français n’est plus un débat au Québec. »
« Parce que si vous pensez que Roxham… si vous pensez que Roxham, c’était du sabotage, ce qui s’en vient, compte tenu, là, des millions de personnes qui sont en jeu avec les politiques de Donald Trump, ce qui s’en vient est peut-être encore beaucoup plus gros que ce qu’on a connu sur Roxham. »
Contexte : Point de presse pour commenter la première rencontre entre François Legault et Mark Carney.
Déclaration : « On est rendus, au Québec, seulement pour les quatre premiers mois de l’année à 14 000 demandeurs d’asile. Et, ça, c’est une des catégories en immigration. Mais ça veut dire que, pendant que le gouvernement prépare un document où est-ce qu’on va nous dire que les seuils sont maintenant à 30 000, 35 000, 40 000, dans les faits, on continue à accueillir nettement plus de personnes. Et on n’a aucun contrôle là-dessus. La CAQ a littéralement perdu le contrôle sur le nombre de personnes qu’on accueille au Québec. Peu importe ce qu’il dit par après, ça ne correspond pas à la réalité.
Donc, juste pour vous donner une impression, là, au mois d’avril, on parle de 2 875 entrées à Lacolle, c’était 654 l’année dernière. On est pas mal, donc, dans des chiffres qui ressemblent à l’époque de Roxham. Donc, on est vraiment dans un délire idéologique, et la CAQ choisit de se fermer les yeux.
Donc, je vous parle de ça parce qu’on a un François Legault tout sourire hier, il se rend à sa première rencontre avec Mark Carney, et moi, je lui avais demandé : Allez vous demander les pleins pouvoirs en immigration, là? C’est une question de survie de la nation, de louisianisation. Allez-vous le faire? Moi, je n’ai pas entendu parler de ce sujet-là. J’ai entendu parler seulement d’économie. Or, qu’en est-il de l’économie du Canada depuis 10 ans? Ça, c’est le tableau de la croissance économique per capita du Canada de 2015 à 2024. Vous avez de la misère à le voir dans le fond, là, mais la croissance économique du Canada, là, elle est ici, elle est minuscule. Et, ce matin, là, notamment, le National Post, mais d’autres médias rapportent le rapport de l’OCDE, qui est très clair : la croissance économique du Canada, dans les 10 dernières années, est minuscule, en raison d’un choc démographique, ce qu’on appelle…
Dans notre document sur l’immigration, on vous a donné plusieurs études qui parlent d’un piège démographique. C’est-à-dire que, si on impose une hausse de l’immigration trop forte, trop soudaine, ça crée une crise du logement, ça crée beaucoup de ressources en adaptation, et ultimement, donc, ça crée une stagnation de la création de richesse. Donc, de voir… puis vous avez vu mes tableaux des dernières fois, là… donc, on a connu une hausse incroyable du prix du logement. Pourquoi? Parce que la population du Canada explose, par rapport à n’importe quel autre pays de l’OCDE.
Et je vous parle de ça donc, parce qu’on doit constater que d’une part, ce sont des discussions très, très hypothétiques, avec lesquelles je n’ai aucun problème, là… Parler d’économie, c’est correct. Mais passer à côté du principal sujet, du principal aspect problématique de l’économie canadienne depuis 10 ans, selon le rapport de l’OCDE, et omettre son engagement, comme premier ministre, de demander les pleins pouvoirs en immigration, parce que François Legault sait ce qu’il va lui arriver, c’est-à-dire un autre refus, je trouve ça irresponsable.
Donc, j’aimerais rappeler à nouveau que le sabotage de notre modèle d’immigration, qui fonctionnait, c’est un sabotage qui vient du fédéral. J’aimerais rappeler que jamais on n’aura vu un premier ministre perdre le contrôle sur l’immigration que François Legault. Et j’aimerais rappeler que, pour tous les Québécois, incluant les Québécois issus de l’immigration, personne n’a intérêt à être dans un modèle où la crise du logement s’exacerbe, continue de… à croître, où on n’est plus capables de livrer les services, et où le français recule de manière spectaculaire, comme vous pouvez le voir à nouveau avec les plaintes à l’Office québécois de la langue française. Donc, personne n’a intérêt à ça.
Et on ne peut pas accueillir des centaines de milliers… Il y aurait peut-être des millions de personnes qui veulent venir au Québec, du jour au lendemain, et qui ont des bonnes raisons, mais il y a… à un moment donné, il va falloir se pencher sur un modèle durable, en fonction de notre capacité d’accueil, parce que tout ça ne fonctionne pas. Et je pense que, malheureusement, François Legault joue à l’autruche. »
Contexte : PSPP réagit à un reportage du Journal de Montréal qui établit que le tiers des homicides survenus au Québec en 2024 implique des jeunes de 21 ans et moins.
Déclaration : « Oui, c’est lié à des changements démographiques, on ne peut pas le nier. On assiste à l’émergence de groupes criminels nouveaux qui amènent au Québec des techniques de criminalité plus agressives pour lesquelles, à l’évidence, on est mal adaptés. Il y a 20 ans, avant les changements démographiques générés par l’immigration, on n’aurait jamais pensé que des groupes criminels puissent être aussi agressifs dans l’identification de jeunes, dès l’âge de 12-13 ans, pour les amener à des criminels actifs capables de meurtres à l’âge de 16 ans. Il faut prendre acte. On sous-estime, à l’échelle du Québec, la gravité de ce que ça peut entraîner, cette inaction-là. On connaît des cas, en Europe, de villes où on a perdu le contrôle de certaines parties de la ville en raison d’une ghettoïsation et d’une infiltration du crime organisé. »
Contexte : Le Parti québécois a publié une publicité critiquant le nombre de demandeurs d’asile « imposé » par « le Canada ». La publicité a été dénoncée comme trompeuse par plusieurs personnes, dont Louise Harel et Pierre Céré. Le 14 septembre 2025, Paul St-Pierre Plamondon publie un texte pour justifier la publicité.
Déclaration : « Rappelons que le Québec avait une planification de l’immigration qui fonctionnait très bien avant que le gouvernement fédéral, sous Trudeau, ne vienne la saboter. Rappelons également que les Québécois issus de l’immigration, comme tous les autres Québécois, n’ont pas plus d’intérêt que les autres à vivre dans une crise perpétuelle et aiguë du logement, ni à subir un recul des services publics ou encore du climat social, simplement pour plaire à quelques idéologues de la gauche radicale ou du gouvernement fédéral. »
Contexte: Paul St-Pierre Plamondon publie une vidéo dans laquelle il réplique à ses critiques sur le sujet de l’immigration
Déclaration: « Et c’est absolument faux d’affirmer que les Québécois issus de l’immigration ont des intérêts divergents de l’ensemble des Québécois, notamment sur la question fondamentale de la crise du logement, qui découle directement d’une immigration incontrôlée durant les dernières années. Les Québécois issus de l’immigration n’ont pas intérêt à ce que leur loyer, leur hypothèque soit désormais inabordable, parce qu’on a créé de toute pièce une crise du logement en accueillant un nombre de personnes beaucoup plus grand que notre capacité à faire des nouveaux logements durant la même année. Ce qui a créé évidemment un débalancement entre l’offre et la demande. Ils n’ont pas intérêt à ce que leurs enfants n’aient pas les moyens de s’acheter une première maison comme on voit en ce moment. Exactement comme l’ensemble des Québécois, les Québécois issus de l’immigration n’ont pas intérêt non plus à une dégradation des services publics comme la santé et l’éducation, même chose lorsqu’on parle de l’enjeu du climat social, personne n’a intérêt à ce qu’il se dégrade comme on le voit notamment en ce moment en Europe, en raison justement de dérives idéologiques qui ont mené à l’absence complète de planification entourant les questions d’immigration et d’intégration. »
Contexte: Paul St-Pierre Plamondon répond au discours d’ouverture de la session parlementaire prononcé par le premier ministre François Legault la veille
Déclaration: « Mais c’est parce que quand on regarde la croissance économique du Canada, par habitant, au cours des neuf dernières années, on se rend compte que le Canada est dernier. Dernier en occident, à part le Luxembourg. Il n’y a eu presque aucune croissance économique au cours des dernières années, et c’est dû à ce gouvernement libéral fédéral, qui est parti dans ses lubies idéologiques en amenant une vague d’immigration tellement soudaine et grande qu’essentiellement, pour faire une image, on a divisé la tarte, la même tarte, en des pointes plus petites, avec plus de personnes, mais on n’a pas été capables de générer de la croissance économique, on a été en adaptation à des changements migratoires. »
Contexte: Entrevue à l’émission « Place publique » à Ici Première Saguenay-Lac-Saint-Jean. Paul St-Pierre répond aux questions de l’animatrice qui craint que la réduction de l’immigration temporaire nuise à l’Université du Québec à Chicoutimi et aux entreprises de la région.
Déclaration: Plamondon: L’entreprise privée, elle n’aura pas à se poser la question: il y a une crise du logement. L’augmentation des loyers, du prix des maisons, le fait qu’une nouvelle génération aura pas accès du tout à la propriété… Animatrice: Mais vous savez que la crise du logement, c’est pas seulement le fait de l’immigration. Plamondon: Majoritairement, c’est LE facteur principal, je vous réfère à toutes les études qu’on a citées. Le facteur le plus important dans la crise du logement, c’est le choc démographique qu’on a connu dans les dix dernières années. Il y a pas de doute. Animatrice: Il y a des gens qui vivent seuls de plus en plus, il y a eu moins de construction de logements sociaux abordables dans les dernières années… Plamondon: Je vous réfère à cette étude de Pierre Fortin qui dit: « De tous les facteurs, le facteur le plus déterminant, c’est ce choc démographique. » Et d’ailleurs les fonctionnaires de Justin Trudeau l’avaient averti: si vous procédez avec votre politique, vous allez créer une crise du logement sans précédent, et pour des raisons idéologiques, on s’est entêté dans ce modèle-là.
Contexte : Le gouvernement fédéral veut augmenter les seuils d’immigration. Pendant la campagne électorale québécoise de 2022, François Legault fait un point de presse pour dénoncer cette décision.
Déclaration: « Les Québécois sont pacifiques, ils n’aiment pas la chicane, ils n’aiment pas les extrémistes, ils n’aiment pas la violence, donc il faut s’assurer qu’on garde ça comme c’est là actuellement, a-t-il notamment répondu. On a quand même des valeurs et on a parlé beaucoup de laïcité dans les dernières années; c’en est une des valeurs, aussi le respect. Il y a une façon de vivre chez nous et on veut la garder. »
Justification : Le lendemain, Legault s’est dit désolé « si ses propos ont porté à confusion ». Évidemment. Ce ne sont pas ses mots qui étaient mal choisis, c’est nous qui avons mal compris. Il a ajouté que « l’immigration est une richesse pour le Québec ». Mais c’était pour mieux en rajouter quelques jours plus tard.
Contexte : François Legault s’adresse à un rassemblement militant à Drummondville. Il réagit aux propositions du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire, qui proposent d’augmenter les seuils d’immigration.
Déclaration : « J’ai essayé d’expliquer pourquoi les Québécois se sont serré les coudes pendant la pandémie. C’est parce qu’on est un peuple, une nation qui est tissée serré. Et puis au cœur de cette nation, il y a le français. Et là, il y a une certaine urgence. On a vu dans les études qui ont été déposées dernièrement qu’il y a un déclin du français. C’est important de garder cette cohésion nationale, de défendre le français, d’arrêter le déclin du français. C’est comme mathématique. Si on veut arrêter le déclin pendant un certain temps, il faut mieux intégrer les nouveaux arrivants au français. »
Contexte : François Legault s’adresse à la Chambre de Commerce de Montréal pendant la campagne électorale. La Chambre de Commerce demande au gouvernement de hausser les seuils d’immigration.
Déclaration : « Des gens disent : où vous avez pris ça, la capacité d’intégration ? Bien, les chiffres sont clairs. Il y a un déclin du français. Si on garde la même recette, ça va donner le même gâteau. Si je suis réélu, le seuil d’immigration va rester à 50 000, mais on va être plus exigeant sur la connaissance du français. On va essayer d’envoyer un plus grand pourcentage dans les régions francophones, ça va aider. Mais tant qu’on n’aura pas stoppé le déclin du français, je pense que pour la nation québécoise qui veut protéger le français, ça serait un peu suicidaire d’aller augmenter les seuils. »
Justification : François Legault dit avoir été ovationné par la foule venue l’entendre. Il ne croit pas avoir à s’excuser pour ce qu’il a dit.
Contexte : Le gouvernement fédéral offre 750 millions $ à Québec pour compenser les coûts reliés à l’accueil des demandeurs d’asile alors que Québec demandait un milliard.
Déclaration : « Le gouvernement fédéral doit comprendre que c’est urgent de réduire le nombre d’immigrants temporaires au Québec, si on veut que les Québécois puissent se loger, que nos enfants aient accès à des enseignants qualifiés, pour que nos malades soient soignés et pour que le déclin français soit inversé. »
« On a actuellement une explosion du nombre d’immigrants temporaires. Ça amène des problèmes importants dans le logement, dans les services publics, l’éducation, la santé, l’avenir du français en particulier à Montréal. (…) Donc on voit que 100% du problème du logement vient de l’augmentation du nombre d’immigrants temporaires. (…) Le tiers du problème de pénurie de personnel qu’on vit en santé vient des 560 000 immigrants temporaires. (…) La moitié du manque d’enseignants qualifiés au Québec vient de la présence des immigrants temporaires. (…) Le tiers des immigrants temporaires ne parlent pas français. Ils sont surtout situés à Montréal. Donc ça amène un déclin du français au Québec, en particulier à Montréal. »
Contexte : François Legault demande au gouvernement fédéral de réduire de moitié le nombre de demandeurs d’asile sur le territoire québécois, quitte à les déplacer de force.
Déclaration : « Il faut trouver le moyen de répartir les demandeurs d’asile de façon plus équitable, a réitéré le premier ministre. Parce qu’actuellement, tout ce qui est proposé par le gouvernement fédéral, c’est sur une base volontaire par les demandeurs d’asile et sur une base volontaire par les autres provinces. Nous, ce qu’on veut, c’est [que] la moitié des demandeurs d’asile qui sont actuellement au Québec [soient] transférés dans d’autres provinces, a-t-il mentionné. Ce n’est pas logique qu’on ait reçu 45 % des demandeurs d’asile, alors que le Québec représente 22 % de la population canadienne. (…) Moi, ce que je veux, c’est qu’il y ait des résultats, a-t-il poursuivi. Alors oui, ça devrait être obligatoire. Mais c’est au gouvernement fédéral de gérer ça. »
Déclaration : « Je veux aujourd’hui envoyer un message très clair aux islamistes. Les valeurs fondamentales qu’on a au Québec, comme la laïcité, comme l’égalité hommes-femmes… Eh bien, on va se battre, puis jamais, jamais on ne va accepter que des personnes essaient de ne pas respecter les valeurs qui sont fondamentales au Québec. (…)[Le fait] de voir des gens qui prient dans les rues, dans des parcs publics, ce n’est pas quelque chose qu’on souhaite au Québec. Quand on veut prier, on va dans une église, on va dans une mosquée, mais pas dans des lieux publics. »
Contexte : François Legault demande au nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney, de diminuer l’immigration temporaire.
Déclaration : « On le sait, on a excédé notre capacité d’intégration en immigration au Québec », a indiqué François Legault, lors d’une conférence de presse tenue à Terrebonne en soutien à son candidat à l’élection partielle dans la circonscription, Alex Gagné.
« M. Trudeau a perdu le contrôle du nombre d’immigrants », a-t-il accusé, en ajoutant qu’il exigera à Pierre Poilievre et Mark Carney de remédier à la situation.
Réduire le nombre d’immigrants temporaire dans la province s’avère notamment essentiel dans un contexte de « manque de logements » et pour assurer la « protection du français ». « On a des difficultés à répondre aux besoins pour les classes en éducation, et on a de la difficulté à trouver du personnel en santé », a-t-il ajouté, pour justifier sa position.
Contexte: Entrevue à Tout le monde en parle pour faire le bilan du gouvernement caquiste
Déclaration: « Le Québec est un des peuples les plus accueillants dans le monde. Ça c’est important de le répéter. Est un des peuples les plus accueillants dans le monde. Par contre, depuis deux ans, le gouvernement fédéral a augmenté de 200 000 à 400 000 le nombre d’immigrants temporaires en particulier à Montréal. Ça pose des problèmes de logement, ça pose des problèmes en éducation, en santé, ça pose des problèmes avec notre langue, ça pose des problèmes avec nos valeurs comme la laïcité. La majorité des Québécois n’aiment pas voir des prières de gens à genou dans nos rues ou devant la basilique Notre-Dame. C’est important de respecter ce que veulent la majorité des Québécois.
(…)
Ce que moi je dis là, c’est on doit rester accueillant, mais actuellement, le Québec a dépassé de beaucoup sa capacité d’accueil et sa capacité d’intégration et on doit réduire de 200 000 le nombre d’immigrants temporaires à Montréal et à Laval. C’est ce qu’on demande au gouvernement fédéral, puis on va prendre les moyens pour qu’enfin au gouvernement fédéral agisse. »
Contexte : Caucus présessionnel des élus caquistes.
Déclarations : « S’il vous plaît, Monsieur Trudeau, on a atteint la limite, là. On est effectivement au point de rupture. Alors, le bar ouvert en immigration, arrêtez ça là, parce que nous autres, en éducation, on manque de profs, puis on manque de locaux. On travaille très fort sur des solutions. Il faudrait que M. Trudeau nous aide un petit peu. »
Contexte : Point de presse des ministres pour demander au gouvernement fédéral de limiter l’arrivée des demandeurs d’asile au Québec.
Déclarations :
Christine Fréchette : « Il faut également que le fédéral réduise l’afflux des demandeurs d’asile en resserrant rapidement la politique canadienne d’octroi des visas. Il doit fermer toute brèche qui permettrait à des groupes criminels de s’infiltrer au Canada. Et également, il doit rembourser au Québec l’ensemble des sommes encourues pour l’accueil des demandeurs d’asile. »
Bernard Drainville : « La situation qu’Ottawa laisse perdurer depuis des années a un impact pas juste sur le personnel enseignant et sur les locaux, elle a un impact aussi sur les professionnels de l’éducation, les orthophonistes, les orthopédagogues, les psychologues, les psychoéducateurs, les éducatrices, le transport scolaire. Le fédéral n’en fait pas assez. Puis ce n’est pas juste une question d’argent. C’est important de le dire. Le montant qu’il nous donne pour couvrir ce que ça nous coûte ici, au Québec, est ridicule. Ça, c’est un fait. Ils ne nous donnent pas l’argent qui couvre les coûts de services. Mais ce n’est pas seulement une question d’argent. Parce que, rendus à la situation où on est présentement, on s’approche d’un point où nous n’arriverons plus à fournir les services aux personnes qui sont déjà sur le territoire québécois parce que nos ressources doivent se partager entre un nombre grandissant d’enfants. »
Chantal Rouleau : « L’augmentation incontrôlée du nombre de demandeurs d’asile sur le programme d’aide sociale nous conduit droit dans le mur. Le gouvernement de la Coalition avenir Québec, le gouvernement de la CAQ ne veut pas et ne va pas tolérer qu’on efface les progrès de la société québécoise. Il est temps que le gouvernement fédéral cesse de laisser nos frontières complètement ouvertes. »
Jean-François Roberge : « Donc, le gouvernement doit d’abord, le premier geste à poser, la première affaire, réviser la politique d’émission des visas, il doit aussi renforcer la surveillance des frontières, parce qu’on entend parler qu’il y a des groupes criminels qui profitent du laxisme actuel, il doit réduire le nombre de demandeurs d’asile, il doit répartir les demandeurs d’asile dans l’ensemble du Canada puis il doit évidemment rembourser le Québec, on parle de plus de 1 milliard pour les trois dernières années. Donc, c’est cinq R : Réviser, renforcer, réduire, répartir, rembourser. Puis, comme mes collègues l’ont montré, ça presse. »
Mon commentaire : En tant que telle, cette déclaration n’est pas si choquante. Demander que les demandeurs d’asile soient mieux répartis sur l’ensemble du territoire et que le gouvernement fédéral dédommage correctement les provinces est tout à fait légitime. Le problème est qu’on fait face à un gouvernement qui définance les services sociaux et blâme les demandeurs d’asile pour ses propres décisions.
Contexte : Bernard Drainville doit justifier le retard dans la mise sur pied des maternelles 4 ans promises par la CAQ.
Déclaration : « On veut créer des classes [de maternelle 4 ans], mais ça nous prend des enseignants, ça nous prend des locaux. Et l’essentiel de mon personnel, dans certains centres de services scolaires, sert essentiellement à instruire les nouveaux arrivants. Dans certains cas, j’inaugure une école toute neuve, il devait y avoir des maternelles 4 ans, et pourquoi il n’y en a pas ? Parce qu’il faut scolariser un plus grand nombre d’élèves que prévu, et dans certains cas, ce sont de nouveaux arrivants. Les enseignants affectés aux nouvelles classes de francisation et d’accueil, ce sont des enseignants que je pourrais utiliser dans d’autres contextes, par exemple des maternelles 4 ans. Mais je ne les ai point. »
Contexte : Bernard Drainville fait le point sur la pénurie d’enseignants à l’aube de la rentrée scolaire.
Déclaration : « Quand tu es obligé de fermer des maternelles 4 ans pour ouvrir des classes de francisation, ce n’est pas normal. »
Précision du Devoir : « À Montréal, à Laval, à Québec, dans Lanaudière, dans le Centre-du-Québec, dans les Laurentides et en Montérégie : partout, les CSS ont déclaré au Devoir qu’ils n’avaient pas fermé de groupes de maternelle 4 ans pour faire place à des classes de francisation. »
Contexte : Bernard Drainville commente comme chaque année le manque d’enseignants à la rentrée scolaire.
Déclaration : L’élu s’est ensuite dit « très fier » de constater que le réseau québécois ait pu « accueillir une telle augmentation d’immigrants ». Il a néanmoins renouvelé son appel au premier ministre canadien, Justin Trudeau, afin qu’il « reprenne le contrôle des frontières et du processus d’immigration ».
Le cabinet Drainville affirme que près de 80 % de la hausse de clientèle scolaire observée l’an dernier est attribuable aux élèves qui sont nés hors Canada. Il souligne qu’il y avait 1341 classes de francisation en mars 2024, une hausse par rapport au nombre de 1005, un an plus tôt. Or, de là à lier la hausse de l’immigration à la fermeture de classes de maternelle 4 ans, il y a un pas que les CSS ne sont pas prêts à franchir.
Contexte : L’école secondaire du Phare est inaugurée dans Charlesbourg et elle manque déjà d’espace. Le gouvernement annonce des classes modulaires.
Déclarations : « Notre plan A c’est de construire, d’agrandir, de rénover, mais c’est un excellent plan B, un modulaire. L’effectif scolaire est en hausse et c’est essentiellement à cause de l’immigration temporaire. Et donc il faut scolariser ces élèves qui nous arrivent d’ailleurs. On ne les blâme pas, c’est pas de leur faute. Mais comment veux-tu planifier, quand le gouvernement du Canada, décide de laisser entrer 600 000 immigrants temporaires en trois ans? »
Contexte : Bernard Drainville partage sur sa page Facebook un article de La Presse intitulé « Le nombre d’élèves issus de l’immigration explose »
Déclaration : « 1/3 des élèves issus de l’immigration
Quand on dit que l’immigration pèse lourd sur le réseau scolaire, en voici la preuve
On ne blâme ni les parents, ni les élèves qu’on scolarise le mieux possible. Mais force est de constater que les décisions du fédéral créent des besoins majeurs en personnel et en espace.
En 3 ans HAUSSE NETTE de 50 000 élèves du primaire et secondaire, tous issus de l’immigration, dont 40 000 sont nés hors du Canada.
Déclaration : « La hausse de l’immigration crée une pression énorme sur nos services publics et particulièrement sur nos écoles. Soyons clairs, on ne blâme pas du tout les enfants immigrants et leurs parents, mais il faut que les Québécois voient l’impact que les politiques du gouvernement fédéral ont sur nos écoles. On a de plus en plus d’enseignants et de personnel à l’école, mais ça va être difficile d’en venir à bout si le nombre d’élèves immigrants continue d’augmenter comme ça. »
Contexte : À Midi-Info, Bernard Drainville revient sur son recul sur les compressions en éducation.
Déclarations : « Les besoins sont grandissants. On a eu des nouveaux chiffres sur le nombre d’élèves qui était plus important que prévu lors de la dernière année scolaire. On voit ce qui se passe présentement aux frontières avec l’arrivée des demandeurs d’asile. On peut anticiper qu’il y aura encore plus d’élèves à scolariser l’année prochaine. (…) Les budgets vont continuer à payer. Mais la capacité de payer n’est pas infinie. On s’entend-tu là-dessus? La capacité de payer n’est pas infinie. »
Autres
21 septembre 2022
Auteur : Jean Boulet
Contexte : Débat électoral avec les autres candidats dans Trois-Rivières
Déclaration : « Les immigrants, les seuils, c’est un débat purement académique. Il faut s’assurer de bien les intégrer. 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise. La clé, c’est la régionalisation et la francisation. »
Justification : Jean Boulet s’est dit « désolé d’avoir mal exprimé sa pensée. L’extrait diffusé ne reflète pas ce que je pense. » François Legault a dit que les propos de Boulet le disqualifiaient comme ministre de l’Immigration. Il l’a tout de même conservé dans son cabinet comme ministre du Travail.
J’accorde à M. Boulet le mérite de ne pas avoir tenté de nous faire croire que c’était plutôt nous qui avions mal interprété ses paroles.
Déclaration : « L’impact des nouveaux arrivants joue un rôle sur tous nos services que l’on offre. Vous savez qu’à mon grand désespoir, il y a des gens qui partent d’Amérique du Sud, des Caraïbes, qui traversent les États-Unis à pied avec leurs enfants, qui arrivent au Québec, et qu’à cause de leur état, la DPJ est appelée et doit intervenir dans ces cas-là. (…) Non, on n’a pas de chiffres parce que malheureusement, le Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile ne rembourse et n’a des bases de données que sur la santé physique. Mais partout où je vais au Québec, les gens me disent qu’il y a quand même un grand nombre de signalements pour les nouveaux arrivants. D’ailleurs, (le cas) de ce matin (dans La Presse), c’était effectivement des nouveaux arrivants, qui ont vécu des traumas complexes, qui ont toutes sortes de difficultés et pour lesquels on appelle la DPJ à l’aide. »
J’ai lu le rapport intitulé « Pour une laïcité québécoise encore plus cohérente: Bilan et perspectives » produit par le Comité d’étude sur le respect de la Loi sur la laïcité de l’État et sur les influences religieuses. Je l’ai lu comme un travail d’étudiant que je corrigerais. Et je ne suis pas impressionné.
Un gouvernement met sur pied un comité pour étudier une problématique dans deux situations:a) Il fait face à une situation inédite et il est nécessaire de bien l’étudier avant de réagir.
J’ai lu le rapport intitulé « Pour une laïcité québécoise encore plus cohérente: Bilan et perspectives » produit par le Comité d’étude sur le respect de la Loi sur la laïcité de l’État et sur les influences religieuses. Je l’ai lu comme un travail d’étudiant que je corrigerais. Et je ne suis pas impressionné.
Un gouvernement met sur pied un comité pour étudier une problématique dans deux situations: a) Il fait face à une situation inédite et il est nécessaire de bien l’étudier avant de réagir. b) Il sait exactement ce qu’il veut faire, mais veut qu’une autorité « indépendante » confirme que sa solution est la bonne afin de bien paraître dans l’opinion publique et médiatique. Clairement, ce comité entre dans la catégorie B. Le gouvernement parle depuis près d’un an de renforcer la loi sur la laïcité pour nous faire oublier ses nombreux échecs, notamment dans le domaine de l’éducation. Ce rapport vise à lui donner une légitimité.
Christiane Pelchat et Guillaume Rousseau, les deux auteurs du rapport
Un rapport ouvertement militant Guillaume Rousseau a conseillé Simon Jolin-Barrette pour l’élaboration de la loi 21 et défend présentement la loi en Cour suprême. Pour rappel, Me Rousseau est cet avocat qui nous disait au printemps dernier que reconnaître les familles pluriparentales allait conduire à la légalisation de la polygamie. Christiane Pelchat est l’avocate de PDF-Québec, qui demande d’étendre l’interdiction du port de signes religieux au personnel de la santé, aux élèves et même aux enfants en CPE. Faut-il s’étonner que leur rapport recommande d’aller encore plus loin dans l’application d’une « laïcité » implacable? Les conclusions étaient décidées d’avance.
Il ne s’agit pas d’un rapport d’enquête, mais d’un rapport militant. Pelchat et Rousseau n’ont fait aucun effort pour donner une apparence de neutralité (ce qui est particulièrement ironique) à ce document de 288 pages. Ainsi, tolérer le port de signes religieux par les éducatrices en garderie relève selon le rapport d’une « vision multiculturaliste ». Il n’y a donc aucun juste milieu, aucun compromis entre la stricte laïcité à la française et la liberté individuelle totale. C’est l’un ou c’est l’autre.
L’expression « doctrine des accommodements pour un motif religieux » est employée une dizaine de fois. On critique aussi la « doctrine multiculturaliste ». Doctrine. Ce choix de mot n’est pas innocent dans un contexte où on parle de religion. L’objectif est évidemment de présenter les critiques de la loi 21 comme des dogmatiques défendant une idéologie là où ses défenseurs seraient neutres et appuyés par la science. Or, ce rapport est tout sauf scientifique.
Une sélection minutieuse des données En introduction, Pelchat et Rousseau nous disent que six ans après l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État, « le bilan est positif ». Sur quoi se base cette affirmation? Sur l’opinion des personnes qui réclamaient l’adoption de la loi 21 et demandent aujourd’hui d’aller plus loin.
Quarante mémoires ont été déposés. Le rapport prétend « proposer une synthèse ». Or, la disproportion des avis retenus est flagrante. Sept mémoires sont cités cinq fois et plus dans le rapport. Sept ne sont pas cités une seule fois.
Les mémoires cités le plus souvent sont tous favorables à la loi 21 et recommandent de la renforcer. La palme revient au Mouvement laïque québécois (MLQ), cité 14 fois. Ce mémoire recommande notamment d’interdire le port de signes religieux pour toute la fonction publique ainsi que pour les élèves. Ces sept mémoires cités régulièrement dans le rapport rivalisent d’inventivité pour rendre la loi plus coercitive. Le Rassemblement pour la laïcité recommande que les bienfaits de la laïcité soient enseignés pendant toute la durée du parcours scolaire (et on accuse les éducatrices portant un voile de faire de l’endoctrinement?). Droits collectifs Québec demande d’interdire les affiches et les publicités gouvernementales montrant des « représentations humaines » portant un signe religieux. Voici donc à qui nos deux « experts » ont choisi de donner la parole.
Les critiques de la loi 21 ne sont pas nuancées ou minimisées: elles ont été mises de côté. Le mémoire le plus éloquent à ce sujet, celui de la Ligue des droits et libertés, présente une bibliographie sélective des études sur l’impact de la loi 21 (articles scientifiques, livres, mémoires de maîtrise, sondages etc.) ainsi que les témoignages de quatre femmes musulmanes dont la vie professionnelle a été touchée de façon négative par la loi. Ce mémoire n’est pas cité une seule fois dans le rapport. En revanche, le rapport cite plusieurs mémoires mentionnant des cas observés ici et là de comportements problématiques de la part d’enseignants ou d’éducatrices visiblement influencées par la religion. Six autres mémoires ne sont pas cités une seule fois, dont celui de la Confédération des syndicats nationaux, qui défend le personnel scolaire touché par le projet de loi 94.
Dans d’autres cas, les mémoires sont cités, mais Pelchat et Rousseau ont minutieusement sélectionné les passages qui servent leur agenda. Tout ce qui les contredit est ignoré ou balayé d’un revers de main.
Le mémoire du professeur de sociologie Rachad Antonius est intitulé « Loi sur la laïcité: un excès de zèle contreproductif ». Comme le titre le laisse entendre, le mémoire relativise la « menace » que l’islam fait peser sur le Québec et recommande des compromis sur la question de la laïcité. Le seul passage de son mémoire à être mentionné est le point où il appuie l’interdiction du niqab pour le personnel et pour les élèves des établissements scolaires. (p. 162) Ainsi, un critique de la loi 21 se retrouve présenté en renfort pour son renforcement.
Exemple encore plus douteux: Le mémoire du Conseil canadien des femmes musulmanes critique la loi 21 parce qu’elle limite les possibilités d’emploi pour plusieurs femmes et demande pour cette raison de ne pas étendre la loi aux éducatrices en service de garde ou en garderie. Les rédactrices ont colligé plusieurs témoignages pour montrer que le port du voile par les éducatrices n’a pas d’impact sur les enfants. Pelchat et Rousseau ont pigé quelques lignes de ce mémoire de 28 pages pour montrer que le port du voile « induit des comportements chez les jeunes enfants », donnant l’exemple de petites filles qui portent un foulard pour se déguiser. (p. 157) Même chez nos critiques, on peut trouver des arguments, surtout quand on les cite hors contexte.
Énoncés flous et ambigus Le rapport nous dit que telle association croit que les éducatrices en CPE ne devraient pas porter de signe religieux. Que tel individu croit que les prières en publique devraient être interdites. Très bien. Mais quelle valeur accorder à ces opinions (car il ne s’agit que de ça) si on ne donne pas la parole aux personnes qui ont un avis contraire? L’objectif du rapport est-il simplement de montrer que plusieurs personnes sont d’accord avec la CAQ, Pelchat et Rousseau?
« Plusieurs » est d’ailleurs un terme qui revient trop souvent dans ce rapport. « Plusieurs mémoires demandent à l’État de cesser d’accorder des accommodements pour un motif religieux qui discrimine les femmes. » (p. 136) « Plusieurs des mémoires nous ayant été transmis demandent que le gouvernement étende l’application de l’interdiction du port des signes religieux aux services à l’enfance. » (p. 155) « Afin de remédier à cette situation, plusieurs mémoires soumis au comité, dont (…), ont soulevé l’idée de doter le Québec d’un organisme indépendant ayant pour mission de veiller au respect de la laïcité de l’État. » (p. 166) « Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que plusieurs mémoires soumis au Comité proposent d’abolir la doctrine des accommodements pour un motif religieux. » (p. 204) Plusieurs. Ça veut dire combien, plusieurs? Cinq? Douze? Vingt-huit? Si je me fie aux énumérations qui suivent et aux notes en bas de page, « plusieurs » signifie trois. Trois sur quarante, ce n’est pas ce que j’appelle plusieurs. Mais évidemment, « plusieurs » paraît beaucoup mieux que 3/40 ou 7.5%.
Le flou est volontairement entretenu tout au long du rapport. Exemple: « Comme l’a relevé une dirigeante de services éducatifs à l’enfance rencontrée lors de nos travaux, certaines des éducatrices et éducateurs en services de garde éducatifs à l’enfance ont adopté des approches et des conduites contraires aux principes sur lesquels repose la laïcité de l’État du Québec. » (p. 99) Certaines des éducatrices? Certaines comme dans deux ou comme dans trente-huit? Quelles sont ces approches et conduites contraires aux principes de la laïcité? Au lecteur d’imaginer la réponse.
Le tri des études À lire le rapport, on pourrait croire que personne n’avait encore eu l’idée d’étudier l’impact de la loi 21 sur la société québécoise. On peut lire en conclusion: « Cet exercice a produit un ensemble de données factuelles riches dans un domaine encore relativement peu exploré. Nous sommes persuadés que les informations ainsi collectées pourront servir à mieux comprendre les besoins pour améliorer la compréhension et l’intégration de la laïcité au sein de l’appareil étatique. » (p. 219) Si Pelchat et Rousseau considèrent que le domaine est « relativement peu exploré », c’est parce qu’il n’a pas été exploré dans l’orientation politique désirée. Les recherches existantes ont simplement été ignorées.
Le mémoire de maîtrise d’Hana Zayani sur le racisme vécu par les mères maghrébines dans le système d’éducation depuis l’adoption de la loi 21? Pas mentionné. Le rapport de recherche de Miriam Taylor sur les perceptions négatives à l’endroit des minorités religieuses depuis l’adoption de la loi 21? Pas mentionné. Le mémoire de maîtrise d’Ali Adam sur les tensions et l’anxiété vécues par les enseignantes bénéficiant de la clause de droits acquis depuis l’adoption de la loi 21? Pas mentionné. Je pourrais continuer longtemps. Retenons simplement que Pelchat et Rousseau n’ont même pas tenté de profiter des recherches déjà menées sur l’impact de la loi 21. Visiblement parce que ces recherches auraient contredit leurs conclusions.
En revanche, les travaux du professeur Bertrand Lavoie, qui recommande un encadrement plus clair de la pratique des accommodements pour motifs religieux, sont cités. Le livre de Christelle Landheer-Cieslak et Mathilde Philip, qui présente la laïcité comme le fondement d’une « citoyenneté universelle », est également mentionné. Des textes de Normand Baillargeon, ancien professeur en sciences de l’éducation, mais aussi militant athée, sont cités. Pelchat et Rousseau ont pigé dans la littérature scientifique avec une précision chirurgicale afin d’en sortir uniquement ce qui pouvait servir leur thèse. Ce n’est pas de cette façon qu’on fait une démonstration. Pelchat et Rousseau poussent l’insolence jusqu’à citer leurs propres écrits (p. 37, 59 et 71). Si mes étudiants au baccalauréat me présentaient une dissertation suivant cette méthode, je leur demanderais de recommencer.
Conclusion Je reconnais au rapport le mérite de ne pas tenter de nous convaincre que l’école Bedford est la nouvelle norme dans les écoles montréalaises ou que Montréal « s’islamise ». Dans ses entrevues avec les journalistes, Christiane Pelchat a reconnu qu’il n’y a pas de raison de croire qu’il y a de l’entrisme religieux dans d’autres écoles. Mais alors, pourquoi est-il nécessaire de renforcer la loi sur la laïcité? Pelchat et Rousseau concluent leur rapport en nous prévenant que sans la loi sur la laïcité, le Québec serait « un État perméable et ouvert aux influences religieuses ». Ce qui est commode avec cette conclusion, c’est qu’on ne peut ni la confirmer, ni l’infirmer. Comment prouver que le Québec n’aurait pas été réduit en cendres sans la loi 21 ou qu’une calamité nous attend si on laisse les éducatrices en CPE porter leur voile? Impossible. On s’appuie uniquement sur les peurs irrationnelles qui ont eu bien des occasions de se manifester depuis la crise des accommodements raisonnables en 2006-2008.
La question que j’aimerais poser à Pelchat et Rousseau: Si vous êtes réellement convaincus de la validité de vos positions, pourquoi n’avez-vous pas tenté de les défendre honnêtement? Quand on a confiance en ses positions, on ne craint pas les contre-arguments. On les présente et on y répond. Quand on se sent obligé de cacher tout ce qui nous contredit, on montre la faiblesse de notre raisonnement.
Présentement, l’influence religieuse et la menace pour les droits des femmes que je perçois en Amérique du Nord n’ont rien à voir avec le port de signes religieux ou avec les prières de rue. Les fondamentalistes chrétiens qui votent des lois anti-avortement ou anti-LGBTQ+ aux États-Unis ne portent pas de signe religieux. Les masculinistes qui remettent en question les droits des femmes et qui sont de plus en plus populaires auprès de nos jeunes ne prient pas dans les rues.
Notre gouvernement, qui refuse avec entêtement d’augmenter le salaire des éducatrices en garderie ou d’améliorer leurs conditions de travail, veut maintenant nous faire croire qu’il va protéger l’égalité hommes/femmes en bloquant la carrière de futures éducatrices et en faisant comprendre à plusieurs déjà en poste qu’elles sont des indésirables. On les tolère, mais on préférerait s’en passer. Des femmes devront peut-être abandonner leur emploi faute de place en CPE, mais au moins leur enfant ne sera pas soumis à la dangereuse vision d’un foulard. Parce que « au Québec, c’est comme ça qu’on vit ».
J’ai lu le rapport intitulé “Pour une laïcité québécoise encore plus cohérente: Bilan et perspectives” produit par le Comité d’étude sur le respect de la Loi sur la laïcité de l’État et sur les influences religieuses. Je l’ai lu comme un travail d’étudiant que je corrigerais. Et je ne suis pas impressionné.
Un gouvernement met sur pied un comité pour étudier une problématique dans deux situations:a) Il fait face à une situation inédite et il est nécessaire de bien l’étudier avant de réagir.b)
J’ai lu le rapport intitulé “Pour une laïcité québécoise encore plus cohérente: Bilan et perspectives” produit par le Comité d’étude sur le respect de la Loi sur la laïcité de l’État et sur les influences religieuses. Je l’ai lu comme un travail d’étudiant que je corrigerais. Et je ne suis pas impressionné.
Un gouvernement met sur pied un comité pour étudier une problématique dans deux situations: a) Il fait face à une situation inédite et il est nécessaire de bien l’étudier avant de réagir. b) Il sait exactement ce qu’il veut faire, mais veut qu’une autorité “indépendante” confirme que sa solution est la bonne afin de bien paraître dans l’opinion publique et médiatique. Clairement, ce comité entre dans la catégorie B. Le gouvernement parle depuis près d’un an de renforcer la loi sur la laïcité pour nous faire oublier ses nombreux échecs, notamment dans le domaine de l’éducation. Ce rapport vise à lui donner une légitimité.
Christiane Pelchat et Guillaume Rousseau, les deux auteurs du rapport
Un rapport ouvertement militant Guillaume Rousseau a conseillé Simon Jolin-Barrette pour l’élaboration de la loi 21 et défend présentement la loi en Cour suprême. Pour rappel, Me Rousseau est cet avocat qui nous disait au printemps dernier que reconnaître les familles pluriparentales allait conduire à la légalisation de la polygamie. Christiane Pelchat est l’avocate de PDF-Québec, qui demande d’étendre l’interdiction du port de signes religieux au personnel de la santé, aux élèves et même aux enfants en CPE. Faut-il s’étonner que leur rapport recommande d’aller encore plus loin dans l’application d’une “laïcité” implacable? Les conclusions étaient décidées d’avance.
Il ne s’agit pas d’un rapport d’enquête, mais d’un rapport militant. Pelchat et Rousseau n’ont fait aucun effort pour donner une apparence de neutralité (ce qui est particulièrement ironique) à ce document de 288 pages. Ainsi, tolérer le port de signes religieux par les éducatrices en garderie relève selon le rapport d’une “vision multiculturaliste”. Il n’y a donc aucun juste milieu, aucun compromis entre la stricte laïcité à la française et la liberté individuelle totale. C’est l’un ou c’est l’autre.
L’expression “doctrine des accommodements pour un motif religieux” est employée une dizaine de fois. On critique aussi la “doctrine multiculturaliste”. Doctrine. Ce choix de mot n’est pas innocent dans un contexte où on parle de religion. L’objectif est évidemment de présenter les critiques de la loi 21 comme des dogmatiques défendant une idéologie là où ses défenseurs seraient neutres et appuyés par la science. Or, ce rapport est tout sauf scientifique.
Une sélection minutieuse des données En introduction, Pelchat et Rousseau nous disent que six ans après l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État, “le bilan est positif”. Sur quoi se base cette affirmation? Sur l’opinion des personnes qui réclamaient l’adoption de la loi 21 et demandent aujourd’hui d’aller plus loin.
Quarante mémoires ont été déposés. Le rapport prétend “proposer une synthèse”. Or, la disproportion des avis retenus est flagrante. Sept mémoires sont cités cinq fois et plus dans le rapport. Sept ne sont pas cités une seule fois.
Les mémoires cités le plus souvent sont tous favorables à la loi 21 et recommandent de la renforcer. La palme revient au Mouvement laïque québécois (MLQ), cité 14 fois. Ce mémoire recommande notamment d’interdire le port de signes religieux pour toute la fonction publique ainsi que pour les élèves. Ces sept mémoires cités régulièrement dans le rapport rivalisent d’inventivité pour rendre la loi plus coercitive. Le Rassemblement pour la laïcité recommande que les bienfaits de la laïcité soient enseignés pendant toute la durée du parcours scolaire (et on accuse les éducatrices portant un voile de faire de l’endoctrinement?). Droits collectifs Québec demande d’interdire les affiches et les publicités gouvernementales montrant des “représentations humaines” portant un signe religieux. Voici donc à qui nos deux “experts” ont choisi de donner la parole.
Les critiques de la loi 21 ne sont pas nuancées ou minimisées: elles ont été mises de côté. Le mémoire le plus éloquent à ce sujet, celui de la Ligue des droits et libertés, présente une bibliographie sélective des études sur l’impact de la loi 21 (articles scientifiques, livres, mémoires de maîtrise, sondages etc.) ainsi que les témoignages de quatre femmes musulmanes dont la vie professionnelle a été touchée de façon négative par la loi. Ce mémoire n’est pas cité une seule fois dans le rapport. En revanche, le rapport cite plusieurs mémoires mentionnant des cas observés ici et là de comportements problématiques de la part d’enseignants ou d’éducatrices visiblement influencées par la religion. Six autres mémoires ne sont pas cités une seule fois, dont celui de la Confédération des syndicats nationaux, qui défend le personnel scolaire touché par le projet de loi 94.
Dans d’autres cas, les mémoires sont cités, mais Pelchat et Rousseau ont minutieusement sélectionné les passages qui servent leur agenda. Tout ce qui les contredit est ignoré ou balayé d’un revers de main.
Le mémoire du professeur de sociologie Rachad Antonius est intitulé “Loi sur la laïcité: un excès de zèle contreproductif”. Comme le titre le laisse entendre, le mémoire relativise la “menace” que l’islam fait peser sur le Québec et recommande des compromis sur la question de la laïcité. Le seul passage de son mémoire à être mentionné est le point où il appuie l’interdiction du niqab pour le personnel et pour les élèves des établissements scolaires. (p. 162) Ainsi, un critique de la loi 21 se retrouve présenté en renfort pour son renforcement.
Exemple encore plus douteux: Le mémoire du Conseil canadien des femmes musulmanes critique la loi 21 parce qu’elle limite les possibilités d’emploi pour plusieurs femmes et demande pour cette raison de ne pas étendre la loi aux éducatrices en service de garde ou en garderie. Les rédactrices ont colligé plusieurs témoignages pour montrer que le port du voile par les éducatrices n’a pas d’impact sur les enfants. Pelchat et Rousseau ont pigé quelques lignes de ce mémoire de 28 pages pour montrer que le port du voile “induit des comportements chez les jeunes enfants”, donnant l’exemple de petites filles qui portent un foulard pour se déguiser. (p. 157) Même chez nos critiques, on peut trouver des arguments, surtout quand on les cite hors contexte.
Énoncés flous et ambigus Le rapport nous dit que telle association croit que les éducatrices en CPE ne devraient pas porter de signe religieux. Que tel individu croit que les prières en publique devraient être interdites. Très bien. Mais quelle valeur accorder à ces opinions (car il ne s’agit que de ça) si on ne donne pas la parole aux personnes qui ont un avis contraire? L’objectif du rapport est-il simplement de montrer que plusieurs personnes sont d’accord avec la CAQ, Pelchat et Rousseau?
“Plusieurs” est d’ailleurs un terme qui revient trop souvent dans ce rapport. “Plusieurs mémoires demandent à l’État de cesser d’accorder des accommodements pour un motif religieux qui discrimine les femmes.” (p. 136) “Plusieurs des mémoires nous ayant été transmis demandent que le gouvernement étende l’application de l’interdiction du port des signes religieux aux services à l’enfance.” (p. 155) “Afin de remédier à cette situation, plusieurs mémoires soumis au comité, dont (…), ont soulevé l’idée de doter le Québec d’un organisme indépendant ayant pour mission de veiller au respect de la laïcité de l’État.” (p. 166) “Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que plusieurs mémoires soumis au Comité proposent d’abolir la doctrine des accommodements pour un motif religieux.” (p. 204) Plusieurs. Ça veut dire combien, plusieurs? Cinq? Douze? Vingt-huit? Si je me fie aux énumérations qui suivent et aux notes en bas de page, “plusieurs” signifie trois. Trois sur quarante, ce n’est pas ce que j’appelle plusieurs. Mais évidemment, “plusieurs” paraît beaucoup mieux que 3/40 ou 7.5%.
Le flou est volontairement entretenu tout au long du rapport. Exemple: “Comme l’a relevé une dirigeante de services éducatifs à l’enfance rencontrée lors de nos travaux, certaines des éducatrices et éducateurs en services de garde éducatifs à l’enfance ont adopté des approches et des conduites contraires aux principes sur lesquels repose la laïcité de l’État du Québec.” (p. 99) Certaines des éducatrices? Certaines comme dans deux ou comme dans trente-huit? Quelles sont ces approches et conduites contraires aux principes de la laïcité? Au lecteur d’imaginer la réponse.
Le tri des études À lire le rapport, on pourrait croire que personne n’avait encore eu l’idée d’étudier l’impact de la loi 21 sur la société québécoise. On peut lire en conclusion: “Cet exercice a produit un ensemble de données factuelles riches dans un domaine encore relativement peu exploré. Nous sommes persuadés que les informations ainsi collectées pourront servir à mieux comprendre les besoins pour améliorer la compréhension et l’intégration de la laïcité au sein de l’appareil étatique.” (p. 219) Si Pelchat et Rousseau considèrent que le domaine est “relativement peu exploré”, c’est parce qu’il n’a pas été exploré dans l’orientation politique désirée. Les recherches existantes ont simplement été ignorées.
Le mémoire de maîtrise d’Hana Zayani sur le racisme vécu par les mères maghrébines dans le système d’éducation depuis l’adoption de la loi 21? Pas mentionné. Le rapport de recherche de Miriam Taylor sur les perceptions négatives à l’endroit des minorités religieuses depuis l’adoption de la loi 21? Pas mentionné. Le mémoire de maîtrise d’Ali Adam sur les tensions et l’anxiété vécues par les enseignantes bénéficiant de la clause de droits acquis depuis l’adoption de la loi 21? Pas mentionné. Je pourrais continuer longtemps. Retenons simplement que Pelchat et Rousseau n’ont même pas tenté de profiter des recherches déjà menées sur l’impact de la loi 21. Visiblement parce que ces recherches auraient contredit leurs conclusions.
En revanche, les travaux du professeur Bertrand Lavoie, qui recommande un encadrement plus clair de la pratique des accommodements pour motifs religieux, sont cités. Le livre de Christelle Landheer-Cieslak et Mathilde Philip, qui présente la laïcité comme le fondement d’une “citoyenneté universelle”, est également mentionné. Des textes de Normand Baillargeon, ancien professeur en sciences de l’éducation, mais aussi militant athée, sont cités. Pelchat et Rousseau ont pigé dans la littérature scientifique avec une précision chirurgicale afin d’en sortir uniquement ce qui pouvait servir leur thèse. Ce n’est pas de cette façon qu’on fait une démonstration. Pelchat et Rousseau poussent l’insolence jusqu’à citer leurs propres écrits (p. 37, 59 et 71). Si mes étudiants au baccalauréat me présentaient une dissertation suivant cette méthode, je leur demanderais de recommencer.
Conclusion Je reconnais au rapport le mérite de ne pas tenter de nous convaincre que l’école Bedford est la nouvelle norme dans les écoles montréalaises ou que Montréal “s’islamise”. Dans ses entrevues avec les journalistes, Christiane Pelchat a reconnu qu’il n’y a pas de raison de croire qu’il y a de l’entrisme religieux dans d’autres écoles. Mais alors, pourquoi est-il nécessaire de renforcer la loi sur la laïcité? Pelchat et Rousseau concluent leur rapport en nous prévenant que sans la loi sur la laïcité, le Québec serait “un État perméable et ouvert aux influences religieuses”. Ce qui est commode avec cette conclusion, c’est qu’on ne peut ni la confirmer, ni l’infirmer. Comment prouver que le Québec n’aurait pas été réduit en cendres sans la loi 21 ou qu’une calamité nous attend si on laisse les éducatrices en CPE porter leur voile? Impossible. On s’appuie uniquement sur les peurs irrationnelles qui ont eu bien des occasions de se manifester depuis la crise des accommodements raisonnables en 2006-2008.
La question que j’aimerais poser à Pelchat et Rousseau: Si vous êtes réellement convaincus de la validité de vos positions, pourquoi n’avez-vous pas tenté de les défendre honnêtement? Quand on a confiance en ses positions, on ne craint pas les contre-arguments. On les présente et on y répond. Quand on se sent obligé de cacher tout ce qui nous contredit, on montre la faiblesse de notre raisonnement.
Présentement, l’influence religieuse et la menace pour les droits des femmes que je perçois en Amérique du Nord n’ont rien à voir avec le port de signes religieux ou avec les prières de rue. Les fondamentalistes chrétiens qui votent des lois anti-avortement ou anti-LGBTQ+ aux États-Unis ne portent pas de signe religieux. Les masculinistes qui remettent en question les droits des femmes et qui sont de plus en plus populaires auprès de nos jeunes ne prient pas dans les rues.
Notre gouvernement, qui refuse avec entêtement d’augmenter le salaire des éducatrices en garderie ou d’améliorer leurs conditions de travail, veut maintenant nous faire croire qu’il va protéger l’égalité hommes/femmes en bloquant la carrière de futures éducatrices et en faisant comprendre à plusieurs déjà en poste qu’elles sont des indésirables. On les tolère, mais on préférerait s’en passer. Des femmes devront peut-être abandonner leur emploi faute de place en CPE, mais au moins leur enfant ne sera pas soumis à la dangereuse vision d’un foulard. Parce que “au Québec, c’est comme ça qu’on vit”.
Une lettre d’opinion intitulée « Le privilège parental » a été publiée hier soir dans la Presse. C’est un exemple éloquent de l’habileté des groupes anti-avortement pour véhiculer leur message discrètement.
La lettre est signée par Jean-Christophe Jasmin, directeur de Cardus. On a parlé de l’institut Cardus la semaine dernière parce que l’ancien rédacteur de discours de François Legault s’y est joint en tant que chercheur.
Ancien pasteur baptiste, Jean-Christophe Jasmin est également d
Une lettre d’opinion intitulée « Le privilège parental » a été publiée hier soir dans la Presse. C’est un exemple éloquent de l’habileté des groupes anti-avortement pour véhiculer leur message discrètement.
La lettre est signée par Jean-Christophe Jasmin, directeur de Cardus. On a parlé de l’institut Cardus la semaine dernière parce que l’ancien rédacteur de discours de François Legault s’y est joint en tant que chercheur.
Ancien pasteur baptiste, Jean-Christophe Jasmin est également directeur des affaires externes du Réseau évangélique du Québec. Ce n’est pas sans raison qu’il a choisi de se faire désigner par son poste à Cardus plutôt qu’au Réseau évangélique du Québec. Ce deuxième titre attirerait bien davantage la méfiance du lecteur, avec raison.
Vous avez probablement entendu parler de M. Jasmin dans l’actualité sans retenir son nom. Il participe à la contestation de la décision du gouvernement du Québec d’annuler la tenue d’un événement anti-avortement au Centre des congrès de Québec en 2023. Tout récemment, on a entendu M. Jasmin protester contre la décision de la Ville de Montréal d’interdire le spectacle de Sean Feucht, ce chanteur MAGA homophobe et anti-avortement. « L’État s’autorise désormais à censurer des événements religieux sur la base d’une appréciation morale de leurs contenus possibles ou des opinions religieuses ou politiques de ses promoteurs. »
À première vue, son texte est inoffensif. Le message est: Les femmes ont moins d’enfants qu’elles le souhaiteraient parce qu’avoir un enfant, ça coûte cher. Et qui pourrait lui donner tort? Mais comment réduire le fardeau financier que représente la parentalité? L’auteur ne donne aucune piste de solution, donc allons voir ce que propose l’institut qu’il dirige.
En 2019, Cardus proposait de cesser de financer directement les garderies pour plutôt verser l’argent aux parents afin qu’ils puissent choisir de rester à la maison pour prendre soin de leurs enfants. Alors quoi, on veut donner le choix aux parents. C’est bien, non? Le problème, c’est que Cardus considère que les garderies ont davantage d’effets néfastes que positifs. En 2020, on nous expliquait que l’accès universel aux garderies (Cardus vise le modèle québécois en particulier) engendre un grand nombre de problèmes pour les enfants qui les fréquentent: mauvaise relation des enfants avec les parents, troubles de comportement, problèmes de santé, taux de criminalité plus élevé une fois adultes… Bref, Cardus prétend vouloir donner le choix aux parents, mais en réalité le choix est tout désigné. Un des parents doit rester à la maison pour s’occuper de l’enfant. Je vous laisse deviner lequel. Le rapport publié en 2020 nous explique que l’accès des femmes au marché du travail est un bien petit bénéfice en comparaison des problèmes engendrés. En 2021, Cardus présentait un rapport de recherche à la Chambre des Communes expliquant que les gouvernements économiseraient des milliards en subventionnant directement les parents plutôt que les garderies.
Revenons à la lettre de M. Jasmin, qui n’explore pas vraiment le coût de la parentalité, encore moins les moyens de le réduire. Le texte joue beaucoup plus sur l’émotif que sur le factuel. « Je ne le savais pas à l’époque, mais avoir arrêté à trois sera probablement un des plus grands regrets de ma vie. » « Remettre à plus tard, je le sais bien… signifie parfois remettre à jamais. » « On élève des enfants, mais ils nous font aussi beaucoup grandir. »
Selon M. Jasmin, l’idée qu’avoir des enfants est dispendieux est principalement cela, une idée. Il mentionne plusieurs fois qu’il s’agit d’une perception. En réalité, les parents qui ont moins d’enfant (lire ici: qui s’empêchent d’avoir des enfants) doivent surtout blâmer leurs mauvais choix de vie, notamment celui d’attendre d’être parfaitement installés dans la vie avant d’avoir leur premier enfant.
Au final, ce qui est encouragé dans cette lettre n’est pas une intervention accrue de l’État pour aider les familles. Au contraire, nous avons vu que Cardus militait plutôt pour le contraire. La responsabilité revient aux parents, en particulier aux mères, de mieux gérer leurs affaires. L’auteur nous donne l’exemple de deux de ses amies. La première a eu la chance d’avoir un emploi qui lui permettait de s’absenter longtemps et de prendre deux congés de maternité consécutifs. La deuxième, c’est malheureux, a trop attendu pour se décider à avoir des enfants (elle voulait les accueillir dans une maison plutôt que dans un 4 et demi) et la biologie l’a empêchée d’avoir les quatre enfants qu’elle souhaitait. Autrement dit, les parents (et les mères en particulier) doivent apprendre à mettre de côté leur confort et leurs aspirations professionnelles au profit d’un plus grand nombre d’enfants, parce que c’est là que se trouve le vrai bonheur.
Encore une fois, il faut mettre la lettre en relation avec la philosophie de Cardus. L’institut défend la « liberté de conscience » des médecins qui refusent de pratiquer un avortement, de référer une patiente pour une interruption de grossesse et même de prescrire la contraception. Cardus conteste toutes les lois limitant la « liberté d’expression » des groupes anti-avortement (le refus des subventions pour les emplois étudiants, le refus d’être considéré comme organisme charitable etc.). L’opposition au libre choix des femmes d’interrompre leur grossesse est une « valeur » primordiale de cet institut. Il n’est pas question d’avortement dans cette lettre ouverte, mais l’auteur ne peut pas ne pas avoir eu cette préoccupation à l’esprit en l’écrivant.
Le vrai message de cette lettre, c’est celui qu’entendent plusieurs femmes qui appellent dans ces fausses lignes d’aide pour les femmes enceintes qui sont en réalité des hameçons pour les organisations anti-avortement: Tu penses que tu ne seras pas capable de t’occuper de cet enfant, mais tu l’es. Si tu choisis d’interrompre ta grossesse parce que tu ne te crois pas prête, tu vas le regretter toute ta vie.
Et voilà comment les organisations anti-avortement arrivent à transmettre leur message en passant par la porte arrière.
Une lettre d’opinion intitulée “Le privilège parental” a été publiée hier soir dans la Presse. C’est un exemple éloquent de l’habileté des groupes anti-avortement pour véhiculer leur message discrètement.
La lettre est signée par Jean-Christophe Jasmin, directeur de Cardus. On a parlé de l’institut Cardus la semaine dernière parce que l’ancien rédacteur de discours de François Legault s’y est joint en tant que chercheur.
Ancien pasteur baptiste, Jean-Christophe Jasmin est également dir
Une lettre d’opinion intitulée “Le privilège parental” a été publiée hier soir dans la Presse. C’est un exemple éloquent de l’habileté des groupes anti-avortement pour véhiculer leur message discrètement.
La lettre est signée par Jean-Christophe Jasmin, directeur de Cardus. On a parlé de l’institut Cardus la semaine dernière parce que l’ancien rédacteur de discours de François Legault s’y est joint en tant que chercheur.
Ancien pasteur baptiste, Jean-Christophe Jasmin est également directeur des affaires externes du Réseau évangélique du Québec. Ce n’est pas sans raison qu’il a choisi de se faire désigner par son poste à Cardus plutôt qu’au Réseau évangélique du Québec. Ce deuxième titre attirerait bien davantage la méfiance du lecteur, avec raison.
Vous avez probablement entendu parler de M. Jasmin dans l’actualité sans retenir son nom. Il participe à la contestation de la décision du gouvernement du Québec d’annuler la tenue d’un événement anti-avortement au Centre des congrès de Québec en 2023. Tout récemment, on a entendu M. Jasmin protester contre la décision de la Ville de Montréal d’interdire le spectacle de Sean Feucht, ce chanteur MAGA homophobe et anti-avortement. “L’État s’autorise désormais à censurer des événements religieux sur la base d’une appréciation morale de leurs contenus possibles ou des opinions religieuses ou politiques de ses promoteurs.”
À première vue, son texte est inoffensif. Le message est: Les femmes ont moins d’enfants qu’elles le souhaiteraient parce qu’avoir un enfant, ça coûte cher. Et qui pourrait lui donner tort? Mais comment réduire le fardeau financier que représente la parentalité? L’auteur ne donne aucune piste de solution, donc allons voir ce que propose l’institut qu’il dirige.
En 2019, Cardus proposait de cesser de financer directement les garderies pour plutôt verser l’argent aux parents afin qu’ils puissent choisir de rester à la maison pour prendre soin de leurs enfants. Alors quoi, on veut donner le choix aux parents. C’est bien, non? Le problème, c’est que Cardus considère que les garderies ont davantage d’effets néfastes que positifs. En 2020, on nous expliquait que l’accès universel aux garderies (Cardus vise le modèle québécois en particulier) engendre un grand nombre de problèmes pour les enfants qui les fréquentent: mauvaise relation des enfants avec les parents, troubles de comportement, problèmes de santé, taux de criminalité plus élevé une fois adultes… Bref, Cardus prétend vouloir donner le choix aux parents, mais en réalité le choix est tout désigné. Un des parents doit rester à la maison pour s’occuper de l’enfant. Je vous laisse deviner lequel. Le rapport publié en 2020 nous explique que l’accès des femmes au marché du travail est un bien petit bénéfice en comparaison des problèmes engendrés. En 2021, Cardus présentait un rapport de recherche à la Chambre des Communes expliquant que les gouvernements économiseraient des milliards en subventionnant directement les parents plutôt que les garderies.
Revenons à la lettre de M. Jasmin, qui n’explore pas vraiment le coût de la parentalité, encore moins les moyens de le réduire. Le texte joue beaucoup plus sur l’émotif que sur le factuel. “Je ne le savais pas à l’époque, mais avoir arrêté à trois sera probablement un des plus grands regrets de ma vie.” “Remettre à plus tard, je le sais bien… signifie parfois remettre à jamais.” “On élève des enfants, mais ils nous font aussi beaucoup grandir.”
Selon M. Jasmin, l’idée qu’avoir des enfants est dispendieux est principalement cela, une idée. Il mentionne plusieurs fois qu’il s’agit d’une perception. En réalité, les parents qui ont moins d’enfant (lire ici: qui s’empêchent d’avoir des enfants) doivent surtout blâmer leurs mauvais choix de vie, notamment celui d’attendre d’être parfaitement installés dans la vie avant d’avoir leur premier enfant.
Au final, ce qui est encouragé dans cette lettre n’est pas une intervention accrue de l’État pour aider les familles. Au contraire, nous avons vu que Cardus militait plutôt pour le contraire. La responsabilité revient aux parents, en particulier aux mères, de mieux gérer leurs affaires. L’auteur nous donne l’exemple de deux de ses amies. La première a eu la chance d’avoir un emploi qui lui permettait de s’absenter longtemps et de prendre deux congés de maternité consécutifs. La deuxième, c’est malheureux, a trop attendu pour se décider à avoir des enfants (elle voulait les accueillir dans une maison plutôt que dans un 4 et demi) et la biologie l’a empêchée d’avoir les quatre enfants qu’elle souhaitait. Autrement dit, les parents (et les mères en particulier) doivent apprendre à mettre de côté leur confort et leurs aspirations professionnelles au profit d’un plus grand nombre d’enfants, parce que c’est là que se trouve le vrai bonheur.
Encore une fois, il faut mettre la lettre en relation avec la philosophie de Cardus. L’institut défend la “liberté de conscience” des médecins qui refusent de pratiquer un avortement, de référer une patiente pour une interruption de grossesse et même de prescrire la contraception. Cardus conteste toutes les lois limitant la “liberté d’expression” des groupes anti-avortement (le refus des subventions pour les emplois étudiants, le refus d’être considéré comme organisme charitable etc.). L’opposition au libre choix des femmes d’interrompre leur grossesse est une “valeur” primordiale de cet institut. Il n’est pas question d’avortement dans cette lettre ouverte, mais l’auteur ne peut pas ne pas avoir eu cette préoccupation à l’esprit en l’écrivant.
Le vrai message de cette lettre, c’est celui qu’entendent plusieurs femmes qui appellent dans ces fausses lignes d’aide pour les femmes enceintes qui sont en réalité des hameçons pour les organisations anti-avortement: Tu penses que tu ne seras pas capable de t’occuper de cet enfant, mais tu l’es. Si tu choisis d’interrompre ta grossesse parce que tu ne te crois pas prête, tu vas le regretter toute ta vie.
Et voilà comment les organisations anti-avortement arrivent à transmettre leur message en passant par la porte arrière.
Il y a 20 ans, le Parlement canadien adoptait la Loi sur le mariage civil, qui autorisait les conjoints de même sexe à se marier partout au pays. C’est une belle occasion de faire un voyage dans le temps.
Le monde de 2005 est complètement différent de celui qu’on connaît aujourd’hui. Malgré un nouveau chef, le gouvernement du Canada, libéral minoritaire, s’essouffle. L’armée israélienne tue des civils dans la bande de Gaza. Commentateurs et politiciens de droite nous mettent en garde contre l
Il y a 20 ans, le Parlement canadien adoptait la Loi sur le mariage civil, qui autorisait les conjoints de même sexe à se marier partout au pays. C’est une belle occasion de faire un voyage dans le temps.
Le monde de 2005 est complètement différent de celui qu’on connaît aujourd’hui. Malgré un nouveau chef, le gouvernement du Canada, libéral minoritaire, s’essouffle. L’armée israélienne tue des civils dans la bande de Gaza. Commentateurs et politiciens de droite nous mettent en garde contre l’islamisation imminente de l’Occident. Les Autochtones canadiens contestent les décisions des gouvernements provinciaux, qui laissent les compagnies forestières ignorer leurs droits ancestraux. Et la société se déchire avec des débats concernant les minorités sexuelles.
Réal Ménard, député bloquiste de Hochelaga / Hochelaga-Maisonneuve de 1993 à 2009
Certains états américains permettent déjà les mariages homosexuels, mais le président George W. Bush fait campagne pour amender la constitution afin de les interdire sur tout le territoire. Le 19 avril 2005, Benoît XVI est élu pape de l’Église catholique. Il s’opposera avec beaucoup plus d’ardeur que Jean-Paul II à tout ce qui concerne l’homosexualité, qu’il considère contraire à la morale « naturelle ».
Au Canada, l’Ontario est la première province à accepter les mariages entre conjoints de même sexe en juin 2003, suite à une décision de la Cour supérieure. La plupart des autres provinces ont suivi, dont le Québec en mars 2004. Au moment de l’adoption de la loi fédérale, l’Alberta et l’Île du Prince Édouard sont les seules provinces à refuser les mariages homosexuels.
En 1995, le député bloquiste Réal Ménard, ouvertement homosexuel, présente une motion demandant la reconnaissance des mariages entre conjoints du même sexe. La motion est rejetée par 124 voix contre 52. Entre 1998 et 2003, le député néo-démocrate Svend Robison, lui aussi ouvertement homosexuel, présente trois projets de loi, sans succès.
En 2003, l’Alliance canadienne (ancêtre de l’actuel Parti conservateur) présente une motion pour réaffirmer la définition traditionnelle du mariage, soit l’union entre un homme et une femme. La motion est battue par 137 voix contre 132. Signe d’un malaise profond au sein du Parti libéral, officiellement engagé à permettre le mariage homosexuel dans tout le Canada, 53 députés libéraux votent pour la motion et une vingtaine s’absentent au moment du vote.
Du côté du Bloc québécois, trois des 34 députés appuient la motion de l’Alliance. Quatre s’absentent au moment du vote (dont Mario Laframboise, actuel député caquiste de Blainville). Ils disaient vouloir attendre le jugement de la Cour suprême du Canada, qui doit déterminer de la constitutionnalité du projet de loi reconnaissant les mariages homosexuels. Je répète parce que c’est savoureux. Quatre députés bloquistes ont dit vouloir attendre l’opinion de la Cour suprême du Canada avant de prendre une décision.
C’est finalement en 2005 que le projet de loi final est déposé et adopté. D’un côté, il y a le premier ministre Paul Martin, qui a mis son opposition personnelle (opposition qu’il attribue à son éducation catholique) de côté par devoir civique. Partisan tiède en 2003, il est en 2005 un fier avocat du mariage pour tous. De l’autre côté, il y a le chef de l’Opposition, Stephen Harper, qui défend avec vigueur la définition traditionnelle du mariage au nom des valeurs chrétiennes et canadiennes. Le Bloc québécois et le NPD appuient tous deux la proposition, mais laissent le vote libre à leurs députés.
Des députés libéraux participent avec les conservateurs à l’obstruction parlementaire pour retarder le projet de loi et empêcher qu’il soit adopté avant la fin de la session. 14 députés libéraux votent avec les conservateurs contre la prolongation de la session demandée par le gouvernement. C’est le Bloc québécois qui vient au secours du gouvernement libéral pour permettre l’adoption de la loi.
Voici le détail du vote par partis: Parti Pour/Contre/Abstention PLC 95/32/2 PCC 3/93/0 BQ 43/5/2 NPD 17/1/0
Fait cocasse: Le député conservateur albertain Peter Goldring, violemment opposé au mariage homosexuel, est accusé d’incitation à la haine par le révérend Ted Kolber de l’Église unie du Canada (chrétienne). Dans le Calgary Sun, le chroniqueur de droite Link Byfield accuse le révérend Kolber… d’intolérance. Parce que Kolber ne « tolère » pas les opinions différentes de la sienne. Ça ne s’invente pas.
Et pendant que Stephen Harper, Vic Toews et leurs collègues chrétiens s’opposent au mariage gai en invoquant la Bible, le chroniqueur Richard Gwyn du Toronto Star nous prévient que les droits des homosexuels pourraient bien être menacés par… l’immigration. « La ferme opposition aux mariages homosexuels au sein des groupes ethniques est un avant-goût de notre avenir. » Ironie. Ou cécité, c’est selon.
Dans les pages du Devoir, le psychologue Yves Laberge défend la définition traditionnelle du mariage au nom des lois immuables de la biologie: « On ne peut pas confondre une pratique sexuelle particulière comme l’homosexualité avec une identité sexuelle et concéder à cette pratique sexuelle la même reconnaissance de droit au plan du mariage que celle accordée à la relation homme-femme qui, malgré ses avatars, est la seule à pouvoir assurer la pérennité de la société et de l’espèce. »
Au Québec, on retrouve parmi les opposants une certaine Denise Bombardier, pour qui la seule finalité du mariage est la procréation (amusant quand on sait qu’elle s’est remariée à 62 ans). Le 16 septembre 2003, elle participait à l’émission le Point face à Louis Godbout, secrétaire des Archives du Québec et militant pour les droits des homosexuels. À la fois intervieweuse et débatteuse, elle interrompt allègrement son invité pour imposer son point de vue. Elle met en valeur son doctorat alors que son interlocuteur, elle le souligne, travaille dans le domaine des pâtes et papiers. Elle nous sort le cliché de « Je ne suis pas homophobe, j’ai des amis gais. » Elle prétend d’ailleurs parler au nom des nombreuses personnes homosexuelles opposées au mariage gai mais qui ont peur de prendre la parole à cause de la pression de leur communauté. Puis elle tombe dans tous les clichés. Les homosexuels sont infidèles par nature. Le défilé de la fierté gaie est ridicule. Les gais aiment se présenter en victimes. Bref, peu édifiant. C’était la première et dernière participation de Denise Bombardier à l’émission. Rima Elkouri lui sert une réplique cinglante dans la Presse deux jours plus tard. Une plainte au Conseil de presse a été retenue contre Radio-Canada pour avoir permis ce débat. La principale intéressée dira avoir été victime du lobby des « fondamentalistes gais », quoi que ça veuille dire.
Bref, aucun changement depuis 20 ans. Les conservateurs défendent toujours les « lois de la nature » contre le tout-puissant lobby LGBTQ+ (nom variable selon les époques), les immigrants sont toujours accusés d’incompatibilité culturelle et les véritables intolérants sont ceux qui prêchent la tolérance. Tout va bien.
Il y a 20 ans, le Parlement canadien adoptait la Loi sur le mariage civil, qui autorisait les conjoints de même sexe à se marier partout au pays. C’est une belle occasion de faire un voyage dans le temps.
Le monde de 2005 est complètement différent de celui qu’on connaît aujourd’hui. Malgré un nouveau chef, le gouvernement du Canada, libéral minoritaire, s’essouffle. L’armée israélienne tue des civils dans la bande de Gaza. Commentateurs et politiciens de droite nous mettent en garde contre l
Il y a 20 ans, le Parlement canadien adoptait la Loi sur le mariage civil, qui autorisait les conjoints de même sexe à se marier partout au pays. C’est une belle occasion de faire un voyage dans le temps.
Le monde de 2005 est complètement différent de celui qu’on connaît aujourd’hui. Malgré un nouveau chef, le gouvernement du Canada, libéral minoritaire, s’essouffle. L’armée israélienne tue des civils dans la bande de Gaza. Commentateurs et politiciens de droite nous mettent en garde contre l’islamisation imminente de l’Occident. Les Autochtones canadiens contestent les décisions des gouvernements provinciaux, qui laissent les compagnies forestières ignorer leurs droits ancestraux. Et la société se déchire avec des débats concernant les minorités sexuelles.
Réal Ménard, député bloquiste de Hochelaga / Hochelaga-Maisonneuve de 1993 à 2009
Certains états américains permettent déjà les mariages homosexuels, mais le président George W. Bush fait campagne pour amender la constitution afin de les interdire sur tout le territoire. Le 19 avril 2005, Benoît XVI est élu pape de l’Église catholique. Il s’opposera avec beaucoup plus d’ardeur que Jean-Paul II à tout ce qui concerne l’homosexualité, qu’il considère contraire à la morale “naturelle”.
Au Canada, l’Ontario est la première province à accepter les mariages entre conjoints de même sexe en juin 2003, suite à une décision de la Cour supérieure. La plupart des autres provinces ont suivi, dont le Québec en mars 2004. Au moment de l’adoption de la loi fédérale, l’Alberta et l’Île du Prince Édouard sont les seules provinces à refuser les mariages homosexuels.
En 1995, le député bloquiste Réal Ménard, ouvertement homosexuel, présente une motion demandant la reconnaissance des mariages entre conjoints du même sexe. La motion est rejetée par 124 voix contre 52. Entre 1998 et 2003, le député néo-démocrate Svend Robison, lui aussi ouvertement homosexuel, présente trois projets de loi, sans succès.
En 2003, l’Alliance canadienne (ancêtre de l’actuel Parti conservateur) présente une motion pour réaffirmer la définition traditionnelle du mariage, soit l’union entre un homme et une femme. La motion est battue par 137 voix contre 132. Signe d’un malaise profond au sein du Parti libéral, officiellement engagé à permettre le mariage homosexuel dans tout le Canada, 53 députés libéraux votent pour la motion et une vingtaine s’absentent au moment du vote.
Du côté du Bloc québécois, trois des 34 députés appuient la motion de l’Alliance. Quatre s’absentent au moment du vote (dont Mario Laframboise, actuel député caquiste de Blainville). Ils disaient vouloir attendre le jugement de la Cour suprême du Canada, qui doit déterminer de la constitutionnalité du projet de loi reconnaissant les mariages homosexuels. Je répète parce que c’est savoureux. Quatre députés bloquistes ont dit vouloir attendre l’opinion de la Cour suprême du Canada avant de prendre une décision.
C’est finalement en 2005 que le projet de loi final est déposé et adopté. D’un côté, il y a le premier ministre Paul Martin, qui a mis son opposition personnelle (opposition qu’il attribue à son éducation catholique) de côté par devoir civique. Partisan tiède en 2003, il est en 2005 un fier avocat du mariage pour tous. De l’autre côté, il y a le chef de l’Opposition, Stephen Harper, qui défend avec vigueur la définition traditionnelle du mariage au nom des valeurs chrétiennes et canadiennes. Le Bloc québécois et le NPD appuient tous deux la proposition, mais laissent le vote libre à leurs députés.
Des députés libéraux participent avec les conservateurs à l’obstruction parlementaire pour retarder le projet de loi et empêcher qu’il soit adopté avant la fin de la session. 14 députés libéraux votent avec les conservateurs contre la prolongation de la session demandée par le gouvernement. C’est le Bloc québécois qui vient au secours du gouvernement libéral pour permettre l’adoption de la loi.
Voici le détail du vote par partis: Parti Pour/Contre/Abstention PLC 95/32/2 PCC 3/93/0 BQ 43/5/2 NPD 17/1/0
Fait cocasse: Le député conservateur albertain Peter Goldring, violemment opposé au mariage homosexuel, est accusé d’incitation à la haine par le révérend Ted Kolber de l’Église unie du Canada (chrétienne). Dans le Calgary Sun, le chroniqueur de droite Link Byfield accuse le révérend Kolber… d’intolérance. Parce que Kolber ne “tolère” pas les opinions différentes de la sienne. Ça ne s’invente pas.
Et pendant que Stephen Harper, Vic Toews et leurs collègues chrétiens s’opposent au mariage gai en invoquant la Bible, le chroniqueur Richard Gwyn du Toronto Star nous prévient que les droits des homosexuels pourraient bien être menacés par… l’immigration. “La ferme opposition aux mariages homosexuels au sein des groupes ethniques est un avant-goût de notre avenir.” Ironie. Ou cécité, c’est selon.
Dans les pages du Devoir, le psychologue Yves Laberge défend la définition traditionnelle du mariage au nom des lois immuables de la biologie: “On ne peut pas confondre une pratique sexuelle particulière comme l’homosexualité avec une identité sexuelle et concéder à cette pratique sexuelle la même reconnaissance de droit au plan du mariage que celle accordée à la relation homme-femme qui, malgré ses avatars, est la seule à pouvoir assurer la pérennité de la société et de l’espèce.”
Au Québec, on retrouve parmi les opposants une certaine Denise Bombardier, pour qui la seule finalité du mariage est la procréation (amusant quand on sait qu’elle s’est remariée à 62 ans). Le 16 septembre 2003, elle participait à l’émission le Point face à Louis Godbout, secrétaire des Archives du Québec et militant pour les droits des homosexuels. À la fois intervieweuse et débatteuse, elle interrompt allègrement son invité pour imposer son point de vue. Elle met en valeur son doctorat alors que son interlocuteur, elle le souligne, travaille dans le domaine des pâtes et papiers. Elle nous sort le cliché de “Je ne suis pas homophobe, j’ai des amis gais.” Elle prétend d’ailleurs parler au nom des nombreuses personnes homosexuelles opposées au mariage gai mais qui ont peur de prendre la parole à cause de la pression de leur communauté. Puis elle tombe dans tous les clichés. Les homosexuels sont infidèles par nature. Le défilé de la fierté gaie est ridicule. Les gais aiment se présenter en victimes. Bref, peu édifiant. C’était la première et dernière participation de Denise Bombardier à l’émission. Rima Elkouri lui sert une réplique cinglante dans la Presse deux jours plus tard. Une plainte au Conseil de presse a été retenue contre Radio-Canada pour avoir permis ce débat. La principale intéressée dira avoir été victime du lobby des “fondamentalistes gais”, quoi que ça veuille dire.
Bref, aucun changement depuis 20 ans. Les conservateurs défendent toujours les “lois de la nature” contre le tout-puissant lobby LGBTQ+ (nom variable selon les époques), les immigrants sont toujours accusés d’incompatibilité culturelle et les véritables intolérants sont ceux qui prêchent la tolérance. Tout va bien.
Aveu: Je n’avais pas l’intention d’aller voir le nouveau Superman au cinéma. Comme le dernier Captain America, j’avais l’intention de le regarder lorsqu’il serait disponible en ligne. Puis j’ai vu la grosse polémique « Superwoke » et je me suis dit que si les endormis (ou anti-wokes, si vous préférez) détestent autant ce film, il doit avoir des qualités. Je n’ai pas été déçu! De mon point de vue, le film est clairement anti-Trump, anti-Musk et anti-Netanyahu.
Était-ce intentionnel? Probab
Aveu: Je n’avais pas l’intention d’aller voir le nouveau Superman au cinéma. Comme le dernier Captain America, j’avais l’intention de le regarder lorsqu’il serait disponible en ligne. Puis j’ai vu la grosse polémique « Superwoke » et je me suis dit que si les endormis (ou anti-wokes, si vous préférez) détestent autant ce film, il doit avoir des qualités. Je n’ai pas été déçu! De mon point de vue, le film est clairement anti-Trump, anti-Musk et anti-Netanyahu.
Était-ce intentionnel? Probablement. En 2018, le réalisateur James Gunn a été « cancellé » après s’être moqué de l’administration Trump en ligne. Des trumpistes sont allés fouiller dans les poubelles de Twitter pour trouver des blagues de mauvais goût vieilles de 10 ans et Disney a retiré Gunn du projet des Gardiens de Galaxie 3. Il a fallu une immense pression populaire et interne pour le ramener. Pour l’anecdote, l’ancien PDG de Marvel, Ike Perlmutter, et sa femme Laura, ont financé les trois campagnes présidentielles de Donald Trump. Ils ont donné 10 millions pour la campagne de 2024.
C’est le genre de film que je regarde en prenant des notes (je vous ai dit que je préparais une histoire sociale des super-héros?). Voici donc ce que j’ai retenu:
Superman représente le bon immigrant poursuivi injustement par ICE. Le gouvernement américain ne lui reconnaît aucun droit parce qu’il est né sur une autre planète. Il est arrêté sans justification et l’habeas corpus n’est pas respecté. Au cas où la figure de style ne serait pas suffisamment claire, Superman l’affirme carrément à la fin du film: « Je suis aussi humain que vous tous. »
Le méchant du film, Lex Luthor, représente Elon Musk (avant sa rupture avec Trump). C’est un milliardaire, magnat de la technologie, qui en mène large auprès du gouvernement américain. Ultra émotif, violent avec sa conjointe et encore plus avec ses ex. Besoin démesuré d’être aimé et adulé, d’où sa jalousie envers Superman. Mégalomane: Son projet implique la création d’un nouveau pays qui porterait son nom et dont il serait le roi.
Lex Luthor découvre un enregistrement des parents kryptoniens de Superman qui l’encouragent à prendre le contrôle de la planète Terre afin de protéger les Terriens de leur propre barbarie. Superman n’a jamais vu cet enregistrement avant que Luthor le diffuse. Les gens deviennent convaincus que Superman est venu sur Terre pour les conquérir, même si ce n’est pas du tout conforme avec ses actions. Est-ce un message aux gens qui citent des passages du Coran pour montrer que les musulmans sont venus s’installer en Europe ou en Amérique pour nous asservir? C’est l’impression que j’ai eue, surtout avec cette réplique du père adoptif de Superman: « Peu importe ce qu’ils voulaient communiquer à travers ce message, ça n’aura jamais autant d’importance que comment toi, tu le reçois. » Tout est dit.
L’intrigue politique du film tourne principalement autour du conflit entre deux pays fictifs, Boravia et Jarhanpur. Pour moi, il n’y a pas de doute possible: Boravia représente Israël et Jarhanpur est une habile combinaison de Gaza et de l’Iran. Au début du film, Superman empêche une agression de Boravia contre Jarhanpur. Une agression qui devait tuer un maximum de civils. L’intervention de Superman enrage le gouvernement américain, parce que Boravia est allié aux États-Unis alors que Jarhanpur est une nation ennemie. D’un côté, le gouvernement de Boravia prétend vouloir libérer les habitants de Jarhanpur de son gouvernement tyrannique. De l’autre côté, le président de Boravia fait des déclarations clairement génocidaires: « Nous ne dormirons pas tant que les rues ne seront pas inondées du sang de tous les Jarhanpuriens. » Difficile de ne pas faire un lien avec les intentions génocidaires affirmées des dirigeants israéliens. Et comme Donald Trump prévoit l’ouverture d’une station balnéaire à Gaza, Lex Luthor parle des magasins qu’il veut ouvrir dans la nouvelle Jarhanpur une fois la population éradiquée.
Il y a bien d’autres parallèles à faire. Je ne les ai peut-être pas tous relevés. Lex Luthor inonde les réseaux sociaux avec des messages de propagande. Un réseau télévisé « d’information » appuie sans preuve les rumeurs absurdes, comme celle voulant que Superman ait un harem de femmes capturées sur Terre qu’il utilise pour créer une nouvelle race supérieure (au moins personne ne l’a accusé de manger des chiens). Les superhéros savent que Superman est innocent, mais ils n’interviennent pas parce qu’ils ne veulent pas perdre l’appui du gouvernement américain. Du début à la fin, j’ai eu l’impression que le réalisateur cherchait à inscrire son film dans la réalité.
ALERTE AU DIVULGÂCHEUR Le film finit bien. Si comme moi vous voyez les figures de style, votre coeur fond en voyant la conclusion. Elon Musk est arrêté. Bibi est tué par une superhéroïne. Green Lantern empêche les soldats israéliens de massacrer des enfants gazaouïs. Et la bande de Gaza est libérée. Du moins, c’est mon interprétation. FIN DE L’ALERTE AU DIVULGÂCHEUR
Bref, je comprends que les trumpistes et les endormis n’aient pas aimé le film. L’insulte suprême: le seul superhéros (autre que Superman) qui ait des principes et qui soit montré comme vraiment compétent est le seul Afro-Américain de l’équipe.
Pour les personnes qui accusent James Gunn d’avoir « wokisé » Superman: Les superhéros ont toujours été politiques. Ils cassaient la gueule d’Adolf Hitler avant même que les États-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne en 1941. La plupart des créateurs étaient Juifs et voulaient sensibiliser les Américains aux événements européens. En 1943, Superman se battait contre le Ku Klux Klan. Il y a toujours eu des messages d’intérêts publics dans les aventures de Superman, invitant les Américains à se rassembler indépendamment de leurs différences. Donc non, James Gunn a parfaitement compris le personnage de Superman.
Dans un contexte politique et mondial incroyablement anxiogène, un film où le héros affronte de vrais méchants et où les gentils gagnent à la fin fait du bien à l’âme. Je vous encourage à aller le voir si ce n’est pas déjà fait.
Aveu: Je n’avais pas l’intention d’aller voir le nouveau Superman au cinéma. Comme le dernier Captain America, j’avais l’intention de le regarder lorsqu’il serait disponible en ligne. Puis j’ai vu la grosse polémique “Superwoke” et je me suis dit que si les endormis (ou anti-wokes, si vous préférez) détestent autant ce film, il doit avoir des qualités. Je n’ai pas été déçu! De mon point de vue, le film est clairement anti-Trump, anti-Musk et anti-Netanyahu.
Était-ce intentionnel? Probable
Aveu: Je n’avais pas l’intention d’aller voir le nouveau Superman au cinéma. Comme le dernier Captain America, j’avais l’intention de le regarder lorsqu’il serait disponible en ligne. Puis j’ai vu la grosse polémique “Superwoke” et je me suis dit que si les endormis (ou anti-wokes, si vous préférez) détestent autant ce film, il doit avoir des qualités. Je n’ai pas été déçu! De mon point de vue, le film est clairement anti-Trump, anti-Musk et anti-Netanyahu.
Était-ce intentionnel? Probablement. En 2018, le réalisateur James Gunn a été “cancellé” après s’être moqué de l’administration Trump en ligne. Des trumpistes sont allés fouiller dans les poubelles de Twitter pour trouver des blagues de mauvais goût vieilles de 10 ans et Disney a retiré Gunn du projet des Gardiens de Galaxie 3. Il a fallu une immense pression populaire et interne pour le ramener. Pour l’anecdote, l’ancien PDG de Marvel, Ike Perlmutter, et sa femme Laura, ont financé les trois campagnes présidentielles de Donald Trump. Ils ont donné 10 millions pour la campagne de 2024.
C’est le genre de film que je regarde en prenant des notes (je vous ai dit que je préparais une histoire sociale des super-héros?). Voici donc ce que j’ai retenu:
Superman représente le bon immigrant poursuivi injustement par ICE. Le gouvernement américain ne lui reconnaît aucun droit parce qu’il est né sur une autre planète. Il est arrêté sans justification et l’habeas corpus n’est pas respecté. Au cas où la figure de style ne serait pas suffisamment claire, Superman l’affirme carrément à la fin du film: “Je suis aussi humain que vous tous.”
Le méchant du film, Lex Luthor, représente Elon Musk (avant sa rupture avec Trump). C’est un milliardaire, magnat de la technologie, qui en mène large auprès du gouvernement américain. Ultra émotif, violent avec sa conjointe et encore plus avec ses ex. Besoin démesuré d’être aimé et adulé, d’où sa jalousie envers Superman. Mégalomane: Son projet implique la création d’un nouveau pays qui porterait son nom et dont il serait le roi.
Lex Luthor découvre un enregistrement des parents kryptoniens de Superman qui l’encouragent à prendre le contrôle de la planète Terre afin de protéger les Terriens de leur propre barbarie. Superman n’a jamais vu cet enregistrement avant que Luthor le diffuse. Les gens deviennent convaincus que Superman est venu sur Terre pour les conquérir, même si ce n’est pas du tout conforme avec ses actions. Est-ce un message aux gens qui citent des passages du Coran pour montrer que les musulmans sont venus s’installer en Europe ou en Amérique pour nous asservir? C’est l’impression que j’ai eue, surtout avec cette réplique du père adoptif de Superman: “Peu importe ce qu’ils voulaient communiquer à travers ce message, ça n’aura jamais autant d’importance que comment toi, tu le reçois.” Tout est dit.
L’intrigue politique du film tourne principalement autour du conflit entre deux pays fictifs, Boravia et Jarhanpur. Pour moi, il n’y a pas de doute possible: Boravia représente Israël et Jarhanpur est une habile combinaison de Gaza et de l’Iran. Au début du film, Superman empêche une agression de Boravia contre Jarhanpur. Une agression qui devait tuer un maximum de civils. L’intervention de Superman enrage le gouvernement américain, parce que Boravia est allié aux États-Unis alors que Jarhanpur est une nation ennemie. D’un côté, le gouvernement de Boravia prétend vouloir libérer les habitants de Jarhanpur de son gouvernement tyrannique. De l’autre côté, le président de Boravia fait des déclarations clairement génocidaires: “Nous ne dormirons pas tant que les rues ne seront pas inondées du sang de tous les Jarhanpuriens.” Difficile de ne pas faire un lien avec les intentions génocidaires affirmées des dirigeants israéliens. Et comme Donald Trump prévoit l’ouverture d’une station balnéaire à Gaza, Lex Luthor parle des magasins qu’il veut ouvrir dans la nouvelle Jarhanpur une fois la population éradiquée.
Il y a bien d’autres parallèles à faire. Je ne les ai peut-être pas tous relevés. Lex Luthor inonde les réseaux sociaux avec des messages de propagande. Un réseau télévisé “d’information” appuie sans preuve les rumeurs absurdes, comme celle voulant que Superman ait un harem de femmes capturées sur Terre qu’il utilise pour créer une nouvelle race supérieure (au moins personne ne l’a accusé de manger des chiens). Les superhéros savent que Superman est innocent, mais ils n’interviennent pas parce qu’ils ne veulent pas perdre l’appui du gouvernement américain. Du début à la fin, j’ai eu l’impression que le réalisateur cherchait à inscrire son film dans la réalité.
ALERTE AU DIVULGÂCHEUR Le film finit bien. Si comme moi vous voyez les figures de style, votre coeur fond en voyant la conclusion. Elon Musk est arrêté. Bibi est tué par une superhéroïne. Green Lantern empêche les soldats israéliens de massacrer des enfants gazaouïs. Et la bande de Gaza est libérée. Du moins, c’est mon interprétation. FIN DE L’ALERTE AU DIVULGÂCHEUR
Bref, je comprends que les trumpistes et les endormis n’aient pas aimé le film. L’insulte suprême: le seul superhéros (autre que Superman) qui ait des principes et qui soit montré comme vraiment compétent est le seul Afro-Américain de l’équipe.
Pour les personnes qui accusent James Gunn d’avoir “wokisé” Superman: Les superhéros ont toujours été politiques. Ils cassaient la gueule d’Adolf Hitler avant même que les États-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne en 1941. La plupart des créateurs étaient Juifs et voulaient sensibiliser les Américains aux événements européens. En 1943, Superman se battait contre le Ku Klux Klan. Il y a toujours eu des messages d’intérêts publics dans les aventures de Superman, invitant les Américains à se rassembler indépendamment de leurs différences. Donc non, James Gunn a parfaitement compris le personnage de Superman.
Dans un contexte politique et mondial incroyablement anxiogène, un film où le héros affronte de vrais méchants et où les gentils gagnent à la fin fait du bien à l’âme. Je vous encourage à aller le voir si ce n’est pas déjà fait.
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Dans les dernières années, j’ai souvent entendu dire que le gouvernement Trudeau était le pire de l’histoire du Canada. Une affirmation qui m’a toujours fait lever les yeux au ciel. Parce que je sais que dans 99.9% des cas, si je demande de comparer Justin Trudeau à Arthur Meighen ou à R. B. Bennett, je n’aurai aucune réponse.
J’ai aussi souvent entendu dire que le gouvernement Legault était le pire de l’histoire du Québec. Là, je l’avoue, j’ai plus de d
Dans les dernières années, j’ai souvent entendu dire que le gouvernement Trudeau était le pire de l’histoire du Canada. Une affirmation qui m’a toujours fait lever les yeux au ciel. Parce que je sais que dans 99.9% des cas, si je demande de comparer Justin Trudeau à Arthur Meighen ou à R. B. Bennett, je n’aurai aucune réponse.
J’ai aussi souvent entendu dire que le gouvernement Legault était le pire de l’histoire du Québec. Là, je l’avoue, j’ai plus de difficulté à répondre. Pas parce que je crois que les gens répétant cette affirmation pourraient comparer François Legault à John Jones Ross ou à Simon-Napoléon Parent, mais parce que j’aurais de la difficulté à relativiser.
Depuis 2018, on a souvent comparé la CAQ de François Legault à l’Union nationale de Maurice Duplessis. Effectivement, les points de comparaison n’ont jamais arrêté de se multiplier: la prétention d’incarner la « nation », la posture farouchement anti-syndicale, la méfiance face à l’immigration, le discours alarmiste (vous vous souvenez de la menace de la « louisianisation » du Québec?), le favoritisme éhonté, le gaspillage de fonds publics au profit des amis du régime, le nationalisme défenseur et réactionnaire, la résistance à toute forme de changement…
Pourtant, je considère la comparaison injuste. Pour l’Union nationale. Malgré toutes les critiques (très justifiées) qu’on peut adresser au gouvernement de Maurice Duplessis, c’est aussi un gouvernement qui a bâti. Le Crédit agricole et l’électrification des campagnes ont permis la modernisation de l’agriculture québécoise, qui en avait bien besoin. Le réseau d’Hydro-Québec a triplé sa taille entre 1944 et 1960. L’Université Laval s’est développée, l’Université de Sherbrooke a été fondée et les bases de l’Université du Québec à Trois-Rivières ont été posées.
L’Union nationale a créé l’impôt provincial, une mesure déterminante au niveau des relations fédéral – provincial. À lui seul, le gouvernement du Québec venait mettre un frein à l’offensive centralisatrice du gouvernement d’Ottawa. Soudainement, les provinces retrouvaient (partiellement) le contrôle de leurs revenus, cédés au gouvernement fédéral depuis la Seconde Guerre mondiale. Encore plus remarquable: ce n’était pas une mesure populaire. Malgré toutes les tentatives de l’Union nationale de présenter l’impôt provincial comme une mesure patriotique, le discours public adhérait à l’argument de l’opposition libérale: un nouvel impôt. Un nouvel impôt, c’est un suicide électoral. Ce n’est que grâce à une corruption historique que l’Union nationale a survécu aux élections de 1956. Il faudrait avoir l’esprit particulièrement tordu pour présenter l’impôt provincial comme une mesure électoraliste.
Finalement, rappelons que Duplessis a laissé le Québec dans une santé financière exceptionnelle. Si la Révolution tranquille a été possible, c’est beaucoup grâce à la gestion de l’Union nationale. À moins d’un miracle, on se doute que le gouvernement qui succédera à la CAQ n’héritera pas d’une situation budgétaire enviable. Le surplus du gouvernement Couillard (obtenu grâce à quatre années d’austérité, rappelons-le) s’est transformé en déficit historique et ce n’est pas parce que la CAQ a réinvesti dans les services.
Quel héritage la Coalition Avenir Québec laissera-t-elle à l’histoire?
On retiendra peut-être la gestion de la pandémie de COVID-19, bien que le plus grand succès soit celui des relations publiques.
Les partisans d’une laïcité hostile à toute manifestation religieuse retiendront la loi 21 et les mesures subséquentes.
Les entreprises et les personnes assez riches pour utiliser le système de santé privée et envoyer leurs enfants à l’école privée peuvent honnêtement dire que les politiques fiscales de la CAQ leur ont profité. En revanche, le CAQ lègue des déficits historiques qui vont plomber l’État québécois pour plusieurs années.
Certaines initiatives sont appréciables, comme la création du Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale ou le cours de Citoyenneté et culture québécoise. Il est toutefois trop tôt pour juger s’ils atteindront leurs objectifs.
En revanche, on retiendra certainement :
La sourde oreille aux revendications des enseignants, des infirmières et des éducatrices, qui désertent leur profession.
Les déficits et la décote du Québec par les agences de notation.
Le gaspillage de fonds publics dans SAAQClic, Northvolt, le mythique 3e lien et autres fantaisies.
L’abandon de la promesse de réforme du mode de scrutin, un bidon d’essence versé sur les flammes du cynisme.
La mise en place des Centres de services scolaires, dont l’inefficacité a été démontrée par la crise de l’école Bedford.
Le sacrifice de l’intérêt collectif au profit des intérêts privés, en particulier au niveau environnemental (pensons à la fonderie Horne et à Stablex).
L’amplification de la crise du logement par des mesures qui favorisent les propriétaires au détriment des locataires.
La loi 89 pour limiter le droit de grève, ce qui couronne le bilan d’un gouvernement férocement anti-syndical.
L’utilisation éhontée de l’immigration, des musulmans et des minorités de genre comme paravents et comme bouc émissaires pour grappiller des votes et faire oublier les conséquences de la mauvaise gestion gouvernementale.
Le rejet de la science au profit de l’électoralisme (gestion de la pandémie, 3e lien, comité de sages sur l’identité de genre, etc.)
Le prochain gouvernement mettra des années (s’il le souhaite) à simplement réparer les dommages infligés à l’État québécois et à rebâtir le lien de confiance avec la population. François Legault n’a aucune raison d’être fier de « son legs ». Ses réalisations suffoquent sous les décombres de tout ce que son gouvernement a détruit.
La gestion de la COVID-19
Positif : Quand je demande aux gens de me citer un succès de la CAQ, c’est celui qui revient le plus souvent. Il est vrai que certains dossiers ont été bien menés, en particulier celui de la vaccination. Le plus grand succès a probablement été celui des relations publiques. François Legault, Christian Dubé et Horacio Arruda ont fait du bon travail pour nous rassurer dans une période de grande inquiétude et d’incertitude.
Négatif : Tout le reste. La gestion de la pandémie par le gouvernement caquiste a été un grand numéro d’improvisation guidé par l’électoralisme et les intérêts du milieu des affaires. La négligence du gouvernement a conduit à l’hécatombe dans les CHSLD. Des mesures sorties de nulle part comme le couvre-feu et un refus borné de mesures recommandées par la science comme les échangeurs d’air dans les écoles. Pour une liste détaillée des échecs et des ratés sur ce plan, on lira l’ouvrage collectif Traitements-chocs et tartelettes : Bilan critique de la gestion de la COVID-19 au Québec de Josiane Cossette et Julien Simard.
La loi 21
Positif : C’est le deuxième point qui revient le plus souvent. Pour bien des nationalistes et plusieurs militants en faveur d’une laïcité stricte, la Loi sur la laïcité de l’État (adoptée sur division, sous bâillon et après avoir entendu un minimum d’intervenants, rappelons-le) est devenue un symbole de notre affirmation nationale. Les personnes qui me connaissent savent que je n’en fais pas partie.
Négatif : Qu’on soit d’accord ou non avec le principe, je pense qu’on peut s’entendre que la loi n’a pas atteint ses objectifs. La CAQ prétendait mettre fin au débat sur la laïcité. Six ans plus tard, la discussion est toujours aussi acrimonieuse. La saga de l’école Bedford a bien montré qu’interdire le port de signes religieux ostentatoires n’assurait pas une éducation laïque, loin s’en faut. L’interdiction du port de signes religieux par les enseignants continue à diviser. C’était à prévoir, surtout quand on se souvient la façon dont le premier ministre Legault nous avait présenté la mesure : « Au Québec, c’est comme ça qu’on vit. » Quel meilleur moyen de tracer la ligne entre le « nous » et le « eux » ?
Famille
Positif : C’est le domaine sur lequel le gouvernement semble avoir réalisé le meilleur bilan.
Retour du tarif unique pour les garderies en 2019 (le gouvernement libéral de Philippe Couillard avais mis en place des tarifs modulables en fonction du revenu des parents).
Mesures encourageant le partage du congé parental (4 semaines supplémentaires au total si les deux parents prennent au moins 10 semaines chacun).
Réforme du droit de la famille.
Création du patrimoine familial pour les conjoints de fait avec enfants. Création du régime d’union parentale.
Création du Supplément pour enfant handicapé nécessité des soins (SEHNSE).
Négatif : Le gouvernement se fait tirer l’oreille pour améliorer les salaires dérisoires et les conditions de travail des éducatrices en garderie alors qu’elles désertent leur profession et qu’il n’y a pas de relève.
Finances
Positif : Avec les baisses d’impôts, le « bouclier anti-inflation » (les fameux chèques de 400$ à 600$ envoyés en 2022, année électorale) et la baisse de la taxe scolaire, on peut objectivement dire que les Québécois ont « plus d’argent dans leurs poches ».
Négatif : Déficits historiques. Décote du Québec par les agences de notation. La réduction de la taxe scolaire a considérablement diminué l’autonomie financière des écoles. Gaspillage de quelques 700 millions de dollars dans les dépassements de coûts de SAAQClic. Le prochain gouvernement va hériter d’un triste contexte budgétaire.
Racisme
Positif : La CAQ est le premier gouvernement à avoir confié à un ministre la responsabilité de la lutte contre le racisme.
Négatif : Le gouvernement rejette le concept de racisme systémique pourtant mis en lumière par la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (commission Viens). Il est prêt à aller jusqu’en Cour suprême pour défendre les interpellations « aléatoires » par les policiers bien qu’il ait été démontré à maintes reprises que celles-ci visent les minorités visibles de façon disproportionnée.
Refus de reconnaître le principe de Joyce (autrement dit de reconnaître les particularités des nations et cultures autochtones). Refus de reconnaître la souveraineté politique des nations autochtones (démontré de manière éloquente avec le nouveau régime forestier).
Loin de lutter contre le racisme, le gouvernement le nourrit en pointant du doigt l’immigration pour pratiquement tous les problèmes du Québec, que ceux-ci aient des causes plus profondes ou qu’ils aient carrément été causés par l’inaction de nos dirigeants. On relèvera également la fâcheuse tendance à utiliser les enjeux de laïcité comme paravent, au risque de stigmatisé des communautés déjà marginalisées.
Immigration
Positif : Pour les employeurs, le bilan du premier mandat Legault a été très positif. Pour les personnes qui voulaient travailler ou migrer au Québec également. Après une diminution temporaire de 20% de l’immigration permanente en 2019, le gouvernement est revenu aux chiffres du gouvernement Couillard pour les dépasser en 2022. L’ironie, c’est que ce gouvernement qui a battu des records en matière d’immigration lors de son premier mandat nous dit aujourd’hui que tous nos problèmes sont causés par une trop forte immigration.
Négatif : Restriction des critères d’admission au Programme de l’Expérience québécoise (programme qui facilite l’obtention de la résidence permanente pour les étudiants étrangers). Les démarches pour les regroupements familiaux sont labyrinthiques et les délais sont de 36 mois (en comparaison de 10 mois dans d’autres provinces canadiennes). Fermeture des classes de francisation.
Santé
Positif : Retour du programme d’accès à la fécondation in vitro. Stratégie pour éliminer progressivement le recours aux agences de placement.
Négatif : C’était la crise en 2018 et c’est toujours la crise en 2025. On réalisera peut-être dans 20 ans que la création de l’agence Santé Québec était la meilleure décision des dernières décennies, mais pour l’instant, les résultats se font attendre. Bras de fer avec les médecins. Sourde oreille aux demandes des infirmières à qui on exige toujours davantage de « mobilité » et de « flexibilité » malgré le fait qu’elles désertent leur profession.
Éducation
Positif : Pour les gens qui détestaient le cours d’éthique et culture religieuse, sa disparition est évidemment considérer comme un pas dans la bonne direction. Le cours de Culture et citoyenneté québécoise (CCQ) peut être considéré comme une bonne innovation malgré ses critiques qui le considèrent « woke ».
Négatif : On ne peut pas dire que remplacer les commissions scolaires francophones par les centres de services scolaires ait été bénéfique. La CAQ prétendait vouloir décentraliser la gouvernance scolaire, mais on n’a jamais eu un ministre de l’Éducation aussi omniprésent dans la prise de décisions que Bernard Drainville. Ce qui est arrivé à Bedford a illustré les nombreuses failles de notre modèle de gestion des écoles. Et rien n’indique qu’on se dirige vers une solution à la pénurie d’enseignants, malgré les critères qui sont sans cesse revus à la baisse (on se souvient de la promesse du « un adulte dans chaque classe »).
Enseignement supérieur
Positif : La loi sur la liberté académique.
Négatif : Ironiquement, ingérences de la ministre de l’Enseignement supérieur pour défendre les intérêts de l’État d’Israël et empêcher les discussions sur le génocide à Gaza.
Diversité de genre et sexuelle
Positif : Le nouveau cours Culture et citoyenneté québécoise présente la diversité de genre aux élèves, s’attaque aux préjugés et distingue les notions de sexe et de genre.
Négatif : Le comité de sages sur l’identité de genre qui ne contenait aucune personne trans et dont le rapport ne peut que nourrir le discours défavorable aux femmes trans.
Le développement économique
Le fiasco Northvolt risque d’éclipser tout le positif, s’il y en a. 240 millions de dollars pour l’achat du terrain à Luc Poirier et à ses amis (terrain acheté 20 millions en 2015, rappelons-le). 270 millions pour le financement des activités préliminaires.
Transports
Positif : Le budget pour l’entretien des infrastructures routières est un des rares domaines qui n’a pas eu à se plaindre de coupures. Les deux tiers des investissements en transport au Québec sont dirigés vers le réseau routier (à l’inverse de l’Ontario, où les deux tiers sont consacrés au transport en commun).
Négatif : Politique entièrement dévouée à l’auto solo. Réduction du financement des sociétés de transport en commun. Sous-financement des programmes d’entretien des infrastructures de transport collectif. Les chantiers du REM de l’Est et du tramway de Québec sont retardés depuis des années. La ministre Geneviève Guilbault promet de faire en sorte que le prochain gouvernement ne puisse pas annuler le projet pharaonique du troisième lien Québec – Lévis, dont le coût est évalué à une dizaine de milliards par les évaluations les plus conservatrices, et dont personne n’a jamais su démontrer la nécessité.
Environnement
Positif : Interdiction des voitures à essence à partir de 2035 (d’abord annoncée pour 2030). Depuis 2022, il est interdit sur tout le territoire québécois de rechercher et de produire des hydrocarbures. Un grand pas vers la transition énergétique et pour la protection de notre territoire. Depuis, François Legault s’est dit ouvert à la construction d’un oléoduc sur la Côte-Nord. Ce point positif pourrait donc possiblement disparaître.
Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire : Modernisation bien nécessaire des pratiques (la dernière loi datait de 1990). On tient compte ici des zones inondables, de la densification des quartiers, de la protection des milieux humides, de la mise en valeur des milieux naturels et des terres agricoles et on prend en compte les changements climatiques.
Négatif : Le ministère de l’Environnement devrait être rebaptisé ministère de la Pollution, parce que c’est ce à quoi il a été réduit: distribuer des permis de polluer. Donner aux entreprises la permission de ne pas respecter les lois environnementales. Glencore et Stablex sont particulièrement satisfaites du bon travail de Benoît Charette. La première a convaincu le gouvernement d’élever le seuil acceptable d’émissions d’arsenic pour la fonderie Horne et de nickel pour le port de Québec. La deuxième a reçu le droit de détruire des milieux naturels sur le territoire de Blainville pour permettre l’enfouissement de déchets dangereux. De manière générale, le ministère de l’Environnement a montré à chaque occasion que les intérêts de l’entreprise privée primaient sur tout.
Politique
Positif : Abolition du serment à la couronne pour la députation.
Négatif : Abandon de la promesse de réformer le mode de scrutin.
Justice
Positif : Le tribunal spécialisé en matière de violence conjugale et sexuelle.
Négatif : Poursuites abandonnées à cause du sous-financement de la Justice (349 dossiers abandonnés entre septembre 2023 et avril 2025). Procès annulés parce que les victimes abandonnent le processus ou parce que les délais sont dépassés. Peines bonbon pour éviter l’annulation de procès.
Culture et patrimoine
Positif : Augmentation du financement annuel du Conseil des arts et des lettres du Québec. Création du Musée national de l’histoire du Québec. Projet né dans la controverse, mais qui est porteur d’espoir pour certains.
Négatif : Les espaces bleus, projet mort né. Les Conseils régionaux de la culture crient famine. Coupure des fonds pour la préservation des églises.
Habitation
Positif : Le programme d’Allocation-logement, aide financière accordée aux personnes dont une trop grande part du revenu est consacrée au logement, est passée de 80$ (montant qui n’avait jamais augmenté depuis sa création dans les années 1990) à 150$. Très bien. Mais soyons honnêtes, cette augmentation de 70$ par mois n’a rien à voir avec les hausses de loyer depuis 2018. Bonification de la loi Françoise David pour protéger les locataires aînés contre les évictions. Certaines régions ont été ENFIN connectées à internet haute vitesse grâce au soutien financier du gouvernement.
Négatif : La crise du logement était déjà en cours à l’arrivée au pouvoir de la CAQ et rien n’a été fait pour y mettre un terme. Au contraire, ce gouvernement a tout fait pour favoriser les intérêts des propriétaires au détriment des locataires. Réforme des mécanismes de cession de bail. Nouveau calcul pour le taux d’augmentation des loyers qui encourage des augmentations encore plus élevées. Coupure dans le programme RénoRégion (subvention à la rénovation pour les propriétaires à faible revenu). Coupure dans les programmes pour adapter les résidences aux situations de handicap.
Travail
Positif : Loi sur le travail des enfants (interdiction avant 14 ans et limitation des heures pendant la période scolaire).
Négatif : François Legault n’a jamais caché son biais anti-syndicats. Les syndicats de la fonction publique doivent se battre continuellement pour obtenir des augmentations proportionnelles à l’inflation. Le fait que les éducatrices, les infirmières et les enseignants quittent leur profession n’affecte aucunement la volonté du gouvernement d’améliorer les conditions de travail. Quant au secteur privé, la CAQ a fait tout son possible pour réduire le pouvoir de négociation des syndicats. La loi 89, qui vient limiter le droit de grève, rejoindra probablement les lois Duplessis parmi les lois les plus anti-syndicales de l’histoire du Québec.
Cliquer ici pour le bilan détaillé.
Dans les dernières années, j’ai souvent entendu dire que le gouvernement Trudeau était le pire de l’histoire du Canada. Une affirmation qui m’a toujours fait lever les yeux au ciel. Parce que je sais que dans 99.9% des cas, si je demande de comparer Justin Trudeau à Arthur Meighen ou à R. B. Bennett, je n’aurai aucune réponse.
J’ai aussi souvent entendu dire que le gouvernement Legault était le pire de l’histoire du Québec. Là, je l’avoue, j’ai plus de d
Dans les dernières années, j’ai souvent entendu dire que le gouvernement Trudeau était le pire de l’histoire du Canada. Une affirmation qui m’a toujours fait lever les yeux au ciel. Parce que je sais que dans 99.9% des cas, si je demande de comparer Justin Trudeau à Arthur Meighen ou à R. B. Bennett, je n’aurai aucune réponse.
J’ai aussi souvent entendu dire que le gouvernement Legault était le pire de l’histoire du Québec. Là, je l’avoue, j’ai plus de difficulté à répondre. Pas parce que je crois que les gens répétant cette affirmation pourraient comparer François Legault à John Jones Ross ou à Simon-Napoléon Parent, mais parce que j’aurais de la difficulté à relativiser.
Depuis 2018, on a souvent comparé la CAQ de François Legault à l’Union nationale de Maurice Duplessis. Effectivement, les points de comparaison n’ont jamais arrêté de se multiplier: la prétention d’incarner la “nation”, la posture farouchement anti-syndicale, la méfiance face à l’immigration, le discours alarmiste (vous vous souvenez de la menace de la « louisianisation » du Québec?), le favoritisme éhonté, le gaspillage de fonds publics au profit des amis du régime, le nationalisme défenseur et réactionnaire, la résistance à toute forme de changement…
Pourtant, je considère la comparaison injuste. Pour l’Union nationale. Malgré toutes les critiques (très justifiées) qu’on peut adresser au gouvernement de Maurice Duplessis, c’est aussi un gouvernement qui a bâti. Le Crédit agricole et l’électrification des campagnes ont permis la modernisation de l’agriculture québécoise, qui en avait bien besoin. Le réseau d’Hydro-Québec a triplé sa taille entre 1944 et 1960. L’Université Laval s’est développée, l’Université de Sherbrooke a été fondée et les bases de l’Université du Québec à Trois-Rivières ont été posées.
L’Union nationale a créé l’impôt provincial, une mesure déterminante au niveau des relations fédéral – provincial. À lui seul, le gouvernement du Québec venait mettre un frein à l’offensive centralisatrice du gouvernement d’Ottawa. Soudainement, les provinces retrouvaient (partiellement) le contrôle de leurs revenus, cédés au gouvernement fédéral depuis la Seconde Guerre mondiale. Encore plus remarquable: ce n’était pas une mesure populaire. Malgré toutes les tentatives de l’Union nationale de présenter l’impôt provincial comme une mesure patriotique, le discours public adhérait à l’argument de l’opposition libérale: un nouvel impôt. Un nouvel impôt, c’est un suicide électoral. Ce n’est que grâce à une corruption historique que l’Union nationale a survécu aux élections de 1956. Il faudrait avoir l’esprit particulièrement tordu pour présenter l’impôt provincial comme une mesure électoraliste.
Finalement, rappelons que Duplessis a laissé le Québec dans une santé financière exceptionnelle. Si la Révolution tranquille a été possible, c’est beaucoup grâce à la gestion de l’Union nationale. À moins d’un miracle, on se doute que le gouvernement qui succédera à la CAQ n’héritera pas d’une situation budgétaire enviable. Le surplus du gouvernement Couillard (obtenu grâce à quatre années d’austérité, rappelons-le) s’est transformé en déficit historique et ce n’est pas parce que la CAQ a réinvesti dans les services.
Quel héritage la Coalition Avenir Québec laissera-t-elle à l’histoire?
On retiendra peut-être la gestion de la pandémie de COVID-19, bien que le plus grand succès soit celui des relations publiques.
Les partisans d’une laïcité hostile à toute manifestation religieuse retiendront la loi 21 et les mesures subséquentes.
Les entreprises et les personnes assez riches pour utiliser le système de santé privée et envoyer leurs enfants à l’école privée peuvent honnêtement dire que les politiques fiscales de la CAQ leur ont profité. En revanche, le CAQ lègue des déficits historiques qui vont plomber l’État québécois pour plusieurs années.
Certaines initiatives sont appréciables, comme la création du Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale ou le cours de Citoyenneté et culture québécoise. Il est toutefois trop tôt pour juger s’ils atteindront leurs objectifs.
En revanche, on retiendra certainement :
La sourde oreille aux revendications des enseignants, des infirmières et des éducatrices, qui désertent leur profession.
Les déficits et la décote du Québec par les agences de notation.
Le gaspillage de fonds publics dans SAAQClic, Northvolt, le mythique 3e lien et autres fantaisies.
L’abandon de la promesse de réforme du mode de scrutin, un bidon d’essence versé sur les flammes du cynisme.
La mise en place des Centres de services scolaires, dont l’inefficacité a été démontrée par la crise de l’école Bedford.
Le sacrifice de l’intérêt collectif au profit des intérêts privés, en particulier au niveau environnemental (pensons à la fonderie Horne et à Stablex).
L’amplification de la crise du logement par des mesures qui favorisent les propriétaires au détriment des locataires.
La loi 89 pour limiter le droit de grève, ce qui couronne le bilan d’un gouvernement férocement anti-syndical.
L’utilisation éhontée de l’immigration, des musulmans et des minorités de genre comme paravents et comme bouc émissaires pour grappiller des votes et faire oublier les conséquences de la mauvaise gestion gouvernementale.
Le rejet de la science au profit de l’électoralisme (gestion de la pandémie, 3e lien, comité de sages sur l’identité de genre, etc.)
Le prochain gouvernement mettra des années (s’il le souhaite) à simplement réparer les dommages infligés à l’État québécois et à rebâtir le lien de confiance avec la population. François Legault n’a aucune raison d’être fier de « son legs ». Ses réalisations suffoquent sous les décombres de tout ce que son gouvernement a détruit.
La gestion de la COVID-19
Positif : Quand je demande aux gens de me citer un succès de la CAQ, c’est celui qui revient le plus souvent. Il est vrai que certains dossiers ont été bien menés, en particulier celui de la vaccination. Le plus grand succès a probablement été celui des relations publiques. François Legault, Christian Dubé et Horacio Arruda ont fait du bon travail pour nous rassurer dans une période de grande inquiétude et d’incertitude.
Négatif : Tout le reste. La gestion de la pandémie par le gouvernement caquiste a été un grand numéro d’improvisation guidé par l’électoralisme et les intérêts du milieu des affaires. La négligence du gouvernement a conduit à l’hécatombe dans les CHSLD. Des mesures sorties de nulle part comme le couvre-feu et un refus borné de mesures recommandées par la science comme les échangeurs d’air dans les écoles. Pour une liste détaillée des échecs et des ratés sur ce plan, on lira l’ouvrage collectif Traitements-chocs et tartelettes : Bilan critique de la gestion de la COVID-19 au Québec de Josiane Cossette et Julien Simard.
La loi 21
Positif : C’est le deuxième point qui revient le plus souvent. Pour bien des nationalistes et plusieurs militants en faveur d’une laïcité stricte, la Loi sur la laïcité de l’État (adoptée sur division, sous bâillon et après avoir entendu un minimum d’intervenants, rappelons-le) est devenue un symbole de notre affirmation nationale. Les personnes qui me connaissent savent que je n’en fais pas partie.
Négatif : Qu’on soit d’accord ou non avec le principe, je pense qu’on peut s’entendre que la loi n’a pas atteint ses objectifs. La CAQ prétendait mettre fin au débat sur la laïcité. Six ans plus tard, la discussion est toujours aussi acrimonieuse. La saga de l’école Bedford a bien montré qu’interdire le port de signes religieux ostentatoires n’assurait pas une éducation laïque, loin s’en faut. L’interdiction du port de signes religieux par les enseignants continue à diviser. C’était à prévoir, surtout quand on se souvient la façon dont le premier ministre Legault nous avait présenté la mesure : « Au Québec, c’est comme ça qu’on vit. » Quel meilleur moyen de tracer la ligne entre le « nous » et le « eux » ?
Famille
Positif : C’est le domaine sur lequel le gouvernement semble avoir réalisé le meilleur bilan.
Retour du tarif unique pour les garderies en 2019 (le gouvernement libéral de Philippe Couillard avais mis en place des tarifs modulables en fonction du revenu des parents).
Mesures encourageant le partage du congé parental (4 semaines supplémentaires au total si les deux parents prennent au moins 10 semaines chacun).
Réforme du droit de la famille.
Création du patrimoine familial pour les conjoints de fait avec enfants. Création du régime d’union parentale.
Création du Supplément pour enfant handicapé nécessité des soins (SEHNSE).
Négatif : Le gouvernement se fait tirer l’oreille pour améliorer les salaires dérisoires et les conditions de travail des éducatrices en garderie alors qu’elles désertent leur profession et qu’il n’y a pas de relève.
Finances
Positif : Avec les baisses d’impôts, le « bouclier anti-inflation » (les fameux chèques de 400$ à 600$ envoyés en 2022, année électorale) et la baisse de la taxe scolaire, on peut objectivement dire que les Québécois ont « plus d’argent dans leurs poches ».
Négatif : Déficits historiques. Décote du Québec par les agences de notation. La réduction de la taxe scolaire a considérablement diminué l’autonomie financière des écoles. Gaspillage de quelques 700 millions de dollars dans les dépassements de coûts de SAAQClic. Le prochain gouvernement va hériter d’un triste contexte budgétaire.
Racisme
Positif : La CAQ est le premier gouvernement à avoir confié à un ministre la responsabilité de la lutte contre le racisme.
Négatif : Le gouvernement rejette le concept de racisme systémique pourtant mis en lumière par la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec (commission Viens). Il est prêt à aller jusqu’en Cour suprême pour défendre les interpellations « aléatoires » par les policiers bien qu’il ait été démontré à maintes reprises que celles-ci visent les minorités visibles de façon disproportionnée.
Refus de reconnaître le principe de Joyce (autrement dit de reconnaître les particularités des nations et cultures autochtones). Refus de reconnaître la souveraineté politique des nations autochtones (démontré de manière éloquente avec le nouveau régime forestier).
Loin de lutter contre le racisme, le gouvernement le nourrit en pointant du doigt l’immigration pour pratiquement tous les problèmes du Québec, que ceux-ci aient des causes plus profondes ou qu’ils aient carrément été causés par l’inaction de nos dirigeants. On relèvera également la fâcheuse tendance à utiliser les enjeux de laïcité comme paravent, au risque de stigmatisé des communautés déjà marginalisées.
Immigration
Positif : Pour les employeurs, le bilan du premier mandat Legault a été très positif. Pour les personnes qui voulaient travailler ou migrer au Québec également. Après une diminution temporaire de 20% de l’immigration permanente en 2019, le gouvernement est revenu aux chiffres du gouvernement Couillard pour les dépasser en 2022. L’ironie, c’est que ce gouvernement qui a battu des records en matière d’immigration lors de son premier mandat nous dit aujourd’hui que tous nos problèmes sont causés par une trop forte immigration.
Négatif : Restriction des critères d’admission au Programme de l’Expérience québécoise (programme qui facilite l’obtention de la résidence permanente pour les étudiants étrangers). Les démarches pour les regroupements familiaux sont labyrinthiques et les délais sont de 36 mois (en comparaison de 10 mois dans d’autres provinces canadiennes). Fermeture des classes de francisation.
Santé
Positif : Retour du programme d’accès à la fécondation in vitro. Stratégie pour éliminer progressivement le recours aux agences de placement.
Négatif : C’était la crise en 2018 et c’est toujours la crise en 2025. On réalisera peut-être dans 20 ans que la création de l’agence Santé Québec était la meilleure décision des dernières décennies, mais pour l’instant, les résultats se font attendre. Bras de fer avec les médecins. Sourde oreille aux demandes des infirmières à qui on exige toujours davantage de « mobilité » et de « flexibilité » malgré le fait qu’elles désertent leur profession.
Éducation
Positif : Pour les gens qui détestaient le cours d’éthique et culture religieuse, sa disparition est évidemment considérer comme un pas dans la bonne direction. Le cours de Culture et citoyenneté québécoise (CCQ) peut être considéré comme une bonne innovation malgré ses critiques qui le considèrent « woke ».
Négatif : On ne peut pas dire que remplacer les commissions scolaires francophones par les centres de services scolaires ait été bénéfique. La CAQ prétendait vouloir décentraliser la gouvernance scolaire, mais on n’a jamais eu un ministre de l’Éducation aussi omniprésent dans la prise de décisions que Bernard Drainville. Ce qui est arrivé à Bedford a illustré les nombreuses failles de notre modèle de gestion des écoles. Et rien n’indique qu’on se dirige vers une solution à la pénurie d’enseignants, malgré les critères qui sont sans cesse revus à la baisse (on se souvient de la promesse du « un adulte dans chaque classe »).
Enseignement supérieur
Positif : La loi sur la liberté académique.
Négatif : Ironiquement, ingérences de la ministre de l’Enseignement supérieur pour défendre les intérêts de l’État d’Israël et empêcher les discussions sur le génocide à Gaza.
Diversité de genre et sexuelle
Positif : Le nouveau cours Culture et citoyenneté québécoise présente la diversité de genre aux élèves, s’attaque aux préjugés et distingue les notions de sexe et de genre.
Négatif : Le comité de sages sur l’identité de genre qui ne contenait aucune personne trans et dont le rapport ne peut que nourrir le discours défavorable aux femmes trans.
Le développement économique
Le fiasco Northvolt risque d’éclipser tout le positif, s’il y en a. 240 millions de dollars pour l’achat du terrain à Luc Poirier et à ses amis (terrain acheté 20 millions en 2015, rappelons-le). 270 millions pour le financement des activités préliminaires.
Transports
Positif : Le budget pour l’entretien des infrastructures routières est un des rares domaines qui n’a pas eu à se plaindre de coupures. Les deux tiers des investissements en transport au Québec sont dirigés vers le réseau routier (à l’inverse de l’Ontario, où les deux tiers sont consacrés au transport en commun).
Négatif : Politique entièrement dévouée à l’auto solo. Réduction du financement des sociétés de transport en commun. Sous-financement des programmes d’entretien des infrastructures de transport collectif. Les chantiers du REM de l’Est et du tramway de Québec sont retardés depuis des années. La ministre Geneviève Guilbault promet de faire en sorte que le prochain gouvernement ne puisse pas annuler le projet pharaonique du troisième lien Québec – Lévis, dont le coût est évalué à une dizaine de milliards par les évaluations les plus conservatrices, et dont personne n’a jamais su démontrer la nécessité.
Environnement
Positif : Interdiction des voitures à essence à partir de 2035 (d’abord annoncée pour 2030). Depuis 2022, il est interdit sur tout le territoire québécois de rechercher et de produire des hydrocarbures. Un grand pas vers la transition énergétique et pour la protection de notre territoire. Depuis, François Legault s’est dit ouvert à la construction d’un oléoduc sur la Côte-Nord. Ce point positif pourrait donc possiblement disparaître.
Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire : Modernisation bien nécessaire des pratiques (la dernière loi datait de 1990). On tient compte ici des zones inondables, de la densification des quartiers, de la protection des milieux humides, de la mise en valeur des milieux naturels et des terres agricoles et on prend en compte les changements climatiques.
Négatif : Le ministère de l’Environnement devrait être rebaptisé ministère de la Pollution, parce que c’est ce à quoi il a été réduit: distribuer des permis de polluer. Donner aux entreprises la permission de ne pas respecter les lois environnementales. Glencore et Stablex sont particulièrement satisfaites du bon travail de Benoît Charette. La première a convaincu le gouvernement d’élever le seuil acceptable d’émissions d’arsenic pour la fonderie Horne et de nickel pour le port de Québec. La deuxième a reçu le droit de détruire des milieux naturels sur le territoire de Blainville pour permettre l’enfouissement de déchets dangereux. De manière générale, le ministère de l’Environnement a montré à chaque occasion que les intérêts de l’entreprise privée primaient sur tout.
Politique
Positif : Abolition du serment à la couronne pour la députation.
Négatif : Abandon de la promesse de réformer le mode de scrutin.
Justice
Positif : Le tribunal spécialisé en matière de violence conjugale et sexuelle.
Négatif : Poursuites abandonnées à cause du sous-financement de la Justice (349 dossiers abandonnés entre septembre 2023 et avril 2025). Procès annulés parce que les victimes abandonnent le processus ou parce que les délais sont dépassés. Peines bonbon pour éviter l’annulation de procès.
Culture et patrimoine
Positif : Augmentation du financement annuel du Conseil des arts et des lettres du Québec. Création du Musée national de l’histoire du Québec. Projet né dans la controverse, mais qui est porteur d’espoir pour certains.
Négatif : Les espaces bleus, projet mort né. Les Conseils régionaux de la culture crient famine. Coupure des fonds pour la préservation des églises.
Habitation
Positif : Le programme d’Allocation-logement, aide financière accordée aux personnes dont une trop grande part du revenu est consacrée au logement, est passée de 80$ (montant qui n’avait jamais augmenté depuis sa création dans les années 1990) à 150$. Très bien. Mais soyons honnêtes, cette augmentation de 70$ par mois n’a rien à voir avec les hausses de loyer depuis 2018. Bonification de la loi Françoise David pour protéger les locataires aînés contre les évictions. Certaines régions ont été ENFIN connectées à internet haute vitesse grâce au soutien financier du gouvernement.
Négatif : La crise du logement était déjà en cours à l’arrivée au pouvoir de la CAQ et rien n’a été fait pour y mettre un terme. Au contraire, ce gouvernement a tout fait pour favoriser les intérêts des propriétaires au détriment des locataires. Réforme des mécanismes de cession de bail. Nouveau calcul pour le taux d’augmentation des loyers qui encourage des augmentations encore plus élevées. Coupure dans le programme RénoRégion (subvention à la rénovation pour les propriétaires à faible revenu). Coupure dans les programmes pour adapter les résidences aux situations de handicap.
Travail
Positif : Loi sur le travail des enfants (interdiction avant 14 ans et limitation des heures pendant la période scolaire).
Négatif : François Legault n’a jamais caché son biais anti-syndicats. Les syndicats de la fonction publique doivent se battre continuellement pour obtenir des augmentations proportionnelles à l’inflation. Le fait que les éducatrices, les infirmières et les enseignants quittent leur profession n’affecte aucunement la volonté du gouvernement d’améliorer les conditions de travail. Quant au secteur privé, la CAQ a fait tout son possible pour réduire le pouvoir de négociation des syndicats. La loi 89, qui vient limiter le droit de grève, rejoindra probablement les lois Duplessis parmi les lois les plus anti-syndicales de l’histoire du Québec.
Une élue locale démocrate de l’État du Minnesota a été assassiné avec son époux à son domicile. Un autre a été victime d’une tentative de meurtre. Si on ne s’inquiétait pas déjà, ce serait le bon moment est le bon moment de commencer.
Pendant sa campagne en 2024, Donald Trump s’est engagé plusieurs fois à faire un mauvais sort à ses adversaires politiques. Il a promis des enquêtes sur Joe Biden, Kamala Harris, Barack Obama et Liz Cheney. Il a laissé entendre que la garde nationale pourrait de
Une élue locale démocrate de l’État du Minnesota a été assassiné avec son époux à son domicile. Un autre a été victime d’une tentative de meurtre. Si on ne s’inquiétait pas déjà, ce serait le bon moment est le bon moment de commencer.
Pendant sa campagne en 2024, Donald Trump s’est engagé plusieurs fois à faire un mauvais sort à ses adversaires politiques. Il a promis des enquêtes sur Joe Biden, Kamala Harris, Barack Obama et Liz Cheney. Il a laissé entendre que la garde nationale pourrait devoir sévir contre les démocrates qui allaient voler l’élection. « They are so bad and frankly, they’re evil. They’re evil. » Cette semaine, il a déclaré que la police de l’immigration devrait arrêter Gavin Newsom, le gouverneur de la Californie, qui a osé critiquer son envoi de l’armée pour arrêter les manifestations à Los Angeles. Le sénateur Alex Padilla, démocrate, a été violemment expulsé d’une conférence de presse par des agents du FBI alors qu’il posait une question à la secrétaire de la Sécurité intérieure, Kristi Noem. Est-ce qu’on se dirige vers une Nuit des longs couteaux à l’américaine?
La Nuit des longs couteaux, c’est la première série de crimes publics du gouvernement nazi. C’est l’illustration de la fin définitive de l’état de droit en Allemagne hitlérienne.
Contexte: Nous sommes en juin 1934. Adolf Hitler est chancelier (premier ministre) de l’Allemagne depuis janvier 1933, mais il partage son pouvoir avec les conservateurs, qui dirigent la plupart des ministères. Il se retrouve coincé entre les révolutionnaires nazis, qui veulent accélérer la mise en place de l’ordre nouveau, et les conservateurs, qui dénoncent la violence et le culte grandissant de la personnalité hitlérienne.
Les révolutionnaires se trouvent principalement au sein de la Sturmabteilung (SA), des sections armées qui agressaient et intimidaient les adversaires politiques, les syndicats et les Juifs. Pour faciliter l’accession d’Hitler au pouvoir, les SA provoquaient et agressaient les militants communistes. Hitler blâmait les communistes pour la violence et promettait de ramener la paix.
La SA était détestée par une grande partie de la population. Les conservateurs détestaient cette école de révolutionnaires. Les militaires soupçonnaient (avec raison) la SA de vouloir s’instaurer comme armée allemande. Plusieurs chefs de la SA étaient ouvertement homosexuels, ce qui scandalisait les puritains. De manière générale, la population n’appréciait pas la barbarie de ce groupe paramilitaire. Hitler devait éliminer ce groupe qui l’avait amené au pouvoir mais qui était devenu encombrant.
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1934, les chefs de la SA sont arrêtés et exécutés. Les nazis ont inventé de toute pièce un complot visant à assassiner Hitler et à renverser le gouvernement. Hitler profite de l’occasion pour éliminer des adversaires politiques, des rivaux et des éléments gênants. On retrouve parmi les victimes:
Franz von Papen, vice-chancelier et chef de la faction conservatrice, qui critiquait ouvertement les abus de pouvoir d’Hitler et la violence avec laquelle il exerçait son autorité. Placé en détention préventive. Il survit parce qu’il était une personnalité internationale et que son assassinat aurait eu des répercussions majeures.
Edgar Jung, intellectuel conservateur et rédacteur de discours pour Papen. Placé en détention préventive le 25 juin, puis assassiné.
Herbert von Bose, attaché de presse de Papen, assassiné lors d’une descente de la Gestapo au bureau du vice-chancelier.
Gregor Strasser, ancien organisateur du parti nazi qui s’est brouillé avec Hitler. Arrêté puis abattu dans sa cellule au siège de la Gestapo.
Kurt von Schleicher, prédécesseur d’Hitler comme chancelier d’Allemagne, politicien conservateur qui préparait son retour en politique. Assassiné avec sa femme à son domicile. Joseph Goebbels qualifie la mort d’Elisabeth von Schleicher de malheureux accident.
Le général Ferdinand von Bredow, qui préparait le retour en politique de Schleicher. Tiré à bout portant en répondant à la porte de sa maison.
Gustav Ritter von Kahr, ancien gouverneur de Bavière. Il avait quitté la politique depuis plusieurs années et s’était retiré dans l’anonymat, mais Hitler ne lui avait jamais pardonné son rôle dans l’échec du putsch de la Brasserie de Munich en 1923. Assassiné à Dachau.
Le journaliste Fritz Gerlich, un des principaux critiques d’Hitler dans la presse. Détenu à Dachau depuis mars 1933, il est exécuté pendant la Nuit des longs couteaux.
Toutes les victimes sont accusées de s’être impliquées dans le complot de la SA. Accusations farfelues, mais qui ont passé le test de l’opinion publique. Le président allemand, Paul von Hindenburg, adresse un télégramme à Hitler pour le remercier d’avoir « sauvé le peuple allemand d’un grave danger » (il est douteux que le président ait écrit le télégramme lui-même). La population se préoccupe peu des assassinats politiques. Elle se réjouit que la barbarie de la SA ait été mâtée. Hitler avait provoqué la violence et devenait maintenant le héros du peuple parce qu’il y avait mis fin.
Hitler incarnait désormais la nation. Ses ennemis étaient les ennemis de l’Allemagne, donc des traîtres qui ne méritaient aucun droit civil. La Nuit des longs couteaux, on le sait, n’était que le début de la violence qui allait s’emparer de l’Allemagne, puis de toute l’Europe. Ce qui est consternant, c’est l’indifférence, voire la satisfaction avec laquelle le peuple allemand a pris connaissance de ces terribles abus de pouvoir. Espérons que les Américains sachent mieux réagir.
Une élue locale démocrate de l’État du Minnesota a été assassiné avec son époux à son domicile. Un autre a été victime d’une tentative de meurtre. Si on ne s’inquiétait pas déjà, ce serait le bon moment est le bon moment de commencer.
Pendant sa campagne en 2024, Donald Trump s’est engagé plusieurs fois à faire un mauvais sort à ses adversaires politiques. Il a promis des enquêtes sur Joe Biden, Kamala Harris, Barack Obama et Liz Cheney. Il a laissé entendre que la garde nationale pourrait de
Une élue locale démocrate de l’État du Minnesota a été assassiné avec son époux à son domicile. Un autre a été victime d’une tentative de meurtre. Si on ne s’inquiétait pas déjà, ce serait le bon moment est le bon moment de commencer.
Pendant sa campagne en 2024, Donald Trump s’est engagé plusieurs fois à faire un mauvais sort à ses adversaires politiques. Il a promis des enquêtes sur Joe Biden, Kamala Harris, Barack Obama et Liz Cheney. Il a laissé entendre que la garde nationale pourrait devoir sévir contre les démocrates qui allaient voler l’élection. “They are so bad and frankly, they’re evil. They’re evil.” Cette semaine, il a déclaré que la police de l’immigration devrait arrêter Gavin Newsom, le gouverneur de la Californie, qui a osé critiquer son envoi de l’armée pour arrêter les manifestations à Los Angeles. Le sénateur Alex Padilla, démocrate, a été violemment expulsé d’une conférence de presse par des agents du FBI alors qu’il posait une question à la secrétaire de la Sécurité intérieure, Kristi Noem. Est-ce qu’on se dirige vers une Nuit des longs couteaux à l’américaine?
La Nuit des longs couteaux, c’est la première série de crimes publics du gouvernement nazi. C’est l’illustration de la fin définitive de l’état de droit en Allemagne hitlérienne.
Contexte: Nous sommes en juin 1934. Adolf Hitler est chancelier (premier ministre) de l’Allemagne depuis janvier 1933, mais il partage son pouvoir avec les conservateurs, qui dirigent la plupart des ministères. Il se retrouve coincé entre les révolutionnaires nazis, qui veulent accélérer la mise en place de l’ordre nouveau, et les conservateurs, qui dénoncent la violence et le culte grandissant de la personnalité hitlérienne.
Les révolutionnaires se trouvent principalement au sein de la Sturmabteilung (SA), des sections armées qui agressaient et intimidaient les adversaires politiques, les syndicats et les Juifs. Pour faciliter l’accession d’Hitler au pouvoir, les SA provoquaient et agressaient les militants communistes. Hitler blâmait les communistes pour la violence et promettait de ramener la paix.
La SA était détestée par une grande partie de la population. Les conservateurs détestaient cette école de révolutionnaires. Les militaires soupçonnaient (avec raison) la SA de vouloir s’instaurer comme armée allemande. Plusieurs chefs de la SA étaient ouvertement homosexuels, ce qui scandalisait les puritains. De manière générale, la population n’appréciait pas la barbarie de ce groupe paramilitaire. Hitler devait éliminer ce groupe qui l’avait amené au pouvoir mais qui était devenu encombrant.
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1934, les chefs de la SA sont arrêtés et exécutés. Les nazis ont inventé de toute pièce un complot visant à assassiner Hitler et à renverser le gouvernement. Hitler profite de l’occasion pour éliminer des adversaires politiques, des rivaux et des éléments gênants. On retrouve parmi les victimes:
Franz von Papen, vice-chancelier et chef de la faction conservatrice, qui critiquait ouvertement les abus de pouvoir d’Hitler et la violence avec laquelle il exerçait son autorité. Placé en détention préventive. Il survit parce qu’il était une personnalité internationale et que son assassinat aurait eu des répercussions majeures.
Edgar Jung, intellectuel conservateur et rédacteur de discours pour Papen. Placé en détention préventive le 25 juin, puis assassiné.
Herbert von Bose, attaché de presse de Papen, assassiné lors d’une descente de la Gestapo au bureau du vice-chancelier.
Gregor Strasser, ancien organisateur du parti nazi qui s’est brouillé avec Hitler. Arrêté puis abattu dans sa cellule au siège de la Gestapo.
Kurt von Schleicher, prédécesseur d’Hitler comme chancelier d’Allemagne, politicien conservateur qui préparait son retour en politique. Assassiné avec sa femme à son domicile. Joseph Goebbels qualifie la mort d’Elisabeth von Schleicher de malheureux accident.
Le général Ferdinand von Bredow, qui préparait le retour en politique de Schleicher. Tiré à bout portant en répondant à la porte de sa maison.
Gustav Ritter von Kahr, ancien gouverneur de Bavière. Il avait quitté la politique depuis plusieurs années et s’était retiré dans l’anonymat, mais Hitler ne lui avait jamais pardonné son rôle dans l’échec du putsch de la Brasserie de Munich en 1923. Assassiné à Dachau.
Le journaliste Fritz Gerlich, un des principaux critiques d’Hitler dans la presse. Détenu à Dachau depuis mars 1933, il est exécuté pendant la Nuit des longs couteaux.
Toutes les victimes sont accusées de s’être impliquées dans le complot de la SA. Accusations farfelues, mais qui ont passé le test de l’opinion publique. Le président allemand, Paul von Hindenburg, adresse un télégramme à Hitler pour le remercier d’avoir “sauvé le peuple allemand d’un grave danger” (il est douteux que le président ait écrit le télégramme lui-même). La population se préoccupe peu des assassinats politiques. Elle se réjouit que la barbarie de la SA ait été mâtée. Hitler avait provoqué la violence et devenait maintenant le héros du peuple parce qu’il y avait mis fin.
Hitler incarnait désormais la nation. Ses ennemis étaient les ennemis de l’Allemagne, donc des traîtres qui ne méritaient aucun droit civil. La Nuit des longs couteaux, on le sait, n’était que le début de la violence qui allait s’emparer de l’Allemagne, puis de toute l’Europe. Ce qui est consternant, c’est l’indifférence, voire la satisfaction avec laquelle le peuple allemand a pris connaissance de ces terribles abus de pouvoir. Espérons que les Américains sachent mieux réagir.
En avril dernier, la Cour supérieure du Québec a tranché en faveur des familles pluriparentales: un enfant peut légalement avoir plus de deux parents. Le gouvernement du Québec a un an pour amender le Code civil afin de tenir compte de cette nouvelle réalité.
Excellente nouvelle pour les personnes concernées. Décision sans conséquence pour celles qui ne le sont pas. Mais des gens sont inquiets. Normand Lester et Guillaume Rousseau nous disent carrément que la décision du juge Andres C. Garin
En avril dernier, la Cour supérieure du Québec a tranché en faveur des familles pluriparentales: un enfant peut légalement avoir plus de deux parents. Le gouvernement du Québec a un an pour amender le Code civil afin de tenir compte de cette nouvelle réalité.
Excellente nouvelle pour les personnes concernées. Décision sans conséquence pour celles qui ne le sont pas. Mais des gens sont inquiets. Normand Lester et Guillaume Rousseau nous disent carrément que la décision du juge Andres C. Garin ouvre la porte à la polygamie. Rousseau se garde de viser une communauté en particulier, mais Lester attaque directement les musulmans. Présentement, la polygamie est un acte criminel au Canada. Mais Rousseau et Lester nous préviennent que nous sommes à un pas de sa légalisation.
« Certes, ce n’est pas pour tout de suite », écrit Rousseau, « car le Code criminel canadien interdit cette pratique. Mais il suffirait que le fédéral décide d’abolir cette interdiction pour que le Québec puisse être forcé d’en faire autant. » Effectivement, pratiquement tous les actes criminels peuvent être légalisés du jour au lendemain si le gouvernement le décide. Ce n’est pas un argument.
D’après Lester, c’est une question de temps avant que les tribunaux invalident la criminalisation de la polygamie au nom de la liberté de religion. Cette crainte est complètement sans fondement. Un jugement de la Cour suprême de la Colombie-Britannique l’a d’ailleurs confirmé en 2011 (BCSC 1588). La criminalisation de la polygamie est peut-être une entrave à la liberté de religion, mais c’est une limitation acceptable et nécessaire dans un contexte de protection des droits des femmes et des enfants. Merci au juriste Louis-Philippe Lampron pour la référence.
Donc non, ce n’est pas demain qu’un tribunal va décriminaliser la polygamie au nom du respect des droits individuels. Le gouvernement pourrait en décider autrement, mais nous n’avons aucune raison de croire que le nouveau gouvernement Carney ait l’intention de légiférer en ce sens. Alors de quoi est-ce qu’on s’inquiète? Et surtout, quel est le rapport avec les familles pluriparentales?
La compétition entre les épouses cause du tort aux enfants et aux épouses elles-mêmes
Risque pour la santé sexuelle (la polygynie augmente le risque de transmission des infections et maladies)
La polygamie est souvent synonyme de dénuement économique pour les femmes et leurs enfants
L’inégalité domestique est incompatible avec l’égalité économique et sociale, donc avec les valeurs canadiennes
Donc ce n’est pas seulement par principe que le Canada ne permet pas les unions polygames. C’est parce que dans plusieurs contextes, celles-ci ont causé un tort réel et documenté aux femmes et aux enfants.
On brouille les cartes lorsqu’on lie les demandes de reconnaissance parentales à la reconnaissance conjugale. Ce sont deux enjeux complètement différents. Plusieurs provinces canadiennes reconnaissent déjà légalement la pluriparentalité (la Colombie-Britannique depuis 2013, l’Ontario depuis 2016 et la Saskatchewan depuis 2021). Selon Valérie Costanzo, professeure en sciences juridiques à l’Université du Québec à Montréal, ces changements législatifs n’ont pas conduit à des campagnes juridiques pour décriminaliser la polygamie. Il n’y a pas de raison de croire qu’il en irait autrement au Québec.
Maintenant, je vous le demande: en quoi les enfants des familles pluriparentales sont menacés par leur structure atypique? Au contraire, c’est précisément en tenant compte des intérêts des enfants que les tribunaux canadiens ont accordé un statut légal aux unions pluriparentales. Imaginons une situation d’urgence où le « troisième parent », celui qui n’est pas inscrit sur le certificat de naissance, se retrouve à l’hôpital seul avec son enfant. Il n’a pas l’autorité légale de prendre une décision. On se retrouve dans une situation dangereuse pour l’enfant qui aurait pu être évitée avec un changement sur un papier.
Avant d’adopter des idées préconçues sur la pluriparentalité, je recommande vivement d’écouter l’entrevue de Sophie Paradis à l’émission de Patrick Lagacé le 7 mai 2025. Les inquiets réaliseront peut-être que les familles pluriparentales ne sont dignes ni de suspicion, ni de mépris. Si vous vous inquiétez pour le bien-être des enfants des unions à trois parents, dites-vous que les séparations complexes et les cellules familiales dysfonctionnelles ne sont pas liées au nombre d’adultes impliqués. Au contraire, un projet de pluriparentalité implique généralement un niveau de préparation qui échappe à un très grand nombre de familles dites traditionnelles. À ce jour, aucune des quelques familles pluriparentales reconnues dans les autres provinces canadiennes ne s’est retrouvée en cour pour débattre de la garde des enfants. Pour citer Valérie Costanzo encore une fois: « Cela peut s’expliquer notamment par une méfiance par rapport à la surveillance des tribunaux, où ces familles pourraient vivre des préjugés, mais également par des outils de communication et de gestion familiale plus sains. » Bref, l’expérience ne donne aucune raison de croire que reconnaître légalement la pluriparenté serait préjudiciable pour les enfants.
Associer les familles pluriparentales, comme le fait Normand Lester, à des familles ultraconservatrices mormones ou musulmanes, est non seulement injuste, mais dangereux. C’est faire courir le risque d’une stigmatisation sociale à des familles déjà marginales qui ne demandent qu’à offrir les meilleures conditions de vie possibles à leurs enfants. C’est d’autant plus absurde vu la présence importante de la communauté LGBTQ+ parmi les familles qui ne répondent pas au modèle traditionnel. Ce n’est généralement pas là qu’on retrouve les ultrareligieux.
« Face à cette atteinte à sa liberté de choisir et à son caractère distinct, le Québec doit résister », conclut Guillaume Rousseau. Résister à quoi? À des familles qui ne répondent pas au modèle traditionnel? Cette bataille juridique que Rousseau semble réclamer de ses voeux ne vise en gros qu’à empêcher des familles de vivre selon leur mode de vie choisi. Et dans quel but? Se féliciter collectivement d’avoir empêché Ottawa de nous obliger à respecter les droits d’une minorité? C’est une habitude dangereuse qu’on semble vouloir développer au Québec. Il serait temps d’arrêter de voir les droits individuels comme une menace à éliminer.
Les familles pluriparentales n’ont pas demandé à être prises en otage par un nouvel affrontement juridictionnel entre Québec et Ottawa. Si nos nationalistes se cherchent un sujet pour attiser la colère contre le régime fédéral, qu’ils s’en tiennent à des guerres de chiffres.
En avril dernier, la Cour supérieure du Québec a tranché en faveur des familles pluriparentales: un enfant peut légalement avoir plus de deux parents. Le gouvernement du Québec a un an pour amender le Code civil afin de tenir compte de cette nouvelle réalité.
Excellente nouvelle pour les personnes concernées. Décision sans conséquence pour celles qui ne le sont pas. Mais des gens sont inquiets. Normand Lester et Guillaume Rousseau nous disent carrément que la décision du juge Andres C. Garin
En avril dernier, la Cour supérieure du Québec a tranché en faveur des familles pluriparentales: un enfant peut légalement avoir plus de deux parents. Le gouvernement du Québec a un an pour amender le Code civil afin de tenir compte de cette nouvelle réalité.
Excellente nouvelle pour les personnes concernées. Décision sans conséquence pour celles qui ne le sont pas. Mais des gens sont inquiets. Normand Lester et Guillaume Rousseau nous disent carrément que la décision du juge Andres C. Garin ouvre la porte à la polygamie. Rousseau se garde de viser une communauté en particulier, mais Lester attaque directement les musulmans. Présentement, la polygamie est un acte criminel au Canada. Mais Rousseau et Lester nous préviennent que nous sommes à un pas de sa légalisation.
“Certes, ce n’est pas pour tout de suite”, écrit Rousseau, “car le Code criminel canadien interdit cette pratique. Mais il suffirait que le fédéral décide d’abolir cette interdiction pour que le Québec puisse être forcé d’en faire autant.” Effectivement, pratiquement tous les actes criminels peuvent être légalisés du jour au lendemain si le gouvernement le décide. Ce n’est pas un argument.
D’après Lester, c’est une question de temps avant que les tribunaux invalident la criminalisation de la polygamie au nom de la liberté de religion. Cette crainte est complètement sans fondement. Un jugement de la Cour suprême de la Colombie-Britannique l’a d’ailleurs confirmé en 2011 (BCSC 1588). La criminalisation de la polygamie est peut-être une entrave à la liberté de religion, mais c’est une limitation acceptable et nécessaire dans un contexte de protection des droits des femmes et des enfants. Merci au juriste Louis-Philippe Lampron pour la référence.
Donc non, ce n’est pas demain qu’un tribunal va décriminaliser la polygamie au nom du respect des droits individuels. Le gouvernement pourrait en décider autrement, mais nous n’avons aucune raison de croire que le nouveau gouvernement Carney ait l’intention de légiférer en ce sens. Alors de quoi est-ce qu’on s’inquiète? Et surtout, quel est le rapport avec les familles pluriparentales?
La compétition entre les épouses cause du tort aux enfants et aux épouses elles-mêmes
Risque pour la santé sexuelle (la polygynie augmente le risque de transmission des infections et maladies)
La polygamie est souvent synonyme de dénuement économique pour les femmes et leurs enfants
L’inégalité domestique est incompatible avec l’égalité économique et sociale, donc avec les valeurs canadiennes
Donc ce n’est pas seulement par principe que le Canada ne permet pas les unions polygames. C’est parce que dans plusieurs contextes, celles-ci ont causé un tort réel et documenté aux femmes et aux enfants.
On brouille les cartes lorsqu’on lie les demandes de reconnaissance parentales à la reconnaissance conjugale. Ce sont deux enjeux complètement différents. Plusieurs provinces canadiennes reconnaissent déjà légalement la pluriparentalité (la Colombie-Britannique depuis 2013, l’Ontario depuis 2016 et la Saskatchewan depuis 2021). Selon Valérie Costanzo, professeure en sciences juridiques à l’Université du Québec à Montréal, ces changements législatifs n’ont pas conduit à des campagnes juridiques pour décriminaliser la polygamie. Il n’y a pas de raison de croire qu’il en irait autrement au Québec.
Maintenant, je vous le demande: en quoi les enfants des familles pluriparentales sont menacés par leur structure atypique? Au contraire, c’est précisément en tenant compte des intérêts des enfants que les tribunaux canadiens ont accordé un statut légal aux unions pluriparentales. Imaginons une situation d’urgence où le “troisième parent”, celui qui n’est pas inscrit sur le certificat de naissance, se retrouve à l’hôpital seul avec son enfant. Il n’a pas l’autorité légale de prendre une décision. On se retrouve dans une situation dangereuse pour l’enfant qui aurait pu être évitée avec un changement sur un papier.
Avant d’adopter des idées préconçues sur la pluriparentalité, je recommande vivement d’écouter l’entrevue de Sophie Paradis à l’émission de Patrick Lagacé le 7 mai 2025. Les inquiets réaliseront peut-être que les familles pluriparentales ne sont dignes ni de suspicion, ni de mépris. Si vous vous inquiétez pour le bien-être des enfants des unions à trois parents, dites-vous que les séparations complexes et les cellules familiales dysfonctionnelles ne sont pas liées au nombre d’adultes impliqués. Au contraire, un projet de pluriparentalité implique généralement un niveau de préparation qui échappe à un très grand nombre de familles dites traditionnelles. À ce jour, aucune des quelques familles pluriparentales reconnues dans les autres provinces canadiennes ne s’est retrouvée en cour pour débattre de la garde des enfants. Pour citer Valérie Costanzo encore une fois: “Cela peut s’expliquer notamment par une méfiance par rapport à la surveillance des tribunaux, où ces familles pourraient vivre des préjugés, mais également par des outils de communication et de gestion familiale plus sains.” Bref, l’expérience ne donne aucune raison de croire que reconnaître légalement la pluriparenté serait préjudiciable pour les enfants.
Associer les familles pluriparentales, comme le fait Normand Lester, à des familles ultraconservatrices mormones ou musulmanes, est non seulement injuste, mais dangereux. C’est faire courir le risque d’une stigmatisation sociale à des familles déjà marginales qui ne demandent qu’à offrir les meilleures conditions de vie possibles à leurs enfants. C’est d’autant plus absurde vu la présence importante de la communauté LGBTQ+ parmi les familles qui ne répondent pas au modèle traditionnel. Ce n’est généralement pas là qu’on retrouve les ultrareligieux.
“Face à cette atteinte à sa liberté de choisir et à son caractère distinct, le Québec doit résister”, conclut Guillaume Rousseau. Résister à quoi? À des familles qui ne répondent pas au modèle traditionnel? Cette bataille juridique que Rousseau semble réclamer de ses voeux ne vise en gros qu’à empêcher des familles de vivre selon leur mode de vie choisi. Et dans quel but? Se féliciter collectivement d’avoir empêché Ottawa de nous obliger à respecter les droits d’une minorité? C’est une habitude dangereuse qu’on semble vouloir développer au Québec. Il serait temps d’arrêter de voir les droits individuels comme une menace à éliminer.
Les familles pluriparentales n’ont pas demandé à être prises en otage par un nouvel affrontement juridictionnel entre Québec et Ottawa. Si nos nationalistes se cherchent un sujet pour attiser la colère contre le régime fédéral, qu’ils s’en tiennent à des guerres de chiffres.
Éric Duhaime aurait voulu qu’on lui laisse le champ libre dans Arthabaska, question de pouvoir profiter du salaire de député (et ainsi de ménager les finances du Parti conservateur), de la tribune de l’Assemblée nationale et éventuellement de participer aux prochains débats des chefs. Il accuse Paul St-Pierre Plamondon de « briser une tradition » en présentant un candidat contre un chef de parti qui se présente lors d’une élection complémentaire et de « vouloir absolument empêcher un Québécois s
Éric Duhaime aurait voulu qu’on lui laisse le champ libre dans Arthabaska, question de pouvoir profiter du salaire de député (et ainsi de ménager les finances du Parti conservateur), de la tribune de l’Assemblée nationale et éventuellement de participer aux prochains débats des chefs. Il accuse Paul St-Pierre Plamondon de « briser une tradition » en présentant un candidat contre un chef de parti qui se présente lors d’une élection complémentaire et de « vouloir absolument empêcher un Québécois sur sept d’avoir une voix à l’Assemblée nationale » (Les coulisses du pouvoir, 4 mai 2025).
Cette tradition de ne pas présenter de candidat contre un chef de parti dans une élection complémentaire existe-t-elle?
Réponse courte: Non.
Cette « tradition » a été observée cinq fois entre 1986 et 2013 par le Parti libéral, le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec. Dans les cinq cas, les chefs se présentaient dans une circonscription laissée vacante par un député DE LEUR PROPRE PARTI. Trois de ces élections partielles ont été provoquées par le départ d’un député ayant quitté son poste expressément pour permettre à son ou sa chef(fe) de faire son entrée à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas le cas dans Arthabaska. Rappelons que la circonscription a été laissée vacante par le député caquiste Éric Lefebvre, dont le chef siège toujours à l’Assemblée nationale. Si les autres partis avaient accordé un passe-droit à Éric Duhaime, nous aurions assisté à une première historique: la classe politique imposant à une circonscription d’être représentée par un parti pour lequel elle n’a jamais voté. Duhaime y aurait vu un respect élémentaire pour les électeurs du PCQ. J’y vois un grave affront pour les électeurs d’Arthabaska.
Je vous présente l’historique complet des situations où le chef d’un parti représenté à l’Assemblée nationale s’est présenté dans une élection complémentaire. Vous jugerez ensuite.
1) Joseph-Alfred Mousseau (1882) En 1882, le premier ministre du Québec, Joseph-Adolphe Chapleau, démissionne pour devenir ministre à Ottawa. Il est remplacé par Joseph-Alfred Mousseau, qui lui quitte son ministère à Ottawa pour devenir premier ministre du Québec. Il n’a pas de siège au Québec. C’est Narcisse Lecavalier, député de Jacques-Cartier, qui lui cède son siège en échange d’un poste de haut-fonctionnaire (c’était acceptable à l’époque). Les libéraux ne présentent aucun candidat contre Mousseau, moins par galanterie que par manque de moyens. Le comté de Jacques-Cartier était conservateur depuis 1867. En 1881, Lecavalier avait été élu par acclamation. Le seul adversaire de Mousseau sera donc un autre candidat conservateur.
2) Georges-Émile Lapalme (1953) En 1950, Georges-Émile Lapalme quitte son siège de député d’arrière-ban à Ottawa pour devenir chef du Parti libéral du Québec. Aux élections générales de 1952, les libéraux font élire 23 députés, mais Lapalme est battu dans le comté de Joliette. La mort du député d’Outremont, Henri Groulx, vient tristement libérer un siège. Lapalme se présente, mais l’Union nationale ne lui laisse pas le champ libre. Maurice Duplessis se fait le champion de la démocratie: « M. Lapalme aurait aimé une élection par acclamation réalisant, aujourd’hui, que c’est le seul moyen pour lui d’être élu. Il n’est ni juste, ni raisonnable de penser que M. Lapalme est supérieur à tous les électeurs du comté. » (La Presse, 6 juillet 1953) Lapalme est malgré tout élu avec 56% des votes.
3) Claude Ryan (1979) Les élections de 1976 sont remportées par le Parti québécois. Le premier ministre sortant, Robert Bourassa est remplacé comme chef du Parti libéral du Québec par Claude Ryan, qui n’est pas élu. Zoël Saindon, député d’Argenteuil, démissionne pour lui céder son siège. Choix audacieux: Saindon ne l’avait emporté que par une majorité de 1275 voix contre le candidat péquiste et le candidat de l’Union nationale les suivait de près. Le Parti québécois et l’Union nationale présentent tous deux un candidat contre Ryan, qui l’emporte malgré tout avec 64% des votes.
4) Robert Bourassa (1986) En 1985, le Parti libéral du Québec forme un gouvernement majoritaire, mais Robert Bourassa est battu dans sa propre circonscription de Bertrand. Le député libéral Germain Leduc lui cède son siège dans Saint-Laurent. Neuf candidats s’opposent à Bourassa, mais le Parti québécois ne lui présente pas d’adversaire. Ce n’est pas un grand sacrifice puisque Germain Leduc avait reçu 74% des votes contre 20% pour Michel Larouche du PQ. Le comté était gagné d’avance. Bourassa est élu avec 80% des votes.
5) Lucien Bouchard (1996) Jacques Parizeau a quitté la direction du Parti québécois suite à l’échec du référendum de 1995. Lucien Bouchard, chef du Bloc québécois, a quitté Ottawa pour devenir premier ministre du Québec. Francis Dufour, député de Jonquière, a quitté son siège pour permettre à Bouchard de faire son entrée à l’Assemblée nationale. Le Parti libéral ne présente aucun adversaire à Bouchard, qui est élu avec le score stalinien de 95% des votes.
6) André Boisclair (2006) André Boisclair succède à Bernard Landry comme chef du Parti québécois en 2005, mais il ne siège pas à l’Assemblée nationale. Nicole Léger, qui avait appuyé Pauline Marois lors de la course à la chefferie, démissionne en 2006. Son comté de Pointe-aux-Trembles est relativement sûr: Nicole Léger l’avait emporté par une majorité de près de 5000 voix en 2003. Ni le Parti libéral, ni l’Action démocratique du Québec (ADQ), ne présentent de candidat contre Boisclair. Ses adversaires sont des candidats de Québec solidaire, du Parti vert et cinq indépendants. Boisclair l’emporte avec 71% des votes.
7) Pauline Marois (2007) Pauline Marois est élue cheffe du PQ suite à la démission d’André Boisclair en 2007, mais elle a quitté l’Assemblée nationale en 2006. Rosaire Bertrand démissionne de son siège de Charlevoix pour lui céder sa place. Choix audacieux: Bertrand n’avait obtenu que 37% des votes aux élections précédentes. Jean Charest n’oppose aucun adversaire à Pauline Marois. L’ADQ présente Conrad Harvey, candidat aux précédentes élections générales. Pauline Marois l’emporte avec 59% des votes.
8) Philippe Couillard (2013) Philippe Couillard devient chef du Parti libéral du Québec en 2013. Raymond Bachand, son principal adversaire lors de la course à la chefferie, démissionne de son siège à Outremont. Couillard se présente pour le remplacer. Le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec ne lui opposent pas d’adversaires. Couillard l’emporte avec une majorité de 2318 voix contre sa principale adversaire, la solidaire Édith Laperle.
Faux cas: Gabriel Nadeau-Dubois (2017) Éric Duhaime cite l’exemple de Gabriel Nadeau-Dubois puisque le Parti québécois n’avait pas présenté de candidat contre lui dans Gouin en 2017. C’est une erreur. Le PQ avait annoncé dès février son intention de ne pas présenter de candidat lors de l’élection partielle, mais ce n’est qu’en mars que GND a été élu co-porte-parole de Québec solidaire. Il est à ce moment un candidat comme les autres. C’est d’ailleurs Manon Massé qui allait briguer le poste de première ministre aux élections générales de 2018.
En résumé, si on prétend s’appuyer sur une « tradition » pour réclamer que le chef d’un parti n’ayant jamais fait élire un seul député soit élu par acclamation, il faut ignorer l’histoire politique du Québec ou souhaiter à tout prix se présenter comme une victime des « élites » et du « système ». Je vous laisse choisir quel cas s’applique ici.
Éric Duhaime aurait voulu qu’on lui laisse le champ libre dans Arthabaska, question de pouvoir profiter du salaire de député (et ainsi de ménager les finances du Parti conservateur), de la tribune de l’Assemblée nationale et éventuellement de participer aux prochains débats des chefs. Il accuse Paul St-Pierre Plamondon de “briser une tradition” en présentant un candidat contre un chef de parti qui se présente lors d’une élection complémentaire et de “vouloir absolument empêcher un Québécois sur
Éric Duhaime aurait voulu qu’on lui laisse le champ libre dans Arthabaska, question de pouvoir profiter du salaire de député (et ainsi de ménager les finances du Parti conservateur), de la tribune de l’Assemblée nationale et éventuellement de participer aux prochains débats des chefs. Il accuse Paul St-Pierre Plamondon de “briser une tradition” en présentant un candidat contre un chef de parti qui se présente lors d’une élection complémentaire et de “vouloir absolument empêcher un Québécois sur sept d’avoir une voix à l’Assemblée nationale” (Les coulisses du pouvoir, 4 mai 2025).
Cette tradition de ne pas présenter de candidat contre un chef de parti dans une élection complémentaire existe-t-elle?
Réponse courte: Non.
Cette “tradition” a été observée cinq fois entre 1986 et 2013 par le Parti libéral, le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec. Dans les cinq cas, les chefs se présentaient dans une circonscription laissée vacante par un député DE LEUR PROPRE PARTI. Trois de ces élections partielles ont été provoquées par le départ d’un député ayant quitté son poste expressément pour permettre à son ou sa chef(fe) de faire son entrée à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas le cas dans Arthabaska. Rappelons que la circonscription a été laissée vacante par le député caquiste Éric Lefebvre, dont le chef siège toujours à l’Assemblée nationale. Si les autres partis avaient accordé un passe-droit à Éric Duhaime, nous aurions assisté à une première historique: la classe politique imposant à une circonscription d’être représentée par un parti pour lequel elle n’a jamais voté. Duhaime y aurait vu un respect élémentaire pour les électeurs du PCQ. J’y vois un grave affront pour les électeurs d’Arthabaska.
Je vous présente l’historique complet des situations où le chef d’un parti représenté à l’Assemblée nationale s’est présenté dans une élection complémentaire. Vous jugerez ensuite.
1) Joseph-Alfred Mousseau (1882) En 1882, le premier ministre du Québec, Joseph-Adolphe Chapleau, démissionne pour devenir ministre à Ottawa. Il est remplacé par Joseph-Alfred Mousseau, qui lui quitte son ministère à Ottawa pour devenir premier ministre du Québec. Il n’a pas de siège au Québec. C’est Narcisse Lecavalier, député de Jacques-Cartier, qui lui cède son siège en échange d’un poste de haut-fonctionnaire (c’était acceptable à l’époque). Les libéraux ne présentent aucun candidat contre Mousseau, moins par galanterie que par manque de moyens. Le comté de Jacques-Cartier était conservateur depuis 1867. En 1881, Lecavalier avait été élu par acclamation. Le seul adversaire de Mousseau sera donc un autre candidat conservateur.
2) Georges-Émile Lapalme (1953) En 1950, Georges-Émile Lapalme quitte son siège de député d’arrière-ban à Ottawa pour devenir chef du Parti libéral du Québec. Aux élections générales de 1952, les libéraux font élire 23 députés, mais Lapalme est battu dans le comté de Joliette. La mort du député d’Outremont, Henri Groulx, vient tristement libérer un siège. Lapalme se présente, mais l’Union nationale ne lui laisse pas le champ libre. Maurice Duplessis se fait le champion de la démocratie: “M. Lapalme aurait aimé une élection par acclamation réalisant, aujourd’hui, que c’est le seul moyen pour lui d’être élu. Il n’est ni juste, ni raisonnable de penser que M. Lapalme est supérieur à tous les électeurs du comté.” (La Presse, 6 juillet 1953) Lapalme est malgré tout élu avec 56% des votes.
3) Claude Ryan (1979) Les élections de 1976 sont remportées par le Parti québécois. Le premier ministre sortant, Robert Bourassa est remplacé comme chef du Parti libéral du Québec par Claude Ryan, qui n’est pas élu. Zoël Saindon, député d’Argenteuil, démissionne pour lui céder son siège. Choix audacieux: Saindon ne l’avait emporté que par une majorité de 1275 voix contre le candidat péquiste et le candidat de l’Union nationale les suivait de près. Le Parti québécois et l’Union nationale présentent tous deux un candidat contre Ryan, qui l’emporte malgré tout avec 64% des votes.
4) Robert Bourassa (1986) En 1985, le Parti libéral du Québec forme un gouvernement majoritaire, mais Robert Bourassa est battu dans sa propre circonscription de Bertrand. Le député libéral Germain Leduc lui cède son siège dans Saint-Laurent. Neuf candidats s’opposent à Bourassa, mais le Parti québécois ne lui présente pas d’adversaire. Ce n’est pas un grand sacrifice puisque Germain Leduc avait reçu 74% des votes contre 20% pour Michel Larouche du PQ. Le comté était gagné d’avance. Bourassa est élu avec 80% des votes.
5) Lucien Bouchard (1996) Jacques Parizeau a quitté la direction du Parti québécois suite à l’échec du référendum de 1995. Lucien Bouchard, chef du Bloc québécois, a quitté Ottawa pour devenir premier ministre du Québec. Francis Dufour, député de Jonquière, a quitté son siège pour permettre à Bouchard de faire son entrée à l’Assemblée nationale. Le Parti libéral ne présente aucun adversaire à Bouchard, qui est élu avec le score stalinien de 95% des votes.
6) André Boisclair (2006) André Boisclair succède à Bernard Landry comme chef du Parti québécois en 2005, mais il ne siège pas à l’Assemblée nationale. Nicole Léger, qui avait appuyé Pauline Marois lors de la course à la chefferie, démissionne en 2006. Son comté de Pointe-aux-Trembles est relativement sûr: Nicole Léger l’avait emporté par une majorité de près de 5000 voix en 2003. Ni le Parti libéral, ni l’Action démocratique du Québec (ADQ), ne présentent de candidat contre Boisclair. Ses adversaires sont des candidats de Québec solidaire, du Parti vert et cinq indépendants. Boisclair l’emporte avec 71% des votes.
7) Pauline Marois (2007) Pauline Marois est élue cheffe du PQ suite à la démission d’André Boisclair en 2007, mais elle a quitté l’Assemblée nationale en 2006. Rosaire Bertrand démissionne de son siège de Charlevoix pour lui céder sa place. Choix audacieux: Bertrand n’avait obtenu que 37% des votes aux élections précédentes. Jean Charest n’oppose aucun adversaire à Pauline Marois. L’ADQ présente Conrad Harvey, candidat aux précédentes élections générales. Pauline Marois l’emporte avec 59% des votes.
8) Philippe Couillard (2013) Philippe Couillard devient chef du Parti libéral du Québec en 2013. Raymond Bachand, son principal adversaire lors de la course à la chefferie, démissionne de son siège à Outremont. Couillard se présente pour le remplacer. Le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec ne lui opposent pas d’adversaires. Couillard l’emporte avec une majorité de 2318 voix contre sa principale adversaire, la solidaire Édith Laperle.
Faux cas: Gabriel Nadeau-Dubois (2017) Éric Duhaime cite l’exemple de Gabriel Nadeau-Dubois puisque le Parti québécois n’avait pas présenté de candidat contre lui dans Gouin en 2017. C’est une erreur. Le PQ avait annoncé dès février son intention de ne pas présenter de candidat lors de l’élection partielle, mais ce n’est qu’en mars que GND a été élu co-porte-parole de Québec solidaire. Il est à ce moment un candidat comme les autres. C’est d’ailleurs Manon Massé qui allait briguer le poste de première ministre aux élections générales de 2018.
En résumé, si on prétend s’appuyer sur une “tradition” pour réclamer que le chef d’un parti n’ayant jamais fait élire un seul député soit élu par acclamation, il faut ignorer l’histoire politique du Québec ou souhaiter à tout prix se présenter comme une victime des “élites” et du “système”. Je vous laisse choisir quel cas s’applique ici.
Vous vous souvenez de janvier 2021? Pour aider à faire passer la pilule du couvre-feu, les ministres caquistes publiaient des photos et vidéos des petits bonheurs de leur quotidien dans leur immense cour ou dans leur luxueux salon grand comme mon appartement. On y voyait entre autres le ministre André Lamontagne qui joue du piano en compagnie de son chien. En compagnie de son chien. J’insiste sur le compagnon canin parce que le couvre-feu prévoyait une exception pour les propriétaires de chien.
Vous vous souvenez de janvier 2021? Pour aider à faire passer la pilule du couvre-feu, les ministres caquistes publiaient des photos et vidéos des petits bonheurs de leur quotidien dans leur immense cour ou dans leur luxueux salon grand comme mon appartement. On y voyait entre autres le ministre André Lamontagne qui joue du piano en compagnie de son chien. En compagnie de son chien. J’insiste sur le compagnon canin parce que le couvre-feu prévoyait une exception pour les propriétaires de chien. Mais pas pour les itinérants. Plus de 150 itinérants ont reçu une amende pour non-respect du couvre-feu. Les propriétaires de chiens n’ont pas eu ce problème.
C’est une anecdote (merci à Josiane Cossette qui l’analyse et en souligne le caractère indécent dans son livre Raccommodements raisonnables), mais une anecdote qui selon moi révèle comment se prennent les décisions au gouvernement de la CAQ. Je peux facilement imaginer, au moment où François Legault annonce qu’il y aura un couvre-feu, le ministre Lamontagne qui lève la main pour dire « Oui mais moi il faut que j’amène mon chien faire sa promenade le soir. » « Okay André on va prévoir une exemption pour toi. Je veux dire: On va prévoir une exemption pour les propriétaires de chien. » Mais naturellement, il n’y avait pas d’itinérant autour de la table pour faire part de sa situation personnelle. Donc pour eux, l’exemption est seulement venue plus tard en raison de la pression populaire et médiatique.
C’est ça, la CAQ. Un groupe d’individus qui gouvernent pour eux-mêmes.
Cette année, le salaire minimum a augmenté de 15.75$ à 16.10$. Une augmentation de 2.2%, inférieure à l’inflation. Il n’y a évidemment pas beaucoup de gens autour de la table du conseil des ministres qui savent ce que c’est de travailler au salaire minimum. En revanche, 30% des ministres de la CAQ viennent du milieu des affaires. Il y avait donc beaucoup de gens pour rappeler que la prospérité des entreprises dépend d’un salaire minimum aussi bas que possible. Tant pis si ceux qui en arrachent doivent s’appauvrir un peu plus. Ce gouvernement travaille pour l’économie.
Pendant que le salaire minimum augmente de 2.2%, le gouvernement recommande des augmentations de loyer de 5.9% (minimum). Les ministres de la CAQ qui sont propriétaires d’un parc immobilier valant en moyenne 1.6 millions de dollars sont là pour rappeler qu’il faut tenir compte de l’augmentation des taxes municipales, des matériaux, des coûts des travaux, des coûts d’entretien… Malheureusement, très peu de locataires sont là pour faire remarquer qu’ils s’appauvrissent d’année en année avec ces hausses de loyer supérieures aux augmentations de salaire.
Évidemment, les augmentations de salaire ne sont pas un enjeu majeur pour les députés de la CAQ, qui se sont accordés à eux-mêmes une augmentation de 30% en 2023. Une augmentation nécessaire puisque les députés travaillent fort (mention honorable à Éric Lefebvre qui s’est plaint de travailler tellement qu’il n’a plus le temps de rendre visite à sa mère). Ce n’est pas comme ces paresseuses d’infirmières ou ces fainéants d’enseignants. Comme disait Bernard Drainville, « tu compares vraiment le job d’enseignant au job de député? Tu es en train de me dire que ça se compare? »
François Legault justifiait cette augmentation en disant qu’il ne voyait pas pourquoi le secteur privé paierait mieux que la politique. Imaginez-vous comme moi les députés de la CAQ se plaindre qu’ils ne gagnent pas assez cher et rappeler qu’ils avaient un meilleur salaire dans le privé, avant que l’équipe de M. Legault vienne les recruter? Pendant ce temps, les travailleurs du secteur public reçoivent une augmentation de 17.4% sur 5 ans. Et le gouvernement offre 12.7% d’augmentation sur 5 ans aux éducatrices. Faut-il souligner qu’il n’y a aucune éducatrice au conseil des ministres?
Ajoutons à tout cela l’éthique élastique de la CAQ. Éric Caire ne laissait rien passer lorsqu’il était dans l’opposition. Le gouvernement devait être plus blanc que blanc. Une fois au pouvoir, les caquistes se sont bien accommodés des NOMBREUX conflits d’intérêt de Pierre Fitzgibbon, dont le ministère accordait des subventions aux entreprises de ses amis et qui recevait des cadeaux de la part d’entrepreneurs qui font affaire avec le gouvernement. Ça n’inquiétait pas M. Legault parce que contrairement aux libéraux et aux péquistes, les caquistes sont honnêtes. C’est ce qu’il nous disait en 2020 lorsqu’il a assoupli les règles d’attribution des contrats d’infrastructure malgré toutes les voix qui lui disaient qu’il ouvrait grand la porte à l’émergence de la corruption et de la collusion. Il rappelait qu’il y avait dans son équipe Sonia Lebel, ancienne procureure en chef de la commission Charbonneau, Christian Dubé, qui est comptable agréé, et « même du monde qui ont milité à la CAQ parce qu’ils étaient tannés de la corruption dans d’autres partis ». Bref, la transparence et l’éthique, c’est pour les autres. Les gens honnêtes n’ont pas besoin de suivre les règles.
De toute façon, quel mal y a-t-il à aider ses amis? Dans une logique bien duplessiste, la CAQ s’occupe de ses amis d’abord et des autres ensuite. Québec solidaire a fait remarquer que les projets de construction d’école semblent déterminés en fonction de l’allégeance politique du député local. D’un extrême à l’autre, les investissements varieraient entre 4189$ par enfant dans une circonscription caquiste VS 1045$ par enfant dans une circonscription péquiste. Le ministre Bernard Drainville s’est défendu d’accorder le financement en fonction de critères partisans, mais il a refusé de rendre publiques les évaluations. « On a d’autres choses à faire. » Nous sommes trop occupés pour être transparents, alors vous allez devoir nous croire sur parole.
François Legault a affirmé franchement son clientélisme politique lorsqu’il a dit que « la CAQ, c’est un parti des régions » pour justifier son refus d’investir dans l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Si les gens de Maisonneuve-Rosemont voulaient un meilleur hôpital, ils n’avaient qu’à ne pas élire un député solidaire. Le gouvernement prétend en faire une question d’équité entre Montréal et les régions. Traduction: nos électeurs vont être en colère si on investit trop d’argent dans un hôpital de Montréal pendant que leurs propres hôpitaux ont aussi besoin de travaux. Alors les patients et le personnel de HMR vont devoir s’habituer aux chauve-souris.
Pendant que le premier ministre nous dit chercher désespérément 85 millions pour l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, un contrat de 46 millions pour du soutien en ingénierie pour le troisième lien Québec – Lévis est accordé. Si le projet pharaonique que représente ce fameux pont finit par voir le jour, ce sera l’achat de votes le plus coûteux de l’histoire du Québec. Même Maurice Duplessis n’aurait jamais osé. Soyons honnêtes: la question ici n’a jamais été de mesurer les coûts VS l’utilité d’un troisième pont. La question a toujours été: qu’est-ce qui est le plus rentable électoralement, bien gérer les fonds publics ou céder aux pressions des radios de Québec? Apparemment les caquistes de la grande région de Québec ont parlé plus fort que les gestionnaires responsables et donc le troisième lien n’en finit plus d’être ressuscité.
Depuis 2018, les beaux principes de la CAQ sont tombés les uns après les autres. Vous vous souvenez de la promesse de réformer le mode de scrutin? C’était à l’époque où la CAQ obtenait 15% des sièges avec 27% des votes (élections générales de 2012). « Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait moins de cynisme au Québec, qu’il y ait plus de confiance entre les citoyens et la classe politique. Et je pense que ça passe par un mode de scrutin proportionnel mixte », nous disait François Legault. Depuis, la CAQ a obtenu 59% des sièges avec 37% des votes (2018), ensuite 72% des sièges avec 41% des votes (2022). Réformer le mode de scrutin a sans surprise cessé d’être une priorité pour notre premier ministre. « Il n’y a personne qui se bat dans les autobus au Québec pour changer le mode de scrutin. » Traduction: « Beaucoup de mes députés ont peur de perdre leur siège si on change le mode de scrutin. »
René Lévesque disait de l’Union nationale de Maurice Duplessis que ce n’était pas un parti d’idées, mais un parti d’intérêts. Je dois faire le même constat à l’égard de la CAQ. Quand ce gouvernement prend des décisions, c’est forcément pour servir des intérêts caquistes. Intérêts électoraux, intérêts financiers ou intérêts personnels, mais intérêts tout de même.
Les seules personnes qui ont des raisons d’être satisfaites de ce gouvernement sont les millionnaires, les gros propriétaires et les patrons. Des personnes qui se sont enrichies depuis 2018 et qui vont continuer à le faire puisque la CAQ leur donne toujours davantage de moyens en plus de diminuer leur fardeau fiscal (on ne se pose pas de question sur la capacité à payer des Québécois quand vient le temps de baisser les impôts). Et comme par hasard, ces gens qui bénéficient du régime sont très bien représentés au conseil des ministres.
La « Coalition Avenir Québec » rassemble des anciens libéraux, des anciens péquistes et des anciens adéquistes. On y retrouve des indépendantistes, des nationalistes et des fédéralistes. Certains caquistes appartiennent à la droite économique pure, d’autres sont plus socio-démocrates. Qu’est-ce qui unit tous ces gens à part un appétit pour le pouvoir? Poser la question revient à y répondre. Cette coalition travaille pour un seul avenir: le sien.
Une juge arrêtée. Un registre national des personnes sur le spectre de l’autisme. Des poursuites contre les médecins qui opèrent des transitions de genre et un portail web pour « dénoncer » les médecins, les cliniques et les hôpitaux qui opèrent des chirurgies de transition. Ouverture d’un camp de concentration au Salvador. Le mois d’avril a donné amplement de matériel pour comparer le trumpisme au nazisme. Je vais me contenter de vous parler de l’action T4, qui regroupe un peu tout ça.
L
Une juge arrêtée. Un registre national des personnes sur le spectre de l’autisme. Des poursuites contre les médecins qui opèrent des transitions de genre et un portail web pour « dénoncer » les médecins, les cliniques et les hôpitaux qui opèrent des chirurgies de transition. Ouverture d’un camp de concentration au Salvador. Le mois d’avril a donné amplement de matériel pour comparer le trumpisme au nazisme. Je vais me contenter de vous parler de l’action T4, qui regroupe un peu tout ça.
L’obsession d’Adolf Hitler pour la pureté raciale impliquait l’élimination des personnes atteintes de maladies incurables, en particulier les maladies héréditaires. L’idée était simple: il fallait empêcher ces personnes de se reproduire pour que le peuple allemand devienne plus fort. Hitler n’était pas le seul dans les années 1920 à promouvoir la « destruction de la vie qui ne mérite pas de vivre ». Le débat avait cours au sein de la profession médicale, même si l’écrasante majorité des médecins s’y opposaient.
Après l’arrivée des nazis au pouvoir, le chef des médecins du Reich, Gerhard Wagner, demande à Hitler la permission de lancer un programme « d’euthanasie ». Hitler lui demande d’attendre le début de la guerre. Ce sera alors plus facile de rallier la population. En attendant, Wagner lance une campagne de propagande. Entre 1935 et 1939, il publie des statistiques sur le coût de l’entretien des malades mentaux et des victimes de maladies héréditaires. Des films sont produits. Wagner fait rêver à tout ce que les Allemands pourraient faire si de telles ressources n’étaient pas ainsi « gaspillées » pour entretenir des personnes qui souffrent de leur état. Difficile de ne pas faire un lien avec Robert F. Kennedy Jr. qui nous dit que les enfants autistes sont des fardeaux qui n’auront jamais d’emploi et ne paieront jamais d’impôts, qui ne joueront jamais au baseball et ne seront jamais amoureux.
Le premier meurtre a lieu en juillet 1939. Le père d’un enfant gravement handicapé (né aveugle avec un seul bras et une jambe difforme) demande la permission de « délivrer » son enfant par euthanasie. Karl Brandt, le médecin d’Hitler, examine l’enfant lui-même et autorise la mise à mort. Hitler donne la « permission » de faire de même dans d’autres situations. Les médecins, infirmières et sages-femmes sont désormais obligés de signaler les nouveaux-nés et les enfants de moins de trois ans présentant les symptômes d’un handicap physique ou mental grave. La « commission du Reich pour l’enregistrement scientifique des souffrances héréditaires et congénitales graves » aurait assassiné entre 5000 et 8000 enfants par injection.
En septembre 1939, alors que l’armée allemande envahit la Pologne, Hitler ordonne la mise en marche de l’action T4, qui consiste à identifier les malades incurables et à les transporter dans des asiles où ils seraient assassinés par les médecins. L’action T4 se déroule en-dehors de tout cadre légal. Aucune loi n’est adoptée. Aucun des ministres d’Hitler ne participe à l’élaboration du plan. Tout se fait par décret.
Le juge Lothar Kreyssig constate que les certificats de décès de personnes mentalement handicapées s’accumulent et commence à se douter de la vérité. Il proteste auprès du ministre de la Justice, Franz Gürtner, contre les prétendues euthanasies. Il lui dit que même la volonté d’Hitler ne peut transformer le mal en bien. Gürtner lui répond: « Si vous ne reconnaissez pas la volonté du Führer comme une source de loi, comme une base de la loi, vous ne sauriez rester juge. » Kreyssig est mis à la retraite peu de temps après. Encore une fois, le parallèle est facile. La volonté du chef d’État se substitue désormais à la loi et au droit. Les juges dont les décisions ne reflètent pas la vérité du Fuhrer / président sont des traîtres dont il faut se débarrasser. Pour l’anecdote, Kreyssig a caché des femmes juives sur sa ferme jusqu’à la fin de la guerre.
L’action T4 prend fin à l’automne 1941. Le gouvernement réalise que la guerre pourrait durer encore longtemps et on commence à craindre que l’opération ait un impact sur le moral de la population. Malgré tous les efforts pour garder l’action secrète, il commence à être difficile de cacher la mort des 70 000 à 90 000 patients « euthanasiés ». La plupart des protestations viennent des églises. Le cardinal von Galen, évêque de Münster, dénonce l’action d’euthanasie dans une série de sermons. Les nazis souhaitent le faire arrêter, mais Hitler craint de dresser les catholiques contre son gouvernement au moment où commence la guerre avec l’Union soviétique.
L’élimination systématique des personnes malades et handicapées va se poursuivre à l’extérieur du territoire allemand, dans les territoires où personne ne peut protester.
Chaque fois que je compare Donald Trump à Adolf Hitler, des trumpistes me répondent que la comparaison n’est pas valable puisque Hitler a fait tuer des millions de personnes. Comme si les chambres à gaz du camp d’Auschwitz avaient commencé à opérer le lendemain de l’accession d’Hitler au pouvoir. Il a d’abord fallu neutraliser l’État de droit et habituer toute une nation à considérer que la volonté du chef est le seul critère de ce qui est acceptable ou non. C’est bien ce qui se passe aux États-Unis depuis 100 jours.
Pierre Poilièvre aura beau critiquer Donald Trump pour flatter l’électorat canadien, il demeure que les deux chefs ont beaucoup en commun. Nous avons toutes les raisons de croire qu’un gouvernement conservateur dirigerait le Canada de la même façon que le Parti républicain dirige les États-Unis à l’heure actuelle.
L’accès à l’informationLe Parti conservateur a refusé d’admettre les journalistes dans son autobus de campagne. On comprend que l’objectif est le contrôle du message. La désinfo
Pierre Poilièvre aura beau critiquer Donald Trump pour flatter l’électorat canadien, il demeure que les deux chefs ont beaucoup en commun. Nous avons toutes les raisons de croire qu’un gouvernement conservateur dirigerait le Canada de la même façon que le Parti républicain dirige les États-Unis à l’heure actuelle.
L’accès à l’information Le Parti conservateur a refusé d’admettre les journalistes dans son autobus de campagne. On comprend que l’objectif est le contrôle du message. La désinformation est mise sur un pied d’égalité avec l’information. Contrairement aux autres chefs, Pierre Poilièvre n’a aucune objection à répondre aux questions des « journalistes » de Rebel News et autres « médias » qui sont en fait des instruments de propagande. Il souhaite même que ces pseudo journalistes aient accès à la tribune de la presse au Parlement. Ajoutons à ça qu’il souhaite mettre la hache dans CBC.
Cela s’ajoute à la campagne d’intimidation qui a eu raison de Rachel Gilmore. Pour rappel, Rachel Gilmore est cette journaliste dont la vérification de faits dérangeait les conservateurs parce qu’elle faisait la lumière sur leurs mensonges. Le directeur des relations publiques de Pierre Poilièvre, Sebastian Skamski, a accusé Gilmore de faire de la « désinformation ». Les militants conservateurs ont protesté en ligne jusqu’à ce que CTV mette fin à sa collaboration avec Gilmore.
Voilà à quoi ressemble l’information dans un Canada conservateur. Quand Pierre Poilièvre dit qu’il pleut, la journaliste qui regarde par la fenêtre se fait accuser de désinformation. Et ceux qui confirment qu’il pleut sans regarder par la fenêtre sont des « médias alternatifs » auxquels il faut donner une voix.
Les contre-pouvoirs Quand Pierre Poilièvre nous dit qu’il va utiliser la clause dérogatoire pour pouvoir imposer des peines plus lourdes aux criminels, ce qu’il nous dit réellement, c’est qu’il ne reconnaît pas la validité de la constitution canadienne. Ce qu’il nous dit, c’est que son gouvernement devrait être libre d’ignorer les lois lorsqu’il juge que c’est pour le bien commun. La Charte des droits et libertés existe précisément pour protéger les Canadiens contre leur gouvernement, mais Poilièvre prétend vouloir l’ignorer pour protéger les Canadiens contre eux-mêmes. Difficile de ne pas faire un parallèle avec Donald Trump. Un gouvernement conservateur ne se laissera contrarier ni par la constitution, ni par les journalistes, ni par les tribunaux. À bas les contre-pouvoirs.
La censure L’avocat Neil Oberman, candidat conservateur dans Mont-Royal, a été catégorique. À l’image de Trump, il promet que son gouvernement va couper le financement des universités qui « n’en font pas assez pour combattre l’antisémitisme sur leur campus ». Il promet aussi de déporter les étudiants étrangers qui « participent activement à la destruction des minorités, des communautés ». Un langage merveilleusement flou qui ne peut que conduire aux mêmes dérives auxquelles on assiste aux États-Unis, où même Harvard est ciblée par le gouvernement. Les conservateurs ouvrent ici la porte à un Canada où les universités pourraient se voir contraindre à adhérer à l’idéologie du gouvernement ou perdre leur financement de l’État.
L’avortement Oui, Pierre Poilièvre a affirmé et répété qu’il était en faveur de la liberté de choix pour les femmes et que la position du Parti conservateur est très claire. Mais la position du Parti conservateur, c’est aussi que les députés sont libres de déposer des projets de loi d’initiative parlementaire et que sur les questions de conscience, les votes sont libres.
Poilièvre promet qu’un gouvernement conservateur « ne soutiendra pas de loi visant à régir l’avortement ». La formulation est importante. Il ne soutiendra pas, mais il n’interdira pas non plus. Ça signifie que rien n’empêcherait les députés conservateurs de présenter des projets de loi au Parlement pour limiter le droit à l’avortement et ensuite de voter « selon leur conscience ».
En rappel: 2013: Un député conservateur ontarien demande la création d’un comité parlementaire pour examiner si la définition d’un être humain du Code criminel devrait inclure les foetus. 86 conservateurs votent pour. 2020: Une député conservatrice propose un projet de loi pour criminaliser les avortements basés sur le sexe du foetus. 80 conservateurs votent pour. 2023: La même députée conservatrice propose des peines plus sévères lorsqu’une femme enceinte est tuée. Traduction: l’assassin a tué deux personnes plutôt qu’une seule. Porte ouverte à considérer le foetus comme une personne. Tous les députés conservateurs appuient la proposition, dont Pierre Poilièvre. 2024: Un député conservateur dépose une pétition pour demander une loi protégeant la vie des foetus.
La position personnelle de Pierre Poilièvre n’a pas d’importance. Nous ne sommes pas dans un régime présidentiel. Si une majorité de députés conservateurs sont résolus à adopter une loi pour régir l’avortement, le gouvernement ne pourra pas l’empêcher. En 2004, le gouvernement de Paul Martin a failli tomber parce que des dizaines de députés libéraux n’ont pas soutenu sa proposition de participer au bouclier anti-missiles américain. Ironiquement, ce sont les conservateurs qui l’ont sauvé. Rien ne dit qu’un tel scénario ne pourrait pas se reproduire sous un gouvernement conservateur.
Et soyons honnêtes, la position personnelle pro-choix de Poilièvre ne l’empêche pas d’avoir des dizaines de personnes anti-choix parmi ses candidats. Ça donne une idée de la force de ses convictions.
Je vais m’arrêter ici, mais les exemples sont encore nombreux. Comme Trump, Poilièvre soutient l’État g é n o cidaire i s raélien. Comme Trump, il veut mettre fin à l’aide internationale pour mieux financer l’armée. Comme Trump, il soutient les manifestations violentes lorsqu’elles sont de son côté (manifestation des camionneurs à Ottawa). Il emploie le terme « woke » à outrance ». « Canada First ». Etc. Etc.
Voter conservateur, c’est voter pour le Parti républicain du Canada. Rien de plus, rien de moins.
France-Élaine Duranceau propose la construction de logements modulaires en région. « Il s’agit de projets de multilogements d’une densité moyenne de 24 ou 36 logements, sur deux ou trois étages, qui comprennent des studios ou des logements d’une ou deux chambres à coucher, avec des loyers dits « abordable ». » Rappelons que la définition du mot « abordable » de la ministre n’est pas forcément la même que celle des gens qui doivent payer. Parmi les personnes visées, il y a des gens qui sont propr
France-Élaine Duranceau propose la construction de logements modulaires en région. « Il s’agit de projets de multilogements d’une densité moyenne de 24 ou 36 logements, sur deux ou trois étages, qui comprennent des studios ou des logements d’une ou deux chambres à coucher, avec des loyers dits « abordable ». » Rappelons que la définition du mot « abordable » de la ministre n’est pas forcément la même que celle des gens qui doivent payer. Parmi les personnes visées, il y a des gens qui sont propriétaires de leur maison mais qui ne peuvent plus se permettre de l’entretenir parce que le gouvernement vient de couper un programme d’aide qui leur était destiné. Pour réaliser des économies de bouts de chandelle (15 millions, donc moins de trois parties des Kings à Québec), on va forcer des propriétaires à devenir locataires.
Jusqu’où ce gouvernement va-t-il descendre la barre du strict minimum? Et jusqu’où va-t-il lever la barre de la proportion de revenu qu’il est acceptable de consacrer au logement?
Imaginez. Vous passez d’une maison à un 2 1/2. Vous passez d’un 5 1/2 à un studio. Pourtant, vos revenus n’ont pas diminué. Au contraire, vous avez même pris un deuxième emploi parce que vous n’aviez pas le choix pour payer vos factures. Et le gouvernement vous dit: Vous êtes logé. Vous êtes content, non? Que tous aient un toit au-dessus de la tête devrait être un strict minimum, pas un projet de société. Les propriétaires sont de plus en plus riches. Les locataires sont de plus en plus pauvres et leur qualité de vie diminue chaque année. Mais notre étalon de mesure est tellement bas qu’on n’y voit aucun problème. Après tout, c’est le marché! Pour notre gouvernement, l’habitation est un bien marchand comme les autres.
J’ai souvent comparé la CAQ de François Legault à l’Union nationale de Maurice Duplessis. Sur la question du logement, je les comparerais davantage au gouvernement libéral de Louis-Alexandre Taschereau. À une époque où les Québécois payaient l’électricité (produite sur leur propre territoire) deux à trois fois plus cher que les autres provinces, la société civile, les syndicats, les villes et une partie du clergé faisaient pression sur le gouvernement pour intervenir et réglementer l’industrie. Taschereau et ses ministres refusaient de s’attaquer aux compagnies d’électricité dans lesquelles ils avaient de nombreux intérêts. Pour ne donner qu’un exemple: Taschereau lui-même avait été avocat de la compagnie Quebec Power, son fils Paul a repris le mandat après lui et son frère Edmond siégeait sur le conseil d’administration de la compagnie. Les caquistes semblent pris dans un conflit d’intérêts semblable.
La CAQ a toujours été un parti de propriétaires. En 2016, l’Assemblée nationale adoptait presque à l’unanimité la loi Françoise David, ou « Loi modifiant le code civil afin de protéger les droits des locataires aînés ». Il serait dorénavant interdit à un propriétaire de reprendre le logement d’un locataire de 70 ans et plus s’il occupe le logement depuis plus de 10 ans. Ça semble être la décence humaine la plus élémentaire, mais c’était trop pour quatre députés caquistes, qui se sont abstenus au moment du vote. Parmi eux se trouvent Sébastien Schneeberger et Mario Laframboise, qui siègent toujours aujourd’hui. Laframboise disait que cette loi enlève au propriétaire au droit de propriété. Imaginez revendiquer le droit d’expulser des personnes âgées de leur logement parce que votre « droit de propriété » est plus important que leur droit de se loger.
En 2023, l’IRIS (Institut de recherche et d’informations socioéconomiques) nous apprenait que 30% des ministres du gouvernement Legault viennent du monde des affaires, comparativement à 8.7% pour le gouvernement Couillard et 4.2% pour le gouvernement Marois. Ceci explique-t-il cela? Probablement. Ce gouvernement a une vision comptable et strictement économique du devoir de l’État. Assurer un minimum de services essentiels au moindre coût et stimuler le développement économique. C’était la vision du gouvernement il y a 100 ans et c’est celle du gouverneemnt Legault.
Composition du conseil des ministres du gouvernement Legault
Côté logement, le bureau d’enquête du Journal de Montréal nous apprenait en 2023 que 90% des ministres sont propriétaires d’un parc immobilier valant en moyenne 1.6 millions de dollars. C’est quatre fois la valeur du propriétaire moyen au Québec. Ce n’est pas pour rien que le gouvernement Legault a mis des années à reconnaître la crise du logement. Les caquistes ne la vivent pas: ils en tirent profit.
Évidemment, la palme revient à France-Élaine Duranceau, la ministre de la Spéculation immobilière. On ne rappellera jamais assez qu’elle a acheté sa première maison pour 770 000$ en 2006, sans hypothèque. Il est profondément révoltant de voir une personne qui a tout venir constamment nous dire qu’on doit se contenter de moins.
Bref, notre gouvernement n’a aucune idée de ce que vivent les familles qui subissent la crise du logement.
Il s’agit d’un énorme angle mort dans l’éthique de nos gouvernants. Les ministres n’ont techniquement pas le droit de favoriser une entreprise dans laquelle ils auraient des intérêts. Pierre Fitzgibbon nous l’a rappelé plusieurs fois malgré lui. Alors comment qualifier les ministres propriétaires qui s’enrichissent grâce à une crise qu’ils aident à faire perdurer? Une propriété locative est une entreprise. Alors que font les ministres propriétaires si ce n’est favoriser les intérêts de leur entreprise?
Mon prochain livre, « L’exode politique des femmes », explore les raisons pour lesquelles les femmes sont plus nombreuses que les hommes à quitter volontairement la politique. En voyant les réactions à l’arrivée de Ruba Ghazal comme chef parlementaire de Québec solidaire, j’observe la manifestation d’un des principaux irritants pour les femmes en politique: ce double standard qui leur demande de faire de la politique comme des hommes tout en restant « des femmes ».
Des sources internes de Qué
Mon prochain livre, « L’exode politique des femmes », explore les raisons pour lesquelles les femmes sont plus nombreuses que les hommes à quitter volontairement la politique. En voyant les réactions à l’arrivée de Ruba Ghazal comme chef parlementaire de Québec solidaire, j’observe la manifestation d’un des principaux irritants pour les femmes en politique: ce double standard qui leur demande de faire de la politique comme des hommes tout en restant « des femmes ».
Des sources internes de Québec solidaire se sont confiées au bureau parlementaire du Journal de Québec pour se plaindre de la nouvelle porte-parole: « Dès les premières heures suivant la démission de Gabriel Nadeau-Dubois, les manœuvres politiques de Ruba Ghazal ont causé un malaise à l’interne, alors qu’elle vient tout juste d’être nommée cheffe parlementaire de Québec solidaire. » Dès les premières heures. GND a été co-porte-parole de Québec solidaire pendant 6 ans et chef parlementaire pendant 2 ans avant que la première plainte sur son attitude soit rendue publique sous la forme du livre de Catherine Dorion, une plainte vivement critiquée de l’intérieur. Ruba Ghazal a été co-porte-parole 4 mois et chef parlementaire quelques heures avant que les « sources internes » étalent leur malaise sur la place publique.
Les sources internes ne sont visiblement pas les seules à éprouver un malaise. Aux Mordus de politique (RDI), Michelle Courchesne nous dit que Ruba Ghazal est trop agressive. Un autre reproche typiquement adressé aux femmes. On ne se pose pas de question quand un homme politique est agressif. C’est attendu de nous. Ça fait partie de nous. Ça montre qu’on croit en nos idées. Gaétan Barrette était critiqué pour son attitude « bulldozer », mais c’était pratiquement tourné à la blague dans les médias. Ça faisait partie de son personnage. Je ne me souviens pas avoir entendu reprocher à GND, PSPP ou Yves-François Blanchet d’être trop agressifs dans leurs attaques envers le gouvernement qu’ils critiquent. Et pourtant on sait qu’ils en sont capables.
La palme revient à un autre analyste, Dimitri Soudas, qui a dit que Mme Ghazal « devrait sourire un peu ». Bien sûr. À l’image de GND et PSPP, connus pour avoir le sourire aux lèvres lorsqu’ils prennent la parole. Vous souvenez-vous avoir déjà entendu dire d’un politicien qu’il devrait sourire? Philippe Couillard et Stephen Harper étaient réputés pour leur froideur, mais ça n’a jamais été présenté comme un défaut. C’était simplement la manifestation de leur personnalité rationnelle.
Quand je pense aux personnalités publiques accusées d’être autoritaires, je pense instinctivement à Pauline Marois. Les péquistes ont beaucoup critiqué la façon dont elle et sa cheffe de cabinet, Nicole Stafford, exerçaient leur autorité. On n’a pas beaucoup entendu cette critique sur les anciens chefs du PQ, Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Bernard Landry, qui n’étaient pourtant pas connus pour leur recherche du consensus.
Je pense aussi à Martine Ouellet, quant à elle accusée d’être « incapable de travailler en équipe ». Un autre reproche exclusif aux femmes cheffes. Les hommes n’ont pas besoin de travailler en équipe. Les hommes disent dans quelle direction avancer et on avance.
Bref, on voudrait que les femmes politiciennes se comportent « comme des femmes ». Qu’elles soient douces et agréables à regarder. Parce qu’une femme qui se fâche, c’est très laid. MAIS! On ne veut pas non plus qu’elles ne soient TROP féminines. On ne veut pas les voir pleurer: ça indique une faiblesse de caractère. Elles ne doivent pas non plus être trop belles: on les accusera de faire du charme, ou pire, d’avoir couché avec la bonne personne. Elles ne doivent pas élever la voix: On les accusera d’être hystériques. Mais elles ne doivent pas non plus être trop douces: On dira qu’elles sont incapables de s’affirmer. Par contre que je n’en vois pas une mettre le poing sur la table: On ne veut surtout pas d’une femme agressive et autoritaire.
Les femmes en politique peuvent bien ne plus savoir sur quel pied danser. Qu’est-ce qu’on attend d’elles, au juste? Quel genre de politiciennes est-ce qu’on veut? À voir toutes les critiques contradictoires qui leur sont réservées, j’aurais envie de conclure: On ne veut pas de femmes en politique. Des femmes qui exercent le pouvoir, ça nous dérange. On trouvera toujours une raison de les attaquer, même si leurs collègues masculins font pire.
C’est beau de dire qu’on veut plus de femmes en politique, qu’on veut encourager les femmes à se présenter, que les femmes doivent prendre leur place. Mais ce serait encore mieux de prendre conscience de nos biais et de faire un minimum d’effort pour les combattre.
Un mot sur la « Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out » du ministre Jean Boulet, ou loi 89. Sous prétexte de protéger la population et les personnes vulnérables, le gouvernement Legault veut réduire le droit de grève. En cas de conflit de travail, le gouvernement pourra exiger que les services soient au moins partiellement maintenus et éventuellement nommer un arbitre qui déterminera à lui seul les salaires et les conditions de travail. Le
Un mot sur la « Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out » du ministre Jean Boulet, ou loi 89. Sous prétexte de protéger la population et les personnes vulnérables, le gouvernement Legault veut réduire le droit de grève. En cas de conflit de travail, le gouvernement pourra exiger que les services soient au moins partiellement maintenus et éventuellement nommer un arbitre qui déterminera à lui seul les salaires et les conditions de travail. Le gouvernement se donne donc un pouvoir arbitraire immense tout en privant les syndicats de leur principal levier de négociation.
Dans la Presse, Stéphanie Grammond fait remarquer, avec raison, que le Québec peut revendiquer à lui seul 90% des arrêts de travail au Canada en 2024. La conclusion de l’éditorialiste, qui est évidemment celle du patronat: Les syndicats abusent. S’il y a beaucoup d’arrêts de travail, c’est forcément parce que les travailleurs en demandent trop. Ce n’est pas parce que les augmentations de salaire ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie et encore moins l’augmentation des profits.
Faut-il s’étonner de voir les conflits de travail se multiplier dans le contexte économique actuel? Quand un travailleur à temps plein doit se trouver un deuxième emploi pour payer son logement et son épicerie, on peut comprendre qu’il soit enclin à employer des mesures extrêmes pour améliorer son sort. Il a très peu à perdre.
Toutes les centrales syndicales demandent le retrait du projet de loi 89. Pendant ce temps, le Conseil du patronat du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante applaudissent l’initiative et demandent au gouvernement d’aller plus loin. C’est peut-être un signe que la proposition n’est pas équilibrée?
L’immense majorité des négociations de travail se règlent sans grève et sans lock-out, principalement parce que les parties négocient de bonne foi. Un effet pervers de cette loi serait de retirer à la partie patronale tout incitatif à négocier de bonne foi. Il suffirait d’attendre que la situation devienne explosive pour renvoyer le dossier sur le bureau du ministre du Travail, à qui reviendrait alors le fardeau de couper la poire en deux. Je n’ai pas l’impression que les travailleurs sortiraient souvent gagnants de cet exercice.
Stéphanie Grammond nous explique que la loi 89 ne va pas supprimer le droit de grève, mais plutôt offrir un « mode de résolution de conflit alternatif ». En théorie, c’est très beau. Dans un monde idéal, les travailleurs pourraient faire confiance au gouvernement pour prendre une décision juste et équitable. Présentement, ce lien de confiance n’existe pas. François Legault n’a pas raté une occasion de montrer tout le mal qu’il pense des syndicats.
Peut-on en vouloir aux syndicats de craindre que sous Legault, le gouvernement jugerait toujours les revendications syndicales excessives et les positions patronales acceptables?
Le gouvernement prendrait un risque énorme en adoptant cette loi injuste. Quand on rend la résistance illégale, on ne fait pas disparaître la résistance. On fait seulement disparaître la ligne entre la résistance modérée et la résistance radicale. Personne ne veut voir ça au Québec.
Le gouvernement du Canada n’aura plus de ministre des Femmes et Égalité des genres et de la Jeunesse, ni de ministre de la Diversité, de l’Inclusion et des Personnes en situation de handicap. Ces portefeuilles ont été attribués de manière résiduelle à d’autres ministres du nouveau cabinet minceur de Mark Carney. Quoi de plus normal? Nous sommes en pleine guerre commerciale et nous visons le retour au sacro-saint équilibre budgétaire. Donc on coupe dans le « gras ». Et pour un banquier comme Mark
Le gouvernement du Canada n’aura plus de ministre des Femmes et Égalité des genres et de la Jeunesse, ni de ministre de la Diversité, de l’Inclusion et des Personnes en situation de handicap. Ces portefeuilles ont été attribués de manière résiduelle à d’autres ministres du nouveau cabinet minceur de Mark Carney. Quoi de plus normal? Nous sommes en pleine guerre commerciale et nous visons le retour au sacro-saint équilibre budgétaire. Donc on coupe dans le « gras ». Et pour un banquier comme Mark Carney, les droits des femmes, des minorités et des personnes en situation de handicap, c’est du gras: ça ne rapporte pas d’argent.
Et qu’on ne vienne pas me dire que les ministères ne sont pas « abolis » mais réorganisés ou restructurés ou tout autre euphémisme. Le gouvernement ne fait pas ce changement juste pour économiser deux salaires de ministre. Forcément il y aura moins de ressources, moins de personnel, moins d’argent et surtout moins d’attention. Le résultat sera le même. Et juste au cas, je précise que l’objectif de ces ministères n’est pas de féminiser les titres ou autre enjeu qui peut sembler banal. On parle plutôt de lutte contre les féminicides (163 au Canada en 2024, dont 24 au Québec), pour ne donner qu’un exemple. Ce n’est vraiment pas un luxe.
On doit tous faire des sacrifices en temps de crise, n’est-ce pas? « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. » On a tous déjà entendu cette phrase. C’est beau. C’est patriotique. Quand on la replace dans son contexte, c’est un peu moins beau.
Cette phrase, John F. Kennedy l’a prononcée lors de son discours inaugural, le 20 janvier 1961. La Guerre froide approche de son paroxisme. Les relations avec Cuba s’enveniment. Les États-Unis vont bientôt commencer à s’impliquer sérieusement dans la guerre au Vietnam. Kennedy veut accélérer la course à l’armement. Pendant ce temps, le mouvement pour les droits civiques des Noirs prend de l’expansion. C’est en 1955 que Rosa Parks s’est fait connaître en refusant de céder sa place à un homme blanc dans un autobus de Montgomery, ce qui a mené en 1956 à la décision de la Cour suprême déclarant la ségrégation dans les transports inconstitutionnelle. Les attentes envers Kennedy sont élevées, mais lui et son frère Robert vont passer leurs années au pouvoir à essayer de temporiser les demandes du mouvement. Après tout, ils ont besoin du soutien des démocrates du Sud et ceux-ci ne sont pas enthousiastes à l’idée de donner des droits égaux aux Noirs.
La stratégie de Kennedy consiste donc à donner des miettes aux Noirs en tentant de les convaincre que demander plus jouerait le jeu des républicains qui eux ne leur donneraient rien du tout. Pendant ce temps, on encourageait les Noirs à s’enrôler dans l’armée, parce que malgré tout il faut servir leur beau pays qui les traite si bien. Quand les volontaires ne suffisent pas, on les enrôle de force. Pour l’anecdote, les Afro-Américains représentent 16% des conscrits en 1967 alors qu’ils ne composent que 11% de la population américaine. Voilà ce que veut dire « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
Quel est le rapport avec le nouveau gouvernement qui abolit les ministères des Femmes, de l’Égalité des genres, de la Jeunesse, de la Diversité, de l’Inclusion et des Personnes en situation de handicap? Le lien, c’est que les droits des femmes et des minorités seront toujours relégués au second plan. Aujourd’hui, c’est la crise budgétaire et la guerre tarifaire contre Donald Trump. Demain, ce sera une guerre militaire ou plus probablement la crise climatique.
Oui il faut faire des sacrifices en temps de guerre. Mais ce sont toujorus les mêmes à qui on les impose. Pendant les deux guerres mondiales, le gouvernement du Canada allait chercher des hommes de force pour les envoyer mourir en Europe: chacun devait faire sa part, paraît-il. Mais pensez-vous qu’on ait exigé la même chose des grandes fortunes? Bien sûr que non. On peut forcer un homme à donner sa vie, mais on ne peut quand même pas obliger un millionnaire à donner son argent. On ne vit pas en dictature! Les sacrifices seront toujours imposés aux gagne-petits – parce que nos pays sont gouvernés par les riches pour les riches.
Dans un pays où l’intérêt public est synonyme d’intérêt des banques, des agences de crédit et des grandes entreprises, les droits des femmes et des minorités seront toujours perçus comme du superflu. Ce n’est pas pour rien que ces droits ont souvent dû être arrachés de force: c’est parce que les dirigeants n’ont jamais trouvé d’intérêt à les donner.
Donc non, il n’y a pas de compromis acceptable. Si on a besoin d’argent pour gérer la crise, qu’on aille le chercher dans les poches de ceux qui en ont. Et M. Carney le banquier sait mieux que quiconque où se trouve cet argent. Ne faisons pas des économies de bouts de chandelle en privant de ressources les groupes déjà fragilisés.
Un texte un peu plus personnel qu’à l’habitude. À chaque élection on me demande de me justifier, donc cette fois je prends les devants.
La prochaine élection fédérale va vraisemblablement suivre le même scénario que toutes les autres:1) Le Bloc lance un appel à tous les indépendantistes2) Le Bloc flatte les nationalistes conservateurs pour obtenir leur vote3) Les indépendantistes progressistes sont dégoûtés et choisissent de ne pas voter pour le Bloc4) Le Bloc et le PQ passent les 4 années su
Un texte un peu plus personnel qu’à l’habitude. À chaque élection on me demande de me justifier, donc cette fois je prends les devants.
La prochaine élection fédérale va vraisemblablement suivre le même scénario que toutes les autres: 1) Le Bloc lance un appel à tous les indépendantistes 2) Le Bloc flatte les nationalistes conservateurs pour obtenir leur vote 3) Les indépendantistes progressistes sont dégoûtés et choisissent de ne pas voter pour le Bloc 4) Le Bloc et le PQ passent les 4 années suivantes à se plaindre des progressistes (en particulier Québec solidaire) qui ne sont pas de « vrais » indépendantistes
Voici donc pourquoi, personnellement, je ne voterai pas pour le Bloc aux élections fédérales de 2025.
Le passif du Bloc À chaque élection, on déterre des publications islamophobes de candidats du Bloc québécois. On peut se demander si les arbres cachent la forêt. De plates excuses de la part du chef et des principaux concernés ne changent rien au fait que les textes en question ont été publiés et qu’ils nous en disent long sur la vision qu’ont les auteurs de leurs concitoyen(ne)s musulman(e)s.
En 2019, Yves-François Blanchet a présenté des excuses pour les « propos inappropriés » présentés par plusieurs bloquistes, mais a refusé de les exclure parce que « la décision appartient aux électeurs ». On peut en déduire que Blanchet est un démocrate et qu’il sait pardonner. Mais souvenons-nous qu’en 2023, Blanchet a réclamé la démission d’Amira Elghawaby, responsable fédérale de la lutte à l’islamophobie, en raison d’une publication sur la loi 21. Ce que je comprends de ce double standard, c’est que des excuses suffisent pour se faire pardonner d’avoir dit craindre que les femmes « soient bientôt obligées de se mettre un voile sur la tête pour aller faire des courses au IGA sous peine de se voir jeter en prison » (Caroline Desbiens) ou que « l’islam est une maladie » (Claude Forgues), mais en revanche affirmer que la majorité des Québécois sont influencés par un « sentiment antimusulman » est impardonnable et doit conduire à une démission. Autrement dit, l’islamophobie exacerbée est pardonnable, mais dénoncer l’islamophobie de façon exacerbée ne l’est pas.
Ça s’ajoute au discours qui présente souvent l’immigration comme une menace. J’ai encore en travers de la gorge la publicité du Bloc de 2023 et le discours d’Alexis Brunelle-Duceppe qui présentaient le chemin Roxham comme un « tout inclus » et les réfugiés comme des gens qui viennent au Québec pour profiter des services gratuits. Un discours condamné unanimement par l’Assemblée nationale, mais on ne peut pas toujours pardonner et oublier. Le passé est garant de l’avenir et rien ne me permet de croire que la philosophie du Bloc a changé.
Quand j’entends ce genre de discours, je pense à un enfant jaloux qui s’imagine perdre quelque chose chaque fois qu’un adulte accorde de l’attention à un autre enfant. Manifestement le Bloc considère que tout intérêt accordé à une minorité autre que les francophones est une attaque contre le Québec.
Je vais quand même donner un bon point au chef du Bloc: Il n’affiche pas l’anti-wokisme primaire de son homologue péquiste. Reste que dans la lutte contre les nombreuses formes de discrimination, il fait plus souvent partie du problème que de la solution. Si les nationalistes conservateurs veulent nous convaincre qu’ils ne sont pas racistes, islamophobes ou homophobes, il faudrait peut-être arrêter d’être les premiers à japper chaque fois qu’on parle de lutter contre le racisme, l’islamophobie ou l’homophobie.
La loi 21 Oui, encore la loi 21. Je le disais en 2019 et je le redis encore aujourd’hui. Une position cohérente avec la prétention du Bloc de défendre les intérêts du Québec et celle de réunir tous les indépendantistes aurait été de simplement défendre le droit du Québec de faire ses propres lois. Voilà une position que j’aurais pu endosser. Mais du moment où le Bloc choisit de défendre la loi 21 sur le fonds et d’en faire un fondement de notre identité culturelle, je refuse de l’appuyer. Les enseignantes qui portent le voile ne menacent pas ma culture et je refuse de les identifier comme de mauvaises citoyennes. Le parti qui tient ce discours n’aura jamais mon appui.
Le petit frère du Parti québécois Ce n’est pas un secret pour les gens qui me connaissent. Je vote pour Québec solidaire depuis 2014. Pourquoi est-ce que j’appuierais un parti fédéral qui va travailler contre mon candidat aux prochaines élections provinciales?
Stratégiquement pour le Bloc, le choix se défend. Les sondages donnent beaucoup plus d’appuis au PQ et à la CAQ qu’à QS, donc ça semble logique de courtiser l’électorat des deux premiers. Mais si le Bloc choisit d’être l’aile fédérale du Parti québécois, il ne faut pas s’étonner que les électeurs solidaires ne l’appuient pas. On ne peut pas être à la fois le parti de tous les indépendantistes ET le porte-voix du PQ.
« Oui mais le Bloc est le seul parti à défendre les valeurs québécoises! » Je ne sais si les valeurs du Bloc sont les valeurs québécoises, mais ce ne sont pas les miennes. Ma culture n’est menacée ni par les enseignantes voilées, ni par les réfugiés, ni par le féminisme intersectionnel, ni par la lutte au racisme systémique ou à l’islamophobie. « Votez pour un parti qui vous ressemble », disait le Bloc en 2019, une attaque à peine voilée contre Jagmeet Singh. Le Bloc ne me ressemble pas.
Personnellement, je vote avec mes convictions. Et le Bloc contredit beaucoup trop d’entre elles pour que je lui accorde mon vote.