Retour sur l’autoroute 20

Il y a des sujets qui ne laissent personne indifférent. Le parachèvement de l’autoroute 20 entre Notre-Dame-des-Neiges et Le Bic en fait partie. Depuis la publication de ma série d’articles dans Le Soir le mois dernier, les réactions n’ont pas tardé à affluer. Si les opposants au projet sont demeurés silencieux, il en est tout autrement de certains partisans qui n’ont pas été tendres à mon égard sur les réseaux sociaux et qui m’accusent ouvertement de partialité.
L’opinion de Johanne Fournier
« Vous penchez en faveur des opposants », « vous leur offrez plus de visibilité »… En tant que journaliste, je ne me soucie guère de la « visibilité »; je m’en tiens aux faits, point final. Si le porte-parole de la coalition « Non à la 20 » disposait d’arguments plus étoffés et d’analyses environnementales mieux documentées, c’est la réalité et non pas un parti pris de ma part.
L’une des porte-parole du Comité pour le prolongement de l’autoroute 20, Blandine Michaud, me reproche de ne pas avoir évoqué l’hypothèse du cellulaire dans l’accident qui, l’automne dernier, a coûté la vie à Arianne Dubé. Mais, pourquoi aurais-je dû spéculer sur les causes d’un drame quand mon objectif était d’exposer les positions des deux camps?
Les arguments des partisans
Afin de démontrer ma bonne foi et mon objectivité, j’ai décidé de redonner la parole au Comité pour le prolongement de l’autoroute. Mme Michaud, qui demeure en bordure de la route 132 à Saint-Fabien, ne mâche pas ses mots: « Ce ne sont pas les opposants qui sont pris en otage, mais nous! »
Plusieurs de ses arguments sont puisés à même le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) de 2006. Selon elle, le trafic lourd a doublé ces dernières années, transformant la route 132 en cauchemar sonore.

« Les maisons tremblent quand les camions passent, témoigne-t-elle. À Saint-Simon, le transport passe quasiment dans les salons! La route 132 n’est pas faite pour ce type de transport. »
Les chiffres qu’elle avance donnent à réfléchir: entre 2011 et 2021, on recense quatre fois plus d’accidents mortels sur la route 132 que sur le tronçon existant de la 20. « La route des croix, c’est celle qu’on n’a pas le choix d’emprunter » , lance-t-elle.
Au-delà des querelles personnelles
La porte-parole du Comité tente de personnaliser le débat en s’attaquant aux opposants. Sébastien Rioux, du regroupement Le pont de la 20, ça tient pas debout!, fait ainsi l’objet de critiques sur son lieu de résidence. Cette approche me laisse perplexe. Depuis quand l’adresse d’un citoyen détermine-t-elle la validité de ses arguments?
Habitant La Matanie, je ne suis pas directement concernée par ce dossier. Cette distance géographique me permet peut-être de garder la tête froide dans un débat où les émotions s’échauffent rapidement.
L’économie au cœur du débat
Au-delà des questions de sécurité et de nuisances sonores, Blandine Michaud évoque l’impact économique du projet.
Selon elle, le parachèvement favoriserait le développement de l’Est-du-Québec, notamment pour le tourisme, l’agriculture et la foresterie, ce qui est un argument de poids dans une région qui cherche à dynamiser son économie.
Marche de solidarité citoyenne
Une marche de solidarité citoyenne pour le prolongement de l’autoroute 20 aura lieu le samedi 19 juillet à Saint-Simon-de-Rimouski. J’y serai, non pas pour prendre parti, mais pour continuer à observer et à rapporter les faits.
Car finalement, mon rôle n’est pas de trancher ce débat complexe, mais d’éclairer les citoyens sur les enjeux réels. Dans cette controverse qui divise la région, une chose est certaine: tous les protagonistes méritent d’être entendus avec respect. C’est ce que j’ai tenté de faire et c’est ce que je continuerai à faire, malgré les critiques.